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par Jean-François Jagielski

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Août 66 : McN confie à une équipe de scientifiques une étude sur la faisabilité '''d’une barrière de surveillance électronique'''. Le projet, baptisé ''Igloo White'', est pensé dès l’origine comme une alternative à l’inefficacité des bombardements pour endiguer les infiltrations. C’est McNaughton (sous-secrétaire d’État à la Défense) qui est chargé du projet en vue de d’édifier « une clôture en travers des pistes d’infiltration, et de recourir à des systèmes d’alarme, des méthodes de reconnaissance (surtout de nuit), des instruments de vision nocturne, des techniques de défoliation pour dénuder les sous-bois, ainsi que des armes ou dispositifs susceptibles de rendre une région entière intenable à l’ennemi. » Le projet décrit par McNaughton est situé « à travers la route Ho Chi Minh, à proximité du 17<sup>e</sup> parallèle et de la route 9 ». Il devra s’étendre « de la mer du Mékong, à travers le Vietnam et le Laos, soit une distance en ligne droite de 240 km environ. » (Baulon, 2009, p. 441 ; ''Le dossier du Pentagone'', 1971, p. 513 et pp. 524-526)


Des négociations khméro-vietnamiennes (comprenant le Nord-Vietnam et le Front de Libération du Sud-Vietnam) sur la délimitation de la frontière aboutissent à un nouvel échec.
2 août 66 : La représentation commerciale de la R.D.V.N. en France est transformée en délégation générale. Mai Van Bo en conserve la direction « mais à titre d’intérimaire pour que la symétrie soit respectée. » (De Quirielle, 1992, p. 189)
5 août 66 : Face aux nouvelles demandes de renforts de Westmoreland (voir 18 juin) et du fait des infiltrations au S-V, McN désire une étude détaillée estimant que « nous devons envoyer au Vietnam ce qui est nécessaire, mais seulement ce qui est nécessaire. » C’est un premier pas. En octobre, il opposera un refus de renforts à Westmoreland (''Le dossier du Pentagone'', 1971, p. 512 et pp. 532-533).
8 août 66 : En Chine, le comité central du parti communiste émet un projet de loi (sans doute rédigé par Mao) concernant les « décisions sur la grande révolution culturelle prolétarienne ». Ce texte constitue une forme de charte de la révolution culturelle. A cette époque, certains futurs dirigeants KR dont Saloth Sar sont présents en Chine depuis 1965 et vivront les événements dont ils s’inspireront plus tard au Cambodge. Même si les relations entre la Chine et le Cambodge demeureront toujours complexes et que le futur KD voudra toujours se démarquer du grand frère chinois en prétendant faire mieux et surtout plus rapide.
9 août 66 : Attaque aérienne américaine de la nouvelle aciérie de Thai Nguyen (De Quirielle, 1992, p. 109). Cette ville, en passe de devenir la troisième du N-V, est devenue à partir de 1960 un centre d’industrie lourde grâce à l’emploi de milliers de soldats démobilisés.
12 août 66 : Discussion entre le sénateur Goldwater et LBJ. Ce dernier se montre peu enclin à aller plus loin dans l’engagement des U.S.A. au Vietnam : selon lui, ce sont les S-V qui doivent faire le travail (Schlesinger, 1967, p. 62) LBJ réitèrera cette position à plusieurs reprises mais ces déclarations demeureront purement verbales au vu des piètres résultats de l’A.R.V.N.
10 août 66 : Les U.S.A. expriment leurs « regrets » pour les victimes des raids aériens et expliquent que le village de Thlok Trach (voir 31 juillet - 3 août 66) situé  à la frontière khméro-s-v n'est pas indiqué comme faisant partie du territoire cambodgien sur les cartes de l'''US Air Force''. Sachant qu’aucun accord n’est en vue pour régler le contentieux frontalier entre le S-V et le Cambodge, ce qui d’une certaine manière arrange tout le monde.
13 août 66 : Destruction totale par l’aviation américaine de deux villages proches de la Rivière Noire, Phu Xa et Na Tanh. Ils n’ont, selon De Quirielle, aucune importance stratégique (De Quirielle, 1992, p. 108).
Sihanouk annule la visite prévue d’Averell Harriman (Sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques) parce que « la déclaration américaine affirmant que le village [de Thlok Trach, voir 31 juillet - 3 août 66] n'est pas en territoire cambodgien traduit la volonté américaine de dépouiller le pays de son territoire ».
29 août 66 : Un groupe d’étude dirigé par trois membres analyse et évalue en secret les résultats de ''Rolling Thunder''. Les Américains n’ont repéré que 8 sites industriels pouvant être bombardés au N-V.
Selon les dossiers du Pentagone, un groupe est constitué de 47 membres réunis tout l’été à Wellesley (Massachusset), tous scientifiques, la « crème de la communauté érudite dans les domaines techniques » issue des meilleures universités américaines. Ce groupe produit des conclusions négatives sur l’effet actuel des bombardements : le N-V demeure un pays basé sur « une agriculture de subsistance » et demeure peu industrialisé (12 % du P.N.B. national) ; le système de transport demeure primitif et donc flexible ;  il n’y a pas véritablement d’industrie d’armement puisque celui-ci provient de l’étranger ; les bombardements n’ont pas permis de ralentir les infiltrations vers le Sud ni entamé la détermination du pays à poursuivre la guerre.
Le rapport spécifie même que les bombardements ont « nettement renforcé le soutien populaire et nationaliste de résistance aux attaques. » Ils demeurent donc peu productifs voire contreproductifs. De ce fait, les experts préconisent l’établissement d’une barrière électronique contre les infiltrations munie de systèmes anti-personnel (mines) et de moyens acoustiques capables de renseigner l’aviation (voir août). Ce système coûterait 800 millions de dollars par an et pourrait être mis en place d’ici un an. McN, qui reprendra nombre d’éléments de ce rapport dans celui qu’il fera à LBJ le 14 octobre, n’a donc plus qu’à espérer en sa future '''''MacNamara Line''''', faute de mieux (''Le dossier du Pentagone'', 1971, pp. 514-515 et 534-541).
Ce projet sera confié au général du Génie Starbird. Il sera long à mettre en place, son édification se heurtant aux bombardements et destructions ennemis. Westmoreland fait alors construire des ouvrages bétonnés espacés de façon à constituer des couloirs d’infiltration contraignants munis de capteurs gérés en Thaïlande, à Nakhom. Le tout ne sera pas opérationnel avant octobre 1967 (Francini 2, 1988, p. 340). Ce dispositif de haute technologie ne parviendra pas plus que le reste à stopper les infiltrations.
30 août 66 : De Gaulle est reçu en visite officielle au Cambodge.

