FRANCE
Gouvernement et armée française
Bureau central de Renseignements et d’Action (B.C.R.A.) : Créé durant la SGM à Londres par le colonel Passy. C’est une officine de renseignement. Sainteny le signale dès juillet 1945 comme l’un des rares organismes à se préoccuper de la question indochinoise (Sainteny, 1967, p. 44).
Comité d’action pour l’Indochine : Créé le 1er août 1944 par De Gaulle. Il est présidé par René Pleven (commissaire aux Finances) jusqu’au 12 septembre. Il a pour membres : Paul Giaccobi (membre de l'Assemblée consultative provisoire siégeant à Alger), Jean Chauvel (diplomate), Jacques Soustelle (dirigeant des services secret de la France libre), le général Juin (chef d’état-major de la Défense nationale) et le gouverneur La Laurentie (De Folin, 1993, p. 34 ; D’Argenlieu, 1985, p. 35, note 1).
Le 19 août 44, à Alger, De Langlade fait approuver le général Mordant comme chef de la Résistance pour l’Indochine. Ce dernier ne fait pas l’unanimité. Rallié seulement depuis 1943 à la cause gaulliste, il est jugé par beaucoup comme peu susceptible d’être à la hauteur de la tâche. Il arrive en Indochine en voulant pratiquer une épuration sur le mode métropolitain. C’est lui qui a volontairement détruit l’ordre de mission favorable à Decoux que lui avait confié De Gaulle et a empêché De Langlade de rencontrer ce dernier pour lui transmette les mots du Général. C’est même lui qui aurait préparé le dossier d’épuration de Decoux. Mordant devient pourtant « délégué général du Comité d'action pour la libération de l'Indochine » (De Folin, 1993, p. 37).
Le 8 décembre 1944, le comité se réunit à Paris. Sont présents : René Pleven, Paul Giaccobi, Jacques Chauvel, Jacques Soustelle, le général Juin et le gouverneur La Laurentie. De Langlade y est mis en cause pour avoir modifié sciemment un télégramme, contrairement aux directives qu’il avait reçues du Comité, sur le maintien et le rôle de l’amiral Decoux en Indochine. De Langlade est vertement condamné par les membres présents (De Folin, 1993, p. 50). Ces dissensions internes nuisent au comité qui sera remplacé le 13 février 1945 par le Comité interministériel d’Indochine.
Comité interministériel d’Indochine (Cominindo) : Il a été créé le 13 février 1945 en remplacement du Comité d’action pour l’Indochine. C’est une instance politique décisionnelle désormais officiellement gouvernementale, chargée d’organiser la libération et de rétablir la souveraineté française en Indochine. Elle est présidée à Paris par le chef du gouvernement ou le ministre des Colonies, en son absence. Dans les faits, ce sont surtout des représentants des ministres qui y interviennent. C’est souvent à ce comité que le gouvernement fait appel pour débattre et trancher les questions portant sur l’Indochine. Les hauts-commissaires lui rendent comptes mais doivent aussi souvent se heurter à ses silences, ses lenteurs décisionnelles, ses revirements voire ses reproches, notamment lors de la signature des accords du 6 mars 1945. Les travaux du comité sont préparés par des secrétaires généraux : Paul De Langlade (nommé le 27 février 1945), Labrouquère (nommé du 21 avril 1946), Pierre Messmer (nommé le 9 juillet 1946). Leur nomination est souvent marquée politiquement car ils doivent servir de courroie de transmission entre la pensée gouvernementale et le haut-commissaire. C’est d’ailleurs un marquage politique à gauche qui signe la fin de l’existence du comité décrié par le président du Conseil Léon Blum en décembre 1946. Le 9 janvier 1947, un décret paru au J.O. préconise sa dissolution. Le 21, Marius Moutet, ministre de la France d’Outre-Mer, critique et met à son tour en cause l’existence du Comité dans un message. Premier reproche : « L’expérience a prouvé que ce système qui tendait à faire participer à la discussion et à la décision le président du Conseil et tous les ministres intéressés a en fait abouti à une dispersion des responsabilités nuisible à une saine gestion administrative. » Second reproche : « un problème simplement technique » devient rapidement dans cette institution « un véritable problème politique ». Le 23, Pierre Messmer annonce à D’Argenlieu qu’il n’a pas repris ses fonctions au sein du Comité fortement remis en question par le nouveau gouvernement dirigé par le socialiste Paul Ramadier. C’est d’ailleurs entre autres lui, un gaulliste, qui déconseillera à Leclerc d’accepter l’offre du poste de haut-commissaire en lui confiant : « Mon Général, faites attention. Mon expérience du secrétariat général du Comité interministériel pour l’Indochine, où j’ai vu passer tout le courrier et où j’ai assisté à toutes les réunions gouvernementales sur le sujet, m’a montré qu’il n’y avait pas de politique indochinoise du gouvernement […] »
Corps expéditionnaire français d’Extrême Orient (C.E.F.E.O.) : Créé par le général Leclerc en juin 1945. Il souffre d’entrée d’effectifs pléthoriques, d’un manque de matériel et de navires pour le transporter en Indochine. De Gaulle lui a donné pour mission d’y « rétablir la souveraineté française » en débarquant en Cochinchine mais avec très peu de moyens puisqu’il dépend de la plus ou moins bonne volonté des alliés à accepter ou non un retour des Français dans la péninsule. Or les Américains y sont hostiles. Seuls les Britanniques l’aideront, et ce d’autant plus que le nouveau gouvernement travailliste entend quitter au plus vite le sud du 16e parallèle où les accords de Postdam ont enjoint à son prédécesseur de désarmer les Japonais.
