Nguyen Van Tam : Né en 1895 dans la province de Tay Ninh, Nguyen Van Tam étudie au Lycée Chasseloup-Laubat de Saïgon, puis à l'École de droit de Hanoï. D'abord instituteur, il intègre ensuite l'administration coloniale de la Cochinchine. Il se montre un chaud partisan des Français et obtient même la nationalité française en 1927. En 1940, il participe à l'écrasement de l'insurrection du Parti communiste indochinois dans la région de Mytho. Son zèle répressif lui vaut à l'époque le surnom de « tigre de Cai Lay ».
En mars 1945, après le coup de force des Japonais, il est arrêté et torturé par les nouveaux occupants. Quelques mois plus tard, lors de la révolution d'août, il est à nouveau arrêté par les communistes du Vietminh, qui exécutent deux de ses fils.
En 1946, il intègre le gouvernement provisoire de la Cochinchine en tant que sous-secrétaire d'État à l'Intérieur sous la présidence de Nguyen Van Thinh, puis en tant que ministre de la Défense sous celle de Le Ven Hoach. Partisan de l'autonomie de la Cochinchine, il met ses sentiments au second plan pour se mettre au service du gouvernement de l'État du Vietnam, unifié en 1949 sous l'égide de l'ex-empereur Bao Daï. Nommé chef de la Sûreté générale indochinoise puis ministre de l'Intérieur, il se signale par la brutalité de ses méthodes répressives. En 1950, il brise les réseaux communistes à Saïgon. En mai 1951, De Lattre le fait nommer officier de la Légion d'honneur en reconnaissance de ses activités contre-terroristes. Considéré comme un homme à poigne, il est nommé gouverneur du Nord Vietnam en novembre 1951. En juin 1952, il devient chef du gouvernement. Son fils Nguyen Van Hinh est quant à lui nommé chef d'état-major de l'Armée nationale vietnamienne.
Nguyen Van Tam tente de donner une légitimité démocratique à l'État du Vietnam en organisant des élections municipales en janvier 1953. Mais ce scrutin n'a qu'un impact limité. En outre, si son cabinet ambitionne d'être un gouvernement d'union nationale en réunissant toutes les forces anticommunistes (Daï Viet, V.N.Q.D.D. compris), il n'est franchement soutenu par aucune d'entre elles. Les partis nationalistes vietnamiens jouent chacun leur propre jeu, et considèrent Nguyen Van Tam comme l'homme des Français. Le chef du gouvernement vietnamien échoue à contrecarrer l'influence politique et économique des sectes (Hoa Hao, caodaïstes et Bình Xuyen). Nguyen Van Tam fait traquer les communistes réels ou supposés avec la plus grande brutalité, au point que le consul des États-Unis considère à l'époque que la politique menée par le gouvernement vietnamien constitue un élément de propagande indirecte pour le Vietminh.
Fin 1953, les partisans de l'indépendance font de plus en plus entendre leurs voix dans la classe politique de l'État du Vietnam. Bao Daï décide de sacrifier Nguyen Ven Tam, ce « citoyen français » qui a cristallisé tous les mécontentements sur sa personne. Tam doit remettre sa démission en décembre et est remplacé en janvier par le prince Buu loc, cousin du chef de l'État. Il se retire par la suite en France.