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par Jean-François Jagielski

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Octobre 56 : Au Cambodge, l'armée thaïlandaise relève la police locale pour occuper la zone frontalière très contestée du temple de Preah Vihear.


A Washington, lors d'un discours prononcé à l'''Asia Foundation'', Sihanouk tente de faire comprendre aux Américains la nécessité d'une politique cambodgienne de neutralité, politique à laquelle les États-Unis ne sont pas favorables.
6 octobre 56 : Création au N-V d’une École politique de l’Armée qui vise à la formation idéologique des cadres militaires. Elle a un rang égale à toutes les autres écoles militaires (Fall, 1960, p. 222).
12 octobre 56 : Navarre envoie sa démission au ministre de la Défense. Il motive sa décision par les multiples refus de publier le rapport Catroux (Navarre, 1979, p. 414).
Eisenhower nomme J. Graham Parsons ambassadeur des États-Unis au Laos et chef d'ambassade des États-Unis à Vientiane. Il demeurera en poste jusqu’au  8 février 1958. En tant qu'ambassadeur plongé au cœur de la guerre civile laotienne, sa personnalité représente un soutien de l'administration Eisenhower au gouvernement royal du Laos contre le Pathet Lao.
23 octobre – 11 novembre 56 : Insurrection en Hongrie contre la mainmise communiste. Suite à cette crise, une équipe d’ingénieurs hongrois travaillant dans la R.D.V.N. demande asile à la délégation française dirigée par Sainteny. Cette demande est acceptée. Elle ne fera que compliquer un peu plus les relations entre la France et le N-V qui se dégradent depuis juillet (Fall, 1960, p. 141).
25 octobre 56 : Au Cambodge, sixième gouvernement du Sangkum : gouvernement San Yun. Sisowath Monireth n'en fait plus partie car il a été évincé par Sihanouk. Ce gouvernement demeurera jusqu‘au 3 janvier 1957 (Jennar, 1995, p. 152).
26 octobre 56 : '''Au S-V, la constitution de « la République Personnaliste du Vietnam » est promulguée le jour de la fête nationale.''' Elle est un amalgame de la tradition française et américaine alliant système présidentiel et parlementaire. Diem retoque son premier jet et la renvoie en deuxième lecture. Il y a un président et un vice-président élus au suffrage universel et une seule chambre, l’Assemblée nationale. Revenant sur la question de la partition du pays, l’article premier déclare : '''« Le Vietnam est une république indépendante, unifiée, territorialement indivisible. »''' (Devillers, 1967, p. 571 ; description de cette constitution ''in'' Fall, 1967, p. 298-307 et 309). Bernard Fall estime que « rien ne manque, ou à peu près, aux garanties constitutionnelles, sauf leur mise en application. » (cité ''in'' Toinet, 1998, p. 209)
29 octobre 56 : '''Giap, lors d’un discours tenu au stade d’Hanoi, fait une critique sévère du comité central du parti au sujet des « excès » de la réforme agraire de 1953''' calquée sur sa sœur chinoise. Ce discours est une autocritique qui précise notamment : « […] De nombreuses erreurs ont été commises, notamment en ce qui concerne le classement des catégories sociales, la recherche de l’ennemi à frapper et le travail de réorganisation du parti et des organismes de pouvoir populaire. Faute d’avoir mené des enquêtes sérieuses, on a exagéré la proportion des propriétaires fonciers dans notre société [...] L’habitude d’une direction coupée des masses, coupée de la réalité, engendrée par une idéologie gauchiste, a fait que les erreurs commises se sont prolongées longtemps et n’ont pu être découvertes que lorsqu’elles sont devenues assez graves [...] Le Comité central reconnaît qu’il est responsable devant le peuple. Le Comité central a fait sévèrement son autocritique, ainsi que la critique de la manière dont la réforme a été conduite en pratique [...] » (cité ''in'' Marangé, 2012, p. 275).
Ce discours est aussi une remise en cause du modèle chinois prôné depuis 1951 et une inclination du parti vers un retour au modèle de la démocratie populaire telle qu’elle avait été pratiquée après 1945 : « Durant la dernière période, il y a eu de nombreuses lacunes dans l’élaboration de notre propre démocratie populaire ; nous n’avons pas mis en œuvre toutes les libertés démocratiques. Il faut s’efforcer de développer la démocratie, garantir à la population les libertés démocratiques et renforcer la légalité […] Il faut corriger résolument toutes les erreurs ayant porté atteinte aux libertés démocratiques, renforcer la légalité démocratique et en même temps éduquer tout le parti et le peuple, de telle sorte que chacun prenne conscience de la nécessité de respecter et défendre la loi […] Notre presse commence elle-aussi à abandonner la façon d’écrire formaliste, unilatérale, consistant à ne montrer que le bon côté des choses, à ne faire voir au peuple que les succès en lui cachant les difficultés et les lacunes […] » (cité ''in'' Marangé, 2012, p. 276). Cette belle autocritique n’empêchera pas une féroce répression de la contestation de ces dérives (voir 2 novembre).