Corps léger d’intervention (C.L.I.) : Créé le 4 novembre 1943 en Algérie, il est dirigé par le lieutenant-colonel Huard. Il est composé de 500 commandos censés aller prêter main forte aux troupes d’Indochine résistant à l’occupation japonaises et dirigées par le général Mordant. À cette époque, le général Blaizot est chargé de négocier son transport auprès du South East Area Command (S.E.A.C.) sans l’obtenir. Le 19 avril 1944, le C.L.I. passe sous les ordres du général Blaizot. Une seule compagnie est opérationnelle. De plus, ce corps est quasiment dépourvu d’armement, d’habillement, ne dispose d’aucun moyen de transport, se heurte et se heurtera à la mauvaise volonté américaine pour le prendre en charge. Ses effectifs et ses moyens demeurent aussi pléthoriques qu’à sa création. Certains de ses éléments seront parachutés dès 1944 au Laos pour agir aux côtés des Britanniques dans la « Force 136 » contre les Japonais. Censés préparer un parachutage de forces plus importantes, ils sont pris de court par le coup de force japonais du 9 mars 1945 mais agiront comme éléments retardateurs pour aider la colonne Alessandri dans sa fuite vers la Chine. Le 4 juin, De Gaulle, en position de faiblesse par rapport aux alliés, décide à contrecœur d’affecter le corps expéditionnaire prévu initialement pour la libération de l’Indochine aux opérations du Pacifique contre le Japon. Seul le 5e R.I.C. dépendant du Le Corps léger d’intervention de Blaizot qui se trouve à Ceylan à bord du Richelieu et du Triomphant. Là, il fusionne avec le 5e R.I.C. Les Américains ne manifestent aucun empressement à transporter ces troupes, contrairement aux Britanniques qui le feront. Du 6 au 12 septembre, le C.L.I.-5e R.I.C. (1 700 hommes) débarque en Cochinchine en compagnie d’une division hindoue commandée par le général britannique Gracey et participe à la reconquête du Sud. Ce sont les seules troupes dont dispose Leclerc avant l’arrivée des renforts français.
Direction Générale des Études et Recherches (D.G.E.R.) : Elle est issue de la fusion des deux services de renseignement de la France libre basés à Londres et Alger qui avait donné naissance le 27 novembre 1943 à la Direction générale des services spéciaux (D.G.S.S.). Jacques Soustelle est confirmé à sa tête le 6 novembre 1944. Composée de d’environ 10 000 hommes, elle compte parmi ses effectifs certains hommes qui sont sont des techniciens chevronnés du renseignement et d'autres qui sont de purs néophytes sans formation. En 1944, depuis Londres, c’est le colonel Passy qui est le chef activités clandestines françaises pour l’Extrême-Orient. C’est un organisme non militaire dont dépendent le Corps léger d’intervention (C.L.I.), la Section de Liaison française en Extrême-Orient (S.L.F.E.O.) basée à Calcutta dont dépend « Mission 5 » basée à Kunming et dirigée par Sainteny,
Groupement opérationnel du nord-ouest (G.O.N.O.) : Dien Bien Phu et Laï Chau sont placées sous le commandement du G.O.N.O. le 26 novembre 1953. Le 8 décembre, le colonel De Castries prend le commandement du camp retranché de Dien Bien Phu qui prend la dénomination de Groupement opérationnel du Nord-Ouest (G.O.N.O.).
Mission 5 : Poste de commandement de la Résistance installé en Chine du Sud dans la capitale du Yunnan, Cunming. Au printemps 1945, la ville est devenue le bastion de la lutte contre les Japonais. On y trouve l’état-major du général Ho Hing Ching, chef d’état-major général des armées chinoises nationalistes ainsi les services américains qui agissent à ses côtés : le Chinese Combat Command, l’Air Ground Aid Service, l’O.S.S. et la 14e Armée de l’U.S. Air force.
