Dernière modification le il y a un mois
par Jean-François Jagielski

Octobre 1977

Version datée du 7 août 2025 à 07:49 par Jean-François Jagielski (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Octobre 77 : Première offensive limitée d’un bataillon de KR lancé à la poursuite d’une colonne de blindés vietnamiens qui s’est introduite au Cambodge. Pris dans une embuscade, il subit de lourdes pertes.

Pol Pot nomme un commandant local, Heng Sarim, « président de la Route 7 » et responsable de la reprise en main des troupes du secteur. Mais ce dernier, jugeant les ordres inapplicables et menacé de purge, entrera en rébellion le 25 mai 1978 et prendra le maquis avec 3 000 hommes, entraînant avec lui 30 000 civils vers le Vietnam (Richer, 2009, pp. 64-65).

Les médias étrangers évoquent le conflit khméro-vietnamien. Même la radio officielle du KD aborde cette question. Pol Pot fait des remontrances aux cadres. Il affirme que certains d’entre eux « ne servent pas bien le Parti, appliquent mal ses directives, se montrent inefficaces dans leur travail ». Il les compare à des « crabes » qui ne savent où aller. Il en vient même à critiquer l’armée en la comparant à celle du Vietnam qui lui paraît plus égalitaire que celle du KD (Cambacérès, 2013, pp. 240-241). Radio Phnom Penh enjoint donc ses auditeurs  à « entretenir sans relâche la haine bouillonnante et la rancune sanglante contre les ennemis de classe et de la nation » et à « écraser et détruire les idées périmées. » (Biernan, 1998, p. 300)

Son Sen (ministre de la Défense et de la Sécurité) envoie à Duch des instructions précises sur la manière de mener les interrogatoires à S 21, notamment pour les prisonniers jugés importants : « […] il est d’une nécessité supérieure de se concentrer sur ce qui est essentiel. Face aux réponses, il faut se montrer consciencieux et prendre ses responsabilités […] En ce qui concerne la méthodologie à adopter vis-à-vis de ceux qui sont importants, il est indispensable de a) les amener à écrire ; b) ou encore en faire des enregistrements sonores qui doivent ensuite être retranscrits […] » (cité in Deron, 2009, p. 42)


1er octobre 77 : En marge de la fête nationale chinoise, Hua Guofeng (secrétaire général du P.C.C., n° 1 chinois) conseille à Pol Pot de négocier avec le Vietnam : « Nous ne voulons pas que la friction entre le Vietnam et le Cambodge s’accroisse. Nous voulons que les deux côtés trouvent une solution à travers les négociations dans un esprit d’amitié et de compréhension, et en faisant des concessions mutuelles. » Pas plus que Zhou Enlaï en son temps, il ne sera entendu (Deron, 2009, p. 194). Pour autant, le KD obtient une aide de 140 millions de yuan (24,6 millions de dollars) pour l’année 1977 (Biernan, 1998, p. 447 ; Sikoeun, 2013, p. 298).


3 octobre 77 : Alors que Pol Pot est toujours à Pékin, Hanoi y dépêche le vice-ministre des Affaires étrangères Phan Hien qui rencontre à deux reprises la délégation cambodgienne. Les entretiens sont tendus. Les Khmers accusent les Vietnamiens de subversion, de sabotage, d’agression et d’avoir fomenté plusieurs tentatives de renversement de leur régime. Hien réplique en dénonçant les attaques et massacres dont se sont rendus coupables les KR lors de leurs incursions en territoire vietnamien. Aucun compromis n’est trouvé malgré la tentative de médiation chinoise (Richer, 2009, p. 70).


4 octobre 77 : Lors d’une conférence de presse devant des journalistes « amis », Pol Pot dénonce de Pékin  l’existence d’un « ennemi » au sein du KD, sans nommer explicitement le Vietnam (Deron, 2009, p. 194).


5 octobre 77 : Signature à Phnom Penh d’un protocole d’aide militaire chinoise aux KR qui s’accompagne d’une suspension par la Chine des vols entre Canton et Hanoi (Richer, 2009, p. 70).

Pol Pot est en Corée du Nord. A ses côtés, le chef du régime Kim Il Sung dénonce nommément le Vietnam pour ses visées expansionnistes (Deron, 2009, p. 194).

En pleine vague de purges, Son Sen s’adresse à Duch : «  Il faut conserver des traces écrites. » Mais il lui déconseille d’approuver toutes les confessions : « Certaines de leurs réponses nous attaquent aussi. Les uns le font délibérément. Les autres ont seulement peur et disent n’importe quoi. » Pas un mot n’est prononcé sur les massacres en cours ou qui se préparent (voir 15 - 23 octobre) (Biernan, 1998, p. 422).


7 octobre 77 : Bombardement par les KR de l’île vietnamienne de Phu Quoc, vieux sujet de litige entre le Vietnam et le KD.


15 – 23 octobre 77 : Le Santebal marque un record au niveau des exécutions à S 21 : 418 le 15, 179 le 18, 88 le 20 et 148 le 23 (Biernan, 1998, p. 422).


18 - 20 octobre 77 : Attaque par les KR de la province vietnamienne de Dong Thap.


19 octobre 77 : Hanoi déclare que 60 000 Cambodgiens ont trouvé refuge sur le sol vietnamien depuis deux ans. Cette population réfugiée servira au recrutement de la future force supplétive khmère qui sera envoyée au Cambodge (Deron, 2009, p. 194).


21 octobre 77 : Deng Xiaoping réitère à Pol Pot une demande de négociation avec le Vietnam par le biais d’une déclaration à un journaliste occidental : il souhaite que le Cambodge et le Vietnam « mènent de bonnes négociations ». Pas plus qu’auparavant, la Chine n’est ni ne sera entendue (Deron, 2009, p. 195 ; Sikoeun, 2013, p. 298).


22 octobre 77 : Retour de Pol Pot de Chine à Phnom Penh (Deron, 2009, p. 195).


24 octobre 77 : L’ambassadeur birman U Myint Maung présente ses lettres de créances à Khieu Samphan (président du Présidium du KD) (Sikoeun, 2013, p. 273).

💬 Commentaires

Chargement en cours...