Dernière modification le il y a un mois
par Jean-François Jagielski

« Avril 1956 » : différence entre les versions

(Page vide créée)
 
Aucun résumé des modifications
 
Ligne 1 : Ligne 1 :
Avril 56 : 2 anciens camps militaires du Lot-et-Garonne reçoivent des réfugiés venus d’Indochine restés favorables à une présence française. On les dénomme d’abord Centres d’accueil des rapatriés d’Indochine (C.A.R.I.) puis ils prendront le nom de Centres d’accueil des français d’Indochine (C.A.F.I.). Le camp de Sainte Livrade reçoit 1 200 réfugiés, celui de Bias 700. Cet « accueil » a des relents d’internement administratif : camps boueux, interdiction de parler vietnamien, inconfort des logements, présence de barbelés, déplacements limités (interdiction de posséder une voiture ou une bicyclette) (Cadeau, 2019, p. 559).


3 avril 56 : La France informe les co-présidents de la C.I.C. (G.B. et U.R.S.S.) de sa décision de supprimer le haut-commandement français en Indochine à compter du 28 avril.
Au Cambodge, quatrième gouvernement du Sangkum : gouvernement Khim Tit qui demeurera en place jusqu’au 15 septembre (Jennar, 1995, p. 151).
6 avril 56 : Diem repousse à nouveau la tenue d’élections prévues par les accords de Genève car, selon lui, le Nord n’est pas une démocratie (Chaffard, 1969, p. 205).
Le gouvernement de Saigon, s’apercevant qu’il est allé un peu trop loin dans le non-respect des accords de Genève, fait marche-arrière : il renonce à sa demande d’admission à l’O.T.A.S.E. (interdite par les accords) ; il désavoue « la Marche vers le Nord » (prônée par certains généraux, voir 31 août et 29 décembre 1955) et assure qu’il respectera la D.M.Z. ; il s’engage à protéger les membres de la C.I.C. (dont les locaux ont déjà été saccagés par des manifestants, voir 17 juillet 1955) et de leur apporter « sa coopération effective » (Chaffard, 1919, p. 211).
10 avril 56 : Évacuation par les Français du S-V. Cérémonie d’adieu du Corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient (C.E.F.E.O.) à Saigon. La foule est au rendez-vous. La cérémonie est courte et a lieu en présence d’une petite délégation s-v venue faire ses adieux au général Jacquot, dernier commandant du C.E.F.E.O. Un dépôt de gerbe est accompli devant le monument aux morts, suivi d’un modeste défilé de troupes à pied. En France, ce départ se fait dans l’indifférence en métropole. La presse française n’accorde guère de place à ce départ (Cadeau, 2010, p. 1 ; Cadeau, 2019, pp. 13-14).
11 avril 56 : ''Radio Hirondelle'', celle des forces armées en Orient, diffuse sa dernière émission (Cadeau, 2019, p. 14).
17 avril 56 : Dans un message adressé à l’Assemblée constituante, le personnaliste Diem déclare : « La démocratie n’est ni le bonheur matériel ni la suprématie des nombres. Elle est essentiellement un effort permanent pour trouver les moyens politiques qui conviennent pour assurer à tout citoyen le droit à un développement dans la liberté. » Nhu (frère de Diem) ira plus loin encore en déclarant : « L’État parlementaire est un anachronisme. Il sème le vent et récolte la tempête […] La souveraineté populaire ne peut pas être fondée simplement sur l’autorité des nombres. » (cité ''in'' Nguyen Phu Duc, 1996, p. 64) Une forme de personnalisme chrétien à la Mounier, teinté de confucianisme, devient la doctrine de l’État s-v et de son autoritarisme.
21 - 24 avril 56 : Sihanouk, démissionnaire de son poste de premier ministre et ministre des Affaires étrangères suite aux pressions américaines, convoque un troisième congrès du Sangkum. Il y est question de l’attitude du Cambodge à l’égard des puissances étrangères (U.S.A., S-V et Thaïlande) étudiée à la lumière de l’attitude de ces puissances vis-à-vis du Cambodge » et de « l’aide étrangère accordée ou proposée à notre pays. »
Sihanouk réaffirme la neutralité de son pays et son refus d’adhérer à l’O.T.A.S.E. L’attitude agressive des États-Unis est au cœur des débats. Le congrès décide du maintien de la position neutraliste et tous les débats sont retransmis dans les médias cambodgiens. Le message porte et les États-Unis sont obligés de faire marche arrière. Le S-V et la Thaïlande rouvrent leurs frontières et mettent fin au blocus économique. L’ambassadeur des États-Unis qui harcelait Sihanouk est muté (Cambacérès, 2013, pp. 130-131). Soutenant la politique neutraliste de Sihanouk, le Pracheachon propose son adhésion au Sangkum. Elle lui est refusée.
28 avril 56 : '''Le commandement supérieur français en Indochine est dissous''' et les dernières troupes quittent Saigon et plus généralement le pays sous le commandement du général Jacquot qui a remplacé Ély depuis le 2 juin 1955. Ne resteront à la fin du mois que     3 000 militaires français chargés de régler les questions administratives et financières (Cadeau, 2019, pp. 557-558). '''Le ''Military Assistance Advisory Group'' (M.A.A.G.) commence à prendre en charge l'entraînement des forces sud-vietnamiennes'''.
28 avril - 27 septembre 56 : Diem obtient le retrait total du corps expéditionnaire français au S-V (De Folin, 1993, p. 294).

