Janvier 74 : Les Chinois occupent les îles Paracel en mer de Chine méridionale, ce qui provoque une réaction des S-V et inquiète le N-V (Marangé, 2012, p. 361). Les Américains, nouveaux alliés des Chinois, laissent faire. Les N-V réagissent peu.
Sur le papier, l’équilibre des forces militaires penche nettement en faveur du S-V : 450 000 soldats réguliers, 325 000 hommes des troupes régionales, 200 000 miliciens, 54 000 hommes travaillant dans l’aviation, 42 000 marins.
Les N-V disposent d’une armée de 500 à 600 000 hommes. 290 000 se trouvent au N-V, 70 000 au Laos, 25 000 au Cambodge. Au S-V se trouvent engagés 148 000 hommes.
Le rapport est donc de 4 contre 1 mais la motivation combative des uns et des autres est très différente. De plus, l’armée s-v très dépendante de l’aide américaine va manquer de plus en plus cruellement au fil du temps de munitions, de carburant et de pièces de rechange pour son matériel (voir 25 janvier) (Wainstock, Miller, 2019, p. 278).
Au Cambodge, combats entre diverses unités des F.A.P.L.N.K. dans la province de Koh Kong. Les orientations imposées par la direction du P.C.K. suscitent des oppositions parmi les cadres communistes. À Kratié, dans les zones dites libérées, les bonzes sont défroqués par les KR.
4 janvier 74 : Thieu affirme publiquement que la guerre a repris au Sud-Vietnam, 55 soldats de l'A.R.V.N. ont été tués dans des affrontements avec les forces communistes.
6 janvier 74 : Début de l’attaque des Khmers rouges sur Phnom Penh au Cambodge avec de violents bombardements qui dureront jusqu’en février.
25 janvier 74 : Les Américains opèrent des restrictions drastiques en matière de fournitures logistiques (munitions) et de carburant à l’égard de l’armée s-v en raison de contraintes budgétaires imposées par le Congrès. L’armée s-v sera désormais confrontée à un affaiblissement qui empirera de jour en jour jusqu’à la chute de Saigon.
26 janvier 74 : Au Cambodge, importants tirs de roquettes sur Phnom Penh.
Fin janvier 74 : Toutes les parties sont d’accord pour reconnaître que les accords de Paris sont difficiles à mettre en œuvre, et ce, d’autant plus qu’ils ont toujours reposé sur une vaste partie de poker menteur menée par tous. Les laborieuses négociations américano-nord-vietnamiennes, avec des Américains pressés d’en finir, ont laissé de vastes zones d’ombre (voir mars 1973). Nixon reconnaît devant le Congrès que « cette paix est fragile. » La représentante du G.R.P., Madame Binh, a avoué que « si obtenir un accord est difficile, l’appliquer l’est plus encore. »
Jacques Ducornoy dans Le Monde du 30 janvier qualifie cet accord de « monument de juridisme auprès duquel les accords de 1954, pourtant extrêmement complexes, paraissaient un modèle de limpidité. » (cité in Férier, 1993, pp. 117-118 ; Le Monde, 30 janvier 1974)