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par Jean-François Jagielski

Octobre 1948

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Octobre 48 : Suite à l’échec de la première campagne contre l’axe de la R.C. 5 (axe Hanoi-Haïphong, voir mai), le VM déclenche une deuxième phase de « l’attaque générale de la     R.C. 5 » incluant également cette fois l’axe ferroviaire. Selon Giap, jusqu’à la fin de l’année, 26 trains y seront détruits. Pour Giap, « la R.C. 5 devint « la route de l’horreur ou la route de l’enfer » pour l’ennemi. »  (Giap 1, 2003, pp. 184-185).


5 octobre 48 : Chute du gouvernement Queuille qui sera remplacé par celui de Georges Bidault (voir 29 octobre). Coste-Floret est toujours à la France d’Outre-Mer. Il va mener selon les mots mêmes d’Auriol « une politique de lenteur et d’atermoiement » (cité in Gras, 1979, p. 312).


9 octobre 48 : Le VM entame une campagne d’attaques de postes au nord-est d’Hanoi jusqu’au 26 décembre. 2 bataillons de réguliers attaquent simultanément 2 positions fortifiées sur la route n° 13 : An Chau et Dong Duong sont visées. Réussite à An Chau mais échec à Dong Duong (Giap 1, 2003, p. 203).


13 octobre 48 : Malgré les multiples crises gouvernementales qui se succèdent, Bollaert, toujours temporairement en poste jusqu’au 21, est optimiste et surtout plein d’illusions. Il déclare à Auriol : « Nous touchons au but si Bao Daï rentre. Il est le catalyseur. Il ne rentre pas parce qu’il y a de mauvaises influences qui s’exercent sur lui à chacun de ses voyages en Suisse ou à Paris. Il y a eu des interventions R.P.F. auprès de lui ; Catroux et Anthonioz, administrateur des services civils en Indochine en congé et allié à la famille de De Gaulle. » (Auriol 2, octobre 1948, p. 367 ; Férier, 1993, pp. 30-31) Son optimisme est loin d’être partagé (voir 19 octobre).


14 octobre 48 : Ramadier (Défense) invite le général Blaizot (commandant en chef) à n’opérer que des actions limitées pour la campagne d’automne au Tonkin qui n’aura rien de comparable avec celle de 1947. Mais c’est finalement le VM qui a pris, dès septembre, les initiatives avec des actions permanentes de guérilla menées dans tout le Tonkin.


17 octobre 48 : Entrevue orageuse entre Bollaert (sur le départ) et Bao Daï. Le premier n’ayant jamais obtenu la confiance du second et vice-et-versa… Quant à Bao Daï, il demeure toujours obstinément en France…


18 octobre 48 : Vincent Auriol réunit en sa qualité de président de l’Union française les ministres qui ont affaire avec l’Indochine : Queuille (président du Conseil), Coste-Floret (Outre-Mer), Robert Schuman (Affaires étrangères), Ramadier (Défense nationale) et Marie. Il dresse un tableau pessimiste : « Depuis que le protocole de la baie d’Along a été signé, on n’a rien fait. La guerre se prolonge. On y perd chaque jour des hommes et des sommes énormes et on se demande où on va. Il faut en finir. Il s’agit donc de savoir si Bao Dai va rentrer en Indochine ou non. » Auriol se propose de le rencontrer pour entendre ce qu’il met derrière le mot « indépendance ». Les ministres n’y sont pas favorables. Constatant que les propositions de paix de Bollaert ne sont soutenues ni par les uns ni par les autres et qu’il n’y a pas vraiment de « solution Bao Daï », le haut-commissaire est évincé (voir 21 octobre). Des candidatures sont étudiées (les généraux Catroux, Mast, Valluy) mais on écarte au final les militaires. Le choix se porte alors sur Léon Pignon, un civil, premier promoteur de la « solution Bao Daï » lorsqu’il appartenait au cabinet de D'Argenlieu (Gras, 1979, pp. 242-243).


Nuit du 19 au 20 octobre 48 : Au Sud, entrée en dissidence d’unités Hoa Hao qui emmènent   3 000 réfugiés Hoa Hao avec eux (Boyer de la Tour, 1962, p. 116).


20 octobre 48 : Au Cambodge, Lucien Vincent Loubet est nommé commissaire de la République par intérim en remplacement de Léon Pignon, futur haut-commissaire pressenti.


21 octobre 48 : Bollaert quitte ses fonctions de haut-commissaire en Indochine.


25 octobre 48 : Nouvelle entrée en dissidence de troupes Hoa Hao à Sadec-Ville et Ba Cut (450 hommes) (Boyer de la Tour, 1962, p. 116). Les Français colmatent ces brèches laissées par ces défections.


21 octobre 48 : Léon Pignon (ancien conseiller politique de D’Argenlieu) prend ses fonctions et remplace Bollaert au poste de haut-commissaire en Indochine (jusqu’au 15 décembre 1950). Pignon était un ancien fonctionnaire des colonies entouré de gens partageant un même point de vue et pour qui, un Vietnam indépendant est une forme de total désordre, même s’il se vante d’être compétent pour mener un dialogue avec les différents groupements politiques vietnamiens. Vincent Auriol précise dans son journal les conditions de sa nomination : « On décide de ne nommer aucun général. Sur la proposition de Coste-Floret, on décide de choisir Pignon, directeur des Affaires politiques, qui est resté longtemps en Indochine et qui connaît bien la question. Il a l’avantage d’être haut fonctionnaire et ainsi sous les ordres directs du gouvernement ; on décide de le nommer en Conseil des ministres. Ce sera fait brusquement et on évitera les intrigues. » (Auriol 2, 18 octobre 1948, p. 374 ; Férier, 1993, p. 31) Fervent adepte depuis toujours de la « solution Bao Daï », il reprend les négociations avec ce dernier qui aboutiront à l’accord du 8 mars 1949 où il sera vraiment question des deux exigences de l’ex-empereur, l’indépendance et le rattachement de la Cochinchine au Vietnam.


31 octobre – 6 novembre 48 : Opération de diversion Sirène. Elle est effectuée par des éléments de marine et de l’aviation sur la côte de Tanh Hoa (Nord-Annam) (Giap 1, 2003, p. 210).


Fin octobre 48 : Dans un rapport, le général Boyer de la Tour (commandant les T.F.I.S.) écrit :  « Je continue à entretenir avec le président Tran Van Huu [chef du gouvernement du Sud-Vietnam] d’excellentes relations. Je me plais à reconnaître la parfaite objectivité de son jugement et la saine compréhension qu’il a de la situation et de ses exigences. S’il avait les coudées plus franches, s’il n’était pas freiné constamment par la nécessité de compter avec le gouvernement central, il pourrait sur le plan local être plus efficace. » (Boyer de la Tour, 1962, p. 115).

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