Dernière modification le il y a un mois
par Jean-François Jagielski

Août 1954

Août 54 : Nomination de Jean Daridan au titre de commissaire général adjoint de France en Indochine, adjoint civil du général Ély, avec rang et prérogatives d’ambassadeur et ce, jusqu’en avril 1955. Il a exercé au préalable aux États-Unis de janvier 1948 à juin 1954 où il était premier conseiller puis ministre conseiller à Washington. Il connaît donc parfaitement la position américaine en Extrême-Orient. Il n’est pas favorable à Diem qu’il sait inféodé à la politique américaine. Pour autant, Ély lui demande de ne rien faire qui puisse aggraver les rapports franco-américains. Bien que connaissant les limites du premier ministre s-v, le général lui confie : « Nous devons soutenir Diem jusqu’au moment où les Américains comprendront qu’ils doivent le lâcher. » Au vu de l’attitude ambiguë d’Ély, l’entente entre les deux hommes n’est pas parfaite. Daridan demandera une mutation dès novembre. On ne la lui accordera pas pour ne pas accréditer la thèse d’une mésentente franco-américaine (Chaffard, 1969, pp. 182-183).

Selon Bodin, en août 1954, 97 402 autochtones – on ne parle plus depuis janvier que de « supplétifs » - dépendent des F.T.E.O., soit 42,67 % de l’effectif total engagé en Indochine, sans compter les auxiliaires non armés et les « maquisards » (Bodin, 1994, p. 138).


Août – septembre 54 : Un sondage de l’I.F.O.P. révèle que, pour 77 % des Français, Mendès France a bien fait de traiter en premier lieu la question de l’Indochine. 58 % d’entre eux estiment que les résultats obtenus sont bons. 8 % vont même à les trouver excellents. 20 % seulement les trouve mauvais : 11 % y voient « une véritable capitulation » et 9 % estiment « que nous aurions dû obtenir mieux » (Ruscio, 1985, p. 307).


1er août 54 : Application du cessez-le-feu au Centre-Vietnam (issu des accords de Genève).

Des manifestations organisées par le VM ont lieu à Saigon et dans d’autres villes du S-V pour célébrer la paix retrouvée et demander la libération des prisonniers politiques, conformément à l’article 21 des accords de Genève. Selon le témoignage de Nguyen Huu Tho, futur leader du F.N.L. cité par Burchett, « la population avait été transportée d’allégresse quand le bruit s’était répandu que la conférence de Genève avait abouti. » Tho évoque aussi « une manifestation monstre, une manifestation joyeuse » qui a dû impressionner les forces de l’ordre (Burchett, 1965, p. 23). La police vietnamienne, craignant d’être débordée, ouvre le feu à plusieurs reprises.

Face à cette première répression, des intellectuels de gauche neutralistes ou communistes créent le « Comité Saigon-Cholon de Défense de la Paix et des Accords de Genève », premier groupement politique d’opposition à Diem, prémice du futur Front de libération nationale (F.N.L.). Les statuts et la liste de leurs dirigeants sont déposés auprès du commandant en chef français et du gouvernement baodaïste. Tous ne sont pas communistes, loin s’en faut : on y trouve le beau-frère du ministre des Affaires étrangères, Luu Van Hang, le directeur de la Banque franco-indochinoise, Nguyen Van Li, le président de l’Association des Bouddhistes du Vietnam, Hue Quang et Pham Huy Thon (agrégé d’histoire, ancien élève de l’E.N.S.), communiste quant à lui. Un de ses membres, l’avocat Nguyen Huu Tho, est élu président du comité. Il déclarera ultérieurement : « Nous étions atterrés par ces coups de feu tirés douze jours après les accords de Genève. Toute la nuit du 1er août et les jours suivants, nous remâchâmes d’amères réflexions. Le Comité décida d’être le chien de garde des accords et de saisir, après chaque infraction qui nous serait signalée, la Commission internationale du Contrôle de l’Armistice. » (Chaffard, 1969, pp. 175-176 et pp. 218-220). Mais le comité sait également se faire revendicatif. Il réclame, conformément aux accords récents, la libération des prisonniers politiques et militaires (Burchett, 1965, pp. 23-24).

Diem intègre une partie des sectes dans l’A.N.V. Il crée une phalange caodaïste de 3 000 hommes dotée d’un état-major et d’une école de cadres (Toinet, 1998, p. 214).

