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par Jean-François Jagielski

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4 juillet 66 : Venue en visite privée au N-V de Sainteny, mandaté par De Gaulle depuis février. Ce dernier lui a remis une lettre pour HCM. Il est d’abord reçu par Nguyen Duy Thrinh (ministre des Affaires étrangères) et Pham Van Dong (premier ministre) qui le retiennent à dîner. HCM les rejoint pour une conversation amicale (Sainteny, 1970, pp. 193-194).


5 juillet 66 : Sainteny est reçu officiellement au palais présidentiel par HCM où il lui remet la lettre de De Gaulle. Celle-ci « comblait d’aise Ho Chi Minh ». Sainteny tente de lui faire prendre en compte combien les États-Unis risquaient d’augmenter leurs moyens guerriers. HCM lui répond : « Nous connaissons la puissance de nos ennemis ; nous savons que les Américains, s’ils le veulent, peuvent raser cette ville, comme ils peuvent raser les principales villes du Tonkin : Haïphong, Nam Dinh, Bac Ninh, toutes les autres. Nous nous y attendons et nous y sommes d’ailleurs préparés, mais cela n’affaiblira pas notre volonté de lutter jusqu’au bout. Vous savez que nous avons déjà l’expérience, et vous savez aussi comment cela s’est terminé. » Des propos qu’il réitèrera presque mot pour mot dans son allocution du 17 (Sainteny, 1970, pp. 193-194).
6 juillet 66 : Selon les mémoires de De Quirielle, « le 6 juillet, dans la soirée, une cinquantaine de prisonniers américains en tenue de bagnards, enchaînés deux par deux, encadrés par des gardes armés furent promenés dans les rue de la capitale [Hanoi]. Le même spectacle d’une foule déchaînée [voir 29 juin], hystérique, vomissant insultes et injures, brandissant le poing, « aiguisant sa haine », pour reprendre l’expression du journal du parti, ''Nham Dam'', se répéta. » (De Quirielle, 1992, p. 100) L’agence vietnamienne d’information monte l’affaire, mais toujours selon De Quirielle, cette nouvelle exhibition « eut un résultat inverse à celui recherché. » Elle provoque une vague d’indignation tant aux États-Unis que « parmi les pays qui manifestaient de la sympathie à la cause vietnamienne. Sur ce point Hanoi fit un faux pas. » Le projet de les juger pour crimes de guerre ou actes de terrorisme sera finalement rejeté par HCM (voir 19 juillet) (De Quirielle, 1992, p. 100).
7 juillet 66 : Le comité des chefs d’état-major répondent que le « Programme 3 » (voir juin) doit satisfaire les demandes de Westmoreland. Mais ce dernier veut déjà plus (voir 18 juin) (''Le dossier du Pentagone'', 1971, p. 512).
7 juillet - 3 août 66 : '''Opération ''Hastings''''' '''dans la vallée du Ngan''' (Province de Quang Tri) au sud de la D.M.Z. pour empêcher l’infiltration de l’A.P.N.V. En termes de [http://www.laguerreduvietnam.com/pages/glossaire-le-nam-speak/de-la-lettre-a-a-la-lettre-e/la-lettre-b.html ''body count''], la victoire est pour le ''Marine Corps'', avec environ 900 pertes dans le camp ennemi infligées à la division 324-B de l’A.P.N.V.
8 juillet 66 : Fin du voyage de Sainteny au Vietnam.
17 juillet 66 : Pour l’anniversaire des accords de Genève, HCM lance un appel de résistance et d’abnégation de la nation face à la vague de bombardements du N-V : « Jamais les Américains, fussent-ils, cinq cents mille, un million ou même d’avantage, ne pourront briser la volonté de fer de notre peuple. La guerre peut encore durer cinq ans, dix ans ou vingt ans ou d’avantage. Hanoi, Haïphong, d’autres villes peuvent être détruites, le peuple vietnamien ne se laissera pas intimider. Rien n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté. » Il s’en prend alors directement à LBJ : « Président Johnson, répondez publiquement au peuple des États-Unis et au peuple du monde : qui a saboté les accords de Genève garantissant la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale ? Les troupes vietnamiennes sont-elles allées envahir les États-Unis  et massacrer les Américains ; n’est-ce pas le gouvernement des États-Unis qui a envoyé les troupes américaines envahir et massacrer les Vietnamiens ? » (cité ''in'' De Quirielle, 1992, p. 103).
19 juillet 66 : Face à une vague d’indignation internationale, HCM abandonne le projet de faire juger pour crimes de guerre les pilotes américains abattus et récemment exhibés (voir 29 juin et 6 juillet). Il envoie un télégramme au président de parti socialiste américain l’assurant qu’ils seraient désormais traités comme des prisonniers de guerre. Il diffuse le même message au moyen d’une dépêche AFP. Toutefois Hanoi précisera sa position ultérieurement : l’état de guerre n’existant pas, les Conventions de Genève aux prisonniers de guerre ne leur sont pas applicables. Ces pilotes sont donc considérés comme des prisonniers de droit commun qui peuvent être jugés à tout moment par des tribunaux ordinaires. Mais cette procédure ne sera jamais appliquée. Leurs conditions de détention sont dures, notamment à l’« Hanoi Hilton » et ils seront parfois utilisés à des fins de propagande (intimidations pour leur faire rédiger des lettres de repentir) (De Quirielle, 1992, p. 101).
Au Cambodge, installation à Phnom Penh d’une véritable ambassade du Vietcong. Sihanouk accueille à bras ouverts son secrétaire général, Nguyen Van Hieu, qu’il qualifie « d’éminent diplomate qui jouit de notre confiance et de notre estime. » (Tong, 1972, pp. 124-125)
29 juillet 66 : Le président de la R.P.C., Liu Shaoqi, adresse un message public à HCM. Après avoir rappelé que « le peuple chinois était prêt à supporter les plus grands sacrifices pour soutenir le peuple vietnamien », il prend prétexte des violations des accords de Genève de 1954 par les Américains pour affirmer qu’ils sont désormais caducs aux yeux des Chinois. C’est une manière de réduire à néant la portée de l’un des 4 points du premier ministre Pham Van Dong du 8 avril 1965. Hanoi, plus que jamais diplomatiquement indépendante, réagit ouvertement en faisant publier dans le journal du parti (''Nham Dam'') une réponse affirmant que la R.D.V.N. demeurait en tout point fidèle à la teneur des accords de 1954 (De Quirielle, 1992, pp. 173-174).
31 juillet - 3 août 66 : Au Cambodge, des hélicoptères américains attaquent le village de Thlok Trach alors qu'une mission de la C.I.C. est présente sur place. L’appartenance de ce village frontalier au Cambodge est contestée par les S-V et les Américains qui les soutiennent sur ce point.
Fin juillet 66 : Une étude américaine émanant de la Défense estime que la capacité totale de stockage des produits pétroliers n-v a été détruite à 70 %. Ce qui n’arrête pas pour autant les approvisionnements et acheminements n-v qui sont rapidement décentralisés en petites unités le long des routes. Dès août, l’étude observera que « le rendement [des bombardements] était si mauvais qu’il était devenu chimérique d’essayer d’étrangler d’avantage la capacité de stockage des produits pétroliers du Nord-Vietnam. » McN est déçu car, une fois de plus, les opérations aériennes ont finalement été incapable de réduire les infiltrations de troupes au S-V (''Le dossier du Pentagone'', 1971, pp. 510-511).

