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par Jean-François Jagielski

Novembre 1978

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Novembre 78 : Une importante offensive vietnamienne met en déroute une division kr dans la région de Kratié. Les Vietnamiens y installent leur Q.G. et celui du Front uni national pour le salut du Kampuchéa (F.U.N.S.K.) (Richer, 2009, p. 67).

Une délégation chinoise menée par Wang Dongxing (membre du bureau politique du P.C.C.) se rend à Phnom Penh. Elle prépare l’annonce de la non-intervention de la Chine aux côtés du KD contre le Vietnam, à l’exception d’un soutien matériel d’une forme de guérilla. Elle constate l’état d’impréparation du gouvernement kr face à la menace d’invasion vietnamienne.

Les Chinois conseillent de préparer la résistance en prévoyant des caches d’armes et des provisions de riz. Aucun de leurs conseils ne sera suivi. La direction kr semble plus obnubilée par ses purges autodestructives que par ce qui se prépare vraiment à l’est. La délégation chinoise réfléchit à un moyen d’évacuation de Sihanouk en cas de besoin (Cambacérès, 2013, pp. 254-255 ; Deron, 2009, p. 204 ; Aberdam, 2015, p. 144).

Deng Xiaoping entame une tournée en Asie du Sud-Est non communiste. Il prévient ses interlocuteurs que la chute « possible » de Phnom Penh ne restera pas sans réponse de la part de Pékin.


1er – 2 novembre 78 : 6e congrès du P.C.K. Il est abrégé pour des raisons de sécurité et surtout en raison des tensions qui règnent au sein de la direction du KD (voir 2 – 4 novembre) (Sikoeun, 2013, p. 294)


2 novembre 78 : Arrestation de Vorn Vet qui venait pourtant d’être élu au 5e rang dans la hiérarchie kr lors du Ve congrès du P.C.K. Il occupait jusqu’alors le poste de ministre de l’Industrie, des Chemins de fer et de la Pêche. Accusé de tentative de coup d’État contre Pol Pot et de collusion avec les Vietnamiens, il est envoyé à S 21 où il rédige cinq confessions différentes du 6 novembre au 5 décembre. Il comparaît devant Pol Pot qui, dans un rare accès de violence personnelle, l’aurait battu, occasionnant ainsi sur lui une fracture de la jambe. Il sera exécuté deux semaines avant l’arrivée des Vietnamiens (Kane, 2007, pp. 286-287).

Nouvelle purge. Arrestations de Mey Preng, ministre des Communications et de Cheng An, ministre de l’Industrie qui sont emmenés à S 21 puis exécutés. Arrestation de Kong Sophal (alias Keu), ancien adjoint de Ros Nhim à la tête de la zone Nord-Ouest. Il venait d’être élu membre du bureau permanent du Comité central du P.C.K. et chef du département de logistique de l’armée (Sikoeun, 2013, p. 294).


3 novembre 78 : Traité d’amitié et de coopération entre le Vietnam et l’U.R.S.S. (Férier, 1993, p. 164). Son article 6 stipule que « si l’une des parties est attaquée ou exposée à la menace d’une attaque, les deux signataires se consulteront immédiatement pour écarter la menace et prendre les mesures appropriées. »

Des clauses militaires secrètes  donnent aux Soviétiques l’accès aux ports et à l’espace aérien vietnamien, en particulier dans la presqu’île de Cam Ranh convoitée de longue date par la marine soviétique. Cette convention est, selon Marangé, « une alliance de circonstance, fondée avant tout sur une commune hostilité avec la Chine et les États-Unis. » (Marangé, 2012, pp. 367-368 ; Richer, 2009, pp. 71-72) La suite le prouvera. Lors de l’attaque chinoise contre le nord du Vietnam (voir 17 février 1979), les Soviétiques masseront des troupes à la frontière sino-soviétique mais n’interviendront pas pour soutenir les Vietnamiens.


4 novembre 78 : Dans la soirée est prévu un banquet en l’honneur de l’arrivée de Wang Dong-Xin, vice-président du P.C.C. et ancien garde du corps de Mao. C’est à l’occasion de ce banquet qu’est modifié in extremis un projet de discours prononcé par Pol Pot qui annonçait l’implication du P.C. et de l’A.P.L. chinois dans l’éventualité d’un conflit avec le Vietnam. Côté chinois, celui-ci n’est pas d’actualité (Sikoeun, 2013, pp. 294-295).


4 – 8 novembre 78 : Wang Dong-Xin, vice-président du P.C.C. et ancien garde du corps de Mao, et Hu Yao-Bang, futur secrétaire général du même parti, se rendent à Phnom Penh et ont plusieurs entretiens avec Pol Pot. La situation est particulièrement tendue dans la capitale.

Le P.C.K. vient de tenir son 6e congrès les 1er et 2 novembre. Celui-ci aurait dû durer plusieurs jours voire plusieurs semaines. Selon Sikoeun, « cette fois-ci, la réduction de ses travaux traduisit les soucis de sécurité et surtout le désarroi de sa direction, en particulier de Pol Pot, face à la montée du péril extérieur et surtout intérieur. » (Sikoeun, 2013, p. 294)


5 novembre 78 : Deng Xiaoping se rend en Thaïlande, en Malaisie et à Singapour. Il trouve des hôtes plus ou moins convaincus par le fait qu’un Vietnam, intégré au bloc soviétique, constituait un danger pour la région. Le général Kriangsak exprime son inquiétude sachant que son pays, la Thaïlande, allait se trouver en première ligne en cas de conflit au Cambodge. Il se dit cependant prêt à soutenir les KR s’il obtient un appui de la Chine que Deng lui promet (Cambacérès, 2013, p. 254).

Visite d’une délégation chinoise venue inspecter l’assistance militaire accordée par Pékin. Depuis plusieurs semaines, la Chine livre un important matériel militaire (chars, véhicules blindés, avions de chasse). Des techniciens chinois construisent un nouvel aéroport à Kompong Chhnang. Il y a alors environ 5 000 conseillers chinois au Cambodge.

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