Mission 5 : Poste de commandement de la Résistance installé en Chine du Sud dans la capitale du Yunnan, Cunming. Au printemps 1945, la ville est devenue le bastion de la lutte contre les Japonais. On y trouve l’état-major du général Ho Hing Ching, chef d’état-major général des armées chinoises nationalistes ainsi les services américains qui agissent à ses côtés : le Chinese Combat Command, l’Air Ground Aid Service, l’O.S.S. et la 14e Armée de l’U.S. Air force.
Mission 5 dépend de la Section de Liaison française en Extrême-Orient basée à Calcutta (S.L.D.E.O.). En avril 1945, le commandant Jean Sainteny en prend le commandement à la tête « d’une trentaine d’officiers d’origine et de formation aussi diverses que possible. » (Sainteny, 1967, p. 23) Ces effectifs seront renforcés par la suite avec l’arrivée progressive des reliquats des colonnes Alessandri et Sabattier (Sainteny, 1967, p. 32) Des contacts plus ou moins faciles sont établis entre les groupes de résistance demeurés au Tonkin et les hommes de M 5 (et leurs modestes moyens) nouvellement venus de métropole et qualifiés par les autres de « Français nouveaux ». Il en sera de même avec les hommes de l’armée du Tonkin repliée en Chine (Sainteny, 1967, p. 37-38).
Mission 5 a, selon les mots de Sainteny, pour objectif de :
- multiplier les antennes et moyens d’investigation en territoire ennemi.
- reprendre et développer les contacts avec les populations françaises au Tonkin.
- aider les Français ou alliés à rejoindre la Chine.
- missions de sauvetage de pilotes américains abattus au Tonkin qui permettent en échange aux Français d’obtenir du ravitaillement, des armes, du carburant et des moyens de déplacement (Sainteny, 1967, p. 40)
- apporter un concours à l’effort allié par le biais du renseignement ou par des opérations de commandos parachutistes visant à effectuer des destructions en territoire occupé par les Japonais (Sainteny, 1967, p. 32 et 35-41)
- ravitailler par des parachutages les unités françaises qui combattent dans la Haute Région tonkinoise.
Toutes ces actions sont modestes car les Français sont bridés par les Chinois et les Américains. De plus, faute de matériel, ils dépendent totalement de leur bon vouloir. Sainteny liquide Mission 5 « devenue maintenant sans objet » le 5 octobre 1945 lors d’une venue à Kunming (Sainteny, 1967, p. 112 et 116).
Mission coloniale française : Installée à Calcutta sous les ordres de Jean De Raymond. Une mission diplomatique y a été placée par le gouvernement provisoire pour traiter du problème de l'Indochine française occupée par les Japonais. En juillet 1945, tous les hommes qui ont décidé d’agir pour l’Indochine l’ont rejointe : Léon Pignon (adjoint de De Raymond), Jean Cédile, Pierre Messmer (Sainteny, 1967, p. 46). En août, ce groupe fait partie de la délégation militaro-diplomatique qui est envoyée avec le soutien des Britanniques à Kunming. Ses membres rencontrent les troupes dirigées par le général Alessandri repoussées d'Indochine par le coup de force japonais. Leur but est de retourner dans le nord de l'Indochine immédiatement après l'effondrement du Japon et d’y restaurer une administration française.
Mission coloniale française : Installée à Calcutta sous les ordres de Jean De Raymond. Une mission diplomatique y a été placée par le gouvernement provisoire pour traiter du problème de l'Indochine française occupée par les Japonais. En juillet 1945, tous les hommes qui ont décidé d’agir pour l’Indochine l’ont rejointe : Léon Pignon (adjoint de De Raymond), Jean Cédile, Pierre Messmer (Sainteny, 1967, p. 46). En août, ce groupe fait partie de la délégation militaro-diplomatique qui est envoyée avec le soutien des Britanniques à Kunming. Ses membres rencontrent les troupes dirigées par le général Alessandri repoussées d'Indochine par le coup de force japonais. Leur but est de retourner dans le nord de l'Indochine immédiatement après l'effondrement du Japon et d’y restaurer une administration française.
Section de Liaison française en Extrême-Orient (S.L.D.E.O.) : Basée à Calcutta. Dirigée par le commandant Léonard en 1945. Dépend de la D.G.E.R.
ETATS-UNIS
Officines civiles et militaires
Commander in chief Pacific (C.I.N.C.P.A.C.) : Commandement des forces aéronavales du Pacifique commandées par l’amiral Harry D. Felt en 1964.
