Bodart Lucien : Né en 1914 en Chine, à Chungking où son père est consul. Il écrit de nombreux romans qui ont presque tous pour sujet l’Asie. Mais avant de devenir écrivain, il est d’abord journaliste. En 1945, Pierre Lazareff, le directeur de France-Soir, l’envoie comme correspondant de guerre en Indochine où il demeurera jusqu’en 1954. Il n’est pas vraiment un journaliste de terrain mais y accumule tous les éléments, les discussions (parfois les tuyaux ou les ragots) des bars de Hanoi, du « Continental » ou du « Club de la presse » qui vont nourrir une œuvre gigantesque, La Guerre d’Indochine, publiée de 1963 à 1967 en trois gros volumes : L’Enlisement, L’Humiliation, L’Aventure (cf. bibliographie). Ce dernier volume est centré autour de la personnalité de De Lattre de Tassigny, le « roi Jean » qui subjugue et fascine l’auteur.
D’un point de vue purement historique, son œuvre demeure trop subjective, littéraire, lyrique voire débordante mais elle révèle aussi des aspects assez méconnus et souvent dérangeants du conflit : puissance de la piastre, corruption, arrangements bancals, décisions aberrantes, ignorance des réalités, bas-fonds d’une guerre (trafic d’opium, prostitution), petitesse et manque de carrure de certains acteurs (Carpentier et Bao Daï, entre autres).