Au Cambodge, mise en place d’un gouvernement Penn Nouth qui demeurera jusqu’au 26  (Jennar, 1995, p. 148). Nouth constate la présence de policiers thaïlandais sur le site du temple de Preah Vihear. Des notes sont envoyées à Bangkok pour en réclamer le retrait. Une répression extrêmement brutale s'abat sur toute la gauche cambodgienne. Elle va durer jusqu'aux élections de 1955.


3 août 54 : Une note de synthèse américaine établit que, malgré l’aide américaine, la situation en Indochine ne peut que se dégrader et que les S-V ne pourront établir un gouvernement fort (Le dossier du Pentagone, 1971, pp. 41-42).

Le Conseil de Sécurité américain, réuni juste après la conférence de Genève, ordonne un programme urgent d’aide économique et militaire substituant les conseillers américains aux conseillers français en faveur du gouvernement sud-vietnamien dirigé par Diem. Les objectifs sont « de maintenir un Sud-Vietnam amical et non-communiste » et de « prévenir une victoire communiste lors des élections générales au Vietnam ». L’aide américaine est conditionnée au respect des conseils américains à tous les niveaux de la politique s-v.

Or, dès sa prise de fonction, Diem affirme une indépendance nationaliste et refuse les conseils de l’ambassadeur américain Health qui le presse de conclure une alliance avec le général Nguyen Van Hinh (chef d’état-major de l’armée s-v). Il en fera de même avec ses principaux soutiens américains : le général Collins, le colonel Lansdale, Wesley Fishel et Mike Mansfield, sénateur du Montana dépêché par Eisenhower et Dulles. Chacun le presse de coopérer avec d’autres partis nationalistes non communistes. Mais n’entreront dans son gouvernement ni l’ancien ministre de la Défense Pham Huy Quat ni aucun membre du parti Daï Viet (Rignac, 2018, pp. 120-121).


4 août 54 : Le comité américain des chefs d’état-major estime que toute aide militaire au S-V ne sera efficace tant qu’il n’y aura pas « un gouvernement fort ». Ils préconisent un retrait militaire et administratif français « pour justifier l’établissement de forces nationales sur une base large. » (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 42)

Une directive d’Ély prescrit « de laisser sur place les ponts ayant existé avant les hostilités et remplacés par du matériel militaire ». Par contre, les ponts mis en place pour des besoins opérationnels sont démontés malgré les protestations des N-V (voir 8 avril 1955) (Cadeau, 2019, p. 532).


6 août 54 : Application du cessez-le-feu au Laos (issu des accords de Genève).

Officialisation de la nomination de Sainteny au poste de « délégué général du gouvernement de la République française » au N-V (voir fin juillet et 7 août) (Cadeau, 2019, p. 536)


7 août 54 : Application du cessez-le-feu  au Cambodge (issu des accords de Genève).

La nomination de Jean Sainteny au poste de délégué général au N-V est révélée par la presse française. Ce revirement de la position française irrite fortement Ély qui veut alors hâter son départ pour se rendre en France (voir 12 août) (Ély, 1964, p. 235). Il a écrit à De La Chambre (États associés) pour s’opposer à cette nomination : c’est, selon lui, une grave erreur d’établir une symétrie entre les deux Vietnam. Le S-V est une nation amie, le N-V, depuis 8 ans, une ennemie. Cette nomination ne peut, selon Ély, que « démoraliser les éléments du Sud  encore capables de réactions anticommunistes » (cité in Chaffard, 1969, p. 178). Elle a également irrité Washington qui se demande si les Français ne vont pas renouer avec leur habituelle politique de tergiversation envers HCM.


8 août 54 : Fondation par Diem et Nhu du Parti révolutionnaire travailliste personnaliste (Can Lao Nhan vi Cach Mạng Dang) (Rignac, 2018, pp. 140-141 ; Truong Vinh Le, 1989, p. 21). Jean Lacouture qualifie ce mouvement politique de « sorte de synarchie dont les adhérents ne se font pas connaître pour le cas où ils devraient reprendre la lutte contre un régime communiste » (Lacouture, 1965, p. 37). Son idéologie est issue du personnalisme chrétien d’Emmanuel Mounier, une voie intermédiaire élaborée dans les années 1930 entre capitalisme libéral, communisme et fascisme. Nhu, qui a résidé en France (école des Chartes) et a connu Mounier, en a été le secrétaire général. Le nouveau parti sera officialisé le 2 septembre par un décret. Au départ, il se nomme « Parti révolutionnaire personnaliste ouvrier et paysan » puis évolue en « Parti révolutionnaire travailliste personnaliste ». Son mot d’ordre est : « Travail - Révolution – Personnalisme ». Très rapidement, ce parti infiltre les rouages de l’État s-v en cultivant le secret (purges), les réseaux, tant dans l’armée que dans l’administration, au nom d’une loyauté imparable aux dirigeants en place. Fall le décrit comme « une hiérarchie parallèle parfaite », « un État dans l’État », « « une « démocratie populaire » anti-communiste » (Fall, 1967, pp. 287-288). En cela, il n’est pas très éloigné des travers du VM dont il s’inspire à plus d’un égard, tout en le combattant.


