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par Jean-François Jagielski

« Juillet 1972 » : différence entre les versions

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Juin 72 : '''Il ne reste plus au S-V que 6 000 combattants américains et 78 000 hommes travaillant dans différents services.''' Le régime de Saigon dispose de plus d’un million d’hommes en armes dont moitié de troupes régulières et l’autre de troupes locales, soit une force cinq fois supérieure à celle de l’ennemi. Mais les lignes de résistance de Thieu sont très étirées et les vides sont rapidement réoccupés par les troupes vietcong qui dévastent ou occupent les postes gouvernementaux, notamment dans le delta du Mékong.
Juillet 72 : Au Cambodge, sauf dans la zone Est où le responsable du P.C.K., So Phim, n'applique pas la directive, les populations sous contrôle communiste sont peu à peu obligées de s'habiller en noir comme les paysans.


Nixon déclare en public que la vietnamisation est un succès mais, dans les faits, il est obligé de constater que l’ardeur combattante entre les N-V et les S-V n’est pas la même. Les communistes ont au moins perdu 100 000 tués et blessés depuis le début de l’offensive de Pâques. Mais les combats ont montré que, sans les conseillers américains, les troupes s-v se battent toujours aussi mal. Et, sans l’appui massif de l’aviation américaine, le désastre aurait été encore plus important.


La cote de popularité de Nixon remonte pour atteindre 59 % (Portes, 2008, p. 259).
Juillet - août 72 : Poursuite des négociations secrètes Kissinger-Le Duc Tho. Le secrétaire d’État à la Sécurité nationale ne conteste que mollement certains problèmes fondamentaux comme l’existence au S-V de deux administrations, deux armées et trois segments politiques radicalement opposés : le gouvernement s-v, le gouvernement révolutionnaire provisoire et l’existence d’un groupement neutre dont la composition demeure floue. De la même manière, la composition d’un Conseil national de concorde chargé d’organiser les élections générales aura forcément l’apparence d’une structure gouvernementale s’apparentant à un gouvernement de coalition – comprenant Thieu et le F.N.L. – censé pacifier un pays totalement déchiré. Cet échafaudage bancal ressemble à une vaste illusion qui ne tiendra jamais la route.


Au Cambodge, création de partis politiques en vue des élections législatives : Lon Nol crée le Parti social républicain et Sirik Matak le Parti républicain, tandis que In Tam et Chau Sau font renaître le Parti démocrate. Ces deux derniers partis, jugeant que la loi électorale assurait d'avance la victoire de Lon Nol, refusent de participer au scrutin.


3 juillet 72 : Haig a été envoyé à Saigon pour rencontrer Thieu. Ce dernier est plutôt optimiste puisque son armée a tenu. Il demeure cependant persuadé que les N-V ne lâcheront rien. Haig lui fait un compte rendu des discussions qui ont eu lieu à Moscou et Pékin en juin. Il expose la nouvelle position américaine : mise en place d’un cessez-le-feu, retour des prisonniers, retrait américain étalé sur quatre mois et démission de Thieu deux mois avant de nouvelles élections. Ce que Thieu rejette en bloc car il pense que les N-V ne lâcheront rien tant qu’ils n’auront pas obtenu la constitution d’un gouvernement de coalition. Quant au cessez-le-feu, il lui paraît incontrôlable. Il rejette donc les propositions américaines élaborées depuis le 7 octobre 1970 et réaffirmées par Nixon dans son discours du 8 mai. Il ne rejette pas le fait de démissionner (sans vouloir l’écrire…) mais manque totalement de confiance dans un éventuel processus électoral (Kissinger 2, 1979, p. 1366).


Début juin 72 : Confrontés aux bombardements intensifs de ''Linebaker 1'', au blocus, à de sérieux problèmes d’approvisionnement militaire, les N-V décident de stabiliser puis d’abandonner progressivement leur offensive et donc de reprendre le chemin des négociations. Ils sont alors persuadés que les Américains, après tant de sacrifices humains et financiers, feront comme en Corée et voudront conserver une simple zone d’influence (Portes, 2016, p. 96).
'''Au Cambodge, le maréchal Lon Lol, « président de la République », prête serment à la constitution''' (Sihanouk, 1979, p. 256).