Civil Operations and Rural Development Support (C.O.R.D.S.) : Programme de pacification des gouvernements du Sud-Vietnam et des États-Unis. Le programme a été créé le 9 mai 1967 et comprenait des composantes militaires et civiles des deux gouvernements. L'objectif de C.O.R.D.S. était d'obtenir le soutien du gouvernement du Sud-Vietnam de sa population rurale qui était largement sous l'influence ou contrôlée par les forces communistes insurgées du Viet Cong et de l'Armée populaire nord-vietnamienne du Vietnam (A.P.V.N.).
Contrairement aux programmes de pacification antérieurs au Vietnam, les C.O.R.D.S. sont considérés par de nombreuses autorités comme une « intégration réussie des efforts civils et militaires » pour combattre l'insurrection. En 1970, 93 % de la population rurale du sud du Vietnam vivaient dans des villages « relativement sûrs » selon les estimations des experts. Les C.O.R.D.S. avaient été étendus à l'ensemble des 44 provinces du Sud-Vietnam et l'insurrection communiste en avait été considérablement réduite. Les critiques, cependant, ont décrit les programmes de pacification des C.O.R.D.S. On parle alors d’« illusion du progrès ». Les C.O.R.D.S. étaient, selon l'estimation de son premier chef, Robert W. Komer, arrivés « trop peu, trop tard. »
Avec le retrait des forces militaires américaines et de nombreux personnels civils, les C.O.R.D.S. ont été supprimés en février 1973. Leurs succès temporaires se sont érodés dès le début des années 1970 car la guerre est alors devenue plus une lutte entre forces militaires conventionnelles du Sud et du Nord Vietnam qu'une guérilla d’insurrection (Colby, 1992, pp. 259-260 et pp. 264-265).
Voir également ci-dessous United States Agency for International Development (U.S.A.I.D.).
Institute for Defense Analyses (Institut des analyses de défense) : Organisation à but non lucratif fondée en 1956 par 5 établissements d’enseignement supérieur dont le M.I.T., le California Institute of Technology et l’université de Stanford. Il vise à fournir une aide scientifique et technique au groupe d’évaluation des systèmes d’armes des chefs d’état-major et aux services de pointe du Pentagone (Advanced Research Projects Agency). Il est composée de 45 universitaires travaillant à l’avant-garde des problèmes de défense (McNamara, 1996, p. 263 note b).
Joint United States Public Affairs Office (J.U.S.P.A.O., Bureau conjoint des affaires publiques des États-Unis) : Lors d'une visite au Sud-Vietnam, Carl Rowan et le général Harold K. Johnson, respectivement directeur de l'Agence d'information des États-Unis (U.S.I.A) et chef d'état-major de l'armée, observent les nombreuses difficultés et l’inefficacité des opérations psychologiques (PSYOPs) du fait de leur manque de coordination. Ils en informent LBJ et lui recommandent d'intégrer toutes les informations étrangères et les activités PSYOP en un seul bureau. Le président approuvera cette recommandation, combinant le Service d'information des États-Unis (U.S.I.S.), le Commandement d'assistance militaire au Vietnam (M.A.C.V.) et l'Agence des États-Unis pour le développement international (U.S.A.I.D.)
Le 14 mai 65, le J.U.S.P.A.O. est officiellement créé par l'instruction 186 émanant de l'ambassade des États-Unis à Saigon. Le nouveau directeur de l'U.S.I.S. au Vietnam, Barry Zorthian, est désigné comme dirigeant de cet organisme gouvernemental. Zorthian a travaillé avec l'U.S.I.A. sur le continent asiatique comme directeur adjoint de l'U.S.I.S. à New Delhi (Inde) et a été scénariste et directeur de programme pour Voice of America (V.O.A.).
Le titre officiel de Zorthian était coordinateur de la mission des États-Unis pour les opérations psychologiques avec des responsabilités, notamment l'élaboration de directives PSYOP pour tous les éléments de l'armée américaine au Sud-Vietnam. Le but visé du J.U.S.P.A.O. n'était pas seulement de résoudre les conflits et de coordonner les activités des diverses agences impliquées, mais aussi de mettre en œuvre une stratégie globale PSYOP à venir. L'objectif officiel de J.U.S.P.A.O. est de s'appuyer sur le nationalisme anticommuniste dans toute l'Indochine pour soutenir le programme Chieu Hoi visant à briser la volonté de l' A.P.V.N. et du Vietcong et de mettre ainsi un terme au conflit.
Military Assistance Advisory Group (M.A.A.G.) : Prend en charge l’entraînement des troupes sud-vietnamiennes dès le départ des Français de l’Indochine et jusqu’au 8 février 1962, date à laquelle il est absorbé par le M.A.C.V. Military Assistance Advisory Group (M.A.A.G.) : Prend en charge l’entraînement des troupes sud-vietnamiennes dès le départ des Français de l’Indochine et jusqu’au 8 février 1962, date à laquelle il est absorbé par le M.A.C.V.
