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Juin 51 : Élections législatives en France. Il n’y a plus de véritable majorité à l’Assemblée nationale et donc de soutien au gouvernement en place (voir 11 août). | |||
En Chine, le camp Hsin Anso commence à former les artilleurs du VM (Toinet, 1998, p. 394). | |||
De juin 1951 jusqu’en 1952 apparaît et se poursuit une dissidence dirigée par le général Trinh Minh The au sein de la secte caodaïste ralliée jusqu’alors aux Français (voir 7 juin et 31 juillet). | |||
1<sup>er</sup> juin 51 : De Lattre quitte Hanoi pour la France avec le corps de son fils. Salan assure l’intérim (Giap 2, 2004, p. 152). | |||
Réunion du comité du Parti de la campagne en vue de décider d’une deuxième phase d’activité pour impulser la guérilla au Nord. On monte de petites et brèves opérations nocturnes dans la zone des Évêchés (Giap 2, 2004, p. 152). | |||
2 juin 51 : Retour à Orly du corps de Bernard De Lattre de Tassigny. | |||
6 juin 51 : Jusque-là, la population vietnamienne avait été indifférente voire hostile aux manifestations publiques. La fête de l’Unité rassemble à Saigon 30 000 personnes et ce, malgré les consignes et menaces du VM (voir 14 juillet) (Gras, 1979, p. 412). | |||
7 juin 51 : Au Sud, les efforts de De Lattre pour former une armée vietnamienne contrarie le désir d’indépendance des caodaïstes et de leurs troupes. Le colonel '''Trinh Minh The''', chef de l’état-major des forces caodaïstes, entre en dissidence avec 1 200 hommes qui se rendent à 20 km au nord-ouest de Tay Ninh (nord-ouest de Saigon). The est l’enfant terrible de la secte, le plus antifrançais des Caodaïstes. Il était en désaccord permanent avec son leader Tran Van Hinh et avec son supérieur, le général Nguyen Van Tranh, à qui il leur reproche d’être trop francophile. Mais, comme souvent au sein des sectes, la situation est complexe. The est appuyé par une partie des dirigeants de la secte et son geste a pour but de faire pression tant sur les autorités françaises que vietnamiennes pour obtenir de nouveaux avantages (Gras, 1979, pp. 410-411). La personnalité de The sera évoquée par Graham Greene dans son roman ''Un américain bien tranquille'' (sur ce projet d’écriture qui naît à l’époque, voir Salan 2, 1971, p. 214). | |||
9 juin 51 : Le ministre de la Défense, Jules Moch, est obligé de publier un communiqué pour démentir les bruits autour de l’envoi du contingent en Indochine : « Poursuivant une campagne de mensonges systématique, un quotidien communiste du matin a annoncé à diverses reprises l’envoi prochain du contingent en Indochine et en Corée et, sous forme insidieuse, la prolongation du service militaire. Toutes ces informations sont fausses. De telles mesures n’ont jamais été discutées ni même envisagées. » (cité ''in'' Ruscio, 1985, p. 364, note 8). Dans ce démenti, le ministre ne dit qu’une partie de la vérité : la question de l’envoi du contingent a bien été évoquée en haut lieu (voir 29 mai). | |||
20 juin 51 : Le VM Met fin à la campagne ''Quang Trung'' qui a été une succession de petites opérations dans la zone des Évêchés avant le retour de la saison des pluies. Selon Giap, le rapport des pertes entre le VM et leur ennemi est de 1 pour 1,2 (Giap 2, 2004, pp. 154-155) | |||
26 juin 51 : Instituée par Jean Letourneau le 22 novembre 1950, '''la « commission d’enquête chargée d’étudier les événements qui se sont déroulés dans la zone frontière du Nord-Est du Tonkin en septembre et octobre 1950, en vue de rechercher les responsabilités encourues » lors de l’affaire de la R.C. 4 rend ses conclusions''' dans un rapport de 30 pages. Semon Cadeau, elles sont brèves, « partiel[les] voire partial[es] » (Cadeau, 2020, p. 69), ne cherchant surtout pas à faire de vagues d’un point de vue politique. Elles vont tout à fait dans le sens du rapport que le général Juin avait remis à Pleven (président du Conseil) le 27 octobre 1950. N’observant les choses que sous leur purement aspect militaire, elles dédouanent les politiques gouvernementaux de leur indéniable part de responsabilité dans ce cuisant échec. Le général Carpentier est blanchi : « Sa conduite ne présente