(Page vide créée) |
Aucun résumé des modifications |
||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
Mai 63 : Sur les conseils de Nhu, Diem évoque publiquement sa volonté de voir le nombre de conseillers militaires américains diminuer. Ils sont plus de 16 000 à cette époque (Cournil, Journoud, 2001, p. 78). | |||
Au Cambodge, Saloth Sar, Ieng Sary et Son Sen prendre le maquis pour échapper à la police de Sihanouk durant 8 ans. '''Ils y créent l’Angkar''' (« l’Organisation ») et sont rejoints par 90 % des cadres du P.T.K. Tous vont s'installer dans la province de Kompong Cham (district de Krauchhmar), avec So Phim, où ils resteront sous la protection des communistes vietnamiens dans un lieu dont le nom de code est « Bureau 100 » situé à la frontière vietnamo-cambodgienne, côté vietnamien, dans la région de Tay Ninh. Son Sen et Nuon Chea passent également dans la clandestinité et se cachent à Phnom Penh. Seuls Khieu Samphan et Hu Youn retournent enseigner. A cette époque, le nombre de futurs KR perdus au milieu des forêts est assez anecdotique. Vorn Vet le reconnaît lorsqu’il déclare : « Sihanouk est plus fort que la révolution. » (Richer, 2009, p. 32) | |||
Mai-juin 63 : '''L’opposition bouddhiste au régime de Diem devient violente''' (voir Chronologie crise bouddhiste (8 mai – 24 octobre 1963) d’après l’Union Calendar n° 371, 88<sup>e</sup> Congress, 1<sup>st</sup> Session, report n° 893, « Report of the special study mission to Southeast Asia (October 3-19, 1963) », pp. 7 - 11). Certaines pagodes ont pu être infiltrées par des agents communistes. On y découvre des stocks d’armes. | |||
L’un des chefs de la révolte bouddhiste est le bonze Trich Tri Quang semble manier l’agit-prop. Le personnage est trouble. Selon Rignac, il n’est guère évident de le définir : communiste infiltré ? Ou agent communiste manipulé par les Américains en vue de se débarrasser de Diem ? (Rignac, 2018, p. 230) Selon Journoud, « le suicide de Thich Quang Duc aurait été encouragé, sinon provoqué, par la C.I.A. Le fait que le bonze Thich Quang Duc, considéré comme l’âme de la révolte, se fût réfugié chez un diplomate américain de Saigon, puis à l’ambassade des États-Unis, aurait offert un nouvel exemple de l’implication américaine. » (Journoud, 2011, pp. 110-111). | |||
Répression par le régime en place contre les étudiants et les lycéens à Saigon (Sheehan, 1990, pp. 400-402 et pp. 419-427). | |||
1<sup>er</sup> mai 63 : Au Cambodge, visite du président de la République Populaire de Chine, Liou Chao-Chi. | |||
6 mai 63 : Lors d’une réunion de travail, McN reconnait que « 50 à 60 % des armes dont dispose le Vietcong sont d’origine américaine. » (Pericone, 2014, p. 78) Ou elles ont été prises ou elles ont été revendues par des militaires de l’armée s-v ou encore proviennent d’un trafic d’armes florissant. | |||
8 mai 63 : Manifestation contre une interdiction des autorités locales de Hué, à la demande du frère de Diem, Mgr Thuc, d’orner les pagodes de drapeaux bouddhistes, alors que le 5 mai les catholiques avaient pu orner les églises de drapeaux aux couleurs pontificales. '''Les troupes gouvernementales sud-vietnamiennes du colonel Dang Sy ouvrent le feu contre la manifestation bouddhiste. On déplore 9 tués et 14 blessés. Cet acte marque le début de la crise bouddhiste''' (''Le dossier du Pentagone'', 1971, p. 195). Les pagodes bouddhistes au S-V, contrairement à l’Église catholique, sont toujours régies par l’Ordonnance n° 10 promulguée par Bao Daï le 6 août 1950 et sont soumises de ce fait à un contrôle administratif (Nguyen Phu Duc, 1996, pp. 69-70). | |||
Un attentat a lieu dans la station radio d’Hué. Il pourrait être l’œuvre du capitaine Scott de la C.I.A. (Journoud, 2011, p. 110). | |||
HCM fait une allocution devant l’assemblée nationale n-v. Il qualifie les hameaux stratégiques de camps de concentration et d’enfer. Il évoque la distance qui sépare les États-Unis du Vietnam et déplore l’inutilité du massacre. Il termine son allocution sur la détermination du peuple vietnamien à défendre son pays et en appelle à son inévitable victoire. | |||
9 mai 63 : Les autorités s-v essaient de maquiller l’affaire de Hué de la veille en convoquant une conférence de presse spéciale. On affirme que le Vietcong a assassiné 9 bouddhistes à Hué (voir 15 mai) (Halberstam, 1966, p. 190). Le pouvoir s-v ne reviendra jamais sur cette version des faits. | |||
