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par Jean-François Jagielski

Argenlieu (D’) Georges (vice-amiral)

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Argenlieu (D’) Georges (vice-amiral) : De Gaulle l’a nommé haut-commissaire pour le Pacifique dès 1941. En novembre de la même année, il voit ses responsabilités étendues pour diriger la politique des comités de la France Libre en Extrême-Orient.

Premier haut-commissaire d’Indochine et commandant en chef nommé par De Gaulle du 14 mars 1945 au 5 mars 1947. Maladroitement, De Gaulle nomme en même temps le général Leclerc (voir sa notice) au poste de « général commandant supérieur des troupes en Extrême-Orient […] chargé, sous l’autorité du haut-commissaire, de prendre toutes les mesures tendant au rétablissement de cette souveraineté. » La nomination de deux fortes personnalités à la tête de l’Indochine s’avèrera être un mauvais choix gaullien.

Le 17 août 1945, l’amiral adresse sa première lettre à son subordonné. Elle donne le ton de ce qu’il entend entreprendre en Indochine : « La volonté du gouvernement provisoire de la République française est de faire du neuf, mais dans l’ordre et selon la raison. La déclaration du 24 mars 1945 et le message du général De Gaulle du 14 août doivent être compris et interprétés en ce sens […] La réorganisation administrative nécessite de l’épuration. Vous estimerez comme moi qu’elle doit frapper haut, fort, vite et peu […] » Le 5 septembre 1945, l’amiral quitte Paris pour Kandy (Ceylan, actuel Sri Lanka). Il y arrive le 8 et est accueilli par Leclerc. Il s’y arrête pour préparer la reconquête de la Cochinchine et rencontrer  Mountbatten. D’Argenlieu et Leclerc évoquent ensemble ce qu’ils considèrent comme les     « décisions fâcheuses » de la conférence de Potsdam (institution de deux zones d’occupation, britannique et chinoise).

D’Argenlieu n’arrive à Saigon que le 30 octobre 1945, un mois après son adjoint, Leclerc qui s’est efforcé de le retenir à Kandy après des échanges déjà orageux entre les deux hommes. D’Argenlieu entend mettre en place le gouvernement de la Fédération des peuples indochinois selon la déclaration du 24 mars 1945 du G.R.P.F., un texte complètement dépassé par les réalités insurrectionnelles du moment. L’amiral a facilement tendance à considérer que la libération de l’Indochine va être comparable à celle de la France en 1944 or il n’en sera rien.

Peu favorable à HCM, il n’approuve pas les accords HCM-Sainteny du 6 mars 1946 dans lesquels le mot « indépendance » ne figure pourtant pas. Il rencontre le président vietnamien le 24 mars 1946 en baie d’Along mais leurs relations demeurent froides voire hostiles. Il en est de même avec Leclerc, beaucoup plus clairvoyant sur la complexité de la situation et qui quittera ses fonctions en juin en presque total désaccord avec son supérieur.

Le départ de De Gaulle fin janvier 1946 le laisse sans soutien politique en métropole. D’Argenlieu organise une première réunion franco-vietnamienne à Dalat en avril-mai qui se solde par un échec. Alors qu’HCM est en France, il favorise le 1er juin 1946 l’existence d’une république de Cochinchine, manière délibérée de « torpiller » la conférence de Fontainebleau alors en cours. Une seconde entrevue en octobre avec HCM dans la baie de Cam Ranh n’aboutit pas plus.

L’affaire d’Haïphong en novembre et l’insurrection à Hanoi le 19 décembre marquent définitivement l’échec de sa politique. Soutenu par De Gaulle qui lui intime de sa retraite la fermeté, son refus de la négociation aboutira à son éviction le 5 mars 1947. Bollaert le remplace alors (Bodinier, 1987, p. 131 ; Cadeau, Cochet, Porte, 2011, pp. 869-871).

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