1er août 60 : Au Cambodge, Khieu Samphan, directeur du journal d’opposition L’Observateur qui avait été molesté par la police (voir 13 juillet) est cette fois arrêté avec 17 autres personnes dont pratiquement tous sont des éditorialistes de la presse de gauche. Les 4 journaux d'opposition sont désormais interdits.
2 août 60 : Au Cambodge, Sihanouk s’en prend au journal communiste Le Pracheachon, qui face aux résultats du récent référendum (voir 5 juin) et à la nomination du nouveau « chef de l’État » (voir 12 juin) a mené une campagne d’opposition. Le tout a provoqué une crise politique. Sihanouk menace de se retirer de la vie politique et de dissoudre le Sangkum (Tong, 1972, p. 142). Désormais se développe une opposition au régime autocratique de Sihanouk, y compris au sein même du Sangkum.
10 août 60 : Au Laos, un « faux » coup d'État est organisé par un capitaine de parachutistes inconnu, Kong Le. C’est une connaissance de Souphanouvouong, et de son bras droit, le colonel Singkapo Chunmali Sikhot, un membre du comité central du Neo Lao Haksat qui commande les forces armées du Pathet Lao. Pour autant, l’homme n’est pas inféodé au Pathet Lao et est soutenu par les Américains. Dans les faits, le roi rappelle Souvanna Phouma et le remet au pouvoir. Un faux coup d’État donc, avec effusion de sang (6 morts).
Cependant le général Phoumi Nosavan, soutenu par les États-Unis et la Thaïlande, ne désarme pas et promet dès le mois d'août de reprendre la capitale : ses troupes, menaçantes, avanceront sur Vientiane jusqu’au 11 décembre (voir 13 - 16 décembre). Mais Phouma intègre Nosavan dans son gouvernement, le nommant même vice-président et ministre de l’Intérieur. C’est un ralliement de façade : Nosavan cherche simplement à gagner du temps pour renforcer ses troupes, regroupées à Savannakhet et armées là-bas par les Américains. Cependant provisoirement rassurés et en attente de mieux, les États-Unis reconnaissent le nouveau gouvernement Phouma. Mais avec l’espoir de mettre en place leur homme, Nosavan, qui compte sur l’appui des Thaïlandais massés à la frontière pour prendre Vientiane (Burchett, 1970, pp. 148-150).
HCM suggère de faire preuve d’un esprit de conciliation mais essuie les sèches remontrances de Mao au sujet de propos proférés par Ho contre l’attitude agressive des États-Unis jugés trop mesurés. Selon Marangé, « l’autorité d’Ho Chi Minh commença à être contestée par les dirigeants chinois au début de la guerre civile au Laos. » (Marangé, 2012, p. 295)
12 août 60 : Au Laos, le capitaine Kong Le (voir 10 août) déclare dans un meeting public : « De nombreux gouvernements ont promis une politique neutraliste et n’ont jamais tenu leur promesse. Mon groupe et moi-même sommes décidés à tout sacrifier, y compris nos vies, pour assurer la paix et la neutralité de notre nation. » (cité in Burchett, 1970, p. 158)
15 août 60 : Le prince Souvanna Phouma devient pour la seconde fois premier ministre du Laos. Il lance un appel aux États-Unis et à l’Union soviétique pour qu’ils neutralisent le Laos et le Cambodge, seule solution à ses yeux pour apporter la paix dans le Sud-Est asiatique (Van Geirt, 1972, pp. 199-200).
20 août 60 : Attaque par le Vietcong contre un des avant-postes de l’A.R.V.N. situé à Hiep Duc (province de Quang Nam, Centre-Vietnam). Il contrôlait la route et le fleuve qui reliait la côte aux montagnes. C’est un poste isolé qui ne peut être couvert par l’artillerie. L’arrivée de renforts s-v oblige l’occupant à quitter la position. Le commandant du 1er corps, Tran Van Don, note alors : « La situation n’était pas d’une extrême gravité, mais elle démontra que le Vietcong disposait de réelles forces de combat au Centre-Vietnam, qui pourtant était renommé pour son absence d’activités communistes. » Les autorités locales « tentèrent de cacher ce fait. » (Tran Van Don, 1985, pp. 102-103).
29 août 60 : Au Cambodge, inauguration à Phnom Penh de l'hôpital de l'amitié khméro-soviétique (et donc financé par l'U.R.S.S.), le plus grand, à cette date, de toute l'Asie du Sud-Est.