(Page créée avec « '''Pignon Léon''' : Haut-fonctionnaire issu de l’École coloniale (1928-1931). Il en sort major. Affecté en Indochine en 1932 où il devient successivement chef du secrétariat particulier, puis chef adjoint du cabinet du Résident supérieur au Tonkin en 1935. Le gouverneur général de l’époque est Pierre Pasquier. Selon Varga, il a été « le premier artisan de la solution Bao Daï avant la guerre ». Peu avant l’arrivée de Pignon, Pasquier a fait r... ») |
(Aucune différence)
|
Dernière version du 21 novembre 2025 à 10:55
Pignon Léon : Haut-fonctionnaire issu de l’École coloniale (1928-1931). Il en sort major. Affecté en Indochine en 1932 où il devient successivement chef du secrétariat particulier, puis chef adjoint du cabinet du Résident supérieur au Tonkin en 1935. Le gouverneur général de l’époque est Pierre Pasquier. Selon Varga, il a été « le premier artisan de la solution Bao Daï avant la guerre ». Peu avant l’arrivée de Pignon, Pasquier a fait revenir Bao Daï en septembre 1935, « pour créer, déjà, un contre-feu après la révolte de 1930 [Yen Bay]. » (Varga, 2007, p. 279) Confronté au VM, Pasquier estime que ce mouvement est plus communiste que nationaliste. Bao Daï lui paraît donc être la solution pour lutter contre. Pignon fait connaissance de l’empereur au cours d’une tournée au Tonkin alors qu’il est adjoint au Résident à Sontay. Les deux hommes se rencontreront ensuite à plusieurs reprises.
En 1936, de retour en France, Pignon est directeur de la section Indochine au service politique du ministère des Colonies et ce, jusqu’à la déclaration de guerre. Fait prisonnier en juin 1940, il est libéré en janvier 1942. Il est alors affecté à sa demande au bureau des colonies d'Alger. Il entre donc au service de la France libre après le débarquement allié en Algérie du 8 novembre 1942. On l'on utilise pour ses compétences de haut fonctionnaire colonial. Dès la création du C.F.L.N., il est affecté au commissariat aux Colonies. Il est nommé secrétaire de la conférence de Brazzaville en janvier 1944. Après l'installation du G.P.R.F. à Paris, il devient le directeur de la section Indochine du service politique du ministère des Colonies. A ce titre, il est l'un des rédacteurs de la déclaration du général de Gaulle du 24 mars 1945.
Pignon demande ensuite à être renvoyé en Indochine. En 1945, il rejoint d’abord le Yunnan (Chine) où se trouve une mission de la D.G.E.R. sous la direction du commandant Jean Sainteny. Il est son conseiller politique chargé des contacts entre Français et troupes vietminh contre les Japonais. Il rencontre HCM le 19 septembre 1945 en présence de Sainteny et du général Alessandri. D’autres rencontres aboutiront aux accords Sainteny-HCM du 6 mars 1945 auxquels il participe mais qu’il qualifie de « compromis hâtif et improvisé, en raison des circonstances. » En fait, il ne croit guère ni à la portée ni à la durabilité de ces accords. Il devient d’ailleurs à ce moment de plus en plus méfiant à l’égard du VM.
Conseiller politique de l’amiral D’Argenlieu à partir du 11 avril 1946, il est promu commissaire politique de l’Indochine jusqu’en mai 1947. Il est alors l’un des plus fervents soutiens de la « solution Bai Dai » qu’il qualifie de « système monarcho-constitutionnel et démocratique », une formule typiquement pensée non par le pouvoir politique mais par les administrateurs et les fonctionnaires qui se trouvent sur place et dont il fait partie (Varda, 2007, p. 285). Il devient de plus en plus l’ennemi d’HCM, notamment à Fontainebleau où il est l’un des délégués de la conférence. Pignon a l’esprit d’un ancien fonctionnaire des colonies entouré de gens partageant le même point de vue que lui et pour qui, un Vietnam indépendant est une forme de désordre complet, même s’il se vante d’être compétent pour mener un dialogue avec les différents groupements politiques vietnamiens (Bodard, 1997, pp.131-132).
En 1947, pour laisser le champ libre à Bollaert qui vient d’être nommé haut-commissaire de France en Indochine, Pignon est envoyé au Cambodge y occupant le poste de Commissaire de la République de mai 1947 à septembre 1948. Il apparaît alors trop « compromis » dans le déclenchement de la guerre aux yeux de Bollaert pour être maintenu au Vietnam. Pour autant, il sera nommé haut-commissaire de France en Indochine le 21 octobre 1948 (en remplacement de Bollaert). Mais totalement déconsidéré après le fiasco de la R.C. 4, il repartira définitivement en France en décembre 1950 (Varda, 2009, pp. 277-313 ; Bodard, 1997, pp.131-138).