8 et 12 août 54 : Plusieurs séances du Conseil national de sécurité américain aboutissent à la conclusion que les accords de Genève sont un « désastre » qui « couronn[e] une avance importante du Communisme et p[eut] conduire à la perte du Sud-Est asiatique. » (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 41)


10 août 54 : Arrivée à Hanoï de la commission internationale de contrôle des clauses de l’armistice, la C.I.C. (voir 8 mai).


11 août 54 : Cessez-le-feu en Cochinchine (issu des accords de Genève).

Pour les Français, la guerre d’Indochine est terminée. Gras évalue à 500 000 le nombre de morts (militaires et civils confondus), dont 100 à 150 000 tués par le VM. Le corps expéditionnaire français compte à cette date 59 745 tués ou disparus (Gras, 1979, pp. 578-579).

Ce jour marque la date limite fixée à Genève pour bloquer les effectifs de personnels étrangers autorisés dans les deux zones du N-V et S-V (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 43).


12 août 54 : Le général Navarre réclame la création d’une commission d’enquête sur la défaite de Dien Bien Phu. Il a en effet été mis en cause par son ancien subordonné, Cogny. Cette première demande restera sans suite (Cadeau, Cochet, Porte, 2021, pp. 241-243).

Ély part pour la France afin de tenter de contrer la nomination de Sainteny au poste de délégué général au N-V (voir 7 août).

Un conseiller de Mendès France rédige un rapport 3 semaines après la signature des accords de Genève. Il constate avec perspicacité : « Le situation politique au Vietnam  s’est rapidement détériorée […] La consolidation du Sud ne pourra se faire qu’en s’appuyant sur les sectes et en faisant appel à des personnalités vietnamiennes qui ont participé à de précédents gouvernements. La réussite se traduirait par le maintien du partage du Vietnam au-delà de 1956. » (cité in Ruscio, 1992, pp. 230-231)

Au Cambodge, installation à Svay Rieng de la commission mixte de surveillance des frontières entre le Cambodge et le Vietnam. Ce point sera toujours particulièrement litigieux entre les deux pays.

Arrivée du général Ély à Paris.


14 août 54 : Accords entre les Français et le VM sur l’échange de prisonniers. Les échanges se feront entre le 19 août et début septembre. Les accords de Genève les avait fixés initialement au 27 août. 63 000 hommes sont rendus au VM. Côté franco-vietnamien, sur les 36 979 prisonniers ou portés disparus recensés depuis 1945, 10 754 sont rendus, soit seulement 28 % de l’effectif total. 6 132 sont hospitalisés dans un état grave dû à la malnutrition ou aux mauvais traitements dont, en autres, la « rééducation » psychologique (Gras, 1979, p. 580). Concernant la seule bataille de Dien Bien Phu, 21 200 prisonniers ont été faits. 9 319 sont restitués, soit seulement 43 % du total (Rocolle, 1968, p. 550).

Arrivé le 12 à Paris, Ély rencontre Mendès France. Les deux hommes paraissent sur la même longueur d’onde. Mendès France est, selon Ély, « très compréhensif » : « pas de double jeu ; politique franche d’appui au Sud-Vietnam ; aide économique importante pour lui ; indulgence pour [le] gouvernement [de Diem] » Les deux hommes évoquent la nomination de Jean Sainteny. Mendès confie à Ély que « le titre de délégué général  […] paraissait lui avoir échappé et ne correspondait pas à ses désirs. » Des propos dont on ne peut que douter. Il ne changera rien et maintiendra la validation de cette nomination (Ély, 1964, p. 235). Ély demeure opposé à cette nomination qui risque de compromettre les relations avec les S-V et les Américains.


