Lansdale Edward (colonel puis général de brigade) : Né à Detroit (Michigan), le 6 février 1908. Il y fait ses études puis les poursuit à New York et en Californie à l’U.C.L.A.
Lansdale fait partie de la mission du général John W. O' Daniel en Indochine en 1953, en tant que conseiller des forces françaises pour les opérations spéciales de contre-guérilla contre le VM. Il devient le responsable de l’O.S.S. chargé d’opérer des sabotages et des opérations de contre-guérilla en 1954, année de son arrivée à Saigon (voir rapport d’activité pour 1954-1955 in Le dossier du Pentagone, pp. 81-94).
Après avoir réussi à mettre fin à l'insurrection de gauche des Hukpalahap aux Philippines et à gagner le soutien de la présidence de Magsaysay, le directeur de la C.I.A., Allen Dulles, lui demande de « faire [au Vietnam] ce qu’[il avait] fait aux Philippines ». De 1954 à 1957, membre de la C.I.A., il demeure à Saigon en tant que chef de la mission militaire. Pendant cette période, il se consacre à l'entraînement de l'Armée nationale vietnamienne (A.N.V.), organise les milices caodaïstes dirigées par Trình Minh The (voir sa notice), organise une campagne de propagande encourageant les catholiques vietnamiens à se déplacer vers le Sud dans le cadre de l'opération « Passage vers la liberté ».
Pendant tout son séjour au Vietnam, Lansdale est en relation avec Diem. Celui-ci, généralement méfiant à l'égard de toute personne n'appartenant pas à sa famille, l’invite à s'installer dans le palais présidentiel. Les deux hommes deviennent alors proches. Lansdale aide Diem dans sa lutte contre les sectes. En octobre 1954, il parvient à déjouer une tentative de coup d'État en coupant la communication entre le général Nguyen Van Hinh à ses lieutenants qu’il mute à Manille.
En 1960, Lansdale retourne au Vietnam. Il y découvre la puissance des guérillas du Vietcong. Il observe l’isolement de Diem, l’influence négative de Nhu et du clan familial. Il constate aussi l’absence de dialogue entre Diem et l’ambassadeur Elbridge Dubrow. Au retour de sa mission, il rédige un rapport « très pessimiste » mais négligeant complètement de relater les faits négatifs qu’il avait pu observer sur place. Ce rapport est transmis à Rostow (futur membre du C.N.S. et directeur de la planification politique du département d’Etat). Kennedy le feuillète et confie à Rostow : « Walt, ça va être le pire qu’on ait encore jamais vu […] Mettez-vous au travail là-dessus. » La lecture de ce rapport provoque une réaction positive de Kennedy à l’égard de Lansdale (Halberstam, 1974, pp. 155-156).
Sous l’administration Kennedy, Lansdale a la réputation d’un personnage antibureaucratique qui s’efforce de court-circuiter les filières habituelles. Il adopte cependant toujours un point de vue américano-centré. Il minimise les progrès et le rôle du VM en déclarant notamment dans un autre rapport : « La majorité des Vietnamiens, encore assoiffés d’indépendance, n’ont aucun camp où se rallier. Ils sont opposés tout à la fois au Viêt-minh communiste et aux Français […] Lorsque je me rendis au Vietnam en 1953, des millions de Vietnamiens étaient résolument opposés au Viet-minh. » A Saigon, il soutient Diem « dans la recherche d’un nouveau Magsagay vietnamien » et « joue un rôle capital pour convaincre un gouvernement américain extrêmement sceptique que Diem valait le coup. » Aux États-Unis, il est perçu comme un « homme peu conventionnel dans une guerre non conventionnelle », tout en restant à l’arrière-plan et vivant d’une aura alimentée par un « verbalisme étourdissant ». Selon Haberstam, « c’était un homme qui débitait de vagues platitudes, à la limite de propos de commis voyageur. » (Halberstam, 1974, pp. 153-154)
Durant toute sa présence au S-V, Lansdale demeure opposé à l’escalade militaire conventionnelle classique. Il est un ardent défenseur d’une contre-insurrection « gagnant le cœur et les esprits. » C’est ce qui avait séduit un Kennedy hésitant à s’engager au Vietnam.
En 1965, il y retourne en tant qu’officier de liaison principal auprès de l’ambassadeur Cabot Lodge. Il tente de mettre en application ses idées de soutien aux initiatives locales quitte à se heurter à la bureaucratie civile et militaire toujours axée sur l’escalade militaire.