FRANCE
Gouvernement et armée française
Bureau central de Renseignements et d’Action (B.C.R.A.) : Créé durant la SGM à Londres par le colonel Passy. C’est une officine de renseignement. Sainteny le signale dès juillet 1945 comme l’un des rares organismes à se préoccuper de la question indochinoise (Sainteny, 1967, p. 44).
Comité d’action pour l’Indochine : Créé le 1er août 1944 par De Gaulle. Il est présidé par René Pleven (commissaire aux Finances) jusqu’au 12 septembre. Il a pour membres : Paul Giaccobi (membre de l'Assemblée consultative provisoire siégeant à Alger), Jean Chauvel (diplomate), Jacques Soustelle (dirigeant des services secret de la France libre), le général Juin (chef d’état-major de la Défense nationale) et le gouverneur La Laurentie (De Folin, 1993, p. 34 ; D’Argenlieu, 1985, p. 35, note 1).
Le 19 août 44, à Alger, De Langlade fait approuver le général Mordant comme chef de la Résistance pour l’Indochine. Ce dernier ne fait pas l’unanimité. Rallié seulement depuis 1943 à la cause gaulliste, il est jugé par beaucoup comme peu susceptible d’être à la hauteur de la tâche. Il arrive en Indochine en voulant pratiquer une épuration sur le mode métropolitain. C’est lui qui a volontairement détruit l’ordre de mission favorable à Decoux que lui avait confié De Gaulle et a empêché De Langlade de rencontrer ce dernier pour lui transmette les mots du Général. C’est même lui qui aurait préparé le dossier d’épuration de Decoux. Mordant devient pourtant « délégué général du Comité d'action pour la libération de l'Indochine » (De Folin, 1993, p. 37).
Le 8 décembre 1944, le comité se réunit à Paris. Sont présents : René Pleven, Paul Giaccobi, Jacques Chauvel, Jacques Soustelle, le général Juin et le gouverneur La Laurentie. De Langlade y est mis en cause pour avoir modifié sciemment un télégramme, contrairement aux directives qu’il avait reçues du Comité, sur le maintien et le rôle de l’amiral Decoux en Indochine. De Langlade est vertement condamné par les membres présents (De Folin, 1993, p. 50). Ces dissensions internes nuisent au comité qui sera remplacé le 13 février 1945 par le Comité interministériel d’Indochine.
Comité interministériel d’Indochine (Cominindo) : Il a été créé le 13 février 1945 en remplacement du Comité d’action pour l’Indochine. C’est une instance politique décisionnelle désormais officiellement gouvernementale, chargée d’organiser la libération et de rétablir la souveraineté française en Indochine. Elle est présidée à Paris par le chef du gouvernement ou le ministre des Colonies, en son absence. Dans les faits, ce sont surtout des représentants des ministres qui y interviennent. C’est souvent à ce comité que le gouvernement fait appel pour débattre et trancher les questions portant sur l’Indochine. Les hauts-commissaires lui rendent comptes mais doivent aussi souvent se heurter à ses silences, ses lenteurs décisionnelles, ses revirements voire ses reproches, notamment lors de la signature des accords du 6 mars 1945. Les travaux du comité sont préparés par des secrétaires généraux : Paul De Langlade (nommé le 27 février 1945), Labrouquère (nommé du 21 avril 1946), Pierre Messmer (nommé le 9 juillet 1946). Leur nomination est souvent marquée politiquement car ils doivent servir de courroie de transmission entre la pensée gouvernementale et le haut-commissaire. C’est d’ailleurs un marquage politique à gauche qui signe la fin de l’existence du comité décrié par le président du Conseil Léon Blum en décembre 1946. Le 9 janvier 1947, un décret paru au J.O. préconise sa dissolution. Le 21, Marius Moutet, ministre de la France d’Outre-Mer, critique et met à son tour en cause l’existence du Comité dans un message. Premier reproche : « L’expérience a prouvé que ce système qui tendait à faire participer à la discussion et à la décision le président du Conseil et tous les ministres intéressés a en fait abouti à une dispersion des responsabilités nuisible à une saine gestion administrative. » Second reproche : « un problème simplement technique » devient rapidement dans cette institution « un véritable problème politique ». Le 23, Pierre Messmer annonce à D’Argenlieu qu’il n’a pas repris ses fonctions au sein du Comité fortement remis en question par le nouveau gouvernement dirigé par le socialiste Paul Ramadier. C’est d’ailleurs entre autres lui, un gaulliste, qui déconseillera à Leclerc d’accepter l’offre du poste de haut-commissaire en lui confiant : « Mon Général, faites attention. Mon expérience du secrétariat général du Comité interministériel pour l’Indochine, où j’ai vu passer tout le courrier et où j’ai assisté à toutes les réunions gouvernementales sur le sujet, m’a montré qu’il n’y avait pas de politique indochinoise du gouvernement […] »
Corps expéditionnaire français d’Extrême Orient (C.E.F.E.O.) : Créé par le général Leclerc en juin 1945. Il souffre d’entrée d’effectifs pléthoriques, d’un manque de matériel et de navires pour le transporter en Indochine. De Gaulle lui a donné pour mission d’y « rétablir la souveraineté française » en débarquant en Cochinchine mais avec très peu de moyens puisqu’il dépend de la plus ou moins bonne volonté des alliés à accepter ou non un retour des Français dans la péninsule. Or les Américains y sont hostiles. Seuls les Britanniques l’aideront, et ce d’autant plus que le nouveau gouvernement travailliste entend quitter au plus vite le sud du 16e parallèle où les accords de Postdam ont enjoint à son prédécesseur de désarmer les Japonais.