15 août 54 : Rencontre Mendès France-Sainteny à Marly. Le premier offre à nouveau le poste de représentant de la France à Hanoï en tant que « continuateur et non liquidateur ». Sainteny, après avoir hésité un temps, accepte cette fois (Sainteny, 1970, p. 135). Ély y est opposé. Sainteny ne dit mot dans ses mémoires de cette opposition et évoque sa venue à Saigon sur l’invitation d’Ély sans dire mot de leur différend (Sainteny, 1970, p. 136).

Diem demande officiellement aux États-Unis une aide pour le déplacement des réfugiés (Prados, 2011, p. 101).


Mi-aout 54 : Sur les conseils de Koenig (voir mi-juillet), Navarre apprend par le même que Jacques Chevallier (secrétaire d’État à la Guerre) s’oppose à toute attribution d’un nouveau commandement le concernant. Lorsqu’il l’avait vu à son retour d’Indochine, lors d’une entrevue orageuse, Navarre avait qualifié de « défaitiste » la position gouvernementale à Genève. L’ancien commandant en chef étant entravé dans sa carrière voit là l’occasion de demander la création d’une commission d’enquête, ce qu’il fait immédiatement. Mais sa demande demeurera sans objet, Koenig ayant quitté entre temps le gouvernement. L’ancien commandant en chef relancera sa demande le 22 octobre (Navarre, 1979, pp. 401-402).


16 août 54 : Rencontre Ély-Sainteny. Cette fois, le premier notifie clairement au second qu’il est opposé à sa nomination ainsi qu’à une proche rencontre entre son interlocuteur et HCM. Sainteny est demeuré longuement hésitant mais il sait aussi que l’annonce de sa nomination a été rendue publique (voir 7 août). Il informe Ély que son départ devra être retardé jusqu’au 8 octobre et que, d’ici là, lui et ses collaborateurs ne devront pas rencontrer HCM. Ély accepte qu’il fasse un aller-retour à Hanoi pour simplement rencontrer des Français qui y demeurent mais en aucun cas les autorités n-v. Sainteny acquiesce et joue le jeu, tout en ne disant absolument rien dans ses mémoires de cette rencontre tendue (Sainteny, 1970, p. 136). Ély l’invite à venir le rencontrer à Saigon (voir 27 août) (Ély, 1964, pp. 236-237).


18 août 54 : Premières libérations de prisonniers français (voir 27 juillet et 14 août). Côté français, 65 000 prisonniers seront remis aux autorités du VM par les Franco-Vietnamiens. Du côté de l’Union française, seuls 11 000 combattants seront rendus sur les 37 000 manquants (Cadeau, 2019, p. 527).


19 août – début septembre 54 : Échange de prisonniers entre la France et le Vietminh (voir 14 août).

10 754 hommes sont rendus par le Vietminh, pour un bon nombre dans un état déplorable, contre 63 000 en bonne santé par les franco-vietnamiens. L’armée française, suspicieuse comme elle l’a toujours été à l’égard des prisonniers, vérifie immédiatement « à quel point le Vietminh avait pu intoxiquer [ses] cadres et [ses] hommes qui avaient fait l’objet, de sa part, d’une propagande intense. » (Ély, 1964, pp. 213-214).


20 août 54 : Eisenhower approuve une note du C.N.S. intitulée « Réexamen de la politique des États-Unis en Extrême-Orient » (NSC 5429/2) : sur le plan militaire, les U.S.A. ne coopéreront avec la France que pour assurer la sécurité intérieure ; sur la plan économique, l’aide sera directement apportée aux Vietnamiens sans passer par la France ; sur le plan politique, les U.S.A. collaboreront entièrement avec le gouvernement de Diem (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 42). La note précise par ailleurs : « Les succès des communistes en Indochine dont le point culminant est l’accord de Genève ont entraîné des conséquences importantes qui compromettent la sécurité des États-Unis. Les communistes ont obtenu au Vietnam une tête de pont permettant d’exercer des pressions militaires et non militaires sur des zones non communistes limitrophes ou non limitrophes. » (citée in Férier, 1993, p. 83)


22 août 54 : Eisenhower déclare à la presse : « Le Vietnam libre est un pays qui possède d’abondantes ressources territoriales pour relocaliser à peu près tous les Vietnamiens désireux d’échapper à la domination communiste. » (cité in Prados, 2011, p. 101)


22 août - 4 octobre 54 : La compagnie américaine Civil Air Transport (C.A.T., appartenant à la C.I.A.) va transporter 19 808 hommes, femmes et enfants du Nord-Vietnam au sud de 17e parallèle (opération franco-américaine Cognac).


