6 mars 92 : Le Secrétaire général de l’O.N.U. nomme les principaux responsables de l’APRONUC.
8 mars 92 : Boutros Boutros Ghali nomme le général australien Sanderson à la tête de l’élément militaire de l’APRONUC (Coste, 2022, p. 117).
9 mars 92 : Sihanouk et Richard Salomon (secrétaire d’État adjoint américain pour l’Asie et le Pacifique) conviennent que les KR demeurent le principal obstacle à la paix.
10 mars 92 : Leng Loeng, rédacteur en chef du bulletin du F.N.L.K.P., est victime d’un attentat auquel il survivra mais en étant grièvement blessé.
Contrairement aux allégations des KR, le général Loridon (commandant la MIPRENUC) déclare qu’il n’existe aucune preuve de la présence de troupes vietnamiennes au Cambodge. C’est une déclaration qui contredit ce qu’il avait constaté avant (voir 3 février).
L'A.D.H.O.C. (Cambodian Human Rights and Development Association) est officiellement reconnue et approuvée par Sihanouk. Elle le sera également par Hun Sen le 19.
11 mars 92 : Le Conseil de Sécurité de l’O.N.U. approuve la nomination du général australien Sanderson à la tête des forces militaires de l’APRONUC (Coste, 2022, p. 117).
13 – 15 mars 92 : Les KR ne respectent pas le cessez-le-feu. Ils mènent des combats contre les troupes gouvernementales de l’EdC : 10 tués et 40 blessés dans leurs rangs (Bui Xuan Quang, 2000, p. 771).
14 mars 92 : A l’occasion d’une réunion avec la MIPRENUC, les KR font savoir qu’ils refusent d’arrêter les combats, prétextant du maintien de la présence de troupes vietnamiennes au Cambodge.
15 mars 92 : Mise en place de l’Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge (APRONUC) prévue par les accords de Paris.
Elle est dirigée côté civil par le japonais Yasuhi Akashi (voir 9 janvier) qui réside dans le palais du Wat Phom, une imposante ancienne demeure coloniale occupée jadis par le Résident supérieur français.
Côté militaire, c’est le général australien John Sanderson, un ancien de la guerre du Vietnam, qui en prend le commandement. Des dissensions étaient déjà rapidement apparues entre Akashi et le général français Loridon qui commandait la MIPRENUC et comprenait mal les atermoiements d’Akashi face aux KR. Forte de 15 500 militaires, 3 500 policiers et 6 000 civils, elle est jusqu’alors la plus importante opération du maintien de la paix déployée par l’O.N.U. et agira jusque fin novembre 1993 (Férier, 1993, p. 166 ; Deron, 2009, p. 357). C’est sous sa tutelle que seront organisées les premières élections législatives en mai 1993 (voir 13 novembre).
Si les membres du Conseil national suprême (C.N.S.) jouent globalement le jeu avec l’institution onusienne, il n’en est pas de même pour la faction des KR qui tire sur les hélicoptères de l’APRONUC et mine les abords des zones qu’elle contrôle. Le rassemblement des forces armées prévu par les textes de l’accord de Paris doit être interrompu. Les KR dénoncent une absence de climat de neutralité, l’avantage que conserve Phnom Penh dans la compétition politique par son administration et sa police. Ils dénoncent également le maintien de la présence de milliers de Vietnamiens déguisés en colons. Les hommes de Pol Pot refusent le désarmement, dénigrent le gouvernement (Hun Sen) et continuent à mener des actions de guérilla contre le gouvernement de l’EdC avec leurs 10 à 15 000 hommes bien équipés. L’APRONUC, impuissante, est trop souvent obligée de passer outre ces obstructions permanentes.
Elle est désormais forte de 23 000 hommes dont 17 000 Casques bleus et 8 000 civils. Elle dispose de moyens importants (2,8 milliards de dollars d’aide internationale). Elle se voit confier 8 missions : superviser le cessez-le-feu ; vérifier le retrait des forces étrangères ; regrouper et cantonner les 4 armées dont 70 % des effectifs doivent être démobilisés ; créer un environnement politique neutre par le contrôle des structures administratives existantes et la mise en application des droits de l’Homme ; réaliser le relèvement du pays (santé, éducation, communications) ; organiser le rapatriement et la réintégration des 372 000 réfugiés dans les camps thaïlandais ; organiser des élections libres ; veiller au respect de la souveraineté, de l’intégrité et de l’unité territoriale du pays (Richer, 2009, p. 97 ; Cambacérès, 2013, pp. 328-335). Au vu de l’ampleur de la tâche à accomplir, certaines ces missions ne seront que très partiellement réalisées ou purement vouées à l’échec (Jennar, 1995, pp. 19-21).
16 mars 92 : Akashi participe pour la première fois à une réunion du C.N.S. provoquée à cet effet. Il y en aura 4 autres dans le courant des 6 semaines à venir
17 mars 92 : Yang Horn, le plus proche collaborateur de Ung Phan (un ancien membre du P.P.C. rallié au F.U.N.C.I.N.P.E.C.), est assassiné lors d’un attentat.
20 mars 92 : Hun Sen (premier ministre) se rend à Tokyo, Washington, New York et Paris afin de convaincre de l’urgence de débloquer les fonds nécessaires à l’opération de l’O.N.U. et la démarrer rapidement.
27 mars 92 : Le général australien John Sanderson, commandant militaire de l’APRONUC, ne parvient pas à obtenir que les KR respectent le cessez-le-feu. Il se réjouit cependant que les combats ne se soient pas étendus à l’ensemble du pays. 15 000 personnes ont fui les combats dans la province de Kompong Thom.
30 mars 92 : Début du rapatriement des réfugiés. 526 d’entre eux sont transféré de Site 2 (Thaïlande) au centre de réception de Sisophon (Cambodge). La cérémonie d’accueil est le théâtre d’un vif incident entre le général Suchinda, chef de la junte militaire thaïlandaise, qui se comporte comme en terre conquise, et Sihanouk.
Le programme onusien pour le rapatriement des réfugiés est alors estimé à 116 millions de dollars. Il sera largement dépassé par la suite (Bui Xuan Quang, 2000, p. 771).
31 mars 92 : L’EdC déclare qu’il n’y a plus de prisonniers politiques dans ses prisons. Le C.I.C.R. fait état de l’existence dans certaines provinces de nouveaux prisonniers du fait de la reprise des combats. Il n’obtient toujours pas l’autorisation de pouvoir visiter les prisonniers détenus par les KR.