Corps léger d’intervention (C.L.I.) : Créé le 4 novembre 1943 en Algérie, il est dirigé par le lieutenant-colonel Huard. Il est composé de 500 commandos censés aller prêter main forte aux troupes d’Indochine résistant à l’occupation japonaises et dirigées par le général Mordant. À cette époque, le général Blaizot est chargé de négocier son transport auprès du South East Area Command (S.E.A.C.) sans l’obtenir. Le 19 avril 1944, le C.L.I. passe sous les ordres du général Blaizot. Une seule compagnie est opérationnelle. De plus, ce corps est quasiment dépourvu d’armement, d’habillement, ne dispose d’aucun moyen de transport, se heurte et se heurtera à la mauvaise volonté américaine pour le prendre en charge. Ses effectifs et ses moyens demeurent aussi pléthoriques qu’à sa création. Certains de ses éléments seront parachutés dès 1944 au Laos pour agir aux côtés des Britanniques dans la « Force 136 » contre les Japonais. Censés préparer un parachutage de forces plus importantes, ils sont pris de court par le coup de force japonais du 9 mars 1945 mais agiront comme éléments retardateurs pour aider la colonne Alessandri dans sa fuite vers la Chine. Le 4 juin, De Gaulle, en position de faiblesse par rapport aux alliés, décide à contrecœur d’affecter le corps expéditionnaire prévu initialement pour la libération de l’Indochine aux opérations du Pacifique contre le Japon. Seul le 5e R.I.C. dépendant du Le Corps léger d’intervention de Blaizot qui se trouve à Ceylan à bord du Richelieu et du Triomphant. Là, il fusionne avec le 5e R.I.C. Les Américains ne manifestent aucun empressement à transporter ces troupes, contrairement aux Britanniques qui le feront. Du 6 au 12 septembre, le C.L.I.-5e R.I.C. (1 700 hommes) débarque en Cochinchine en compagnie d’une division hindoue commandée par le général britannique Gracey et participe à la reconquête du Sud. Ce sont les seules troupes dont dispose Leclerc avant l’arrivée des renforts français.
Direction Générale des Études et Recherches (D.G.E.R.) : Elle est issue de la fusion des deux services de renseignement de la France libre basés à Londres et Alger qui avait donné naissance le 27 novembre 1943 à la Direction générale des services spéciaux (D.G.S.S.). Jacques Soustelle est confirmé à sa tête le 6 novembre 1944. Composée de d’environ 10 000 hommes, elle compte parmi ses effectifs certains hommes qui sont sont des techniciens chevronnés du renseignement et d'autres qui sont de purs néophytes sans formation. En 1944, depuis Londres, c’est le colonel Passy qui est le chef activités clandestines françaises pour l’Extrême-Orient. C’est un organisme non militaire dont dépendent le Corps léger d’intervention (C.L.I.), la Section de Liaison française en Extrême-Orient (S.L.F.E.O.) basée à Calcutta dont dépend « Mission 5 » basée à Kunming et dirigée par Sainteny,
Groupement opérationnel du nord-ouest (G.O.N.O.) : Dien Bien Phu et Laï Chau sont placées sous le commandement du G.O.N.O. le 26 novembre 1953. Le 8 décembre, le colonel De Castries prend le commandement du camp retranché de Dien Bien Phu qui prend la dénomination de Groupement opérationnel du Nord-Ouest (G.O.N.O.). Mission 5 : Poste de commandement de la Résistance installé en Chine du Sud dans la capitale du Yunnan, Cunming. Au printemps 1945, la ville est devenue le bastion de la lutte contre les Japonais. On y trouve l’état-major du général Ho Hing Ching, chef d’état-major général des armées chinoises nationalistes ainsi les services américains qui agissent à ses côtés : le Chinese Combat Command, l’Air Ground Aid Service, l’O.S.S. et la 14e Armée de l’U.S. Air force.