23 août 54 : N’ayant reçu que des listes incomplètes de prisonniers, Salan écrit au général vietminh Tan Tien Dung pour l’informer que si les prisonniers ne sont pas rendus dans les délais fixés par les accords de Genève, il demandera à Mendès France le pouvoir de les dénoncer. Il en fait de même auprès d’HCM et obtiendra une réponse positive à sa demande (Salan 2, 1971, p. 433).

Sainteny est reçu par Guy La Chambre (États associés) pour recevoir les instructions qui doivent guider son action au N-V. Elles ont été validées par Mendès France et Ély. N’ayant pas le rang d’ambassadeur puisqu’il n’y a pas de relations diplomatiques entre la France et le N-V, le rôle de la délégation dirigée par Sainteny aura des attributions consulaires dans les domaines économiques et culturels ainsi que dans la protection des ressortissants français. Cette délégation comprend une vingtaine de personnes, des attachés économiques, culturels, financiers, de presse et d’information (Cadeau, 2019, pp. 537-538).


27 août 54 : Nouvelle rencontre Sainteny-Ély (commissaire général et commandant en chef en Indochine) à Saigon (voir 16 août). Ély se montre toujours sceptique quant aux nouvelles fonctions de Sainteny (représentant de la France à Hanoï) car il pense que cette nomination posera des problèmes avec le S-V qui, en effet, l’acceptent mal.

Premier entretien Sainteny-Diem. Les deux hommes se connaissent. Sainteny sait que son interlocuteur n’est « guère francophile ». Diem exprime les mêmes réticences qu’Ély à l’égard des nouvelles fonctions de Sainteny. Ce dernier anticipe et pense alors que « […] nos relations devaient se tendre progressivement jusqu’à faire de moi un interdit de séjour au Sud-Vietnam. » Diem considère la future présence de Sainteny au N-V comme « une reconnaissance de facto du gouvernement de Hanoi » par la France (Sainteny, 1970, p. 136). Dès cette époque, Sainteny, fidèle à l’application de l’article 7 des accords de Genève (élections prévues en juillet 1956),  est persuadé que le VM sera tôt ou tard le maître de tout le Vietnam.

Au Cambodge, mise ne place d’un gouvernement Penn Nouth qui demeurera jusqu’au 25 janvier 1955 (Jennar, 1995, p. 149). Washington envoie à Phnom Penh un grand nombre d'experts militaires, financiers, économiques et culturels qui déclarent venir remplacer « la domination colonialiste française ».


28 août 54 : Le commandement français crée une Commission de recherche et de renseignements des prisonniers de guerre pour tenter de régler le problème des disparus non restitués. Ses travaux s’appuient sur les déclarations des officiers et soldats prisonniers depuis 1950 (Cadeau, 2019, p. 528).


30 août 54 : Rejet par le Parlement français du projet de Communauté européenne de défense (C.E.D.).


31 août 54 : Arrivée pour quelques jours de Sainteny à Hanoï où le gouvernement n-v n’est toujours pas réinstallé officiellement. Il rend visite à l’hôpital Lannessan aux blessés de Dien Bien Phu les 5 et 6 septembre. Ces derniers sont amers. Tout comme ceux qui sont toujours prisonniers : De Castries, Lalande, Langlais, Bigeard, Blanchet. Comme il s’y était engagé face à Ély (voir 16 août), il n’y a pas de rencontre immédiate avec les autorités n-v (Sainteny, 1970, p. 137).

Interview d’Ély au magazine France-Presse. Il exprime quelques réticences entre ce qu’il constate et ce qui a été signé à Genève : « La France n’a reconnu qu’un seul gouvernement : celui du Sud-Vietnam national. Elle le considère comme le gouvernement légal du pays, auquel elle est liée par tous les accords passés […] La politique de la France à l’égard du Vietnam tient en deux principes : indépendance totale, soutien complet [...] Le Corps expéditionnaire n’est pas une force d’occupation mais le contingent fourni par la France dans le cadre d’une organisation de défense entre alliés et égaux […] Ainsi que les conventions de Genève le prévoient, le Corps expéditionnaire restera au Vietnam aussi longtemps que le gouvernement vietnamien l’estimera nécessaire […] Un plan de réduction progressive des effectifs a été établi. » (Ély, 1964, pp. 238-243)

💬 Commentaires

Chargement en cours...