rien de répréhensible, tout au plus aurait-il intervenir et modifier son ordre initial après la prise de Dong Khe. » Le colonel Constans a « pour le moins manqué d’allant ». On lui reproche un manque de communication avec les lieutenants-colonels Le Page et Charton. Seul le général Alessandri est véritablement épinglé : « Le grand responsable du désastre est le général Alessandri. [Il] aurait dû avoir le courage de résilier son commandement s’il avait eu du caractère. C’est vraisemblablement à cause de lui que l’évacuation prescrite en 1949 a été retardée jusqu’à la catastrophe de 1950. [Dès lors,] il ne mérite plus de recevoir un commandement de son grade et ne devra donc pas retourner en Indochine. » (cité ''in'' Cadeau, 2019, p. 327) La réalité du verdict sera toutefois toute autre. Alessandri retournera au Vietnam occupant le poste d’inspecteur général des Forces armées vietnamiennes et donc de conseiller militaire du chef de l’État (Bao Daï) de septembre 1952 à juin 1955 (Cadeau, 2022, pp. 321-322). | |||
27 juin 51 : Une déclaration inattendue du délégué soviétique à l’O.N.U., Joseph Malik, conduit à l’ouverture de négociations entre le commandement des Nations Unies et celui des Sino-Nord-Vietnamiens en vue d’un éventuel armistice autour du 38<sup>e</sup> parallèle en Corée. A Paris, cette annonce provoque des inquiétudes pour l’Indochine (Devillers, 2010, p. 310). | |||
28 juin 51 : Au Cambodge, création du Parti révolutionnaire du Peuple khmer (P.R.C.K.) ou ''Kanakpak Pracheachon Kampuchéa'' (K.P.K.). Sihanouk qualifiera ultérieurement ses membres de « Khmers rouges ». On crée un comité exécutif provisoire incluant d’anciens membres du P.C.I. dissous (voir 10 - 11 novembre 1945) qui n’est pas, du moins officiellement, communiste. Il a deux objectifs : chasser les Français d’Indochine et coopérer avec les Vietnamiens. Saloth Sar (alias Pol Pot), membre du P.C.F., est admis en son sein (Richer, 2009, p. 28). |
Dernière version du 6 juin 2025 à 19:30
Juin 51 : Élections législatives en France. Il n’y a plus de véritable majorité à l’Assemblée nationale et donc de soutien au gouvernement en place (voir 11 août).
En Chine, le camp Hsin Anso commence à former les artilleurs du VM (Toinet, 1998, p. 394).
De juin 1951 jusqu’en 1952 apparaît et se poursuit une dissidence dirigée par le général Trinh Minh The au sein de la secte caodaïste ralliée jusqu’alors aux Français (voir 7 juin et 31 juillet).
1er juin 51 : De Lattre quitte Hanoi pour la France avec le corps de son fils. Salan assure l’intérim (Giap 2, 2004, p. 152).
Réunion du comité du Parti de la campagne en vue de décider d’une deuxième phase d’activité pour impulser la guérilla au Nord. On monte de petites et brèves opérations nocturnes dans la zone des Évêchés (Giap 2, 2004, p. 152).
2 juin 51 : Retour à Orly du corps de Bernard De Lattre de Tassigny.
6 juin 51 : Jusque-là, la population vietnamienne avait été indifférente voire hostile aux manifestations publiques. La fête de l’Unité rassemble à Saigon 30 000 personnes et ce, malgré les consignes et menaces du VM (voir 14 juillet) (Gras, 1979, p. 412).
7 juin 51 : Au Sud, les efforts de De Lattre pour former une armée vietnamienne contrarie le désir d’indépendance des caodaïstes et de leurs troupes. Le colonel Trinh Minh The, chef de l’état-major des forces caodaïstes, entre en dissidence avec 1 200 hommes qui se rendent à 20 km au nord-ouest de Tay Ninh (nord-ouest de Saigon). The est l’enfant terrible de la secte, le plus antifrançais des Caodaïstes. Il était en désaccord permanent avec son leader Tran Van Hinh et avec son supérieur, le général Nguyen Van Tranh, à qui il leur reproche d’être trop francophile. Mais, comme souvent au sein des sectes, la situation est complexe. The est appuyé par une partie des dirigeants de la secte et son geste a pour but de faire pression tant sur les autorités françaises que vietnamiennes pour obtenir de nouveaux avantages (Gras, 1979, pp. 410-411). La personnalité de The sera évoquée par Graham Greene dans son roman Un américain bien tranquille (sur ce projet d’écriture qui naît à l’époque, voir Salan 2, 1971, p. 214).
