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par Jean-François Jagielski

Février 1944

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16 février 44 : Le Foreign Office britannique organise avec les dominions une structure visant à aider la France à retrouver ses territoires dans le Pacifique. Cette position sera actée le 24 par le War Cabinet mais sera nuancée ultérieurement (voir 24 octobre 1945) (Pedroncini, 1992, p. 52).


29 février 44 : Dans une lettre adressée au général Mordant, De Gaulle, au nom du C.F.L.N. qui est « le gouvernement français », expose sa vision pour l’Indochine. Elle doit se subordonner comme tout le reste de l’Empire » à son autorité. Sa sauvegarde exige une action diplomatique auprès des Alliés tendant à faire oublier « notre impuissance momentanée en Extrême-Orient et ses conséquences ». Il faut éviter « toute action isolée ou prématurée » telle que l’« irruption d’éléments chinois » ou le déclenchement d’opérations commandos « exclusivement américaines ou britanniques ». De Gaulle demeure persuadé que les Japonais, après la capitulation de l’Allemagne, vont s’emparer de la péninsule et la gouverner directement. Il faut donc organiser « une résistance intérieure » sur le modèle métropolitain pour éviter l’écrasement. Au vu des faibles moyens dont dispose la France, le plan de bataille ne peut reposer que sur le repli vers des zones de guérilla voire, dans le pire des cas, un passage en Chine. Il faut être capable de réagir mais non de provoquer, ce qui mènerait à une attaque suicidaire. L’armée d’Indochine a un rôle à jouer dans cette résistance mais elle doit être épaulée par l’administration civile et les populations françaises et indochinoises. De Gaulle conclut sa lettre en précisant que « seule notre participation effective et par les armes à la libération de l’Indochine pourra nous rétablir dans la plénitude de nos droits. » (Isoart, 1982, p. 34-35) Le président du C.F.L.N. envisage en fait la mise en place d’une résistance et d’une libération de l’Indochine comparable à celle de la métropole. Elle doit s’appuyer sur une action  militaire classique  et civile (actions de subversion). Selon Turpin, « les plans de défense de l’Indochine furent le fruit d’un compromis désastreux entre ces deux conceptions antagonistes. » (Turpin, 2005, p. 51). De Gaulle ajoute : « C’est surtout de l’efficacité de cette résistance intérieure de l’Indochine que dépendront […] la libération du territoire et son retour incontesté à l’Empire. » (Isoart, 1982, p. 106)

Or le contexte de libération de la péninsule est tout à fait différent de celui de la métropole, ce que De Gaulle semble totalement ignorer (Salan 1, 1970, p. 222). Le message ne peut être transmis immédiatement et ne sera connu de son destinataire qu’en avril selon Toinet, en juin selon Zeller et Turpin. Évoquant le rôle de Decoux, De Gaulle reconnaît qu’« il a pu ne pas être inutile de tenir la position comme cela a été fait jusqu’ici ; mais il est nécessaire de faire plus. » Mordant est chargé « d’étudier, de proposer tout ce qui concerne la conduite de la résistance et les dispositions qu’il faut prendre à l’extérieur pour aider et la renforcer jusqu’à l’intervention du gros des forces alliées. » Il demeure persuadé qu’avec ses faibles moyens actuels, il va être très difficile de persuader ses compagnons de pouvoir faire plus (Toinet, 1998, p. 57 ; Zeller, 2021, pp. 52-53).

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