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par Jean-François Jagielski

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Mai 51 : Suite à l’assassinat par le VM de l’inspecteur des services de sécurité français de Dalat, Haasz, les autorités françaises et du gouvernement vietnamien procèdent à l’exécution de 20 otages. Le mot « otage » étant particulièrement connoté en France, 6 ans après la période d’occupation allemande, cet acte provoque en métropole une vive émotion (Ruscio, 1992, p. 162).


1<sup>er</sup> mai 51 : Constitution de la 316<sup>e</sup>  division vietminh (174<sup>e</sup>, 176<sup>e</sup> 198<sup>e</sup> régiments réguliers) (Giap 1, 2003, p. 283 ; Giap 2, 2004, p. 101).
5 mai 51 : Voulant une nouvelle fois impulser la construction d’une armée vietnamienne, De Lattre rencontre Bao Daï à Dalat. Il passe la journée du 7 avec lui sur son yacht en baie de Nha Trang. Selon De Lattre, les entretiens sont d’une « exceptionnelle importance » concernant l’avenir de l’armée vietnamienne.
11 – 14 mai 51 : Lors du 43<sup>e</sup> congrès de la S.F.I.O. le combat et la cause d’HCM  sont durement dénoncés : « L’Indochine est désormais sur le Front international de la lutte contre le stalinisme impérialiste un théâtre d’opérations où il incombe à la France d’apporter sa contribution à la défense des nations libres, en vue d’assurer la sécurité de l’ensemble du Sud-Est asiatique et des Indes. Malgré l’ampleur de l’effort exigé, il doit être soutenu jusqu’au règlement de l’ensemble des problèmes d’Extrême-Orient. » (cité ''in'' Ruscio, 1985, p. 213)
12 mai 51 : Un extrait du rapport du chef d’escadron De Chergé concernant l’évacuation de Cao Bang affirme : « Le secret n’existait pas […] Sur le terrain d’aviation de Cao Bang, les partisans en se séparant de leurs familles leur disaient : « A Bientôt, dans quinze jours à Langson », tandis que les commerçants de Cao Bang vendaient leurs marchandises à bas prix. Pendant les jours précédant l’évacuation, des désertions s’étaient produites chez les partisans et les déserteurs n’avaient pas manqué d’informer le Vietminh des bruits qui couraient en ville. Le soir, les Vietminh, des hauteurs dominant Cao Bang, haranguaient les garnisons des postes et les avertissaient de ce qu’elles ne rejoindraient pas vivantes Langson. »  (cité ''in'' Cadeau, 2019, p. 287).
14 mai 51 : Au Cambodge, mise en place du deuxième gouvernement Ohm Chheangsun qui demeurera en place jusqu’au 12 octobre (Jennar, 1995, p. 145).
HCM signe une loi transformant le ministère de l’Économie en un ministère de l’Industrie et du Commerce. Un décret établit le « service des Échanges du Comité central » afin de suivre et faciliter l’aide chinoise au Vietnam ainsi que les nouveaux échanges avec les pays socialistes (Goscha, 2000, p. 20).
Mi-mai 51 : De Lattre se rend à Singapour pour participer à une conférence interalliée sur l’Asie du Sud-Est. Il insiste auprès des Britanniques et des Américains pour leur expliquer l’importance de la position stratégique du Delta. Il est entendu. Britanniques et Américains s’accordent pour recommander à leurs gouvernements d’organiser, devant la menace chinoise, une réserve stratégique de 4 divisions avec des moyens aériens 2 fois supérieurs à ceux employés en Indochine (Giap 2, 2004, p. 151).
15 - 18 mai 51 : '''Conférence de Singapour''' sur la défense de l’Asie du Sud-Est. 3 délégations sont présentes : française, américaine et britannique. De Lattre entend y solliciter les U.S.A. pour équiper l’armée vietnamienne. En cas de menace chinoise, l’amiral américain Strubble préconise l’abandon du Tonkin. Avis que ne partage ni les Français ni les Britanniques. On arrive cependant à un accord recommandant aux gouvernements de créer une réserve stratégique d’Extrême-Orient interalliée (Gras, 1979, p. 406). Toutefois, côté américain, cette réserve ne verra jamais le jour car, pour l’instant, l’opinion publique américaine n’est absolument pas prête à s’immiscer dans le conflit indochinois du fait de la présence de son armée en Corée (Gras, 1979, p. 416).