9 juin 51 : Le ministre de la Défense, Jules Moch, est obligé de publier un communiqué pour démentir les bruits autour de l’envoi du contingent en Indochine : « Poursuivant une campagne de mensonges systématique, un quotidien communiste du matin a annoncé à diverses reprises l’envoi prochain du contingent en Indochine et en Corée et, sous forme insidieuse, la prolongation du service militaire. Toutes ces informations sont fausses. De telles mesures n’ont jamais été discutées ni même envisagées. » (cité in Ruscio, 1985, p. 364, note 8). Dans ce démenti, le ministre ne dit qu’une partie de la vérité : la question de l’envoi du contingent a bien été évoquée en haut lieu (voir 29 mai).
20 juin 51 : Le VM Met fin à la campagne Quang Trung qui a été une succession de petites opérations dans la zone des Évêchés avant le retour de la saison des pluies. Selon Giap, le rapport des pertes entre le VM et leur ennemi est de 1 pour 1,2 (Giap 2, 2004, pp. 154-155)
26 juin 51 : Instituée par Jean Letourneau le 22 novembre 1950, la « commission d’enquête chargée d’étudier les événements qui se sont déroulés dans la zone frontière du Nord-Est du Tonkin en septembre et octobre 1950, en vue de rechercher les responsabilités encourues » lors de l’affaire de la R.C. 4 rend ses conclusions dans un rapport de 30 pages. Semon Cadeau, elles sont brèves, « partiel[les] voire partial[es] » (Cadeau, 2020, p. 69), ne cherchant surtout pas à faire de vagues d’un point de vue politique. Elles vont tout à fait dans le sens du rapport que le général Juin avait remis à Pleven (président du Conseil) le 27 octobre 1950. N’observant les choses que sous leur purement aspect militaire, elles dédouanent les politiques gouvernementaux de leur indéniable part de responsabilité dans ce cuisant échec. Le général Carpentier est blanchi : « Sa conduite ne présente rien de répréhensible, tout au plus aurait-il intervenir et modifier son ordre initial après la prise de Dong Khe. » Le colonel Constans a « pour le moins manqué d’allant ». On lui reproche un manque de communication avec les lieutenants-colonels Le Page et Charton. Seul le général Alessandri est véritablement épinglé : « Le grand responsable du désastre est le général Alessandri. [Il] aurait dû avoir le courage de résilier son commandement s’il avait eu du caractère. C’est vraisemblablement à cause de lui que l’évacuation prescrite en 1949 a été retardée jusqu’à la catastrophe de 1950. [Dès lors,] il ne mérite plus de recevoir un commandement de son grade et ne devra donc pas retourner en Indochine. » (cité in Cadeau, 2019, p. 327) La réalité du verdict sera toutefois toute autre. Alessandri retournera au Vietnam occupant le poste d’inspecteur général des Forces armées vietnamiennes et donc de conseiller militaire du chef de l’État (Bao Daï) de septembre 1952 à juin 1955 (Cadeau, 2022, pp. 321-322).
27 juin 51 : Une déclaration inattendue du délégué soviétique à l’O.N.U., Joseph Malik, conduit à l’ouverture de négociations entre le commandement des Nations Unies et celui des Sino-Nord-Vietnamiens en vue d’un éventuel armistice autour du 38e parallèle en Corée. A Paris, cette annonce provoque des inquiétudes pour l’Indochine (Devillers, 2010, p. 310).
28 juin 51 : Au Cambodge, création du Parti révolutionnaire du Peuple khmer (P.R.C.K.) ou Kanakpak Pracheachon Kampuchéa (K.P.K.). Sihanouk qualifiera ultérieurement ses membres de « Khmers rouges ». On crée un comité exécutif provisoire incluant d’anciens membres du P.C.I. dissous (voir 10 - 11 novembre 1945) qui n’est pas, du moins officiellement, communiste. Il a deux objectifs : chasser les Français d’Indochine et coopérer avec les Vietnamiens. Saloth Sar (alias Pol Pot), membre du P.C.F., est admis en son sein (Richer, 2009, p. 28).