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Août 66 : McN confie à une équipe de scientifiques une étude sur la faisabilité d’une barrière de surveillance électronique. Le projet, baptisé Igloo White, est pensé dès l’origine comme une alternative à l’inefficacité des bombardements pour endiguer les infiltrations. C’est McNaughton (sous-secrétaire d’État à la Défense) qui est chargé du projet en vue de d’édifier « une clôture en travers des pistes d’infiltration, et de recourir à des systèmes d’alarme, des méthodes de reconnaissance (surtout de nuit), des instruments de vision nocturne, des techniques de défoliation pour dénuder les sous-bois, ainsi que des armes ou dispositifs susceptibles de rendre une région entière intenable à l’ennemi. » Le projet décrit par McNaughton est situé « à travers la route Ho Chi Minh, à proximité du 17e parallèle et de la route 9 ». Il devra s’étendre « de la mer du Mékong, à travers le Vietnam et le Laos, soit une distance en ligne droite de 240 km environ. » (Baulon, 2009, p. 441 ; Le dossier du Pentagone, 1971, p. 513 et pp. 524-526)

Des négociations khméro-vietnamiennes (comprenant le Nord-Vietnam et le Front de Libération du Sud-Vietnam) sur la délimitation de la frontière aboutissent à un nouvel échec.


2 août 66 : La représentation commerciale de la R.D.V.N. en France est transformée en délégation générale. Mai Van Bo en conserve la direction « mais à titre d’intérimaire pour que la symétrie soit respectée. » (De Quirielle, 1992, p. 189)


5 août 66 : Face aux nouvelles demandes de renforts de Westmoreland (voir 18 juin) et du fait des infiltrations au S-V, McN désire une étude détaillée estimant que « nous devons envoyer au Vietnam ce qui est nécessaire, mais seulement ce qui est nécessaire. » C’est un premier pas. En octobre, il opposera un refus de renforts à Westmoreland (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 512 et pp. 532-533).