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Octobre 56 : Au Cambodge, l'armée thaïlandaise relève la police locale pour occuper la zone frontalière très contestée du temple de Preah Vihear.

A Washington, lors d'un discours prononcé à l'Asia Foundation, Sihanouk tente de faire comprendre aux Américains la nécessité d'une politique cambodgienne de neutralité, politique à laquelle les États-Unis ne sont pas favorables.


6 octobre 56 : Création au N-V d’une École politique de l’Armée qui vise à la formation idéologique des cadres militaires. Elle a un rang égale à toutes les autres écoles militaires (Fall, 1960, p. 222).


12 octobre 56 : Navarre envoie sa démission au ministre de la Défense. Il motive sa décision par les multiples refus de publier le rapport Catroux (Navarre, 1979, p. 414).

Eisenhower nomme J. Graham Parsons ambassadeur des États-Unis au Laos et chef d'ambassade des États-Unis à Vientiane. Il demeurera en poste jusqu’au  8 février 1958. En tant qu'ambassadeur plongé au cœur de la guerre civile laotienne, sa personnalité représente un soutien de l'administration Eisenhower au gouvernement royal du Laos contre le Pathet Lao.


23 octobre – 11 novembre 56 : Insurrection en Hongrie contre la mainmise communiste. Suite à cette crise, une équipe d’ingénieurs hongrois travaillant dans la R.D.V.N. demande asile à la délégation française dirigée par Sainteny. Cette demande est acceptée. Elle ne fera que compliquer un peu plus les relations entre la France et le N-V qui se dégradent depuis juillet (Fall, 1960, p. 141).


25 octobre 56 : Au Cambodge, sixième gouvernement du Sangkum : gouvernement San Yun. Sisowath Monireth n'en fait plus partie car il a été évincé par Sihanouk. Ce gouvernement demeurera jusqu‘au 3 janvier 1957 (Jennar, 1995, p. 152).


26 octobre 56 : Au S-V, la constitution de « la République Personnaliste du Vietnam » est promulguée le jour de la fête nationale. Elle est un amalgame de la tradition française et américaine alliant système présidentiel et parlementaire. Diem retoque son premier jet et la renvoie en deuxième lecture. Il y a un président et un vice-président élus au suffrage universel et une seule chambre, l’Assemblée nationale. Revenant sur la question de la partition du pays, l’article premier déclare : « Le Vietnam est une république indépendante, unifiée, territorialement indivisible. » (Devillers, 1967, p. 571 ; description de cette constitution in Fall, 1967, p. 298-307 et 309). Bernard Fall estime que « rien ne manque, ou à peu près, aux garanties constitutionnelles, sauf leur mise en application. » (cité in Toinet, 1998, p. 209)


29 octobre 56 : Giap, lors d’un discours tenu au stade d’Hanoi, fait une critique sévère du comité central du parti au sujet des « excès » de la réforme agraire de 1953 calquée sur sa sœur chinoise. Ce discours est une autocritique qui précise notamment : « […] De nombreuses erreurs ont été commises, notamment en ce qui concerne le classement des catégories sociales, la recherche de l’ennemi à frapper et le travail de réorganisation du parti et des organismes de pouvoir populaire. Faute d’avoir mené des enquêtes sérieuses, on a exagéré la proportion des propriétaires fonciers dans notre société [...] L’habitude d’une direction coupée des masses, coupée de la réalité, engendrée par une idéologie gauchiste, a fait que les erreurs commises se sont prolongées longtemps et n’ont pu être découvertes que lorsqu’elles sont devenues assez graves [...] Le Comité central reconnaît qu’il est responsable devant le peuple. Le Comité central a fait sévèrement son autocritique, ainsi que la critique de la manière dont la réforme a été conduite en pratique [...] » (cité in Marangé, 2012, p. 275).

Ce discours est aussi une remise en cause du modèle chinois prôné depuis 1951 et une inclination du parti vers un retour au modèle de la démocratie populaire telle qu’elle avait été pratiquée après 1945 : « Durant la dernière période, il y a eu de nombreuses lacunes dans l’élaboration de notre propre démocratie populaire ; nous n’avons pas mis en œuvre toutes les libertés démocratiques. Il faut s’efforcer de développer la démocratie, garantir à la population les libertés démocratiques et renforcer la légalité […] Il faut corriger résolument toutes les erreurs ayant porté atteinte aux libertés démocratiques, renforcer la légalité démocratique et en même temps éduquer tout le parti et le peuple, de telle sorte que chacun prenne conscience de la nécessité de respecter et défendre la loi […] Notre presse commence elle-aussi à abandonner la façon d’écrire formaliste, unilatérale, consistant à ne montrer que le bon côté des choses, à ne faire voir au peuple que les succès en lui cachant les difficultés et les lacunes […] » (cité in Marangé, 2012, p. 276). Cette belle autocritique n’empêchera pas une féroce répression de la contestation de ces dérives (voir 2 novembre).

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