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par Jean-François Jagielski

Août 1949

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1er août 49 : Tran Ngoc Danh, représentant d’HCM à Paris, annonce la suspension sur ordre gouvernemental des activités de la délégation française du VM « mouillée » dans l’affaire du rapport Revers.


7 août 49 : Pham Van Dong, favorable aux Chinois, est nommé vice-président du gouvernement vietminh et président du conseil supérieur de la Défense nationale.

La radio du VM fait connaître que le temps de la défensive est révolu et qu’une grande offensive est en préparation.

La « délégation générale » parisienne du VM présente depuis 1946 ferme et son délégué, Tran Ngoc Danh, gagne discrètement Prague (Devillers, 2010, p. 270). Ce départ précipité est lié à l’affaire du rapport Revers (voir 1er août).


7 - 20 août 49 : Coste-Floret (F.O.M.) se rend en Indochine sur l’invitation de Bao Daï. Porteur d’une lettre d’Auriol adressée à ce dernier et faisant l’éloge de la paix, le ministre de la F.O.M. déclare : « Je suis heureux de constater que nous sommes enfin sortis du tunnel ». Même si aucune avancée notable n’est observable dans les relations franco-vietnamiennes (Gras, 1979, p. 273).


9 août 49 : Le VM reconquiert Bac Kan et d’autres postes autour de Cao Bang. Giap s’y rend le 24 pour fêter la victoire (Giap 1, 2003, pp. 253-254). Sur la R.C. 4, les Français ne tiennent désormais plus que Cao Bang, Dong Khe et That Khe.


9 - 21 août 49 : Repli des postes français dans la région de Bac Kan (nord de Thaï Nguyen) pour aller renforcer le secteur de la R.C. 4. C’est le début d’un repli en 5 phases de plus d’une trentaine de postes qui s’étendront de juillet à septembre. On abandonne des territoires mais aussi des populations qui faisaient confiance aux Français. Un certain nombre de cadres de l’armée française, dont le jeune officier légionnaire Hélie Denoix de Saint Marc, le déplore dans ses mémoires : « Les habitants des villages environnants, prévenus par la rumeur, accouraient pour partir avec nous. Ils avaient accepté notre protection. Certains avaient servi de relais. Ils savaient que sans nous la mort était promise. Nous ne pouvions les embarquer, faute de place, et les ordres étaient formels : seuls les partisans pouvaient nous accompagner. Les images de cet instant là sont restées gravées dans ma mémoire comme si elles avaient été découpées au fer, comme un remord qui ne s’atténuera jamais. Des hommes et des femmes qui m’avaient fait confiance, que j’avais entraînés à notre suite et que les légionnaires repoussaient sur le sol. Les mains qui s’accrochaient aux ridelles recevaient des coups de crosse jusqu’à tomber dans la poussière […] Nos efforts avaient débouché sur la trahison, l’abandon, la parole bafouée. » (cité in Hélie De Saint Marc, 2002, pp. 123-124)


10 août 49 : Dans un contexte d’internationalisation du conflit provoquée par la menace communiste chinoise, le commandant en chef britannique des forces en Extrême-Orient, le général Harding, se rend à Saigon.

L’Humanité estime que « l’Indochine devrait devenir une plate-forme d’agression contre les peuples d’Asie » (cité in Ruscio, 1985, p. 236).


11 août 49 : Le journal Ce Soir (d’obédience communiste) estime que « la guerre du Vietnam place les forces françaises en flèche dans le dispositif américain en Asie. » (cité in Ruscio, 1985, p. 236)


12 août 49 : Paul Mus, directeur de l’École nationale de la France d’Outre-Mer, publie dans Témoignage chrétien un article intitulé « Un témoignage irrécusable sur l'Indochine : NON, PAS ÇA ! ». Il y minimise l’usage de la torture par le VM écrivant : « On peut comprendre que les Vietnamiens se solidarisent avec leurs « résistants » du 19 décembre [1946], si les       « atrocités » se réduisent à quelques crimes en eux-mêmes inexcusables, mais très peu nombreux, comme nous-mêmes nous nous déclarons solidaires de nos combattants, malgré des crimes en eux-mêmes inexcusables, comme les tortures de Dan Tieng, et d'autres, dont on pourrait allonger la liste. » (Témoignage chrétien n° 266, p. 1) Il conforte ainsi les propos du journaliste Chegaray qui dénonçait le 29 juillet dans cette même publication l’usage de la torture par les Français. Mus poursuivra ses attaques sur le même sujet dans d’autres numéros de la revue mettant en place une véritable dissidence à l’égard de la doxa officielle produite par l’État français, au grand dam de Pignon.


13 août 49 : Le journal Le Monde estime que « le problème franco-vietnamien est désormais posé sur le plan international » et que « le fait nouveau, c’est l’amorce d’une politique américaine constructive en Extrême-Orient. » (Ruscio, 1985, p. 235 ; Le Monde du 1er août 1949)


18 août - 2 septembre 49 : Opération Canigou vers Vinh Yen (nord d’Hanoi) suivie d’une opération de pacification (carte n° 10 in Teulières, 1979, p. 63).


21 août 49 : Li Zongren, président de la République de Chine et grand rival de Tchang Kaï Check (qui a démissionné le 21 janvier), se rapproche de Jacques Roux, un adjoint de l’ambassadeur de France à Nankin, Jacques Meyrier. Les 2 hommes, sans être prisonniers, sont retenus en Chine depuis la chute de la capitale, le 24 avril (Cadeau, 2019, pp. 600-601, note 24). L’objet des discussions est officiellement une intensification des relations économiques. Mais, une semaine plus tard, il est plutôt question d’une collaboration militaire franco-chinoise dans la zone frontière entre la Chine nationaliste et l’Indochine. L’argument chinois est que les guérillas du sud de la Chine sont en relation avec le VM. Des négociations policières s’imposent dont une action commune contre les « rebelles ». Du fait de la situation militaire catastrophique de la Chine nationaliste, la France ne répond pas à l’offre (Cadeau, 2019, pp. 266-267).


24 - 25 août 49 : Repli des postes français vers Nguyen Binh (ouest de Cao Bang). À l’exception de Cao Bang, toute la R.C. 4 est désormais aux mains du VM. Le haut-commissaire Pignon retarde le repli, contre l’avis de Blaizot (commandant en chef), donnant ainsi priorité aux opérations de pacification dans le « Tonkin utile ». Le torchon brûle entre les deux hommes. Cette opposition débouchera à terme au remplacement de Blaizot par le général Carpentier (voir 2 septembre).


25 août 49 : Arrivée du Groupe mobile nord-africain (G.M.N.A.) placé sous les ordres du colonel D’Esneval. Il est le premier G.M. autonome et interarmes en Indochine et deviendra le G.M. n° 1. Il ne fait pas l’unanimité au sein de C.E.F.E.O. car certains commandants de zone craignent de perdre, à son contact, leurs prérogatives dans les opérations de pacification (Cadeau, 2019, p. 289).


26 août 49 : Le gouvernement français est informé par le haut-commissaire Pignon que la radio du VM, La Voix du Vietnam, diffuse des extraits du rapport Revers. Ces fuites proviennent probablement de la « délégation générale » de Paris à qui avait été remis pas moins de 38 exemplaires du rapport (voir 1er, 7 août et 19 septembre).

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