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4 juillet 66 : Venue en visite privée au N-V de Sainteny, mandaté par De Gaulle depuis février. Ce dernier lui a remis une lettre pour HCM. Il est d’abord reçu par Nguyen Duy Thrinh (ministre des Affaires étrangères) et Pham Van Dong (premier ministre) qui le retiennent à dîner. HCM les rejoint pour une conversation amicale (Sainteny, 1970, pp. 193-194).


5 juillet 66 : Sainteny est reçu officiellement au palais présidentiel par HCM où il lui remet la lettre de De Gaulle. Celle-ci « comblait d’aise Ho Chi Minh ». Sainteny tente de lui faire prendre en compte combien les États-Unis risquaient d’augmenter leurs moyens guerriers. HCM lui répond : « Nous connaissons la puissance de nos ennemis ; nous savons que les Américains, s’ils le veulent, peuvent raser cette ville, comme ils peuvent raser les principales villes du Tonkin : Haïphong, Nam Dinh, Bac Ninh, toutes les autres. Nous nous y attendons et nous y sommes d’ailleurs préparés, mais cela n’affaiblira pas notre volonté de lutter jusqu’au bout. Vous savez que nous avons déjà l’expérience, et vous savez aussi comment cela s’est terminé. » Des propos qu’il réitèrera presque mot pour mot dans son allocution du 17 (Sainteny, 1970, pp. 193-194).


6 juillet 66 : Selon les mémoires de De Quirielle, « le 6 juillet, dans la soirée, une cinquantaine de prisonniers américains en tenue de bagnards, enchaînés deux par deux, encadrés par des gardes armés furent promenés dans les rue de la capitale [Hanoi]. Le même spectacle d’une foule déchaînée [voir 29 juin], hystérique, vomissant insultes et injures, brandissant le poing, « aiguisant sa haine », pour reprendre l’expression du journal du parti, Nham Dam, se répéta. » (De Quirielle, 1992, p. 100) L’agence vietnamienne d’information monte l’affaire, mais toujours selon De Quirielle, cette nouvelle exhibition « eut un résultat inverse à celui recherché. » Elle provoque une vague d’indignation tant aux États-Unis que « parmi les pays qui manifestaient de la sympathie à la cause vietnamienne. Sur ce point Hanoi fit un faux pas. » Le projet de les juger pour crimes de guerre ou actes de terrorisme sera finalement rejeté par HCM (voir 19 juillet) (De Quirielle, 1992, p. 100).


