Juin 92 : Dans son rapport au Conseil de Sécurité, le secrétaire général Boutros Boutros-Ghali constate sans fards : « La mise en œuvre des accords de Paris est entrée dans une phase critique. » (cité in Coste, 2022, p. 131)
1er juin 92 : Akashi et le général Sanderson se rendent dans le fief des KR à Païlin accompagnés d’une forte escorte militaire et d’un important groupe de journalistes. Aucune délégation de représentants des KR n’est là pour les accueillir. Seule tolérance des KR, quelques officiers de liaison de l’APRONUC sur place sont présents. Dès que les représentants de l’O.N.U. veulent quitter le terrain d’aviation pour se rendre dans la ville, deux militaires kr leur interdisent le passage et refusent de lever la barrière qu’ils gardent. Toute tentative de discussion échoue alors qu’une noria de camions thaïlandais situés de l’autre côté de la barrière vont et viennent à leur guise. Les représentants de l’O.N.U. rembarquent et perdent ainsi la face (ce qui est grave dans un contexte asiatique).
Le général français Loridon (ex-commandant de la MIPRONUC) qui n’était pas du voyage ne décolère pas et le fait savoir en dénonçant l’attitude pusillanime d’Akashi et de Sanderson. Akashi s’en défendra en déclarant avoir respecté les clauses de son mandat : l’action de l’APRONUC repose sur le présupposé de la coopération des parties, sans avoir le pouvoir de les contraindre. Il estime ne pas pouvoir défaire le fragile consensus au niveau du Conseil de Sécurité, notamment en ce qui concerne la Chine (Coste, 2022, pp. 127-128). Les KR sont parvenus à leurs fins : nier l’action de l’O.N.U. et ainsi gravement entraver le processus de Paris qu’ils avaient pourtant signé.
5 juin 92 : Réunion de crise du C.N.S. avec le « Core Group » (5 membres permanents du Conseil de sécurité). On constate que les KR continuent d’interdire l’accès aux zones qu’ils contrôlent. D’un point de vue civil, ils déclarent avoir dissous leur organisation gouvernementale et n’ont, en conséquence, aucune administration ni prison à faire visiter par les représentants de l’O.N.U. Ce qui ne les empêche pas de réclamer que la chose soit réalisée au niveau du C.N.S. (dont ils font partie) et de l’APRONUC pour les autres factions…
8 juin 92 : La Thaïlande (soutenue par les U.S.A.) rejette la demande d’Akashi et du général Sanderson (APRONUC) de faire pression sur les KR pour respecter les accords de Paris.
10 juin 92 : Akashi déclare que l’attitude des KR représente « une violation flagrante et totalement inacceptable » des accords de paix.
12 juin 92 : Le Conseil de sécurité demande à toutes les parties de respecter les accords de Paris et observe que l’une d’elle – les KR – n’a pas permis le déploiement de l’APRONUC dans les zones qu’elle contrôle.
13 juin 92 : Début du passage à la « phase 2 » de déploiement du dispositif de démilitarisation prévu par les accords de Paris et ce, avant le retour de la saison des pluies. Les KR, de par leur attitude (voir 1er juin), s’opposent au désarmement de leurs combattants, bloquant ainsi le processus de démobilisation de 140 000 combattants des 4 factions. Les troupes de l’APRONUC doivent se contenter du simple fait que les combats inter-factions ne reprennent pas dans l’immédiat (Cambacérès, 2013, p. 312). Seuls 64 % des effectifs prévus par l’APRONUC sont déployés ce jour. Cette « phase 2 » va en fait rapidement avorter : on ne peut désarmer les autres factions, ce qui serait laisser le pays à la merci des seuls KR. Selon Coste, « l’opération a été « suspendue », puis poursuivie sans conviction et à très petite vitesse. » (Coste, pp. 128-129).
18 juin 92 : Très violents combats entre les troupes de l’EdC et les KR pour le contrôle de la route 12 qui relie Kompong Thom et Preah Vihear.
19 juin 92 : L’armée thaïlandaise, appuyée par les U.S.A., continue à soutenir les KR et refuse de participer à des sanctions.
21 juin 92 : Une résolution du conseil de sécurité de l’O.N.U. (n° 766) dénonce les « violations persistantes » par les KR du cessez-le-feu prévu par les accords de Paris, leur refus de désarmer et leurs obstructions militaires répétées au déploiement des troupes de l’APRONUC (Deron, 2009, p. 425, note 1).
22 – 23 juin 92 : Conférence de Tokyo sur le relèvement et la reconstruction du Cambodge. 33 pays et 13 organisations internationales promettent 880 millions de dollars sur 2 ans. Seules les trois factions coopérantes sont présentes, à l’exception des KR.
En marge, réunion du C.N.S. (élargie au « Core Group » et d’autres pays). On s’attarde sur le point de vue des KR. Il ne se dégage aucun consensus ni à les condamner ni même à les nommer comme tels… Un délai de réflexion leur est accordé jusqu’au 2 juillet. Mais Sihanouk déclare : « Je sais que leur objectif est de prendre le pouvoir par la force et non par la démocratie et les élections. »
24 juin 92 : Marrack Goulding, Secrétaire adjoint de l’O.N.U. chargé des opérations de paix, se rend à Phnom Penh et ordonne aux responsables de l’APRONUC de ne plus critiquer ouvertement l’attitude des KR.
27 juin 92 : L’organe de presse du P.P.C., le Praecheaon, déclare que le parti représente la continuation de l’ancien Sangkum de Sihanouk.
Toutes les forces aériennes de l’EdC sont confiées à l’APRONUC.
30 juin 92 : Ung Phan, un ancien du P.P.C., rallie le F.U.N.C.I.N.P.E.C.