Constitution d’un Comité de lutte bouddhique qui remet une pétition en 5 points au gouvernement pour obtenir un statut identique à celui de la religion catholique. Les victimes du 8 mai devront recevoir réparation et des sanctions devront être prises contre les auteurs des violences (Nguyen Phu Duc, 1996, p. 70). | |||
11 mai 63 : '''Visite au Sud-Vietnam du vice-président Johnson et de son épouse'''. C’est une occasion de montrer que les U.S.A. soutiennent la lutte de Diem contre le communisme. Kennedy les a fait accompagner de propres membres de sa famille : Jean Kennedy et Stephen Smith. Au dire de tous, la visite de Johnson a été un succès diplomatique important qui s'est terminé par un communiqué conjoint dans lequel Diem a été hautement félicité par le vice-président et a reçu la promesse d’une augmentation en soutien moral et matériel américain. | |||
Dans son rapport de visite, le vice-président écrira que le Sud-Vietnam était beaucoup plus stable que ne le suggéraient les médias américains. Les responsables américains s’appuient trop sur les opinions d'intellectuels vietnamiens mécontents et la propension à la panique émanant des milieux politiques de Washington ne fait qu'empirer les choses. Il déclare que la déstabilisation du pays ne se produirait que si Diem était assassiné par les communistes ou chassé du pouvoir par un coup d'État. Johnson conclut son rapport en déclarant qu'il n'y avait pas, pour l’instant, d'autre alternative réaliste à Diem et qu'il n’y a que lui qui puisse tenir la barre du pays. | |||
Diem est impressionné par la manière chaleureuse et amicale du vice-président. Cependant, après la visite de Johnson, le dirigeant sud-vietnamien déclare à Nolting qu'« il existe de profondes différences entre les peuples vietnamien et américain, dans les coutumes, les perspectives, la formation politique et la philosophie. » Il ajoute : « J'espère que nous pourrons trouver un pont entre les cultures orientale et occidentale. » | |||
12 mai 63 : Nhu donne une interview au ''Washington Post'' dans laquelle il demande un retrait des conseillers. Les Américains réagissent et l’obligent à se rétracter sous le prétexte que ses propos auraient été mal interprétés (voir 18 mai) (Rignac, 2018, p. 239). Le dossier du Pentagone note : « Poussé par Nhu, Diem se plaignait du zèle des conseillers américains et de leur trop grand nombre. Ils créent un climat colonialiste. » (''Le dossier du Pentagone'', 1971, p. 195) | |||
15 mai 63 : « Réunion insatisfaisante à Saigon entre Diem et une délégation de dirigeants bouddhistes qui ont présenté cinq demandes, dont des excuses et une indemnisation pour les victimes de Hué. Diem a offert son "aide", mais a insisté sur le fait que les décès étaient dus à des grenades lancées par des terroristes vietnamiens. » (Union Calendar n° 371, 88<sup>e</sup> Congress, 1<sup>st</sup> Session, report n° 893, “Report of the special study mission to Southeast Asia (October 3-19)”, 1963, p. 7) | |||
17 mai 63 : Diem et Nolting signent une déclaration commune pour un accord américano-vietnamien concernant la conduite de la guerre contre-insurrectionnelle. Selon Rignac, il s’agit d’un accord « où la préservation de la « face » compte autant, sinon plus, que la réalité factuelle. » (Rignac, 2018, p. 238) | |||
18 mai 63 : Tentant de plus ou moins rattraper la déclaration de Nhu (voir 12 mai), le ministre de l’Information s-v adresse une lettre au ''Washington Post'' prétextant « un exemple d’un malentendu incroyable ou de la pire mauvaise foi. » (Chaffard, 1969, p. 308, note 2). | |||
23 mai 63 : '''Nolting part en congés aux U.S.A.''', estimant à tort que la situation au S-V est stabilisée. C’est William Trueheart (que l’ambassadeur n’apprécie guère) qui assure l’intérim. Nolting ne sait pas à ce moment précis qu’il a été décidé au sein de l’administration américaine qu’il soit remplacé par Lodge (voir 27 juin). A peine arrivé à New-York, une lettre de son adjoint le met au courant du désir de Diem de le voir revenir au plus vite (Nolting, 1988, pp. 111-112). | |||
29 mai 63 : HCM énonce les conditions d’une paix envisageable dans une interview à ''La Pravda''. Il demande la fin de l’intervention étrangère, le retrait des forces américaines, le respect des accords de Genève, la fin des hameaux stratégiques, un cessez-le-feu et la tenue d’élections libres (Journoud, 2011, p. 109). |
Dernière version du 27 juin 2025 à 18:02
Mai 63 : Sur les conseils de Nhu, Diem évoque publiquement sa volonté de voir le nombre de conseillers militaires américains diminuer. Ils sont plus de 16 000 à cette époque (Cournil, Journoud, 2001, p. 78).
