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par Jean-François Jagielski

Mars 1951

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3 mars 51 : Officialisation de l’existence du Lao Dong. Fin des équivoques nationalistes du VM  qui avaient cours sous la pression chinoise des premières années du VM. C’est un retour à l’orthodoxie communiste pure et dure. Fusion de la ligue du VM avec le Lien Viet qui constitue l’élément dirigeant du Lao Dong, même si le terme Vietminh se maintient. L’ex-P.C.I. renaît donc officiellement sous le vocable de Vietnam Dang Lao Dong (V.D.L.D., « Parti des Travailleurs vietnamiens ») ou Lao Dong (D.L.D.), nouvelle appellation du P.C.I., officiellement dissous depuis le 11 novembre 1945 mais qui, dans  les faits, a toujours existé. Le nouveau parti fixe 4 objectifs à son programme : « Chasser les Français et gagner la guerre, accomplir l’indépendance et l’unité de la nation, liquider les rebuts féodaux et semi-féodaux, édifier les fondations du socialisme et remettre la terre à ceux qui travaillent. » (cité in Marangé, 2012, p. 192) Le préambule des statuts du parti précisent : « La base du D.L.D. et les principes qui le guident dans toutes ses activités sont les doctrines de Marx, Engels, Lénine, Mao Tsé-toung adaptés aux réalités de la révolution. » Staline n’y figure pas. HCM occupe le poste de président et secrétaire général du Lao Dong et celui de président de la R.D.V.N. (composition du comité central exécutif in Fall, 1960, p. 154).

Selon Fall, le Lao Dong se définit comme « populaire et démocratique, sa mission étant d’éliminer les envahisseurs impérialistes, de supprimer la féodalité et la semi-féodalité et de mettre en exécution le principe de « à chacun son lopin de terre » ». (Fall, 1967, p. 211) Il devient le véritable parti unique dirigeant de la R.D.V.N. et, nouveauté, il se revendique pour la première fois comme purement marxiste-léniniste. Exit donc des tendances nationalistes ménagées jusqu’ici. Ce sera un élément persuasif pour De Lattre lorsqu’il se rendra aux États-Unis vanter dans la guerre Indochine une lutte purement anti-communiste et y obtenir une aide supplémentaire (voir 7 septembre).

Bao Daï met en place un nouveau « gouvernement de l’Indépendance » dans lequel ne sont représentés ni les sectes ni le Daï Viet. Tran Van Huu cumule à lui seul la présidence du Conseil, la Défense et les Affaires étrangères (voir 17 janvier). Rien n’a donc évolué au niveau du népotisme ambiant. La naissance de ce gouvernement vietnamien non représentatif des aspirations de la population s’accompagne en parallèle d’une énième crise gouvernementale française (voir 28 février) dont De Lattre va faire les frais en se rendant à Paris (Gras, 1979, p. 389).

Au Cambodge, mise en place du premier gouvernement Oum Chheangsun qui demeurera en place jusqu’au 13 mai (Jennar, 1995, p. 145).


3 – 4 mars 51 : Dans une circulaire adressée aux gouverneurs d’Indochine, l’ancien ministre de la F.O.M. Marius Moutet écrit : « J’ai déclaré dès mon arrivée au département des colonies que la politique coloniale de la France est une politique de libération d’abord, une politique d’éducation et d’assistance fraternelle ensuite. » (cité in Le Couriard, 1984, p. 334) Une « politique coloniale [de] libération » qui n’est pas synonyme d’indépendance… On est loin de la déclaration du 38e congrès de la S.F.I.O. (voir 29 août – 1er septembre 1946).


5 mars 51 : Le commandement de l’armée vm organise une conférence à Diem Mac (district de Dinh Hoa) pour mettre en place l’ordre de bataille de la prochaine offensive. HCM est présent. Les cadres ont pour la plupart déjà tous participé à la précédente campagne de la Moyenne Région. Les Français ont une idée de plus en plus précise de l’endroit où elle va avoir lieu en suivant le mouvement des unités vm et de leurs porteurs qui se dirigent vers le massif du Dong Trieu (174e et 98e régiments) (Giap 2, 2004, pp. 126-127).


