1er juillet 77 : 114 femmes ont été exécutées à Tuol Sleng, 90 d’entre elles sont des épouses de prisonniers déjà exécutés (Biernan, 1998, p. 421).
2 juillet 77 : Exécution à S 21 de 31 fils et 43 filles de prisonniers déjà exécutés (Biernan, 1998, p. 421).
Juillet – août 77 : Xe Congrès du P.C.C. durant lequel Deng Xiaoping propose de ne pas envoyer de troupes au KD pour soutenir l’amorce d’une guerre avec le Vietnam (Aberdam, 2015, pp. 143-144).
6 juillet 77 : Exécution du Hu Nim (ministre de l’Information et la Propagande) après son incarcération à S 21 (voir 10 avril). Dans sa confession retrouvée en 1979 dans les archives, poussé à bout, il a écrit : « Je ne suis pas un être humain, je suis un animal. » (Richer, 2009, pp. 46-47) La liquidation de Hu Nim prélude à celle de tous les responsables du P.C.K. favorables à la Révolution culturelle chinoise (Biernan, 1998, p. 421).
12 juillet 77 : Pol Pot est, à juste titre (voir 17 juillet), dans la crainte d’une alliance entre le Vietnam et le Laos communiste. Il dénonce devant les cadres du parti « le noir schéma [vietnamien] de conquérir notre pays et de détruire notre race […] Nous devons non seulement franchir la frontière mais les annihiler sur leur propre territoire. » (Richer, 2009, p. 64)
17 juillet 77 : Pham Van Dong et Le Duan se rendent à Vientiane pour la signature d’un traité d’amitié et de coopération entre le Laos et le Vietnam ainsi qu’un traité de délimitation des frontières (Férier, 1993, p. 164 ; Bui Xuan Quang, 2000, p. 714). Ce rapprochement et cette signature ne font que renforcer Pol Pot et son alliée la Chine dans leurs convictions et leurs craintes sur les intentions du Vietnam de fonder une fédération indochinoise qui serait placée sous la coupe du Vietnam.
Organisation d’une « conférence de la zone Est ». On évoque un conflit de grande envergure dans lequel le Vietnam « aurait du mal à nous arrêter […] Nous devons nous préparer à aller recueillir des informations en territoire ennemi […] afin d’aller préparer des assauts victorieux. » Mais, pour l’instant, on hésite encore car « nous devons d’abord réaliser notre unité », notamment en se débarrassant « d’une faction de traîtres qui se mettent à genoux et travaillent comme les valets des Vietnamiens » (Biernan, 1998, p. 441). Il faut donc purger avant d’attaquer.
19 juillet 77 : Nouvelle série d’incidents à la frontière khméro-thaïlandaise : 19 militaires thaïlandais sont tués ainsi qu’une cinquantaine de KR (Deron, 2009, p. 194).
23 juillet 77 : Réhabilitation de Deng Xiaoping en Chine lors du Xe comité central du P.C.C. en cours (Deron, 2009, p. 194).
26 juillet 77 : Le diplomate américain Richard Holbrooke estime que 1 200 000 Cambodgiens sont morts depuis le 17 avril 1975 (Deron, 2009, p. 194).
28 juillet 77 : Nouvelle incursion d’un important groupe de KR en Thaïlande (Deron, 2009, p. 194).
30 juillet 77 : Le ministre des Affaires étrangères chinois, Huang Hua, soutenu par Deng Xiaoping qui vient d’être remis aux responsabilités par le comité central du P.C.C. (voir 7 août), présente à une assemblée de hauts responsables du parti, un mémorandum secret qui donne entièrement raison à Pol Pot au sujet des purges sanglantes toujours en cours au Cambodge. Il est question de « révisionnistes infiltrés » qui menacent le régime kr.
La position chinoise n’exclut pas que la situation dégénère entre Phnom Penh et Hanoi : « Une vraie guerre, parfois, détermine qui est le plus fort. Par une guerre décisive, les problèmes sont résolus. Les pertes peuvent être lourdes. Mais c’est au moins une solution définitive […] Nous soutenons fermement la décision de la nation et du peuple du Cambodge de résister au social-impérialisme [vietnamien], et nous leur fournirons toute l’aide qu’il est en notre pouvoir de leur donner. » (cité in Deron, 2009, p. 392) A l’exception notable toutefois d’un soutien humain.
Le KD s’en prend également à ses deux autres voisins, le Laos et la Thaïlande. La Chine a informé les trois potentiels futurs ennemis de sa neutralité (de façade), tout en affirmant soutenir « la position du Cambodge et son peuple contre le social-impérialisme révisionniste soviétique » et ajoutant qu’elle « ne se comportera pas en simple observateur » (Biernan, 1998, p. 448).