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par Jean-François Jagielski

Trinh Minh Thé (général)

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Trinh Minh Thé (colonel puis général) : Né en 1922 et mort le 3 mai 1955. Leader nationaliste et militaire vietnamien d’obédience caodaïste.

En juin 1951, Thé rompt avec la hiérarchie caodaïste et emmène avec lui environ 2 000 soldats pour former sa propre milice, le Lien Minh, vouée à la fois à lutter à la fois contre les Français et le Vietminh. Le père de Thé et l'un de ses frères qui avaient formé leur propre groupe militaire dans le Lien Minh sont d’ailleurs tués lors d’un combat avec Vietminh.

Le 7 juin 1951, les efforts de De Lattre pour former une armée vietnamienne contrarie au Sud l’indépendance des Caodaïstes et de leurs troupes. Le colonel Trinh Minh Thé, chef de l’état-major des forces caodaïstes, entre alors en dissidence avec environ 1 200 hommes à 20 km au nord-ouest de Tay Ninh. Il est l’enfant terrible de la secte et sans doute le plus antifrançais des caodaïstes. Pour autant, il a été en désaccord permanent avec son leader Tran Van Hinh et son supérieur hiérarchique, le général Nguyen Van Tranh, à qui Thé reproche d’être trop francophile. Mais, comme souvent avec les sectes, l’enchaînement des événement est complexe. Thé est appuyé par une partie des dirigeants de la secte et son geste a pour but de faire pression sur les autorités françaises et vietnamiennes pour obtenir de nouveaux avantages (Gras, 1979, pp. 410-411). Le personnage trouble et alambiqué de Thé sera évoqué par Graham Greene dans son roman Un américain bien tranquille (sur ce projet d’écriture, voir Salan 2, 1971, p. 214).

Le 31 juillet 1951, Thé est probablement impliqué dans l’assassinat conjoint du gouverneur    s-v Thaï Lap Than et du général Chanson (commissaire de la République et commandant des forces terrestres au S-V) dans un attentat à la grenade qui a lieu à Sadec. Ce geste est probablement celui d’un caodaïste dissident proche de Trinh Minh Thé (Gras, 1979, p. 417).  La milice de Thé est et sera d’ailleurs impliquée dans toute une série d'attentats terroristes à Saigon entre 1951 à 1953 qui sont de leur fait alors qu’ils sont officiellement imputés aux communistes par le gouvernement.

En 1954, le conseiller militaire américain Edward Lansdale négocie avec Thé pour utiliser sa milice en soutien à Ngo Dình Diem et l'A.R.V.N. Le 10 septembre 1954, Diem fait alliance avec les 3 000 Caodaïstes dissidents de Thé qu’il rémunère avec de l’argent américain provenant de la Saigon Military Mission, l’officine de Lansdale (Le dossier du Pentagone, 1971, pp. 87-88). En échange, Thé accepte de soutenir le gouvernement.

Le 13 février 1955, les troupes de Thé sont officiellement intégrées à l'armée sud-vietnamienne. Ce dernier prend alors le grade de général. Il conduit le Lien Minh dans une marche triomphale à Saigon. Par le biais de Lansdale, les États-Unis continuent de financer Thé et d'autres groupes caodaïstes. Cependant, alors que le gouvernement sud-vietnamien s’affaiblit, de nombreux chefs de milices dissidentes déclarent leur opposition ouverte à Diem et fomentent des tentatives de coup d'État. A ce stade, la loyauté de Thé n'est pas claire, pas plus d’ailleurs que la position des États-Unis à l’égard de Diem en lutte contre les rebelles. Certains Américains pensent que Thé pourrait remplacer Diem. Cependant, lorsque les Lien Minh entrent à Saigon, ce geste semble être une réponse à l'appel de dernière minute de Lansdale qui lui demande de soutenir Diem.

En 1955, Diem s’en prend aux sectes et notamment aux Binh Xuyen. C’est au cours de cette campagne que Thé trouve la mort le 3 mai 1955 (Tran Van Don, 1985, pp. 85-86). Alors qu'il se tenait près de sa jeep militaire, Thé est abattu par un tireur d'élite. Mais la raison exacte de ce meurtre n'a jamais été clairement résolue, certains accusant les Français (qui avaient juré de tuer Thé depuis plusieurs années pour venger la mort du général Chanson) et d'autres blâmant le gouvernement sud-vietnamien. Trình Minh Sơn, le fils de Thé, affirme quant à lui que son père a été tué avec un pistolet à bout portant. Il affirme également qu'il a été abattu par deux balles et non une seule, comme l'ont alors déclaré les médias officiels. Le fils de Thé pense qu'il était possible que son père ait été assassiné par le gouvernement sud-vietnamien pour l'empêcher de former la base d'une éventuelle opposition au gouvernement Diem.

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