4 juin 72 : '''Élection présidentielle au Cambodge. Le général Lon Lol est réélu selon les chiffres officiels avec 54,93 % des voix''', Im Tram avec 24,44 % et Keo An 20,61 %. Le résultat de ces élections est très suspect. A son habitude, Washington ferme les yeux (Shawcross, 1979, p. 236 ; Sihanouk, 1979, p. 258). Du fait du contexte militaire dans le pays, ces élections sont organisées sur environ 30 % de la totalité du territoire (Jennar, 1995, p. 132).
4 juillet 72 : Aubrac se rend au Vatican pour y rencontrer le cardinal Villot qui a une grande influence sur Paul VI. Il évoque les réticences de Waldheim (secrétaire général de l’O.N.U.) à intervenir publiquement dans le conflit vietnamien. Le cardinal sait la menace qui plane sur les digues du Fleuve Rouge. Aubrac rencontre ensuite le cardinal Casaroli, diplomate du Vatican, qui lui promet une intervention du pape (voir 9 juillet) (Aubrac, 2000, p. 385).




5 juin 72 : Brian Urquhart (secrétaire général adjoint à l’O.N.U.) informe Aubrac que Waldheim a fait auprès de l’ambassadeur américain à l’O.N.U. une démarche appelant à la reprise des négociations à Paris. Les ambassadeurs de Chine et d’U.R.S.S. ont été informés de l’établissement d’un contact personnel avec Hanoi, sans que le nom d’Aubrac soit mentionné. Ce dernier n’obtient pas de nouveau rendez-vous avec le Secrétaire général de l’O.N.U., ce « qui [lui] laissa une impression désagréable ». Aubrac a le sentiment que Waldheim fait le strict minimum et qu’il n’éprouve « aucune compassion pour un peuple engagé dans un combat vital pour son indépendance » (Aubrac, 2000, pp. 379-380).
7 juillet 72 : Après trois mois de siège (voir 5 avril - 12 juin), Thieu se rend à An Loc enfin totalement libérée. Les N-V y ont perdu 20 000 hommes et 60 chars (Nguyen Phu Duc, 1996, p. 301).




7 - 8 juin 72 : Publication dans le journal ''Le Monde'' d’un article du géographe Yves Lacoste sur le bombardement par les B-52 des digues protégeant les rizières des crues du Fleuve Rouge dans une zone particulièrement habitée : « Une série de brèches, écrit Lacoste provoquerait un plus grand nombre de morts que l’explosion de plusieurs bombes atomiques sur la plaine du Tonkin. » (cité ''in'' Aubrac, 2000, p. 380-381 ; ''Le Monde'' du 8 juin 1972).
9 juillet 72 : Déclaration publique de Paul VI en faveur « d’une nouvelle, réciproque et généreuse intention de trêve et de paix » au Vietnam. Les suggestions d’Aubrac quant à l’évocation de l’acte final de la conférence du Genève de 1954 sur l’unité et l’intégrité du territoire vietnamien (jamais validé par les Américains) sont évoquées dans son allocution (Aubrac, 2000, p. 386).




8 juin 72 : '''Nic Ut de l’''Associated Press'' prend la célèbre photographie de Phan Ti Kun Phuc, petite fille de 9 ans brûlée par le napalm lors d’un bombardement accidentel s-v.''' Ce cliché qui dit l’horreur de la guerre est choisi en 1972 comme  la ''World Press Photo of the Year''  et rapportera à son auteur le prix Pulitzer en 1973. Elle sera diffusée dès le lendemain aux États-Unis en première page du ''New York Time''s et du ''Washington Post'' puis dans le monde entier (Portes, 2008, p. 258). La paternité de cette photographie est aujourd’hui remise en question (''Le Monde'' du 26 janvier 2025).
11 juillet 72 : Aubrac est reçu par René Brouillet, ambassadeur français auprès du Saint Siège. Il apprend que le pape a fait envoyer par le nonce apostolique un message  aux délégations qui doivent reprendre les négociations le 13. (Aubrac, 2000, p. 386-387)