National Security Council (N.S.C.) :
Sous Eisenhower
Institué en 1947 sous la présidence d’Eisenhower. Il a pour but, selon l’acte qui le crée : « [...] de conseiller le Président en ce qui concerne l'intégration des politiques intérieures, étrangères et militaires relatives à la sécurité nationale, afin de permettre aux services militaires et aux autres départements et agences du gouvernement de coopérer plus efficacement dans les affaires impliquant la sécurité nationale. »
La composition varie en fonction des priorités de la Maison Blanche. Les réunions du C.N.S. sont composées de plus au moins 7 membres permanents : le directeur du C.N.S. (National Security Adviser), le président, le vice-président, le secrétaire d’Etat, le secrétaire à la Défense, le directeur de la C.I.A. et le chef d’Etat-major des armées (Joint Chiefs of Staff).
A certains moments, en fonction des sujets traités, le nombre de fonctionnaires invités peut atteindre de 40 à 50 participants. Aussi, les réunions du C.N.S. deviennent très vite un forum de discussion et non plus un organe décisionnel.
Le rôle du C.N.S. sous Eisenhower est double :
- Les documents rédigés par les différents départements sont étudiés par le Planning Board, organe du C.N.S. se réunissant deux fois par semaine. Celui-ci a pour objectif de coordonner et souvent de trouver un compromis entre les différents départements. Les propositions issues du Planning Board, sont ensuite discutées lors des réunions du C.N.S.
- Les décisions issues des réunions du C.N.S. sont alors envoyées aux différents départements et agences par le biais des Operations Coordinating Board (O.C.B.), qui se réunit lui une fois par semaine.
Le Conseil de sécurité nationale est une organisation administrative dépendant directement du président des États-Unis. Il a un rôle de conseil, de coordination et parfois d’impulsion sur les sujets de politique étrangère, de sécurité nationale, et plus généralement sur l’ensemble des questions stratégiques. Il n’est pas une instance décisionnelle et ce, dès sa création. En effet, malgré l’instauration d’un système formel de prise de décision en politique étrangère, Eisenhower prend ses décisions souvent en dehors de ce processus, communiquant directement avec ses conseillers. Plus la prise de décision est urgente et importante, moins elle est le résultat d’une décision du C.N.S. C’est en partie le cas dans la prise de décision concernant Dien Bien Phu où Eisenhower prend ses arrêts partiellement en dehors du fonctionnement du C.N.S.
Grâce à la structure du C.N.S., Eisenhower parvient à fortement endiguer les querelles bureaucratiques entre les différentes agences et départements. La bureaucratie jouant un rôle important dans les multiples délibérations qui se tiennent au sein de l’administration, une des tâches du C.N.S. est précisément de réduire ou de contrecarrer les effets pernicieux de cette approche afin d’assurer une certaine rationalité du processus décisionnel. Le C.N.S. sert d’une certaine façon de médiateur entre les différentes bureaucraties. Toutefois, le fait d’avoir la volonté de diminuer les conflits bureaucratiques, ne veut nullement dire que l’administration n’est pas ouverte aux différentes options.
Sous Kennedy
McG. Bundy est nommé au poste de Conseiller à la Sécurité nationale. Celui-ci fait du C.N.S. un ensemble plus compact par rapport à la période Eisenhower. Le Planning Board et l’O.P.C. sont démantelés, ayant comme conséquence que le C.N.S. n’est plus composé que d’une dizaine d’hommes. Bundy se retrouve à la tête de ce qu’on a appelé le « mini département d’Etat » (Little State Department). Pour Kennedy, ce Little State Department, qui se réunit de manière régulière renferme plusieurs avantages :
- il reflète un certain ordre et une certaine régularité ;
- il accroît l’esprit de corps ;
- il facilite une meilleure communication ;
- par le biais de ces réunions et des échanges d’idées, il est plus aisé d’étudier les différentes alternatives.
McGeorge Bundy aménage également une Situation Room à la Maison Blanche, y installant un équipement électronique permettant un accès direct au département d’Etat, au département de la Défense et à la C.I.A. Cette Situation Room permet dès lors une meilleure coordination et un contrôle plus efficace des missions en cours.
Kennedy préférant des réunions ad hoc, informelles au système prôné par Eisenhower, le C.N.S. est donc débarrassé d’une partie de sa lourdeur bureaucratique. En pratique, cela revient à limiter le rôle du Conseil National de Sécurité et à renforcer les pouvoirs du Conseiller à la sécurité nationale, qui devient le bras droit du président.
Ainsi, la formulation de la politique étrangère, de sécurité et de la défense se concentre progressivement entre les mains du conseiller du C.N.S. et du secrétaire à la Défense, au détriment de l’influence des bureaucraties traditionnelles.