7 juillet 66 : Le comité des chefs d’état-major répondent que le « Programme 3 » (voir juin) doit satisfaire les demandes de Westmoreland. Mais ce dernier veut déjà plus (voir 18 juin) (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 512).


7 juillet - 3 août 66 : Opération Hastings dans la vallée du Ngan (Province de Quang Tri) au sud de la D.M.Z. pour empêcher l’infiltration de l’A.P.N.V. En termes de body count, la victoire est pour le Marine Corps, avec environ 900 pertes dans le camp ennemi infligées à la division 324-B de l’A.P.N.V.


8 juillet 66 : Fin du voyage de Sainteny au Vietnam.


17 juillet 66 : Pour l’anniversaire des accords de Genève, HCM lance un appel de résistance et d’abnégation de la nation face à la vague de bombardements du N-V : « Jamais les Américains, fussent-ils, cinq cents mille, un million ou même d’avantage, ne pourront briser la volonté de fer de notre peuple. La guerre peut encore durer cinq ans, dix ans ou vingt ans ou d’avantage. Hanoi, Haïphong, d’autres villes peuvent être détruites, le peuple vietnamien ne se laissera pas intimider. Rien n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté. » Il s’en prend alors directement à LBJ : « Président Johnson, répondez publiquement au peuple des États-Unis et au peuple du monde : qui a saboté les accords de Genève garantissant la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale ? Les troupes vietnamiennes sont-elles allées envahir les États-Unis  et massacrer les Américains ; n’est-ce pas le gouvernement des États-Unis qui a envoyé les troupes américaines envahir et massacrer les Vietnamiens ? » (cité in De Quirielle, 1992, p. 103).


19 juillet 66 : Face à une vague d’indignation internationale, HCM abandonne le projet de faire juger pour crimes de guerre les pilotes américains abattus et récemment exhibés (voir 29 juin et 6 juillet). Il envoie un télégramme au président de parti socialiste américain l’assurant qu’ils seraient désormais traités comme des prisonniers de guerre. Il diffuse le même message au moyen d’une dépêche AFP. Toutefois Hanoi précisera sa position ultérieurement : l’état de guerre n’existant pas, les Conventions de Genève aux prisonniers de guerre ne leur sont pas applicables. Ces pilotes sont donc considérés comme des prisonniers de droit commun qui peuvent être jugés à tout moment par des tribunaux ordinaires. Mais cette procédure ne sera jamais appliquée. Leurs conditions de détention sont dures, notamment à l’« Hanoi Hilton » et ils seront parfois utilisés à des fins de propagande (intimidations pour leur faire rédiger des lettres de repentir) (De Quirielle, 1992, p. 101).

Au Cambodge, installation à Phnom Penh d’une véritable ambassade du Vietcong. Sihanouk accueille à bras ouverts son secrétaire général, Nguyen Van Hieu, qu’il qualifie « d’éminent diplomate qui jouit de notre confiance et de notre estime. » (Tong, 1972, pp. 124-125)


29 juillet 66 : Le président de la R.P.C., Liu Shaoqi, adresse un message public à HCM. Après avoir rappelé que « le peuple chinois était prêt à supporter les plus grands sacrifices pour soutenir le peuple vietnamien », il prend prétexte des violations des accords de Genève de 1954 par les Américains pour affirmer qu’ils sont désormais caducs aux yeux des Chinois. C’est une manière de réduire à néant la portée de l’un des 4 points du premier ministre Pham Van Dong du 8 avril 1965. Hanoi, plus que jamais diplomatiquement indépendante, réagit ouvertement en faisant publier dans le journal du parti (Nham Dam) une réponse affirmant que la R.D.V.N. demeurait en tout point fidèle à la teneur des accords de 1954 (De Quirielle, 1992, pp. 173-174).


31 juillet - 3 août 66 : Au Cambodge, des hélicoptères américains attaquent le village de Thlok Trach alors qu'une mission de la C.I.C. est présente sur place. L’appartenance de ce village frontalier au Cambodge est contestée par les S-V et les Américains qui les soutiennent sur ce point.


Fin juillet 66 : Une étude américaine émanant de la Défense estime que la capacité totale de stockage des produits pétroliers n-v a été détruite à 70 %. Ce qui n’arrête pas pour autant les approvisionnements et acheminements n-v qui sont rapidement décentralisés en petites unités le long des routes. Dès août, l’étude observera que « le rendement [des bombardements] était si mauvais qu’il était devenu chimérique d’essayer d’étrangler d’avantage la capacité de stockage des produits pétroliers du Nord-Vietnam. » McN est déçu car, une fois de plus, les opérations aériennes ont finalement été incapable de réduire les infiltrations de troupes au S-V (Le dossier du Pentagone, 1971, pp. 510-511).

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