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par Jean-François Jagielski

Septembre 1978

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Septembre 78 : Une incursion vietnamienne permet une prise de contact avec les troupes dissidentes de Heng Sarim qui avait rompu d’avec les KR en octobre 1977 (Richer, 2009, p. 66).

Pol Pot se rend en Chine pour y rencontrer le nouvel homme fort du régime, Deng Xiaoping. Les deux hommes ne s’apprécient guère. Pol Pot avait critiqué Deng dans son message de condoléances lors de la mort de Mao en 1976. Ils s’étaient évités lors de la venue de Pol Pot en voyage officiel le 1er octobre 1977. Deng ne lui en tient cependant pas rigueur et l’assure du soutien de la Chine, tout en critiquant le radicalisme du « frère n° 1 » suite à ce qui s’est passé dans la zone Est. On s’accorde bon an mal an sur l’importance du rôle de Sihanouk et la nécessité de se préparer un long et dur combat contre les Vietnamiens (Cambacérès, 2013, p. 251).

Le Duc Tho (membre du bureau politique du P.C.V.) rencontre Heng Sarim, Pen Sovan et d’autres transfuges cambodgiens dans la banlieue d’Ho-Chi-Minh-Ville. Il les informe du projet d’invasion du Cambodge pour la fin de l’année. Ils doivent créer un mouvement politique, le futur F.U.N.S.K., susceptible de prendre le pouvoir au moment voulu (Cambacérès, 2013, p. 251-252).

Le KD publie un « Livre noir » pour dénoncer les « agressions vietnamiennes » contre son territoire  (Deron, 2009, p. 204).

Du fait de la pression chinoise, léger signe de détente envers Sihanouk avec la visite de Kompong Som (ex-Sihanoukville) en compagnie de Khieu Samphan.


Début septembre 78 : Prétextant la nécessité de travaux dans le palais Khémarin, Khieu Samphan annonce à Sihanouk un changement de résidence. Il sera désormais logé avec son épouse et sa famille dans un groupe de maisons proches du palais mais entouré d’une triple enceinte couverte de barbelés. Les KR redoutent en fait une incursion vietnamienne visant à enlever ou supprimer l’ex-roi.

Sihanouk précise dans ses mémoires avoir entendu évoquer cette éventualité par Hun Sen en 1984, « à Paris, devant des personnalités françaises proches du président Mitterrand. » Chanda confirme cette intention de la part des Vietnamiens (Chanda, 1987, p. 255). Ce nouveau domicile, bien gardé, permet également de maintenir à l’isolement total le prince (Sihanouk, 1986, pp. 283-285).


9 – 16 septembre 78 : Visite au KD de 4 membres du Parti communiste-léniniste de France (maoïstes) dont Jacques Jurquet, son président et de rédacteurs du journal L’Humanité rouge (Aberdam, 2015, pp. 145-146).


21 – 22 septembre 78 : Le Duc Tho rencontre Pen Sovan (Khmer issarak) et Chea Sot. Ils poursuivent l’idée de lancer une attaque militaire importante en décembre et, à l’issue, de créer le Front uni national pour le salut du Kampuchéa (F.U.N.S.K., provietnamien) (Cambacérès, 2013, p. 248).


Fin septembre 78 : Pol Pot se rend secrètement en Chine. Selon Sikoeun qui ne fut mis au courant de cette visite et de son contenu qu’en 1999, « au cours de son entretien avec Pol Pot, Deng Xiaoping lui reprocha vertement l’incapacité des Khmers rouges à unir le peuple derrière leur régime, leurs excès dans la conduite des affaires du pays et le manque de discipline dans les rangs de l’armée cambodgienne, faisant allusion à des raids meurtriers de celle-ci contre la population civile vietnamienne. Les deux hommes s’accordèrent cependant sur le rôle incontournable du prince Norodom Sihanouk dans l’organisation de la résistance nationale, sur la nécessité de former un large front uni et sur la perspective d’une lutte de longue durée, basée sur la guérilla. » Deng lui précise que seuls les Cambodgiens devront mener la lutte, sans jamais que la Chine n’intervienne directement dans le conflit avec les Vietnamiens (Sikoeun, 2013, pp. 293-294).

Visite au KD d’une délégation du Parti communiste-léniniste des travailleurs de Norvège (Aberdam, 2015, p. 146).


28 septembre 78 : Effet du retour de Pol Pot de Chine, même si ce dernier est absent ce jour, les Khmers rouges offrent un dîner à Sihanouk. Khieu Samphan (président du K.D.) et Ieng Sary (Affaires étrangères) lui font alors quelques amabilités alimentaires. Norodom Sihanouk revoit à cette occasion son ami Penn Nouth et deux anciens ministres du G.R.U.N.K. Ieng Sary lui déclare à cette occasion : « La situation dans notre pays est excellente. Vous pouvez visiter toutes les provinces que vous voudrez, je ferai le nécessaire pour organiser vos déplacements et vos séjours. » Du fait des pressions chinoises, Sihanouk est soudain redevenu un personnage fréquentable aux yeux des KR. Il n’est toutefois pas dupe de la situation car il écoute les radios étrangères qui « brossent un tableau hallucinant de la situation au « Kampuchéa démocratique » » (Cambacérès, 2013, pp. 253-254 ; Sihanouk, 1986, pp. 287-290 et p. 297).

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