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par Jean-François Jagielski

Mus Paul

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Mus Paul : Né à Bourges. Il part pour le Vietnam et vit dans une famille d'enseignants à Hanoi. Son père, franc-maçon, dirige le lycée Albert Sarraut. Il fait ses études primaires et secondaires en Indochine Il revient en France pour faire ses études supérieures. Élève du philosophe Alain en khâgne au lycée Henri IV puis études de sociologie. Il se tourne vers l'orientalisme et en pratique les langues. Il devient membre de l'École française d'Extrême-Orient (E.F.E.O.) en 1927 après avoir soutenu en 1933 une thèse de doctorat très remarquée. En 1937, il est nommé directeur d'études à la Ve section de l'École pratique des hautes études et prendra la direction de l’École nationale de la France d’Outre-Mer de 1946 à 1949.

Pendant la SGM, il est mobilisé et combat notamment sur la Loire en juin 1940. Puis, démobilisé, il est envoyé en mission en Afrique par le gouvernement de Vichy. Il est présent au moment du débarquement allié du 8 novembre 1942. Après ce débarquement, il est remobilisé avec le grade de capitaine et suit un entraînement chez les commandos britanniques à Ceylan puis est parachuté en Indochine du nord, au Tonkin, en tant que Commissaire de la République, tout comme Jean Sainteny et Pierre Messmer. Lors du coup de force japonais du 9 mars 1945, il est à Hanoï et travaille pour les services spéciaux (Mus, 1946, pp. 355-358). Il échappe aux Japonais le 10 mars 1945 grâce à la complicité de paysans vietnamiens qui le protègent et le cachent (Mus, 1946, pp. 358-359). Il rejoint à pied Son La puis Cunming (où se trouve basée l’O.S.S. et le Q.G. des forces alliées en Chine du Sud)

En 1945, après l’arrivée de la 2e D.B., il sert de conseiller politique auprès du général Leclerc et est à ses côtés lors de la signature de la reddition japonaise sur l’U.S.S. Missouri en baie de Tokyo. Il devient conseiller du gouvernement de De Gaulle pour l'Indochine mais s’en éloigne assez vite car il perçoit très tôt de la puissance du nationalisme vietnamien, ayant grandi et vécu dans leurs villages, chez eux, ce qui l'incite à prôner une politique de décolonisation pour la France. Cette position est rendue publique dans ses articles publiés dans le journal Témoignage chrétien en 1949 (dont un, le 12 août 1949, intitulé « Un témoignage irrécusable sur l'Indochine : NON, PAS ÇA ! » confortant celui du journaliste Chegaray du 29 juillet qui dénonçait l’usage de la torture).

En 1946, il obtient la chaire de civilisations d'Extrême-Orient au Collège de France. En 1947, il est le conseiller d’Émile Bollaert (haut-commissaire de France en Indochine du 5 mars 1947 au 21 octobre 1948). Partisan de la négociation, il est chargé le 12 mai 1947 d’aller présenter un plan de cessez-le-feu outrageusement revu et corrigé par Valluy et Coste Floret. Celui-ci est naturellement refusé par HCM et Hoang Minh Giam alors tous deux dans la clandestinité. Bollaert lui reprochera assez injustement de n’être pas allé assez loin dans la négociation alors que Mus n’avait aucun crédit pour le faire. Désavoué, ses tentatives pour ramener la paix échouent, les exigences du Vietminh étant trop importantes et incompatibles avec celles de la France qui demande au préalable l'arrêt des violences.

Il se retire alors du Vietnam. Il occupe alors en métropole le poste de directeur de l'École nationale de la France d'Outre-Mer entre 1946 à 1949, année durant laquelle il est évincé après la publication d’articles critiquant ouvertement l’inefficacité de la politique française au Vietnam. On le retrouve, le 19 février 1950, dans une assemblée de chrétien de gauche demandant la paix au Vietnam. Puis il accepte d'assumer parallèlement un enseignement à l'université Yale. En 1952, il fait paraître son maître-livre Vietnam, sociologie d’une guerre puis, en 1954, Le destin de l’Union française consacré aux rapports franco-vietnamiens. Il décède en 1969.

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