Le démantèlement du C.N.S. a également un effet sur le J.C.S. Sous Eisenhower des représentants du J.C.S. étaient assignés au Planning Board et O.C.B. À travers ceux-ci, le JCS pouvait placer sur l’agenda du C.N.S certains points. Par son démantèlement, le J.C.S. perd l’accès direct au président et donc quasi toute influence dans la prise de décision.
A côté des deux secrétaires et du Conseiller à la Sécurité nationale, Kennedy fait surtout appel à ce qu’il considère comme ses hommes de confiance : A. Schlesinger, R. Goodwin, M. Taylor, R. Kennedy et T. Sorensen. Quant à la question du Viêt-nam, Kennedy nomme le Deputy Secretary of Defense Roswell Gilpatric, à la tête d’un groupe de travail qui doit l’informer sur le Vietnam.
Saigon Military Mission (S.M.M.) : Groupe de conseillers américains envoyés dès 1954 au Vietnam, renforcé de 10 membres sous les ordres du lieutenant-général John W. O’Daniel.
Temporary Equipment Recovery Mission (T.E.R.M.) : Militaires américains envoyés à Saïgon au mépris de accords de Genève (non signés par les U.S.A.) et censés aider les Sud-Vietnamiens à récupérer le matériel laissé par les Français. Dans les faits, ils joueront le rôle de conseillers militaires.
United States Agency for International Development (U.S.A.I.D.) et Civil Operation and Revolutionary Develomment Support (C.O.RD.S) : L'Agence des États-Unis pour le développement international (U.S.A.I.D.) et d'autres agences d'aide à l'étranger des États-Unis au Viêt Nam ont été fondées en 1961 sous l'administration Kennedy (1960-1963).
Mais l'aide américaine aux Vietnamiens avait commencé avant 1954. Les Américains ont ensuite continué à soutenir la société civile dans le Sud après 1955, lorsque le Sud-Vietnam a déclaré son indépendance et a élu Ngo Dinh Diem comme président. Diem est resté à la tête de l'État avec l'aide des Américains jusqu'à son assassinat le 2 novembre 1963.
Par tâtonnements au cours des deux décennies suivantes, les tensions croissantes entre le Sud-Vietnam et le Nord-Vietnam communiste, les conflits politiques internes et l'émergence après 1958 d'une insurrection armée sous la direction des communistes dans le Sud ont collectivement poussé les organismes d'aide américains à improviser de nouvelles approches pour relever les défis de l'instabilité sociale, du développement économique et de l'expansion de l'insurrection.
En 1964, la Maison Blanche, par le biais du bureau d’Extrême-Orient, confie à cet organisme la responsabilité principale du programme de pacification civile mais l’Agence a du mal à recruter des hommes pour la servir. On recrute des officiers à la retraite pour cadres ou des volontaires comme John Paul Vann (Sheehan, 1990, p. 587)
En 1967, Johnson cherche à améliorer les opérations anti-insurrectionnelles au Vietnam en coordonnant officiellement un grand nombre de ces programmes d'assistance civile avec les opérations militaires sous l'égide d'une organisation inter-agences sans précédent connue sous le nom de C.O.R.D.S., ou Civil Operations and Revolutionary Development Support. Nixon (1969-1974) a par la suite poursuivi l'effort inter-agences, en utilisant l'acronyme Civil Operations and Rural Development Support (Soutien aux opérations civiles et au développement rural).
Johnson et Nixon ont nommé des civils comme Robert W. Komer (1967-1969) et William E. Colby (1969-1973) à la tête du C.O.R.D.S.
US Military Assistance Command Vietnam (U.S.M.A.C.V.) : Commandement de l'assistance militaire au Sud-Vietnam dirigé par le général Paul D. Harkins. Remplace le M.A.A.G. à partir du 8 février 1962.
NORD-VIETNAM ET F.N.L.
Comité territorial du Nam Bo ou Comité de Libération du Nam Bo : Créé le 23 août 1945 en Cochinchine par Tran Van Giau (communiste) ; émanation du P.C.I. (mais ce dernier y était assez faible car avait subi la répression de la Sûreté française dès 1940). Le Duan, récemment libéré du bagne de Poulo Condor, en est l’un des dirigeants. Il est épaulé par Pham Hung pour les affaires policières. Le Comité dépend du jeune gouvernement central d’Hanoi mais demeure faible en effectif et surtout divisé entre communistes et nationalistes. Ces derniers seront progressivement éliminés, y compris physiquement (Goscha, 2002, pp. 33-34). Le 25 août, Bao Daï, qui a abdiqué et rejoint le gouvernement vietnamien d’Hanoi, le reconnaît. Le Comité prend possession de Saigon et d’une bonne partie du S-V. Il s’installe dans le palais du gouverneur général. 7 membres sur 9 sont communistes. Une énorme foule nationaliste le soutient en défilant en ordre à Saigon (De Folin, 1993, p. 89).