Mission 5 : Poste de commandement de la Résistance installé en Chine du Sud dans la capitale du Yunnan, Cunming. Au printemps 1945, la ville est devenue le bastion de la lutte contre les Japonais. On y trouve l’état-major du général Ho Hing Ching, chef d’état-major général des armées chinoises nationalistes ainsi les services américains qui agissent à ses côtés : le Chinese Combat Command, l’Air Ground Aid Service, l’O.S.S. et la 14e Armée de l’U.S. Air force.
Mission 5 dépend de la Section de Liaison française en Extrême-Orient basée à Calcutta (S.L.D.E.O.). En avril 1945, le commandant Jean Sainteny en prend le commandement à la tête « d’une trentaine d’officiers d’origine et de formation aussi diverses que possible. » (Sainteny, 1967, p. 23) Ces effectifs seront renforcés par la suite avec l’arrivée progressive des reliquats des colonnes Alessandri et Sabattier (Sainteny, 1967, p. 32) Des contacts plus ou moins faciles sont établis entre les groupes de résistance demeurés au Tonkin et les hommes de M 5 (et leurs modestes moyens) nouvellement venus de métropole et qualifiés par les autres de « Français nouveaux ». Il en sera de même avec les hommes de l’armée du Tonkin repliée en Chine (Sainteny, 1967, p. 37-38).
Mission 5 a, selon les mots de Sainteny, pour objectif de :
- multiplier les antennes et moyens d’investigation en territoire ennemi.
- reprendre et développer les contacts avec les populations françaises au Tonkin.
- aider les Français ou alliés à rejoindre la Chine.
- missions de sauvetage de pilotes américains abattus au Tonkin qui permettent en échange aux Français d’obtenir du ravitaillement, des armes, du carburant et des moyens de déplacement (Sainteny, 1967, p. 40)
- apporter un concours à l’effort allié par le biais du renseignement ou par des opérations de commandos parachutistes visant à effectuer des destructions en territoire occupé par les Japonais (Sainteny, 1967, p. 32 et 35-41)
- ravitailler par des parachutages les unités françaises qui combattent dans la Haute Région tonkinoise.
Toutes ces actions sont modestes car les Français sont bridés par les Chinois et les Américains. De plus, faute de matériel, ils dépendent totalement de leur bon vouloir. Sainteny liquide Mission 5 « devenue maintenant sans objet » le 5 octobre 1945 lors d’une venue à Kunming (Sainteny, 1967, p. 112 et 116). Mission coloniale française : Installée à Calcutta sous les ordres de Jean De Raymond. Une mission diplomatique y a été placée par le gouvernement provisoire pour traiter du problème de l'Indochine française occupée par les Japonais. En juillet 1945, tous les hommes qui ont décidé d’agir pour l’Indochine l’ont rejointe : Léon Pignon (adjoint de De Raymond), Jean Cédile, Pierre Messmer (Sainteny, 1967, p. 46). En août, ce groupe fait partie de la délégation militaro-diplomatique qui est envoyée avec le soutien des Britanniques à Kunming. Ses membres rencontrent les troupes dirigées par le général Alessandri repoussées d'Indochine par le coup de force japonais. Leur but est de retourner dans le nord de l'Indochine immédiatement après l'effondrement du Japon et d’y restaurer une administration française.
Mission coloniale française : Installée à Calcutta sous les ordres de Jean De Raymond. Une mission diplomatique y a été placée par le gouvernement provisoire pour traiter du problème de l'Indochine française occupée par les Japonais. En juillet 1945, tous les hommes qui ont décidé d’agir pour l’Indochine l’ont rejointe : Léon Pignon (adjoint de De Raymond), Jean Cédile, Pierre Messmer (Sainteny, 1967, p. 46). En août, ce groupe fait partie de la délégation militaro-diplomatique qui est envoyée avec le soutien des Britanniques à Kunming. Ses membres rencontrent les troupes dirigées par le général Alessandri repoussées d'Indochine par le coup de force japonais. Leur but est de retourner dans le nord de l'Indochine immédiatement après l'effondrement du Japon et d’y restaurer une administration française.
Section de Liaison française en Extrême-Orient (S.L.D.E.O.) : basée à Calcutta. Dirigée par le commandant Léonard en 1945. Dépend de la D.G.E.R.
ETATS-UNIS
Officines civiles et militaires
Commander in chief Pacific (C.I.N.C.P.A.C.) : Commandement des forces aéronavales du Pacifique commandées par l’amiral Harry D. Felt en 1964.
