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par Jean-François Jagielski

Juillet 1973

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Juillet 73 : Le premier ministre n-v Pham Van Dong se rend discrètement à Moscou pour y signer un accord économique et militaire. L’U.R.S.S. accorde un prêt au Vietnam de 195 millions de dollars. Reprise de la livraison de matériel de guerre moderne pour une valeur de 169 millions de dollars, soit un tiers de ce qui a été accordé jusque-là pour tout le temps de guerre. Ces accords demeurent secrets pour ne pas heurter les Américains. C’est aussi une manière de s’opposer à la Chine qui voit toujours d’un mauvais œil le projet de réunification du Vietnam. Cette dernière demeure favorable au maintien du S-V pour contrer les prétentions nationales n-v sur sa frontière méridionale (Portes, 2016, p. 181).


5 juillet 73 : De retour en Chine après sa grande tournée internationale, Sihanouk est accueilli à Urum, capitale de la région ouïgoure, qui le reçoit avec grand faste par le biais d’une importante délégation chinoise conduite par Zhou Enlaï. Après un discours de ce dernier, le prince en profite pour régler ses comptes avec le ministre français des Affaires étrangères, Michel Jobert (voir 19 – 20 juin). Il reproche à la France pompidolienne d’être désormais « complice de l’impérialisme américain » et de s’être complètement alignée sur la position américaine au Cambodge, notamment en ne rompant ses relations diplomatiques avec le régime de Lon Lol et en ne reconnaissant pas le G.R.U.N.K. (Cambacérès, 2013, pp. 188-189). Sihanouk déclare qu’il a fait trois tentatives pour rencontrer Kissinger qui toutes ont essuyé un refus. Il décide donc de ne pas être à Pékin lorsque ce dernier y sera (voir 20 juillet) (Shawcross, 1979, p. 286).


12 juillet 73 : Le général George Brown, chef d’état-major de l’armée de l’Air, comparaît devant une commission du Congrès américain. Il est questionné sur les bombardements au Cambodge avant l’invasion de mai 1970. Dans un premier temps, il les nie ou demeure évasif. Puis le général demande à être auditionné à huis clos. Là, il reconnaît qu’il y a eu des bombardements par B-52 avant l’invasion américaine. Il admet que les comptes rendus du Pentagone ont été falsifiés par un système de doubles rapports mais reviendra sur ses propos ultérieurement. Les membres de la commission interrogent alors des exécutants qui reconnaissent les faits. Une intervention gouvernementale étouffe l’affaire en prétextant que ces bombardements avaient sauvé des vies américaines et que le secret avait constitué un atout décisif pour protéger Sihanouk. Kissinger enverra à la commission sénatoriale des Affaires étrangères des copies de lettres et de télégrammes échangés entre Nixon et Sihanouk en 1969 prouvant que le prince n’a émis aucune objection aux bombardements. Le Congrès ne parviendra jamais à savoir qui a véritablement mis en place le système des doubles rapports permettant de falsifier les faits (Shawcross, 1979, pp. 288-292).


19 juillet 73 : Dans son 44e message à la nation khmère, Sihanouk annonce que, dès la libération du Cambodge sera accomplie, 8 personnages considérés comme des « traîtres » seront condamnés à mort (Lon Lol, Sirik Matak, In Tam, Cheng Heng, Son Ngoc Thanh, Sosthène Fernandez, Lon Non et Long Boret). Dans les semaines qui suivent, la liste sera augmentée, passant à 25 personnes (Cambacérès, 2013, p. 192).


19 - 21 juillet 73 : Au Cambodge, un « congrès national » du F.U.N.K.- P.C.K. réclame « une victoire totale contre l’impérialisme américain ».


20 juillet 73 : L’ambassadeur à Saigon, Graham A. Martin, présente ses lettres d’accréditation et demeurera en poste jusqu’au 29 avril 1975, jour de la chute de Saigon.

Sihanouk se rend en Corée du Nord où il séjournera jusqu’au 15 août. Ce voyage lui permet de ne pas rencontrer à Pékin Kissinger qui avait décliné ses invitations (Cambacérès, 2013, p. 192).


25 juillet 73 : Le New York Times publie des documents relatifs sur les actions secrètes américaines effectuées avant 1970 en violation du principe de neutralité du Cambodge (voir 12 juillet). Le Pentagone est obligé de reconnaître le déversement de 100 000 tonnes de bombes entre mars 1969 et mai 1970, périodes pour lesquelles les États-Unis avaient pourtant officiellement reconnu la neutralité du pays (Cambacérès, 2013, p. 192).


26 juillet 73 : Khieu Samphan, Hou Youn et Hu Nim (les « trois fantômes ») publient une déclaration de résistance intérieure au Cambodge et rappellent que le G.R.U.N.K. a vocation à prendre le contrôle de Phnom Penh et, à terme, la direction de la nation (Cambacérès, 2013, p. 192).

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