Août 43 : Louis Arnoux (sécurité française) lance un coup de filet dans les milieux nationalistes et communistes. Mais la police japonaise en protège un certain nombre dont Ngo Dinh Diem (pressenti par les Japonais comme dirigeant d’un éventuel gouvernement indépendant sous contrôle nippon) et le « bonze fou », fondateur de la secte Hao Hoa, Huynh Phu So (Franchini 1, 1988, p. 167-168).
A Chunking, fin de la représentation diplomatique de Vichy. Selon De Boissanger (conseiller diplomatique de Decoux), elle renseignait le Comité de Libération de l’Indochine. Dans une conversation avec son conseiller, Decoux déclare n’être pas hostile à renseigner le gouvernement d’Alger sur la situation en Indochine mais en toute discrétion (Valette, 1993, p. 164). C’est à cette époque que la question indochinoise redevient un véritable sujet de préoccupation pour le Comité d’Alger (voir 26 août et 4 novembre).
Création d’une Section des affaires d’Indochine qui remplace le Bureau de l’Indochine créé en février. Elle est dirigée par le commandant Cypre. A la demande de De Gaulle, cette section deviendra début 1944 un Direction spéciale de l’Indochine auprès de la Direction des Affaires politiques du Commissariat des Colonies (Turpin, 2005, p. 48).
Mi-août 43 : Les mouvements de résistance français contre l’occupation japonaise souffrent toujours de la concurrence entre Gaullistes et Giraudistes. L’obédience de Giraud, appuyée par les Américains et l’O.S.S., crée en Chine une Mission militaire française bis. Elle est dirigée par le capitaine de corvette qui avait refusé le 27 novembre 1942 à Toulon de saborder son sous-marin et l’avait emmené à Oran. La branche giraudiste de la résistance bénéficie pourtant d’un bien plus important soutien que les Gaullistes tant auprès des Chinois proaméricains que de l’O.S.S. La lutte fratricide entre les deux mouvements se personnifie entre deux hommes : Meynier et le lieutenant-colonel Emblanc (échappé d’Indochine). Ce n'est qu’en septembre, avec l’éviction de Giraud à Alger, que les choses se clarifieront et surtout se pacifieront. Pour autant, Alger et De Gaulle auront toujours une réelle difficulté à percevoir clairement la complexité de la situation en Indochine et à s’y adapter en ordonnant des mesures réalistes et réalisables (Zeller, 2021, p. 49).
17 - 24 août 43 : Conférence Quadrant à Québec. Roosevelt s’oppose à Churchill sur la question de la libération de l’Indochine. Il refuse toute aide américaine à une libération alliée à laquelle participeraient les Français (Franchini 1, 1988, p. 176). Le commandement devient cependant interallié et est confié à Mountbatten. Or la position britannique sur la question coloniale est beaucoup plus nuancée que celle des U.S.A. Pour ménager Tchang Kaï Check, il est décidé que la péninsule indochinoise demeure comme elle l’était, une zone d’influence chinoise (et donc indirectement américaine, voir 12 - 25 mai) en cas de victoire sur les Japonais (Pedroncini, 1992, p. 31). La question du maintien de l’Indochine dans l’Empire après la guerre n’est toujours pas tranchée. Il subsiste une ambiguïté considérable dans la politique américaine reflétant la contradiction entre les nécessités pressantes de l’effort de guerre et l’animosité entre De Gaulle et Roosevelt sur, entre autres, la question de l’Indochine (Isoart, 1982, p. 162 et p. 189).
23 août 43 : Une note communiquée aux membres du Comité français de libération nationale (C.F.L.N.) confie : « En admettant même que tout se passe avec une exacte loyauté et que l’Indochine nous soit rendue entière par les Britanniques et les Américains vainqueurs, on peut dire que nous manquerions pas moins à notre devoir envers les indigènes, si nous nous contentions d’être ainsi rétablis par charité de nos droits. Nous ne le serions pas dans notre prestige et, sans prestige, nous resterions incapables de défendre et de guider nos administrés. » C’est la conviction de De Gaulle qui valide la création d’un corps expéditionnaire devant aller combattre en Indochine contre les Japonais. Cette reconquête n’a, à ses yeux, rien de pacifique. Il précise : « Le sang versé sur le sol de l’Indochine nous serait un titre important. » (cité in Zeller, 2021, p. 50).
26 août 43 : Les trois Grands – les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union soviétique – reconnaissent officiellement le Comité français de libération nationale (C.F.L.N.)
Ce dernier prescrit aux commissaires des Affaires étrangères et des Colonies ainsi qu’au général Catroux de préparer le texte d’un mémorandum sur la question de l’Indochine pour les Alliés. On commence alors à étudier ce que pourrait être la participation française militaire de la France dans la libération de ce territoire (voir 22 - 26 novembre).
Le C.F.N.L. décide de la création d’une commission d’étude des problèmes du Pacifique (Comité du Pacifique). Sa première réunion aura lieu le 28 octobre à Alger (Turpin, 2005, p. 44).
Le Comité de Défense nationale (C.D.N.) désigne le général de troupes coloniales Blaizot au poste de chef de la Mission militaire française en Extrême-Orient (M.M.F.E.O.) et commandant des futures Forces expéditionnaires françaises en Extrême Orient (F.F.F.E.O.) (voir 4 octobre) (Turpin, 2005, p. 65).