Janvier 48 : Les unités caodaïstes (4 500 hommes) basées dans la région de Tay Ninh (frontière cambodgienne) signent une convention avec le général Boyer de la Tour (commandant les T.F.I.S.) et assurent aux côtés du C.E.F.E.O. des opérations de pacification anti-vietminh.
2 Janvier 48 : Au Cambodge, mise en place du gouvernement Chhean Vam qui demeurera en place jusqu’au 14 août (Jennar, 1995, p. 143).
7 - 13 janvier 48 : 5 rencontres Bollaert-Bao Daï à Genève font suite à celle de la Baie d’Along (voir 6 - 8 décembre 1947). Bao Daï s’est ressaisi et est plus combatif. Il estime que ces accords, insuffisants aux yeux de ses amis nationalistes, ne rétabliront pas la paix. Il se déclare n’être pas lié par les protocoles du 7 décembre 1947 dont un seul avait été signé par lui, l’autre, secret, n’ayant été que paraphé. Bollaert demeure intraitable et s’accroche à ce qui s’est dit en Baie d’Along. Il demande à Bao Daï de repartir pour le Vietnam, ce que celui-ci se garde bien de faire. Il rejoint sa propriété de Cannes, mesurant toute la portée des incertitudes des Français et leur refus d’aller plus loin dans la voie de l’indépendance (voir 8 janvier). Mais tout se termine, selon Gras, « sur un communiqué lénifiant » (Gras, 1979, p. 210).
8 janvier 48 : Bollaert vient à Paris soumettre au gouvernement un accord entre lui et Bao Daï « pour que fût convoqué au plus tôt le Congrès des nationalistes des trois pays vietnamiens en vue de statuer en toute indépendance l’organisation internationale des Trois Ky. » Il se heurte d’entrée à Auriol, Schuman et au conseil des ministres. Auriol déclare : « Dire que le Congrès des nationalistes aurait mission de statuer en toute indépendance sur l’union avec la France, c’est en réalité la possibilité d’indépendance absolue en dehors de l’Union française. D’autre part, il est dangereux de reconnaître immédiatement et sans condition Bao Daï. Il faut ménager l’avenir. » (cité in Gras, 1979, p. 210).
10 janvier 48 : Les troupes du VM refoulées sur la rive gauche du Fleuve Rouge par l’opération Lison attaquent Yen Bay (nord-ouest d’Hanoï) où le dispositif français est faible.
12 janvier 48 : Le Conseil de Cochinchine vote une motion autonomiste voire séparatiste. Cet acte entraîne une violente réaction de tous les partis nationalistes (voir 27 janvier et 8 février) (Devillers, 2010, p. 226).
15 janvier 48 : Réunion du Comité central du VM dans une base-arrière du Viet Bac. La récente campagne est considérée comme une victoire et incite à étendre la guérilla à l’ensemble du Vietnam en maintenant une tactique qui vient de payer, celle d’une guerre très mobile (Giap 1, 2003, pp. 167-168).
17 janvier 48 : Éditorial de Beuve-Méry dans Le Monde dans lequel il emploie les mots « sale guerre » qui devient rapidement un leitmotiv des opposants face à l’immobilisme des gouvernements successifs. L'expression sera reprise sous la même forme quatre jours après par L'Humanité.
Le journal Le Monde rapporte : « Le secret le plus strict étant observé il est difficile d'apporter des informations complémentaires sur la décision prise par la justice militaire d'inculper M. Sainteny, ancien commissaire de la République au Tonkin.
C'est une plainte du général Valluy, assurant en Indochine l'intérim de M. Bollaert, qui a amené M. Sainteny dans les locaux de la sécurité militaire. On reproche au gouverneur d'avoir conservé pendant six mois des dossiers concernant la position des troupes françaises en Indochine, le moral des soldats, la situation politique [...] » (Le Monde du 17 janvier 1948)
19 janvier 48 : Réunion du Conseil du gouvernement vietminh. Selon Giap, « il convenait d’instituer un commandement général de l’armée nationale du Vietnam […] » On récompense certains cadres de l’armée en leur accordant des promotions et des décorations (Giap 1, 2003, p. 168).
20 janvier 48 : Départ de Bollaert pour Saigon. Il est toujours persuadé qu’un accord avec Bao Daï est en vue. Une deuxième entrevue en baie d’Along est prévue pour le 13 février. Elle n’aura jamais lieu, en l’absence de l’intéressé…
Celui-ci, après le départ du haut-commissaire, consulte des hommes politiques qui lui font un tableau de la situation politique chaotique en France, ce qui l’incite à la prudence et à cultiver l’attentisme. Bollaert est furieux (Gras, 1979, p. 210).
21 janvier 48 : Giap est nommé au grade de général d’armée (voir 27 mai). Nombre de cadres qui se sont bien battus deviennent généraux de brigade. Le Comité central du P.C.V. attribue le grade de général de division à Nguyen Binh pour ses actions depuis deux ans dans le Sud (Giap 1, 2003, pp. 168-169).
27 janvier 48 : Le docteur Hoach, ancien président du Conseil autonome d’Indochine évincé par le général Xuan (voir 1er octobre 1947), fait un retour en politique. Toujours proche des Caodaïstes, il assemble autour de leur chef spirituel Phan Con Tac, des chefs politiques et militaires des Caodaïstes et des Hoa-Hao. Ils concluent un pacte qui indique que les sectes soutiendront Bao Daï dans ses négociations avec la France et qu’elles sont favorables à l’unification du Vietnam (Boyer de la Tour, 1962, pp. 80-81).
31 janvier 48 : Valluy fait part à Salan de sa lassitude : « J’en ai assez, je suis fatigué, je m’entends mal avec Bollaert, la France ne m’aide pas, notre politique est négative, je rentre, tu me remplaces. » (cité in Salan 2, 1971, p. 127)