Au Cambodge, Saloth Sar, Ieng Sary et Son Sen prendre le maquis pour échapper à la police de Sihanouk durant 8 ans. Ils y créent l’Angkar (« l’Organisation ») et sont rejoints par 90 % des cadres du P.T.K. Tous vont s'installer dans la province de Kompong Cham (district de Krauchhmar), avec So Phim, où ils resteront sous la protection des communistes vietnamiens dans un lieu dont le nom de code est « Bureau 100 » situé à la frontière vietnamo-cambodgienne, côté vietnamien, dans la région de Tay Ninh. Son Sen et Nuon Chea passent également dans la clandestinité et se cachent à Phnom Penh. Seuls Khieu Samphan et Hu Youn retournent enseigner. A cette époque, le nombre de futurs KR perdus au milieu des forêts est assez anecdotique. Vorn Vet le reconnaît lorsqu’il déclare : « Sihanouk est plus fort que la révolution. » (Richer, 2009, p. 32)
Mai-juin 63 : L’opposition bouddhiste au régime de Diem devient violente (voir Chronologie crise bouddhiste (8 mai – 24 octobre 1963) d’après l’Union Calendar n° 371, 88e Congress, 1st Session, report n° 893, « Report of the special study mission to Southeast Asia (October 3-19, 1963) », pp. 7 - 11). Certaines pagodes ont pu être infiltrées par des agents communistes. On y découvre des stocks d’armes.
L’un des chefs de la révolte bouddhiste est le bonze Trich Tri Quang semble manier l’agit-prop. Le personnage est trouble. Selon Rignac, il n’est guère évident de le définir : communiste infiltré ? Ou agent communiste manipulé par les Américains en vue de se débarrasser de Diem ? (Rignac, 2018, p. 230) Selon Journoud, « le suicide de Thich Quang Duc aurait été encouragé, sinon provoqué, par la C.I.A. Le fait que le bonze Thich Quang Duc, considéré comme l’âme de la révolte, se fût réfugié chez un diplomate américain de Saigon, puis à l’ambassade des États-Unis, aurait offert un nouvel exemple de l’implication américaine. » (Journoud, 2011, pp. 110-111).
Répression par le régime en place contre les étudiants et les lycéens à Saigon (Sheehan, 1990, pp. 400-402 et pp. 419-427).
1er mai 63 : Au Cambodge, visite du président de la République Populaire de Chine, Liou Chao-Chi.
6 mai 63 : Lors d’une réunion de travail, McN reconnait que « 50 à 60 % des armes dont dispose le Vietcong sont d’origine américaine. » (Pericone, 2014, p. 78) Ou elles ont été prises ou elles ont été revendues par des militaires de l’armée s-v ou encore proviennent d’un trafic d’armes florissant.
8 mai 63 : Manifestation contre une interdiction des autorités locales de Hué, à la demande du frère de Diem, Mgr Thuc, d’orner les pagodes de drapeaux bouddhistes, alors que le 5 mai les catholiques avaient pu orner les églises de drapeaux aux couleurs pontificales. Les troupes gouvernementales sud-vietnamiennes du colonel Dang Sy ouvrent le feu contre la manifestation bouddhiste. On déplore 9 tués et 14 blessés. Cet acte marque le début de la crise bouddhiste (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 195). Les pagodes bouddhistes au S-V, contrairement à l’Église catholique, sont toujours régies par l’Ordonnance n° 10 promulguée par Bao Daï le 6 août 1950 et sont soumises de ce fait à un contrôle administratif (Nguyen Phu Duc, 1996, pp. 69-70).
Un attentat a lieu dans la station radio d’Hué. Il pourrait être l’œuvre du capitaine Scott de la C.I.A. (Journoud, 2011, p. 110).
HCM fait une allocution devant l’assemblée nationale n-v. Il qualifie les hameaux stratégiques de camps de concentration et d’enfer. Il évoque la distance qui sépare les États-Unis du Vietnam et déplore l’inutilité du massacre. Il termine son allocution sur la détermination du peuple vietnamien à défendre son pays et en appelle à son inévitable victoire.