10 mars 51 : Henri Queuille (radical-socialiste) devient président du Conseil (jusqu’au 11 août 1951).

Gouvernement Queuille 3 : Armées : Jules Moch ; Affaires étrangères : Robert Schuman (M.R.P.) ; France d’Outre-mer : François Mitterrand (U.D.S.R.) ;  Relations avec les États associés : Jean Letourneau (M.R.P.) (Bodin, 2004, p. 124).

On retrouve dans ce gouvernement les mêmes hommes aux mêmes places. Pour eux, l’Indochine demeure un problème secondaire car la priorité se situe avant tout dans la défense de l’Europe.

Départ de De Lattre pour Paris. L’intérim est assuré par Salan (Salan 2, 1971, p. 218). A Paris, De Lattre demande 20 000 hommes supplémentaires. Il met en jeu sa démission si on ne les lui accorde pas. Il en obtient au final 15 000 qui seront prélevés sur les forces d’Afrique du Nord. Cette attribution au rabais n’est, de plus, que provisoire (voir 1er juillet 1952).


11 mars 51 : Constitution de la 325e  division vietminh (Giap 1, 2003, p. 283 ; Giap 2, 2004, p. 101).

Après une première rencontre et l’ébauche d’un premier programme politique (voir 22 novembre 1950), sur le modèle du Lien Viet, les mouvements communistes du Cambodge (Pracheachon), du Laos (Pathet Lao) et du Vietnam se rencontrent au Vietnam et y publient un programme commun plus précis : « La tâche fondamentale de la révolution des trois pays est de chasser les colonialistes français et les interventionnistes américains. » Un comité directeur permanent prend le nom de Comité de l’Alliance des Peuples du Vietnam, Khmer et Pathet Lao (Fall, 1960, p. 128).


18 - 19 mars 51 : Le comité du Parti pour la campagne Hoang Hoa Tam en cours se réunit à nouveau, cette fois à  dans le village de Mai Xuu, à 14 km au sud de Luc Ngan. On décide de jouer la carte de la prudence : on attaquera d’abord les petits postes le long de la route provinciale 18 puis, si la réussite est au rendez-vous, les plus importants, y compris les installations hydrauliques qui approvisionnent Haïphong (Giap 2, 2004, pp. 127-128).


23 - 24 mars 51 : Bataille du Dong Trieu (au nord de Haïphong) dans le cadre de l’opération Hoang Hoa Tham (carte n° 15 in Teulières, 1979, p. 97). Deuxième échec de Giap. Nouvelle tentative du VM sur l’est du delta du Fleuve Rouge impliquant les divisions 308 et 312 et deux régiments de la 316. Les Français savent que l’attaque se produira le 23 et ramènent des renforts, des bâtiments de la Marine, deux canonnières et des dinassauts. Le VM a prévu d’attaquer en direction d’Haïphong pour attirer les Français sur les pentes sud du Dong Trieu et les anéantir à cet endroit précis. Giap y attaque les positions françaises qui jalonnent la R.P. 18 pour que les réserves françaises accourent à leur secours et se fassent prendre de flanc. Alors que De Lattre est en France, Salan ne tombe pas dans le piège. Il n’engage pas les réserves sur la route mais fait donner l’aviation et 3 bâtiments de marine.


27 mars 51 : Constitution de la 351e  division  de génie et d’artillerie vietminh (Giap 1, 2003, p. 283 ; Giap 2, 2004, p. 101-102).


28 mars - 30 mars 51 : De retour de France, De Lattre reprend les opérations en main et concentre ses forces sur un point stratégique, Mao Khe, qui est tenu. Après un relâchement de pression le 29, le VM s’acharne sur la localité qu’il prend partiellement mais sans parvenir à en conquérir la totalité. C’est à nouveau une victoire défensive que les Français ne parviennent pas à exploiter. Elle n’entame pas l’action de la guérilla (et donc la guerre longue) qui s’intensifie au contraire dans le delta du Fleuve Rouge (Bodin, 2004, pp. 83-84 ; Gras, 1979, pp. 399-402 ; Giap 2, 2004, pp. 129-133).

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