9 juin 72 : Kissinger adresse à Nixon un bilan sur l’efficacité du minage en place depuis un mois. Conjugué aux attaques aériennes de voies ferrées, le résultat est jugé bon : 1 000 wagons demeurent bloqués en Chine, les opérations de transbordement par camions mettent du temps à se réaliser et sont entravées par la saison des pluies. De plus, Russes et Chinois ont peu réagi : les deux rencontres au sommet ont été maintenues, celle de Pékin (à venir) et celle de Moscou qui a eu lieu (Kissinger 2, 1979, p. 1 357-1 358).
12 juillet 72 : William Rogers (secrétaire d’État américain) rencontre Paul VI. Ce dernier évoque les bombardements en cours. La presse internationale réagit aux déclarations publiques du 9 faites par le pape. Selon Aubrac, cette intervention mettra fin au bombardement des digues du Fleuve Rouge, notamment en touchant l’opinion publique américaine catholique (Aubrac, 2000, p. 387).


Après avoir lu l’article du journal ''Le Monde'' (voir 7 – 8 juin), Aubrac rencontre Herbert Marcovtich qui doit rencontrer Vo Van Sung (délégué n-v à Paris). Le groupe Pugwash pour lequel Aubrac, Marcovitch (et, à l’époque, Kissinger…) ont œuvré en 1967 entend déposer une protestation (Aubrac, 2000, p. 381).


13 juillet 72 : Reprise des négociations plénières à Paris après 10 semaines d’interruption (Burns Sigel, 1992, p. 131).


10 juin 72 : Selon Kissinger, « les Nord-Vietnamiens étaient attentifs à notre campagne électorale, encore que je ne sache pas avec certitude, à l’époque, s’ils allaient faire traîner les négociations jusqu’aux élections de novembre ou choisiraient de négocier sérieusement juste avant. »


La période est celle de la convention démocrate. Un article du 10 juin paru dans un journal du parti parle, toujours selon Kissinger, en termes favorable de la campagne de McGovern « mais s’abst[ient] de prédire sa victoire. » (Kissinger 2, 1979, pp. 1 360-1 361)
15 juillet 72 : Venant de Paris où elle a été reçue par la délégation n-v basée à Choisy-Le-Roi, l’actrice Jane Fonda se rend à Hanoi pour soutenir la cause du peuple n-v. Sa photographie sur une batterie anti-aérienne n-v provoque un scandale aux U.S.A. Elle accuse les pilotes américains d’être des tueurs et s’attire les foudres d’une certaine presse qui la surnomme        « Jane Hanoi »  (Portes, 2008, p. 259 ; Portes, 2016, p. 95).




12 juin 72 : '''Nixon consent à une reprise de contact avec Hanoi.''' Kissinger propose une entrevue privée avec Le Duc Tho pour le 28 juin. On prévoit par la suite une séance plénière pour le 13 juillet et une nouvelle, secrète, pour le 18 (Kissinger 2, 1979, p. 1 359).
19 juillet 72 : Reprise des négociations secrètes entre Kissinger et Le Duc Tho qui ne se sont entretenus depuis le 2 mai. Kissinger réaffirme l’intention des États-Unis de ne pas vouloir demeurer au Vietnam mais ne propose rien de plus que ce qu’il a déjà mis sur la table (voir 3 juillet). Le Duc Tho reproche à la vietnamisation de faire perdurer et même d’étendre la guerre à toute l’Indochine. La reprise des discussions est donc difficile (voir 17 juillet).  


Les N-V, durement atteints par la riposte américaine, demandent l’arrêt des bombardements. Contrairement à la période LBJ, ceux-ci ne sont pas stoppés avec la reprise de ces négociations. La position et les exigences de Le Duc Tho n’ont quant à elles guère changées. Mais Kissinger est cependant optimiste (voir 27 juin). On décide de se revoir le 1<sup>er</sup> août. Il annonce qu’il fera désormais un compte rendu public succinct de ce qui s’est dit au cours des futures entrevues. Le Duc Tho « regimb[e] » face à cette proposition (Kissinger 2, 1979, pp.    1 367-1 369).


