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par Jean-François Jagielski

McNamara Robert

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McNamara Robert : Secrétaire à la Défense sous Kennedy puis Johnson  du 21 janvier 1961 au 29 février 1968. Protestant.

Après seulement cinq semaines à la direction de Ford où il a fait partie de l’équipe des Whiz Kids (enfants prodiges), il est appelé au gouvernement par le président John F. Kennedy et devient alors secrétaire à la Défense. On compte sur ses talents de gestionnaire pour maîtriser les exigences des militaires et il aura en effet tendance à « manager » la guerre du Vietnam à la manière d’une entreprise.

Il est aux côtés du président durant la crise des missiles de Cuba en 1962. Il s'oppose notamment aux militaires qui, comme le général LeMay, souhaitent profiter de la supériorité nucléaire américaine pour se débarrasser de l'U.R.S.S. Reconstituant les forces conventionnelles de l’armée américaine, il s'oppose à la mise en place d'une défense anti-missiles balistique coûteuse et s'appuie sur la stratégie d’une destruction mutuelle afin d'assurer la dissuasion envers l'U.R.S.S.

C'est surtout durant la guerre du Vietnam que son rôle devient particulièrement important, d'abord sous Kennedy (1961-1963) puis sous Johnson (1963-1968). Il ne connaît pas le Vietnam comme il l’avoue d’ailleurs dans ses mémoires. En 1961, il laisse son adjoint Roswell Gilpatric gérer les premiers temps du conflit qui, à l’époque, est encore considéré comme secondaire. Puis il prend les choses en main pour protéger Kennedy. C’est un ami intime de la famille. La guerre exige de lui beaucoup de temps et d'énergie au ministère de la Défense. Il la gère de manière très technocratique, avide de chiffres qui souvent n’ont pas beaucoup de sens. Il a recours aux premiers ordinateurs pour établir des statistiques qu’il apprécie particulièrement : « […] mais en fin de compte, quand la version mathématique du bon sens ne marcha pas, quand il se révéla que l’ordinateur n’avait pas donné les bonnes réponses et avait sous-estimé ces drôles de petits bonshommes en pyjamas déguenillés, il éprouvait un profond sentiment d’échec et, pendant un instant du moins, c’était un homme ébranlé. » (Halberstam, 1974, p. 255) Rapidité, calme, efficacité, action, pouvoir, maîtrise des émotions sont ses maîtres-mots. Il utilise Arthur Sylvester (son chargé de presse) et Adam Yarmolinsky (ancien professeur de droit à Harvard, bien vu dans les milieux libéraux) comme « paratonnerre » et « filtre » (Halberstam, 1974, p. 254) entre lui et Rusk (secrétaire d’État) ou entre lui et la presse. Il s’attribue parfois les pouvoirs de Rusk.

En 1964, il avalise les incidents du golfe de Tonkin  faisant ainsi porter la responsabilité d’entrée dans le conflit aux Nord-Vietnamiens et permettant de justifier l’entrée en guerre des U.S.A. Sous Kennedy, il avait déjà programmé un retrait progressif des instructeurs militaires américains. Sous Johnson, il s'oppose aux militaires qui veulent sans cesse envoyer plus d'hommes au Vietnam. Dans ses entretiens avec le président, il cherche à désengager progressivement l'armée américaine. Mais cette position est contraire à celle de Johnson qui souhaite au contraire prolonger une forte présence militaire au Vietnam tout en ne s’engageant que très progressivement. Son rôle durant la guerre du Vietnam reste controversé, mais c'est sous son mandat qu'eurent lieu l'emploi de l'agent orange et le déclenchement de l'opération Rolling Thunder. De plus en plus controversé et doutant de plus en plus de la politique militaire américaine au Vietnam, McNamara remet sa démission en février 1968, avant la fin du mandat de Johnson.

En 1971, suite à une fuite orchestrée par Daniel Ellsberg, la publication par le Washington Post et le New York Times des Pentagon Papers d’ailleurs initiés par MacNamara montre que, dès 1966, le président Johnson et son Secrétaire à la Défense savaient que la guerre du Vietnam ne pouvait pas être gagnée. Cette publication contribuera, avec l'offensive du Têt de février 1968, à faire basculer l'opinion américaine en faveur d'un retrait de l'armée américaine du Vietnam.

Nommé président de la Banque mondiale par le président Johnson en 1968 (Halberstam, 1974, pp. 250-277 ; Baulon, 2009, pp. 425-444).

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