Civil Operations and Rural Development Support (C.O.R.D.S.) : Programme de pacification des gouvernements du Sud-Vietnam et des États-Unis. Le programme a été créé le 9 mai 1967 et comprenait des composantes militaires et civiles des deux gouvernements. L'objectif de C.O.R.D.S. était d'obtenir le soutien du gouvernement du Sud-Vietnam de sa population rurale qui était largement sous l'influence ou contrôlée par les forces communistes insurgées du Viet Cong et de l'Armée populaire nord-vietnamienne du Vietnam (A.P.V.N.).
Contrairement aux programmes de pacification antérieurs au Vietnam, les C.O.R.D.S. sont considérés par de nombreuses autorités comme une « intégration réussie des efforts civils et militaires » pour combattre l'insurrection. En 1970, 93 % de la population rurale du sud du Vietnam vivaient dans des villages « relativement sûrs » selon les estimations des experts. Les C.O.R.D.S. avaient été étendus à l'ensemble des 44 provinces du Sud-Vietnam et l'insurrection communiste en avait été considérablement réduite. Les critiques, cependant, ont décrit les programmes de pacification des C.O.R.D.S. On parle alors d’« illusion du progrès ». Les C.O.R.D.S. étaient, selon l'estimation de son premier chef, Robert W. Komer, arrivés « trop peu, trop tard. »
Avec le retrait des forces militaires américaines et de nombreux personnels civils, les C.O.R.D.S. ont été supprimés en février 1973. Leurs succès temporaires se sont érodés dès le début des années 1970 car la guerre est alors devenue plus une lutte entre forces militaires conventionnelles du Sud et du Nord Vietnam qu'une guérilla d’insurrection (Colby, 1992, pp. 259-260 et pp. 264-265).
Voir également ci-dessous United States Agency for International Development (U.S.A.I.D.).
Institute for Defense Analyses (Institut des analyses de défense) : Organisation à but non lucratif fondée en 1956 par 5 établissements d’enseignement supérieur dont le M.I.T., le California Institute of Technology et l’université de Stanford. Il vise à fournir une aide scientifique et technique au groupe d’évaluation des systèmes d’armes des chefs d’état-major et aux services de pointe du Pentagone (Advanced Research Projects Agency). Il est composée de 45 universitaires travaillant à l’avant-garde des problèmes de défense (McNamara, 1996, p. 263 note b).
Joint United States Public Affairs Office (J.U.S.P.A.O., Bureau conjoint des affaires publiques des États-Unis) : Lors d'une visite au Sud-Vietnam, Carl Rowan et le général Harold K. Johnson, respectivement directeur de l'Agence d'information des États-Unis (U.S.I.A) et chef d'état-major de l'armée, observent les nombreuses difficultés et l’inefficacité des opérations psychologiques (PSYOPs) du fait de leur manque de coordination. Ils en informent LBJ et lui recommandent d'intégrer toutes les informations étrangères et les activités PSYOP en un seul bureau. Le président approuvera cette recommandation, combinant le Service d'information des États-Unis (U.S.I.S.), le Commandement d'assistance militaire au Vietnam (M.A.C.V.) et l'Agence des États-Unis pour le développement international (U.S.A.I.D.)
Le 14 mai 65, le J.U.S.P.A.O. est officiellement créé par l'instruction 186 émanant de l'ambassade des États-Unis à Saigon. Le nouveau directeur de l'U.S.I.S. au Vietnam, Barry Zorthian, est désigné comme dirigeant de cet organisme gouvernemental. Zorthian a travaillé avec l'U.S.I.A. sur le continent asiatique comme directeur adjoint de l'U.S.I.S. à New Delhi (Inde) et a été scénariste et directeur de programme pour Voice of America (V.O.A.).
Le titre officiel de Zorthian était coordinateur de la mission des États-Unis pour les opérations psychologiques avec des responsabilités, notamment l'élaboration de directives PSYOP pour tous les éléments de l'armée américaine au Sud-Vietnam. Le but visé du J.U.S.P.A.O. n'était pas seulement de résoudre les conflits et de coordonner les activités des diverses agences impliquées, mais aussi de mettre en œuvre une stratégie globale PSYOP à venir. L'objectif officiel de J.U.S.P.A.O. est de s'appuyer sur le nationalisme anticommuniste dans toute l'Indochine pour soutenir le programme Chieu Hoi visant à briser la volonté de l' A.P.V.N. et du Vietcong et de mettre ainsi un terme au conflit.
Military Assistance Advisory Group (M.A.A.G.) : Prend en charge l’entraînement des troupes sud-vietnamiennes dès le départ des Français de l’Indochine et jusqu’au 8 février 1962, date à laquelle il est absorbé par le M.A.C.V. Military Assistance Advisory Group (M.A.A.G.) : Prend en charge l’entraînement des troupes sud-vietnamiennes dès le départ des Français de l’Indochine et jusqu’au 8 février 1962, date à laquelle il est absorbé par le M.A.C.V.