13 - 15 juin 72 : Nicolaï Podgorny (président du præsidium du Soviet suprême de l'U.R.S.S) est à Hanoi. Les Russes ont demandé aux Américains que les bombardements cessent à ce moment. C’est ce qui avait été convenu à Moscou entre Nixon et Brejnev. Les Américains limitent donc leurs bombardements dans un rayon de 20 km excluant provisoirement la capitale n-v (Kissinger 2, 1979, p. 1 359). Les N-V accueillent froidement leur hôte. Ils refusent l’idée de travailler à la paix et déclinent même l’offre de Moscou sur les derniers systèmes antiaériens. Ce qui n’empêchera pas les N-V de reprendre par la suite le processus de négociations en faisant des ouvertures (voir 19 juillet) (Marangé, 2012, p. 352).


22 juillet 72 : Kurt Waldheim (secrétaire général de l’O.N.U.) évoque (enfin… après intervention de Paul VI sur le sujet, voir 9 juillet) les bombardements américains sur les digues du Fleuve Rouge devant la presse à Moscou (Aubrac, 2000, p. 387).


14 juin 72 : L’aviation américaine atteint le record de 340 missions journalières sur le N-V (Burns Sigel, 1992, p. 130).


Aubrac obtient un rendez-vous avec Nguyen Khai (adjoint de Vo San Sung, délégué n-v à Paris). Ce dernier lui confirme la gravité des bombardements sur les digues du Fleuve Rouge (voir 7 - 8 juin). Il prend contact avec Brian Urquhart (secrétaire général adjoint à l’O.N.U.) Ce dernier l’informe que, du fait de la campagne électorale aux U.S.A., Waldheim n’entend pas faire de déclaration publique sur le Vietnam. Il lui conseille d’être à Genève le 30 pour rencontrer Waldheim (Aubrac, 2000, pp. 381-382).
24 juillet 72 : Vote au Sénat de l’amendement Cooper-Brooke qui demande un retrait américain en échange du retour des prisonniers. C’est la position d’une quarantaine de sénateurs et donc celle d’une majorité. Kissinger y est opposé car, selon lui, « cela discréditerait la politique étrangère de notre nation. » Pour autant, il ne croit pas à « une victoire totale » et pense qu’il faut poursuivre les négociations au mieux jusqu’aux élections de novembre, avec un Nixon qui ne croit plus beaucoup à leur avancée avant son éventuelle réélection. Un avis que ne partage pas Kissinger qui pense que les choses seront encore plus difficiles après les élections du fait des entraves du Sénat (Kissinger 2, 1979, pp. 1 362-1 363).


 
De retour de Moscou, Waldheim évoque à nouveau à New York son appel à cesser les bombardements des digues au Tonkin. A la question d’un journaliste lui demandant s’il avait des contacts avec Hanoi, il évoque une « diplomatie discrète pour pouvoir être utile » et ne souhaite pas entrer dans les détails sur ce point précis. Cette intervention tardive mais publique du secrétaire général de l’O.N.U. débloque alors l’opposition des N-V à toute intervention de l’O.N.U. dans les négociations, au grand dam de Kissinger et des Américains (Aubrac, 2000, pp. 387-388).
17 juin 72 : '''Début de ce qui va devenir le scandale du Watergate'''. Cinq « plombiers » sont repérés par un agent de sécurité et sont arrêtés par la police dans l'immeuble du ''Watergate'', siège du Parti démocrate. Certains d’entre eux sont d’anciens de la C.I.A. Le F.B.I. les arrête. L’enquête montre qu’ils ont des contacts avec la Maison Blanche toujours obsédée par la question des fuites. On apprendra par la suite que ces hommes ont également participé au cambriolage du cabinet du psychiatre de Daniel Ellsberg (à l’origine des ''Pentagon’s Papers'') pour trouver contre lui des documents compromettants dans le but de le discréditer.
 
 
18 juin 72 : '''Fin progressive du siège d’An Loc qui n’est pas tombé'''. Les troupes n-v repartent alors vers le Cambodge.
 