Dernière version du 21 juin 2025 à 07:15

Avril 56 : 2 anciens camps militaires du Lot-et-Garonne reçoivent des réfugiés venus d’Indochine restés favorables à une présence française. On les dénomme d’abord Centres d’accueil des rapatriés d’Indochine (C.A.R.I.) puis ils prendront le nom de Centres d’accueil des français d’Indochine (C.A.F.I.). Le camp de Sainte Livrade reçoit 1 200 réfugiés, celui de Bias 700. Cet « accueil » a des relents d’internement administratif : camps boueux, interdiction de parler vietnamien, inconfort des logements, présence de barbelés, déplacements limités (interdiction de posséder une voiture ou une bicyclette) (Cadeau, 2019, p. 559).


3 avril 56 : La France informe les co-présidents de la C.I.C. (G.B. et U.R.S.S.) de sa décision de supprimer le haut-commandement français en Indochine à compter du 28 avril.

Au Cambodge, quatrième gouvernement du Sangkum : gouvernement Khim Tit qui demeurera en place jusqu’au 15 septembre (Jennar, 1995, p. 151).


6 avril 56 : Diem repousse à nouveau la tenue d’élections prévues par les accords de Genève car, selon lui, le Nord n’est pas une démocratie (Chaffard, 1969, p. 205).

Le gouvernement de Saigon, s’apercevant qu’il est allé un peu trop loin dans le non-respect des accords de Genève, fait marche-arrière : il renonce à sa demande d’admission à l’O.T.A.S.E. (interdite par les accords) ; il désavoue « la Marche vers le Nord » (prônée par certains généraux, voir 31 août et 29 décembre 1955) et assure qu’il respectera la D.M.Z. ; il s’engage à protéger les membres de la C.I.C. (dont les locaux ont déjà été saccagés par des manifestants, voir 17 juillet 1955) et de leur apporter « sa coopération effective » (Chaffard, 1919, p. 211).


10 avril 56 : Évacuation par les Français du S-V. Cérémonie d’adieu du Corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient (C.E.F.E.O.) à Saigon. La foule est au rendez-vous. La cérémonie est courte et a lieu en présence d’une petite délégation s-v venue faire ses adieux au général Jacquot, dernier commandant du C.E.F.E.O. Un dépôt de gerbe est accompli devant le monument aux morts, suivi d’un modeste défilé de troupes à pied. En France, ce départ se fait dans l’indifférence en métropole. La presse française n’accorde guère de place à ce départ (Cadeau, 2010, p. 1 ; Cadeau, 2019, pp. 13-14).


11 avril 56 : Radio Hirondelle, celle des forces armées en Orient, diffuse sa dernière émission (Cadeau, 2019, p. 14).


17 avril 56 : Dans un message adressé à l’Assemblée constituante, le personnaliste Diem déclare : « La démocratie n’est ni le bonheur matériel ni la suprématie des nombres. Elle est essentiellement un effort permanent pour trouver les moyens politiques qui conviennent pour assurer à tout citoyen le droit à un développement dans la liberté. » Nhu (frère de Diem) ira plus loin encore en déclarant : « L’État parlementaire est un anachronisme. Il sème le vent et récolte la tempête […] La souveraineté populaire ne peut pas être fondée simplement sur l’autorité des nombres. » (cité in Nguyen Phu Duc, 1996, p. 64) Une forme de personnalisme chrétien à la Mounier, teinté de confucianisme, devient la doctrine de l’État s-v et de son autoritarisme.


21 - 24 avril 56 : Sihanouk, démissionnaire de son poste de premier ministre et ministre des Affaires étrangères suite aux pressions américaines, convoque un troisième congrès du Sangkum. Il y est question de l’attitude du Cambodge à l’égard des puissances étrangères (U.S.A., S-V et Thaïlande) étudiée à la lumière de l’attitude de ces puissances vis-à-vis du Cambodge » et de « l’aide étrangère accordée ou proposée à notre pays. »

Sihanouk réaffirme la neutralité de son pays et son refus d’adhérer à l’O.T.A.S.E. L’attitude agressive des États-Unis est au cœur des débats. Le congrès décide du maintien de la position neutraliste et tous les débats sont retransmis dans les médias cambodgiens. Le message porte et les États-Unis sont obligés de faire marche arrière. Le S-V et la Thaïlande rouvrent leurs frontières et mettent fin au blocus économique. L’ambassadeur des États-Unis qui harcelait Sihanouk est muté (Cambacérès, 2013, pp. 130-131). Soutenant la politique neutraliste de Sihanouk, le Pracheachon propose son adhésion au Sangkum. Elle lui est refusée.


28 avril 56 : Le commandement supérieur français en Indochine est dissous et les dernières troupes quittent Saigon et plus généralement le pays sous le commandement du général Jacquot qui a remplacé Ély depuis le 2 juin 1955. Ne resteront à la fin du mois que     3 000 militaires français chargés de régler les questions administratives et financières (Cadeau, 2019, pp. 557-558). Le Military Assistance Advisory Group (M.A.A.G.) commence à prendre en charge l'entraînement des forces sud-vietnamiennes.


28 avril - 27 septembre 56 : Diem obtient le retrait total du corps expéditionnaire français au S-V (De Folin, 1993, p. 294).

💬 Commentaires

Chargement en cours...