9 mai 63 : Les autorités s-v essaient de maquiller l’affaire de Hué de la veille en convoquant une conférence de presse spéciale. On affirme que le Vietcong a assassiné 9 bouddhistes à Hué (voir 15 mai) (Halberstam, 1966, p. 190). Le pouvoir s-v ne reviendra jamais sur cette version des faits.
Constitution d’un Comité de lutte bouddhique qui remet une pétition en 5 points au gouvernement pour obtenir un statut identique à celui de la religion catholique. Les victimes du 8 mai devront recevoir réparation et des sanctions devront être prises contre les auteurs des violences (Nguyen Phu Duc, 1996, p. 70).
11 mai 63 : Visite au Sud-Vietnam du vice-président Johnson et de son épouse. C’est une occasion de montrer que les U.S.A. soutiennent la lutte de Diem contre le communisme. Kennedy les a fait accompagner de propres membres de sa famille : Jean Kennedy et Stephen Smith. Au dire de tous, la visite de Johnson a été un succès diplomatique important qui s'est terminé par un communiqué conjoint dans lequel Diem a été hautement félicité par le vice-président et a reçu la promesse d’une augmentation en soutien moral et matériel américain.
Dans son rapport de visite, le vice-président écrira que le Sud-Vietnam était beaucoup plus stable que ne le suggéraient les médias américains. Les responsables américains s’appuient trop sur les opinions d'intellectuels vietnamiens mécontents et la propension à la panique émanant des milieux politiques de Washington ne fait qu'empirer les choses. Il déclare que la déstabilisation du pays ne se produirait que si Diem était assassiné par les communistes ou chassé du pouvoir par un coup d'État. Johnson conclut son rapport en déclarant qu'il n'y avait pas, pour l’instant, d'autre alternative réaliste à Diem et qu'il n’y a que lui qui puisse tenir la barre du pays.
Diem est impressionné par la manière chaleureuse et amicale du vice-président. Cependant, après la visite de Johnson, le dirigeant sud-vietnamien déclare à Nolting qu'« il existe de profondes différences entre les peuples vietnamien et américain, dans les coutumes, les perspectives, la formation politique et la philosophie. » Il ajoute : « J'espère que nous pourrons trouver un pont entre les cultures orientale et occidentale. »
12 mai 63 : Nhu donne une interview au Washington Post dans laquelle il demande un retrait des conseillers. Les Américains réagissent et l’obligent à se rétracter sous le prétexte que ses propos auraient été mal interprétés (voir 18 mai) (Rignac, 2018, p. 239). Le dossier du Pentagone note : « Poussé par Nhu, Diem se plaignait du zèle des conseillers américains et de leur trop grand nombre. Ils créent un climat colonialiste. » (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 195)
15 mai 63 : « Réunion insatisfaisante à Saigon entre Diem et une délégation de dirigeants bouddhistes qui ont présenté cinq demandes, dont des excuses et une indemnisation pour les victimes de Hué. Diem a offert son "aide", mais a insisté sur le fait que les décès étaient dus à des grenades lancées par des terroristes vietnamiens. » (Union Calendar n° 371, 88e Congress, 1st Session, report n° 893, “Report of the special study mission to Southeast Asia (October 3-19)”, 1963, p. 7)
17 mai 63 : Diem et Nolting signent une déclaration commune pour un accord américano-vietnamien concernant la conduite de la guerre contre-insurrectionnelle. Selon Rignac, il s’agit d’un accord « où la préservation de la « face » compte autant, sinon plus, que la réalité factuelle. » (Rignac, 2018, p. 238)
18 mai 63 : Tentant de plus ou moins rattraper la déclaration de Nhu (voir 12 mai), le ministre de l’Information s-v adresse une lettre au Washington Post prétextant « un exemple d’un malentendu incroyable ou de la pire mauvaise foi. » (Chaffard, 1969, p. 308, note 2).
23 mai 63 : Nolting part en congés aux U.S.A., estimant à tort que la situation au S-V est stabilisée. C’est William Trueheart (que l’ambassadeur n’apprécie guère) qui assure l’intérim. Nolting ne sait pas à ce moment précis qu’il a été décidé au sein de l’administration américaine qu’il soit remplacé par Lodge (voir 27 juin). A peine arrivé à New-York, une lettre de son adjoint le met au courant du désir de Diem de le voir revenir au plus vite (Nolting, 1988, pp. 111-112).
29 mai 63 : HCM énonce les conditions d’une paix envisageable dans une interview à La Pravda. Il demande la fin de l’intervention étrangère, le retrait des forces américaines, le respect des accords de Genève, la fin des hameaux stratégiques, un cessez-le-feu et la tenue d’élections libres (Journoud, 2011, p. 109).