 
19 – 23 juin 72 : Kissinger est à Pékin. Il rend compte de la visite de Nixon à Moscou. Les Chinois sont plus intéressés par un cessez-le-feu (proposé par Nixon le 8 mai) que par un règlement de la question politique vietnamienne qui leur paraît plus ardu. Ils indiquent que l’aide apportée à Hanoi est plus alimentaire que militaire, ce que Kissinger veut bien feindre d’accepter entendre (Kissinger 2, 1979, p. 1 360).
 
 
22 juin 72 : Chaîne autour du Capitole formée par 2 500 femmes et enfants, à l’initiative de la chanteuse américaine pacifiste Joan Baez (Debouzy, 2003, p. 31).
 
Brejnev informe Nixon, suite à la visite de Podgorny à Hanoi (voir 12 juin), que les N-V ont écouté avec « attention » l’exposé de ce dernier sur les positions américaines. Ils se sont déclarés prêts à reprendre des négociations bilatérales. Une date doit être proposée par les Américains. Kissinger y voit à juste titre un infléchissement et donc une forme de faiblesse de la position n-v. Hanoi accepte la tenue d’une séance plénière pour le 13 juillet et d’une entrevue confidentielle pour le 15 (Kissinger 2, 1979, pp. 1 359-1 360).
 
 
23 juin 72 : Les Américains acceptent la date du 13 juillet pour la reprise des sessions plénières et proposent le 19 pour une rencontre secrète (Kissinger 2, 1979, p. 1 360).
 
 
25 juin 72 : Nixon annonce publiquement que plus aucun nouveau renfort ne sera envoyé au S-V (Burns Sigel, 1992, p. 131).
 
 
27 juin 72 : Un rapport de la C.I.A. indique une évolution dans la position n-v : les communistes sont en train d’abandonner la question de la démission de Thieu comme préalable à la reprise des négociations (Portes, 2016, p. 98). L’intuition de Kissinger sur un affaiblissement de la position n-v se confirme (voir 22 juin).
 
 
28 juin 72 : '''Contre-offensive s-v avec l’opération ''Lam Son 72'''''. Parachutistes et ''Marines'' s-v repartent à la reconquête de Quang Tri qui est reprise, à l’exception de la citadelle qui sera toujours tenue par les communistes en août. Il s’avère que les forces du Nord ont souffert d’un mauvais ravitaillement en provenance du Cambodge dû aux bombardements (Toinet, 1998, p. 376).
 
 
Nuit du 28 au 29 juin 72 : Nixon annonce la reprise des négociations à Paris pour le 13 juillet. Il annonce également la poursuite des bombardements (Aubrac, 2000, p. 382).
 
 
29 juin 72 : '''Le général Weyand remplace Creighton Abrams à la tête du [http://www.laguerreduvietnam.com/pages/le-commandement-americain.html M.A.C.V]'''. Franck Snepp, analyste à la C.I.A., note à son sujet : « Si, à mon retour, quelque chose pouvait témoigner des changements survenus au Sud-Vietnam, c’était bien la vie au ralenti que menait le Pentagone Oriental. Les militaires américains ne jouaient plus qu’un rôle de second violon à côté de leurs alliés vietnamiens. Dans le plus parfait esprit de vietnamisation, les officiers ne se donnaient même plus la peine de répondre au téléphone. » (Snepp, 1979, p. 21)
 
Nixon annonce dans une conférence de presse la reprise des négociations plénières. La veille, il a annoncé un nouveau retrait de troupes américaines (Kissinger 2, 1979, p. 1 361).
 
Aubrac rencontre à Paris Nguyen Khai (représentant adjoint du N-V à Paris). Il apprend auprès de son interlocuteur l’ampleur des protestations internationales contre les bombardements américains (Aubrac, 2000, p. 382).
 
