Sainteny Jean : Né le 29 mai 1907. De son vrai nom, Jean Roger. Gendre d’Albert Sarraut. Il séjourne en Indochine de 1929 à 1931. Il travaille dans des établissements bancaires à Saigon et Haïphong. Mobilisé en 1939 comme officier de réserve. Entre dans la Résistance en 1940. Gaulliste de la première heure. Arrêté pour la troisième fois en juin 1944, s’évade en juillet. Il prendra le nom de Sainteny dès mars 1945 à la demande de la D.G.E.R qu’il intègre début 1944. Il fait également partie du Corps léger d’intervention (C.L.I.) sous le commandement du général Blaizot.
Initialement, il aurait dû être parachuté ou infiltré en Indochine pour rejoindre la Résistance française face à l’occupant japonais. Mais en mars 1945, la D.G.E.R. lui demande de rejoindre Calcutta où se trouve sa base sur le théâtre d’Extrême-Orient. Il s’y rend donc et y rencontre le commandant Léonard, chef de la Section de Liaison française en Extrême-Orient (S.L.F.E.O.) qui lui donne les instructions nécessaires pour sa future affectation. Cependant, lors d’une escale au Caire, il rencontre le colonel Passy, chef de la D.G.E.R. en Extrême-Orient qui décide de l’affecter à la Mission militaire française dite « Mission 5 » à Kunming (Chine du Sud, capitale du Yunnan). Il y arrive avec le modeste grade de commandant. Cette « Mission » est composée « d’une trentaine d’officiers d’origine et de formation aussi diverses que possible. » De Kunming, Sainteny organise des missions de renseignement en Indochine, des opérations de destruction contre les nippons, des parachutages pour aider les unités françaises qui combattent en Haute-Région tonkinoise. Il reprend également contact avec les populations françaises au Tonkin, aide les Français (ou les alliés) à rejoindre la Chine et surtout à préparer un retour de la France en Indochine. Il est alors en relation avec l’ambassade et la Mission militaire française de Chunking.
Il arrive de Kunming à Hanoi le 22 août 1945 dans l’avion du major Patti de l’O.S.S. Le 2 octobre 1945, il est nommé commissaire de la République pour le Tonkin et l’Annam du Nord où il doit rétablir la présence française face aux Chinois et au nouveau gouvernement vietnamien. Il rencontre pour la première fois HCM le 15 octobre et est chargé de négocier avec lui les accords du 6 mars 1946. Des liens amicaux naissent entre les deux hommes, ce qui n’empêche ni l’un ni l’autre de servir leur cause respective. Sainteny sera grièvement blessé le 19 décembre 1946 lors du coup de force du VM contre la garnison française d’Hanoi. Il est rappelé en mars 1947 pour assister le ministre de la France d’Outre-Mer en qualité de commissaire du gouvernement puis retourne aux affaires privées en juin.
Le 25 juillet 1954, Sainteny est nommé délégué général du gouvernement auprès de la République du Nord-Vietnam à la demande de Mendès-France. Ses relations avec HCM se sont toutefois distendues. Il revient en France en 1957 et y demeurera jusqu’en juillet 1966. Connaissant ses liens privilégiés avec HCM, les Américains font appel à ses services pendant la guerre du Vietnam. Le 24 juin 1969, Kissinger le sollicite pour tenter de faire avancer les négociations mais les N-V lui refusent un visa pour Hanoï. Le 15 juillet 69, Nixon envoie par le biais de Sainteny une lettre personnelle à HCM exprimant un « ferme désir de paix » (Nixon, 1978, p. 285). Le 4 août 1969 a lieu la première entrevue entre Kissinger et Xuan Thuy (plénipotentiaire n-v pour les séances plénières des pourparlers de Paris) et Maï Van Bo chez Sainteny à Paris (voir Bodinier, 1987, pp. 129-130 ; Kissinger 1, 1979, pp. 289-290 ; Francini 1, 1988, pp. 226-230 ; Sainteny, 1967, pp. 21-23).