26 - 31 mai 51 : Selon Giap, grâce à un facteur de surprise, 26 positions françaises sont attaquées sur la rivière Day. Toutes les routes reliant Hanoi à Ninh Binh sont coupées (Giap 2, 2004, p. 149).
27 mai - 5 juin 51 : '''Bataille du Day''' (long estuaire dans le golfe du Tonkin très utilisé par les dinassauts au sud d’Hanoi dans la zone des Évêchés, carte n° 15 ''in'' Teulières, 1979, p. 97). Giap, ne répétant pas ses erreurs antérieures, y combine guérilla et l’emploi de trois divisions régulières (304, 308 et 320). Les 27 et 28 mai, deux divisions (304 et 308) attaquent les secteurs de Phu Ly et Ninh Binh. La 308 pénètre dans Ninh Binh. Des postes situés au sud de la ville sont attaqués et pris par le T.D. 102 de la 308. Plus au nord-ouest, la 304 atteint le canal de Phu Ly et coupe  les routes de Ninh Binh et Nam Dinh. La 320 attaque au sud de Ninh Binh et pousse jusqu’à Phat Diem où les postes attaqués tombent sans grande résistance de la part des troupes catholiques.
Au début, c’est une victoire pour le VM qui, selon une tactique rôdée, submerge les postes français au mépris des pertes (Bodin, 2004, pp. 73-75). Les routes étant coupées dès le 29, les Français utilisent leurs dinassauts sur la rivière Day et le parachutage de renforts. '''C’est au cours des combats autour de Ninh Binh, le 31, que sera tué le lieutenant De Lattre de Tassigny'''. Le 1<sup>er</sup> juin, De Lattre quittera Hanoi pour ramener en France le corps de son fils. Cette mort affectera De Lattre malgré les relations difficiles et parfois ombrageuses entre le père et le fils du commandant en chef (Bodard, 1997, pp. 684-686).
Le 30 mai, la concentration française est terminée sous les ordres de De Linarès (commandant la Z.O.T.). Une ligne de défense est rétablie sur la rivière du Day et le VM se réfugie dans les calcaires qui les protègent de l’aviation. Il réattaque le 4 juin mais les assauts français l’obligent à se replier à nouveau dans les calcaires à l’ouest du Day. C’est pour la troisième fois un succès partiel où les troupes françaises ont toutefois infligé de lourdes pertes au VM    (1 159 tués du 29 mai au 13 juin contre 107 tués et 182 disparus côté français). Cependant 6 bataillons réguliers vietminh demeureront dans le delta du Fleuve Rouge pour y mener des actions de guérilla. La résistance des catholiques s’est avérée décevante. De plus, au début de l’attaque, ils n’ont fourni que peu de renseignements aux Français. De Lattre, face à leur habituelle ambiguïté, reprendra la situation en main en imposant une forte présence militaire dans la zone des Évêchés (Gras, 1979, pp. 404-410). Sur l’ensemble de la bataille, les pertes françaises s’élèvent à 1 159 morts et 287 blessés (Toinet, 1998, p. 473).
28 mai 51 : Le 79<sup>e</sup> bataillon vm attaque l’église de Dai Phong où s’est réfugié un commando français. En 30 minutes, l’église est conquise (Giap 2, 2004, pp. 148).
29 mai 51 : Gambiez, commandant la zone sud du Delta, envoie des renforts vers la rivière Day. Le 1<sup>er</sup> bataillon du 1<sup>er</sup> groupement mobile et 2 commandos de marine sont acheminés par la 3<sup>e</sup> dinassaut vers Ninh Binh car les accès routiers vers Hanoi sont coupés. Le fils de De Lattre, Bernard, était chef d’escadron dans ce bataillon. L’unité prend au soir position sur les crètes situées au sud de la rivière Day pour barrer l’entrée de Ninh Binh. C’est au cours d’un accrochage que Bernard De Lattre tombe lors des combats de Goi Hac, le 31 (Giap 2, 2004, pp. 148-149).
Le général Blanc, chef d’état-major de l’Armée de terre, écrit un rapport sur la situation en Indochine. Il y préconise, entre autres mesures urgentes, « le départ en Indochine des appelés français du contingent volontaires et ayant signé un engagement dans des conditions légales. Ils y sont employés dans les zones calmes. » (cité ''in'' Ruscio, 1985, p. 364) Or le gouvernement, pas plus que ses prédécesseurs, n’est prêt à engager le contingent en Indochine.