 
30 juin 72 : Aubrac rencontre Waldheim à Genève à 17 h 00. Ce dernier lui confirme être intervenu deux fois auprès de George Bush (ambassadeur américain à l’O.N.U.) pour une reprise des négociations et un arrêt des bombardements. Le secrétaire général de l’O.N.U. retoque un texte de déclaration concocté par Aubrac et Roberto Guyer (sous-secrétaire général pour les affaires politiques spéciales à l’O.N.U.) qui met l’accent sur « les actions militaires [qui] augmentaient les souffrances des populations soumises au conflit », l’estimant « inacceptable » pour les Américains. Une seconde version plus édulcorée est rejetée de la même manière. Aubrac perd patience, reprochant à son interlocuteur « de ne vouloir rien faire » face à la menace de rupture des digues du Fleuve Rouge. La rédaction dans la nuit d’autres moutures d’un projet de déclaration n’aboutit pas. Aubrac décide alors de s’adresser à Rome au cardinal Villot (voir 4 juillet) (Aubrac, 2000, pp. 382-383).

Dernière version du 26 juillet 2025 à 11:32

Juillet 72 : Au Cambodge, sauf dans la zone Est où le responsable du P.C.K., So Phim, n'applique pas la directive, les populations sous contrôle communiste sont peu à peu obligées de s'habiller en noir comme les paysans.


Juillet - août 72 : Poursuite des négociations secrètes Kissinger-Le Duc Tho. Le secrétaire d’État à la Sécurité nationale ne conteste que mollement certains problèmes fondamentaux comme l’existence au S-V de deux administrations, deux armées et trois segments politiques radicalement opposés : le gouvernement s-v, le gouvernement révolutionnaire provisoire et l’existence d’un groupement neutre dont la composition demeure floue. De la même manière, la composition d’un Conseil national de concorde chargé d’organiser les élections générales aura forcément l’apparence d’une structure gouvernementale s’apparentant à un gouvernement de coalition – comprenant Thieu et le F.N.L. – censé pacifier un pays totalement déchiré. Cet échafaudage bancal ressemble à une vaste illusion qui ne tiendra jamais la route.


3 juillet 72 : Haig a été envoyé à Saigon pour rencontrer Thieu. Ce dernier est plutôt optimiste puisque son armée a tenu. Il demeure cependant persuadé que les N-V ne lâcheront rien. Haig lui fait un compte rendu des discussions qui ont eu lieu à Moscou et Pékin en juin. Il expose la nouvelle position américaine : mise en place d’un cessez-le-feu, retour des prisonniers, retrait américain étalé sur quatre mois et démission de Thieu deux mois avant de nouvelles élections. Ce que Thieu rejette en bloc car il pense que les N-V ne lâcheront rien tant qu’ils n’auront pas obtenu la constitution d’un gouvernement de coalition. Quant au cessez-le-feu, il lui paraît incontrôlable. Il rejette donc les propositions américaines élaborées depuis le 7 octobre 1970 et réaffirmées par Nixon dans son discours du 8 mai. Il ne rejette pas le fait de démissionner (sans vouloir l’écrire…) mais manque totalement de confiance dans un éventuel processus électoral (Kissinger 2, 1979, p. 1366).

Au Cambodge, le maréchal Lon Lol, « président de la République », prête serment à la constitution (Sihanouk, 1979, p. 256).


4 juillet 72 : Aubrac se rend au Vatican pour y rencontrer le cardinal Villot qui a une grande influence sur Paul VI. Il évoque les réticences de Waldheim (secrétaire général de l’O.N.U.) à intervenir publiquement dans le conflit vietnamien. Le cardinal sait la menace qui plane sur les digues du Fleuve Rouge. Aubrac rencontre ensuite le cardinal Casaroli, diplomate du Vatican, qui lui promet une intervention du pape (voir 9 juillet) (Aubrac, 2000, p. 385).


7 juillet 72 : Après trois mois de siège (voir 5 avril - 12 juin), Thieu se rend à An Loc enfin totalement libérée. Les N-V y ont perdu 20 000 hommes et 60 chars (Nguyen Phu Duc, 1996, p. 301).


9 juillet 72 : Déclaration publique de Paul VI en faveur « d’une nouvelle, réciproque et généreuse intention de trêve et de paix » au Vietnam. Les suggestions d’Aubrac quant à l’évocation de l’acte final de la conférence du Genève de 1954 sur l’unité et l’intégrité du territoire vietnamien (jamais validé par les Américains) sont évoquées dans son allocution (Aubrac, 2000, p. 386).


