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par Jean-François Jagielski

Juin 1978

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Été-automne 78 : Poursuite de la répression sur la population cambodgienne par les KR. Presque tous les habitants des provinces de Svay Rieng et de Kompong Cham à l’est du Mékong sont déportés vers la zone Nord (Pursat, Battambang). Accusés de collusion avec le Vietnam, ils seront en partie massacrés par les fidèles de Pol Pot avant l’arrivée de l’armée vietnamienne en 1979.

Des batailles rangées opposent les forces régionales de l’Est aux troupes du Centre fidèles à Pol Pot. Un climat d’anarchie guerrière s’installe dans la zone Est. De nombreux soldats désertent. Certains rejoignent le Vietnam, d’autres tentent au contraire de rejoindre les forces de Pol Pot.


Juin 78 : Pékin se fait l’écho de plaintes cambodgiennes contre des bombardements vietnamiens. La Chine voit toujours là une volonté vietnamienne pour créer « une fédération indochinoise » visant à dominer l’Indochine en incluant le Laos. La Chine et l’U.R.S.S. continuent de régler leurs profonds différends par pays interposés (Richer, 2009, p. 71).

L’armée vietnamienne décide de lancer une puissante offensive contre les forces cambodgiennes dès le retour de la saison sèche (voir 25 décembre) (Férier, 1993, p. 145).

Arrestation de Phuong, ministre des plantations de caoutchouc.

Discours d’un dirigeant kr (Ta meng) à Siem Reap. Selon un témoin qui y a assisté, le KD entend s’en prendre également à la Thaïlande en vue de reprendre des provinces occupées (Biernan, 1998, pp. 436-437).


3 juin 78 : Suicide de So Phim, n° 3  du Bureau militaire du comité central du P.C.K. Il a critiqué la lutte antivietnamienne voulue par le Centre et a fondé, en novembre 1977, une organisation dissidente, les Forces révolutionnaires authentiques du Kampuchéa.

Sa mort correspond au déclenchement d’une vaste purge et de massacres à très grande échelle occasionnant plus de 100 000 morts dans la zone Est. Toute la population est suspecte, les habitants sont accusés d’avoir « un cerveau vietnamien dans un corps khmer ». Troisième vague de déportation massive de la population de la zone.


11 juin 78 : Arrestation de Nhim Ros (Muol Sambath), responsable du parti dans le Nord-Est depuis les années cinquante.


12 juin 78 : De Tokyo, Ieng Sary dénonce un complot entre la C.I.A. et le Vietnam pour détruire le KD.


16 juin 78 : La Chine rompt ses relations diplomatiques avec le Vietnam et fait fermer trois consulats vietnamiens sur son territoire (Marangé, 2012, p. 366).


21 juin 78 : Radio Hanoï accuse les dirigeants cambodgiens de « génocide systématique ». C’est la première fois qu’est utilisé – par les Vietnamiens - le terme « génocide » pour qualifier ce qui s’est passé au Cambodge entre 1975 et cette date. Il fait référence à la  Convention adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1948 et, dans sa dimension purement juridique, sera repris tant par les instances internationales, des hommes politiques que par certains historiens. Le terme de « génocide », largement employé par la suite, nous paraît critiquable dans le cas du Cambodge. Nous lui préférons les termes de « politicide » (Locard, 2013, pp. 195-203) ou de « génocide de classe » (Courtois, 2002, pp. 111-113).


26 - 28 juin 78 : Nouvelle importante offensive vietnamienne.


28 juin 78 : Le Vietnam adhère au Conseil d'assistance économique mutuelle ou Conseil d'aide économique mutuelle (C.A.E.M., également désigné par l'acronyme anglais Comecon). Ce Conseil est une organisation d'entraide économique entre différents pays communistes chapeautée depuis 1949 par l’U.R.S.S. en réponse au plan Marshall (Férier, 1993, p. 164). En échange de cette adhésion, début de nouvelles livraisons massives d’équipements militaires par les Soviétiques aux Vietnamiens. Un traité de coopération avec un nouveau volet militaire sera par ailleurs conclu en novembre.


Fin juin 78 : Le nombre de prisonniers écroués à S 21 depuis janvier atteint le nombre de       5 675, à peu près l’équivalent en 6 mois du chiffre enregistré pour toute l’année 1977 (6 330) (Biernan, 1998, p. 475).

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