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Mai 51 : Suite à l’assassinat par le VM de l’inspecteur des services de sécurité français de Dalat, Haasz, les autorités françaises et du gouvernement vietnamien procèdent à l’exécution de 20 otages. Le mot « otage » étant particulièrement connoté en France, 6 ans après la période d’occupation allemande, cet acte provoque en métropole une vive émotion (Ruscio, 1992, p. 162).


1er mai 51 : Constitution de la 316e  division vietminh (174e, 176e 198e régiments réguliers) (Giap 1, 2003, p. 283 ; Giap 2, 2004, p. 101).


5 mai 51 : Voulant une nouvelle fois impulser la construction d’une armée vietnamienne, De Lattre rencontre Bao Daï à Dalat. Il passe la journée du 7 avec lui sur son yacht en baie de Nha Trang. Selon De Lattre, les entretiens sont d’une « exceptionnelle importance » concernant l’avenir de l’armée vietnamienne.


11 – 14 mai 51 : Lors du 43e congrès de la S.F.I.O. le combat et la cause d’HCM  sont durement dénoncés : « L’Indochine est désormais sur le Front international de la lutte contre le stalinisme impérialiste un théâtre d’opérations où il incombe à la France d’apporter sa contribution à la défense des nations libres, en vue d’assurer la sécurité de l’ensemble du Sud-Est asiatique et des Indes. Malgré l’ampleur de l’effort exigé, il doit être soutenu jusqu’au règlement de l’ensemble des problèmes d’Extrême-Orient. » (cité in Ruscio, 1985, p. 213)


12 mai 51 : Un extrait du rapport du chef d’escadron De Chergé concernant l’évacuation de Cao Bang affirme : « Le secret n’existait pas […] Sur le terrain d’aviation de Cao Bang, les partisans en se séparant de leurs familles leur disaient : « A Bientôt, dans quinze jours à Langson », tandis que les commerçants de Cao Bang vendaient leurs marchandises à bas prix. Pendant les jours précédant l’évacuation, des désertions s’étaient produites chez les partisans et les déserteurs n’avaient pas manqué d’informer le Vietminh des bruits qui couraient en ville. Le soir, les Vietminh, des hauteurs dominant Cao Bang, haranguaient les garnisons des postes et les avertissaient de ce qu’elles ne rejoindraient pas vivantes Langson. »  (cité in Cadeau, 2019, p. 287).


14 mai 51 : Au Cambodge, mise en place du deuxième gouvernement Ohm Chheangsun qui demeurera en place jusqu’au 12 octobre (Jennar, 1995, p. 145).

HCM signe une loi transformant le ministère de l’Économie en un ministère de l’Industrie et du Commerce. Un décret établit le « service des Échanges du Comité central » afin de suivre et faciliter l’aide chinoise au Vietnam ainsi que les nouveaux échanges avec les pays socialistes (Goscha, 2000, p. 20).


Mi-mai 51 : De Lattre se rend à Singapour pour participer à une conférence interalliée sur l’Asie du Sud-Est. Il insiste auprès des Britanniques et des Américains pour leur expliquer l’importance de la position stratégique du Delta. Il est entendu. Britanniques et Américains s’accordent pour recommander à leurs gouvernements d’organiser, devant la menace chinoise, une réserve stratégique de 4 divisions avec des moyens aériens 2 fois supérieurs à ceux employés en Indochine (Giap 2, 2004, p. 151).


15 - 18 mai 51 : Conférence de Singapour sur la défense de l’Asie du Sud-Est. 3 délégations sont présentes : française, américaine et britannique. De Lattre entend y solliciter les U.S.A. pour équiper l’armée vietnamienne. En cas de menace chinoise, l’amiral américain Strubble préconise l’abandon du Tonkin. Avis que ne partage ni les Français ni les Britanniques. On arrive cependant à un accord recommandant aux gouvernements de créer une réserve stratégique d’Extrême-Orient interalliée (Gras, 1979, p. 406). Toutefois, côté américain, cette réserve ne verra jamais le jour car, pour l’instant, l’opinion publique américaine n’est absolument pas prête à s’immiscer dans le conflit indochinois du fait de la présence de son armée en Corée (Gras, 1979, p. 416).