11 juillet 72 : Aubrac est reçu par René Brouillet, ambassadeur français auprès du Saint Siège. Il apprend que le pape a fait envoyer par le nonce apostolique un message  aux délégations qui doivent reprendre les négociations le 13. (Aubrac, 2000, p. 386-387)


12 juillet 72 : William Rogers (secrétaire d’État américain) rencontre Paul VI. Ce dernier évoque les bombardements en cours. La presse internationale réagit aux déclarations publiques du 9 faites par le pape. Selon Aubrac, cette intervention mettra fin au bombardement des digues du Fleuve Rouge, notamment en touchant l’opinion publique américaine catholique (Aubrac, 2000, p. 387).


13 juillet 72 : Reprise des négociations plénières à Paris après 10 semaines d’interruption (Burns Sigel, 1992, p. 131).


15 juillet 72 : Venant de Paris où elle a été reçue par la délégation n-v basée à Choisy-Le-Roi, l’actrice Jane Fonda se rend à Hanoi pour soutenir la cause du peuple n-v. Sa photographie sur une batterie anti-aérienne n-v provoque un scandale aux U.S.A. Elle accuse les pilotes américains d’être des tueurs et s’attire les foudres d’une certaine presse qui la surnomme        « Jane Hanoi »  (Portes, 2008, p. 259 ; Portes, 2016, p. 95).


19 juillet 72 : Reprise des négociations secrètes entre Kissinger et Le Duc Tho qui ne se sont entretenus depuis le 2 mai. Kissinger réaffirme l’intention des États-Unis de ne pas vouloir demeurer au Vietnam mais ne propose rien de plus que ce qu’il a déjà mis sur la table (voir 3 juillet). Le Duc Tho reproche à la vietnamisation de faire perdurer et même d’étendre la guerre à toute l’Indochine. La reprise des discussions est donc difficile (voir 17 juillet).

Les N-V, durement atteints par la riposte américaine, demandent l’arrêt des bombardements. Contrairement à la période LBJ, ceux-ci ne sont pas stoppés avec la reprise de ces négociations. La position et les exigences de Le Duc Tho n’ont quant à elles guère changées. Mais Kissinger est cependant optimiste (voir 27 juin). On décide de se revoir le 1er août. Il annonce qu’il fera désormais un compte rendu public succinct de ce qui s’est dit au cours des futures entrevues. Le Duc Tho « regimb[e] » face à cette proposition (Kissinger 2, 1979, pp.    1 367-1 369).


22 juillet 72 : Kurt Waldheim (secrétaire général de l’O.N.U.) évoque (enfin… après intervention de Paul VI sur le sujet, voir 9 juillet) les bombardements américains sur les digues du Fleuve Rouge devant la presse à Moscou (Aubrac, 2000, p. 387).


24 juillet 72 : Vote au Sénat de l’amendement Cooper-Brooke qui demande un retrait américain en échange du retour des prisonniers. C’est la position d’une quarantaine de sénateurs et donc celle d’une majorité. Kissinger y est opposé car, selon lui, « cela discréditerait la politique étrangère de notre nation. » Pour autant, il ne croit pas à « une victoire totale » et pense qu’il faut poursuivre les négociations au mieux jusqu’aux élections de novembre, avec un Nixon qui ne croit plus beaucoup à leur avancée avant son éventuelle réélection. Un avis que ne partage pas Kissinger qui pense que les choses seront encore plus difficiles après les élections du fait des entraves du Sénat (Kissinger 2, 1979, pp. 1 362-1 363).

De retour de Moscou, Waldheim évoque à nouveau à New York son appel à cesser les bombardements des digues au Tonkin. A la question d’un journaliste lui demandant s’il avait des contacts avec Hanoi, il évoque une « diplomatie discrète pour pouvoir être utile » et ne souhaite pas entrer dans les détails sur ce point précis. Cette intervention tardive mais publique du secrétaire général de l’O.N.U. débloque alors l’opposition des N-V à toute intervention de l’O.N.U. dans les négociations, au grand dam de Kissinger et des Américains (Aubrac, 2000, pp. 387-388).

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