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par Jean-François Jagielski

Février 1978

Février 78 : Giap se rend à Moscou et obtient la livraison d’armes de toutes catégories dont des avions MIG-21. En rétorsion, Pékin supprimera l’aide promise à 21 importants projets de développement au Vietnam. Les relations entre les deux grands du bloc communiste ne cesseront par la suite de se dégrader. Les deux grands du bloc communiste jouent à fond la carte d’un conflit par interposition où le Vietnam et le Cambodge sont les pions d’un échiquier (Richer, 2009, p. 71).

Au Vietnam, Bui Tin prend part à une réunion de hauts cadres convoquée par le ministre de la Défense sur une base militaire de l’aéroport de Tan Son Nhut. Il est à nouveau question de l’attitude à adopter à l’égard des agressions répétées du Cambodge (Bui Tin, p. 197).


Février-mars 78 : Au Vietnam apparaissent les premières attaques contre les ressortissants chinois (les Hoa) vivant au Sud considérés comme des ennemis économiques du régime. Elles provoqueront un arrêt des aides de la Chine et un rapprochement de la R.D.V.N. avec l’U.R.S.S. (voir 3 novembre) (Guillemot, 2018, p. 223).

Selon Marangé, « la direction vietnamienne nationalisa entièrement le commerce et confisqua les stocks et les biens des commerçants qui, dans leur grande majorité, étaient des Chinois, les Hoa. » Ceux-ci avaient massivement émigré vers le Sud suite à la réunification des deux Vietnam. On estime leur population à 1 320 000 personnes au Sud et à 125 000 au Nord. Craignant un conflit sino-vietnamien, ils fuient vers le Cambodge ou s’embarquent dans des bateaux de fortune. Selon les données officielles vietnamiennes, 160 000 Hoa quittent le Vietnam en 1978 (Marangé, 2012, pp. 366-367).



2 février 78 : La Thaïlande et le KD annoncent la reprise de leurs relations diplomatiques suspendues depuis avril 1975 (Deron, 2009, p. 203).



5 février 78 : Proposition vietnamienne de négociation avec un plan en trois points pour régler le problème frontalier. Le Vietnam propose à nouveau un retrait de 5 km des forces en présence de part et d’autre de la frontière et la mise en place d’une surveillance internationale. Fin de non-recevoir du KD (voir 8 février) (Biernan, 1998, p. 457).

En Chine, fin de la première session de l’assemblée nationale. Hua Guofeng est confirmé en tant que président du P.C.C. et chef du gouvernement (Bui Xuan Quang, 2000, p. 715).


6 février - l0 mars 78 : La Commission des droits de l’Homme de l’O.N.U. réunie à Genève, débat longuement des violations des droits de l’homme au KD. Un rapporteur spécial est désigné. Il doit étudier de manière approfondie la nature des violations commises.


9 et 11 février 78 : Pilonnages de Tay Ninh, Chau Doc, Hong Ngu par l’artillerie du KD.


8 février 78 : Rejet par le KD de la proposition vietnamienne du 5. Selon Biernan, « s’il avait accepté cette offre, le régime de Pol Pot aurait très vraisemblablement survécu. » Mais le KD n’entend pas abandonner sa politique belliqueuse à l’égard d’un ennemi ancestral ni ses aspirations territoriales au S-V, se sachant, qui plus est, fort du soutien de la Chine (Biernan, 1998, p. 457).


​15 février 78 : Malgré les récents accords (voir 31 janvier), maintien des incidents à la frontière thaïlandaise.

​Fin février 78 : Le Duan (secrétaire général du P.C.V.) et Le Duc Tho rencontrent à Hanoi des cadres des Khmers issarak qui, depuis 1954, ne sont jamais retournés au Cambodge. S’adjoignent à cette réunion plusieurs anciens dirigeants kr dont Hun Sen, ancien commandant militaire qui a rompu d’avec le KR en avril 1977 et s’est réfugié depuis au Vietnam. Le but de cette réunion est de fonder un nouveau parti communiste khmer capable de renverser le régime des KR, le futur F.U.N.S.K. On se met d’accord pour créer des camps d’entraînement en vue de pratiquer la guérilla et de combattre aux côtés des Vietnamiens (Richer, 2009, p. 66).

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