Avril 93 : Plus de 3 000 bateaux transportant 17 000 personnes se dirigent vers le Vietnam pour échapper aux violences endémiques. Des migrations terrestres se produisent également. L’APRONUC tente de suivre ces mouvements. Son porte-parole déclare : « Il est regrettable que les Vietnamiens vivant au Cambodge aient à fuir sous le poids de telles pressions. Plusieurs d’entre eux vivent au Cambodge depuis des générations, et, de ce fait, ne peuvent être franchement considérés comme des étrangers. » (cité in Cambacérès, 2013, p. 342)
1er avril 93 : L’APRONUC annonce le déblocage de 7,8 millions de dollars pour des projets à impact rapide : reconstruction et réparations d’écoles, creusement de puits et de 11 étangs, réparation de routes et de 22 ponts, réparation de 32 hôpitaux (Cambacérès, 2013, pp. 343-344).
2 avril 93 : A l’initiative de la France et de l’Indonésie (co-présidentes de la conférence de Paris), les pays signataires se rendent au siège de l’O.N.U. à New York pour soutenir sans réserve les élections qui doivent se dérouler du 23 au 27 mai. Ils ont fait l’éloge du rôle de Sihanouk dans le processus de paix et dans celui de la réconciliation nationale (Cambacérès, 2013, p. 346).
Trois soldats de l’APRONUC sont exécutés de sang-froid par les KR. 6 autres sont blessés (Bui Xuan Quang, 2000, p. 770).
Sihanouk quitte la Chine et revient à Phnom Penh.
4 avril 93 : Dernière réunion du C.N.S. où les 4 factions sont présentes. Akashi considère que la situation n’est pas satisfaisante du point de vue politique (violence). Sihanouk, de retour de Chine où il est allé demander une modération des actions des KR, réunit le Comité. Il dénonce les violences endémiques. A sa suite, Yasushi Akashi affirme : « Nous continuerons en dépit des violences. L’animosité existante entre les partis rivaux continuera, mais l’APRONUC pense que si les élections n’ont pas lieu en mai, elles n’auront jamais lieu. » Il sait que le climat actuel n’est pas propice à la tenue d’élections mais constate avec une certaine amertume : « Les conditions pour les élections ne sont pas parfaites, elles ne l’ont jamais été et ne le seront jamais. » (Cambacérès, 2013, p. 344).
7 avril 93 : Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général de l’O.N.U., fait un déplacement qui lance la campagne électorale. Le climat général dans le pays est toujours aussi délétère. Revenu de Chine pour l’accueillir, Sihanouk le reçoit à trois reprises et lui confirme qu’il continuera à diriger le C.N.S. jusqu’à l’élection de l’assemblée constituante, l’adoption d’une constitution et la formation d’un gouvernement. Il respectera le résultat des élections et adoptera durant la campagne électorale une attitude de retrait. Pour ce faire, il partira dès le lendemain pour Pékin et ne sera de retour qu’en mai (Cambacérès, 2013, pp. 344-345). Après la venue du secrétaire général de l’O.N.U. (qui l’a sans doute quelque peu tancé), il ne parle plus de démission, renoue tant bien que mal avec Akashi et soutient du bout des lèvres les élections à venir.
8 avril 93 : Assassinat d’Atsuhito Nakata, un volontaire des Nations Unies affecté à l’organisation des élections, et de son interprète sur la route de Kompong Thom.
Sihanouk repart pour Pékin pour tenir son engagement d’attitude de retrait.
13 avril 93 : La représentation kr quitte Phnom Penh et va s’installer à Phnom Malai, ancienne « capitale » du G.C.K.D. C’est la rupture définitive avec le C.N.S.
14 avril 93 : 17 500 résidents vietnamiens ont fui le Cambodge au cours des trois dernières semaines. Le F.U.N.C.I.N.P.E.C. et le F.N.L.K.P. n’ont pas cessé de joindre leurs voix à celle des KR pour exiger l’expulsion de tous les résidents vietnamiens.
16 avril 93 : Réunion secrète de tous les dirigeants kr présidée par Pol Pot à Veal Rolim, une base située en territoire cambodgien face à la ville thaïlandaise de Trat.
19 avril 93 : Un fonctionnaire de l’O.N.U. est tué par les KR (Bui Xuan Quang, 2000, p. 770).
20 avril 93 : Au vu des la violence endémique qui affecte surtout la population vietnamienne, Yasushi Akashi réunit les C.N.S. en l’absence de Sihanouk reparti en Chine. Les représentants des KR sont désormais totalement absents. Critiqué, il fait le point sur ses récents voyages, évoque le massacre de Chong Kneas et d’autres incidents graves. En vue des élections, les meetings politiques devront être déclarés 5 jours à l’avance afin que l’APRONUC puisse protéger leur tenue. Il rappelle les règles électorales pour la tenue des futures élections à la proportionnelle : le nombre de représentants à élire sera fonction du nombre d’électeurs de la province. 120 députés doivent être élus. Quelle que soit la situation, il n’entend pas renoncer au processus électoral (Cambacérès, 2013, pp. 342-343).
13 avril 93 : La délégation des KR quitte définitivement la capitale et l’instance gouvernementale du C.N.S. prouvant ainsi qu’elle dénigre totalement le processus électoral qui se prépare.
Durant la campagne électorale, le P.P.C. de Hun Sen se montre très agressif contre le Parti démocratique libéral et bouddhique (P.D.L.B.) de Son Sann et contre le F.U.N.C.I.P.E.C. du prince Ranariddh (fils de Sihanouk qui a pris la tête du parti du fait du retrait de son père). Il y a à plusieurs reprises mort d’hommes. Selon Richer, le P.P.C. et les KR redoutent en fait l’impact réel des partis non communistes sur les électeurs après tant d’années de dictature communiste au Cambodge (Richer, 2009, p. 98).
14 avril 93 : Kieu Samphan annonce officiellement que son parti suspend sa participation au C.N.S. Nouveau signe d’un risque d’offensive kr (Coste, 2022, p. 159).
28 avril 93 : A cette date, 361 456 réfugiés des camps ont été rapatriés.