26 - 31 mai 51 : Selon Giap, grâce à un facteur de surprise, 26 positions françaises sont attaquées sur la rivière Day. Toutes les routes reliant Hanoi à Ninh Binh sont coupées (Giap 2, 2004, p. 149).


27 mai - 5 juin 51 : Bataille du Day (long estuaire dans le golfe du Tonkin très utilisé par les dinassauts au sud d’Hanoi dans la zone des Évêchés, carte n° 15 in Teulières, 1979, p. 97). Giap, ne répétant pas ses erreurs antérieures, y combine guérilla et l’emploi de trois divisions régulières (304, 308 et 320). Les 27 et 28 mai, deux divisions (304 et 308) attaquent les secteurs de Phu Ly et Ninh Binh. La 308 pénètre dans Ninh Binh. Des postes situés au sud de la ville sont attaqués et pris par le T.D. 102 de la 308. Plus au nord-ouest, la 304 atteint le canal de Phu Ly et coupe  les routes de Ninh Binh et Nam Dinh. La 320 attaque au sud de Ninh Binh et pousse jusqu’à Phat Diem où les postes attaqués tombent sans grande résistance de la part des troupes catholiques.

Au début, c’est une victoire pour le VM qui, selon une tactique rôdée, submerge les postes français au mépris des pertes (Bodin, 2004, pp. 73-75). Les routes étant coupées dès le 29, les Français utilisent leurs dinassauts sur la rivière Day et le parachutage de renforts. C’est au cours des combats autour de Ninh Binh, le 31, que sera tué le lieutenant De Lattre de Tassigny. Le 1er juin, De Lattre quittera Hanoi pour ramener en France le corps de son fils. Cette mort affectera De Lattre malgré les relations difficiles et parfois ombrageuses entre le père et le fils du commandant en chef (Bodard, 1997, pp. 684-686).

Le 30 mai, la concentration française est terminée sous les ordres de De Linarès (commandant la Z.O.T.). Une ligne de défense est rétablie sur la rivière du Day et le VM se réfugie dans les calcaires qui les protègent de l’aviation. Il réattaque le 4 juin mais les assauts français l’obligent à se replier à nouveau dans les calcaires à l’ouest du Day. C’est pour la troisième fois un succès partiel où les troupes françaises ont toutefois infligé de lourdes pertes au VM    (1 159 tués du 29 mai au 13 juin contre 107 tués et 182 disparus côté français). Cependant 6 bataillons réguliers vietminh demeureront dans le delta du Fleuve Rouge pour y mener des actions de guérilla. La résistance des catholiques s’est avérée décevante. De plus, au début de l’attaque, ils n’ont fourni que peu de renseignements aux Français. De Lattre, face à leur habituelle ambiguïté, reprendra la situation en main en imposant une forte présence militaire dans la zone des Évêchés (Gras, 1979, pp. 404-410). Sur l’ensemble de la bataille, les pertes françaises s’élèvent à 1 159 morts et 287 blessés (Toinet, 1998, p. 473).


28 mai 51 : Le 79e bataillon vm attaque l’église de Dai Phong où s’est réfugié un commando français. En 30 minutes, l’église est conquise (Giap 2, 2004, pp. 148).


29 mai 51 : Gambiez, commandant la zone sud du Delta, envoie des renforts vers la rivière Day. Le 1er bataillon du 1er groupement mobile et 2 commandos de marine sont acheminés par la 3e dinassaut vers Ninh Binh car les accès routiers vers Hanoi sont coupés. Le fils de De Lattre, Bernard, était chef d’escadron dans ce bataillon. L’unité prend au soir position sur les crètes situées au sud de la rivière Day pour barrer l’entrée de Ninh Binh. C’est au cours d’un accrochage que Bernard De Lattre tombe lors des combats de Goi Hac, le 31 (Giap 2, 2004, pp. 148-149).

Le général Blanc, chef d’état-major de l’Armée de terre, écrit un rapport sur la situation en Indochine. Il y préconise, entre autres mesures urgentes, « le départ en Indochine des appelés français du contingent volontaires et ayant signé un engagement dans des conditions légales. Ils y sont employés dans les zones calmes. » (cité in Ruscio, 1985, p. 364) Or le gouvernement, pas plus que ses prédécesseurs, n’est prêt à engager le contingent en Indochine.

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