Front National de Libération du Sud-Vietnam (F.N.L.) : Couramment appelé Vietcong, terme péjoratif utilisé antérieurement à la création du mouvement et signifiant « communiste vietnamien »). Le F.N.L. est fondé les 19 et 20 décembre 1960, peut-être près du village de Suo Dai dans la province de Tay Ninh, une zone proche de la frontière cambodgienne (Truong Nhu Tang, 1985, p. 84-98 ; Knöbl, 1967, p. 102). La date de sa création est une date anniversaire qui n’est pas sans rappeler celle du déclenchement de l’insurrection à Hanoi le 19 décembre 1946.
Son futur président sera Nguyen Huu Tho, un brillant avocat saïgonnais retenu au moment de la création du Front en résidence surveillée et qui ne sera libéré qu’à la fin octobre 1961. Formé par les Français, non ouvertement communiste à ses débuts, l’ancien vice-président du Comité Saigon-Cholon de Défense de la Paix et des Accords de Genève, une organisation politique anti-diémiste, a connu des périodes d'incarcération sous la domination française et en connaît également depuis 1954 sous le régime de Diem.
Le but avoué du Front est de débarrasser le Sud-Vietnam du régime diémiste considéré comme dictatorial et « fantoche » car entièrement soumis aux « impérialistes américains ».
À ses débuts, le F.N.L. regroupe des communistes et des non-communistes (bourgeois, nationalistes, catholiques, travailleurs et paysans). Pour l’instant, les communistes se font discrets et jouent la carte neutraliste. À sa création, la liste des premiers dirigeants n’est pas rendue publique car on attend des ralliements de partis et d’organisations politiques dont la liste sera publiée ultérieurement (citée in Knöbl, 1967, p. 376). Le mot d’ordre du mouvement est : « Indépendance, Démocratie, Paix, Neutralité ». Selon Knöbl, « au sens habituel du mot, il ne s’agit pas vraiment d’un parti mais plutôt d’un réservoir de « toutes les forces révolutionnaires, progressistes et nationales du peuple vietnamien » » (Knöbl, 1967, p. 103). C’est aussi une structure politique née d’une guerre civile et donc fortement militarisée.
Selon le président Nguyen Huu Tho, le programme du F.N.L. repose sur les points suivants : pas de confiscation systématique des terres mais une redistribution équitable ; maintien du droit à la propriété « sauf à l’égard des traîtres » ; liberté des entreprises industrielles, y compris étrangères (« nous ne sommes pas opposés aux investissements étrangers, dans une certaine mesure ») ; respect des libertés démocratiques : libertés de parole, de réunion, de circulation des personnes et des biens (Manifeste et programme du Front national de libération du Sud Vietnam cités in extenso in Truong Nhu Tang, 1985, p. 323-332).
L’organisation militaire est axée sur les « unités d’autodéfense » locales, « les groupes de guérilla locaux » et « l’armée régulière » (Burchett, 1965, pp. 83-84). Le territoire militaire du F.N.L. est divisé en 3 interzones (Lien Ku) dont une réservée à la région de Saigon qu’il faut savoir préserver de trop nombreux sabotages car elle est aussi une zone d’approvisionnement importante. Ce découpage reprend grosso-modo celui des anciennes zones du VM durant l’occupation française.
Le F.N.L. possède un bras armé, les Forces armées populaires de libération (F.A.P.L., nommées elles aussi par les S-V et Américains du même terme péjoratif, « Vietcong », structurées sous forme d’unités régulières hiérarchisées, de forces provinciales et locales adossées aux villages. C’est une armée qui a un appareil politique hiérarchisé géographiquement : hameaux, villages, districts, provinces (Prados, 2011, p. 152-153). Contrairement à l’armée s-v, elle pratique le respect des populations sous le contrôle de commissaires politiques placés au sein des unités, ce qui la rend populaire et respectée. Ses troupes aguerries par l’expérience du conflit avec les Français savent s’adapter à merveille au terrain, être motivées au combat, faire preuve d’une grande mobilité, céder s’il le faut, saboter, dérober du matériel à l’ennemi et contrer rapidement avec des moyens rudimentaires (tranchées, tunnels, pièges, bunkers) ou plus élaborés (D.C.A. légère) la technologie de l’armée américaine ou s-v (hélicoptères, avions de chasse et de bombardement).
Dans les faits, le F.N.L. s’avèrera aussi subir au fil du temps l’influence de plus en plus marquée du Lao Dong (Parti des Travailleurs) n-v dont l’objectif demeure de « libérer le Sud » (Rignac, 2018, p. 163-167). Et cette allégeance progressive provoquera de l’amertume voire des départs ou des évictions parmi ses dirigeants non-communistes (Truong Nhu Tang, 1985, pp. 200-213).