8 août 66 : En Chine, le comité central du parti communiste émet un projet de loi (sans doute rédigé par Mao) concernant les « décisions sur la grande révolution culturelle prolétarienne ». Ce texte constitue une forme de charte de la révolution culturelle. A cette époque, certains futurs dirigeants KR dont Saloth Sar sont présents en Chine depuis 1965 et vivront les événements dont ils s’inspireront plus tard au Cambodge. Même si les relations entre la Chine et le Cambodge demeureront toujours complexes et que le futur KD voudra toujours se démarquer du grand frère chinois en prétendant faire mieux et surtout plus rapide.


9 août 66 : Attaque aérienne américaine de la nouvelle aciérie de Thai Nguyen (De Quirielle, 1992, p. 109). Cette ville, en passe de devenir la troisième du N-V, est devenue à partir de 1960 un centre d’industrie lourde grâce à l’emploi de milliers de soldats démobilisés.


12 août 66 : Discussion entre le sénateur Goldwater et LBJ. Ce dernier se montre peu enclin à aller plus loin dans l’engagement des U.S.A. au Vietnam : selon lui, ce sont les S-V qui doivent faire le travail (Schlesinger, 1967, p. 62) LBJ réitèrera cette position à plusieurs reprises mais ces déclarations demeureront purement verbales au vu des piètres résultats de l’A.R.V.N.


10 août 66 : Les U.S.A. expriment leurs « regrets » pour les victimes des raids aériens et expliquent que le village de Thlok Trach (voir 31 juillet - 3 août 66) situé  à la frontière khméro-s-v n'est pas indiqué comme faisant partie du territoire cambodgien sur les cartes de l'US Air Force. Sachant qu’aucun accord n’est en vue pour régler le contentieux frontalier entre le S-V et le Cambodge, ce qui d’une certaine manière arrange tout le monde.


13 août 66 : Destruction totale par l’aviation américaine de deux villages proches de la Rivière Noire, Phu Xa et Na Tanh. Ils n’ont, selon De Quirielle, aucune importance stratégique (De Quirielle, 1992, p. 108).

Sihanouk annule la visite prévue d’Averell Harriman (Sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques) parce que « la déclaration américaine affirmant que le village [de Thlok Trach, voir 31 juillet - 3 août 66] n'est pas en territoire cambodgien traduit la volonté américaine de dépouiller le pays de son territoire ».


29 août 66 : Un groupe d’étude dirigé par trois membres analyse et évalue en secret les résultats de Rolling Thunder. Les Américains n’ont repéré que 8 sites industriels pouvant être bombardés au N-V.

Selon les dossiers du Pentagone, un groupe est constitué de 47 membres réunis tout l’été à Wellesley (Massachusset), tous scientifiques, la « crème de la communauté érudite dans les domaines techniques » issue des meilleures universités américaines. Ce groupe produit des conclusions négatives sur l’effet actuel des bombardements : le N-V demeure un pays basé sur « une agriculture de subsistance » et demeure peu industrialisé (12 % du P.N.B. national) ; le système de transport demeure primitif et donc flexible ;  il n’y a pas véritablement d’industrie d’armement puisque celui-ci provient de l’étranger ; les bombardements n’ont pas permis de ralentir les infiltrations vers le Sud ni entamé la détermination du pays à poursuivre la guerre.

Le rapport spécifie même que les bombardements ont « nettement renforcé le soutien populaire et nationaliste de résistance aux attaques. » Ils demeurent donc peu productifs voire contreproductifs. De ce fait, les experts préconisent l’établissement d’une barrière électronique contre les infiltrations munie de systèmes anti-personnel (mines) et de moyens acoustiques capables de renseigner l’aviation (voir août). Ce système coûterait 800 millions de dollars par an et pourrait être mis en place d’ici un an. McN, qui reprendra nombre d’éléments de ce rapport dans celui qu’il fera à LBJ le 14 octobre, n’a donc plus qu’à espérer en sa future MacNamara Line, faute de mieux (Le dossier du Pentagone, 1971, pp. 514-515 et 534-541).

Ce projet sera confié au général du Génie Starbird. Il sera long à mettre en place, son édification se heurtant aux bombardements et destructions ennemis. Westmoreland fait alors construire des ouvrages bétonnés espacés de façon à constituer des couloirs d’infiltration contraignants munis de capteurs gérés en Thaïlande, à Nakhom. Le tout ne sera pas opérationnel avant octobre 1967 (Francini 2, 1988, p. 340). Ce dispositif de haute technologie ne parviendra pas plus que le reste à stopper les infiltrations.


30 août 66 : De Gaulle est reçu en visite officielle au Cambodge.

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