À partir du 27 février 1965 et de la publication d’un « livre blanc » produit par le département d’État américain existe un débat pour savoir si le Vietcong est inféodé au N-V (thèse des Américains) ou si les instances du F.L.N. sont indépendantes. Selon ce « livre blanc », pure œuvre de propagande de l’administration américaine, « un gouvernement communiste a délibérément entrepris d’attaquer un peuple souverain, sur son propre territoire. » (cité in Fall, 1967, p. 406). C’est oublier un peu vite qu’il a existé, dès 1954 et donc bien avant juillet 1956 mois où aurait dû avoir lieu un référendum d’autodétermination rejeté par Diem, un puissant courant antidiémiste non communiste dont Nguyen Huu Tho fut l’un des plus ardents soutiens.
Toutefois, il existe plus que des ressemblances entre les exigences n-v et celles du Front. Les demandes du F.N.L., à savoir les 4 points définis le 20 juillet 1962 (retrait des Américains ; cessez-le-feu ; gouvernement d’union nationale préparant des élections libres ; neutralité du S-V, du Laos et du Cambodge) sont très proches des 5 points demandés par Hanoi le 8 avril 1965 (paix, indépendance, souveraineté, unité, intégrité territoriale ; retrait américain et cessez-le-feu ; respect des accords de Genève ; règlement des affaires s-v par son peuple, en y incluant le F.N.L. ; aucune interférence étrangère dans les affaires vietnamiennes). Même avant l’arrivée massive des Américains en 1964, Hanoi a une emprise au Sud ayant multiplié les infiltrations de troupes et de matériel par la piste HCM et différentes voies maritimes.
La structure du F.N.L. est complexe. Une « direction générale » se trouve au N-V sans que son existence soit reconnue officiellement. D’après le « livre blanc » américain, « la direction générale du Vietcong appartient au Comité central du parti appelée Lao Dong », parfois aussi appelé Ministère ou Commission de la Réunification. Dirigé par Nguyen Van Vinh (général de l’Armée populaire), Le Duc Tho, membre du bureau politique du Lao Dong, et Pham Hung, vice-premier ministre qui a dirigé la guérilla dans le Sud avant 1954. Au-dessus de cette « direction générale », l’unité administrative la plus élevée du Sud est ce que les Américains nomment le Central Office for the South-Vietnam (C.O.S.V.N., Bureau central pour le S-V) dont la composition est tenue secrète. Il comporte :
- la direction politique se trouve au S-V dans la zone militaire C, le « triangle de fer » proche de la frontière cambodgienne à l’ouest de Tay Ninh.
- le commandement militaire situé un peu plus au nord, dans la plantation Memot à cheval sur la frontière entre le S-V et le Cambodge.
Ce commandement militaire n’est pas assuré que par des communistes mais aussi par un petit nombre de nationalistes.
Le F.N.L. possède deux structures de direction : un Présidium et un Secrétariat. Le Présidium est dirigé à partir de 1964 par Nguyen Huu Tho (président) et 6 vices présidents (Huynh Tan Phat) dont deux sont communistes, Vi Chi Cong et Tran Man Trung, tous deux membres du Parti révolutionnaire du Peuple (émanation communiste du F.N.L.) Le premier assure le commandement militaire. Le poste important de secrétaire général du F.N.L. connaît de nombreuses nominations : le docteur Phum Van Cung, Nguyen Van Hieu (professeur au lycée de Saigon, écarté pour ses positions trop prochinoises), Tran Buu Kiem (jusque fin 1963, avocat), Huyn Tan Phat (après le second congrès de janvier 1964, architecte). La plupart sont non-communistes. Deux grandes « commissions » (ministères) travaillent sous les ordres du président et en collaboration avec le secrétaire général : les Affaires étrangères (Tran Buu Kiem) et une branche militaire, le Q.G. de l’Armée de Libération.
Au niveau local, avant la période de bombardement massif opéré par les Américains qui déstabilise toute forme d’administration en 1965 et 1966, des élections libres ont eu lieu çà et là. Elles sont souvent surveillées par un cadre communiste (cam bo) qui assiste les autorités locales pour leur mise en œuvre. Cette organisation démocratique que la population n’a pas connue depuis la perte de son indépendance dans les années 1860 aboutit à la mise en place de gouvernements locaux généralement soutenus par ceux qui les ont élus. Le F.N.L. bénéficie de fait d’un soutien majoritaire de la population qui collabore avec lui, un soutien bien supérieur à celui du régime s-v et ce, malgré les sommes astronomiques et les multiples tentatives de pacification mises en œuvre par les Américains.