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Juin 50 : Des troupes du Vietminh commencent à être acheminées en Chine pour y parfaire leur instruction. Un effectif de 20 000 hommes est concerné entre mai et septembre. Le VM en profite pour réorganiser son armée : les régiments passent d’un effectif de 2 000 à 3 500 hommes. A tous les échelons, on adjoint des armes lourdes, des transmissions, des services. Lorsque ces troupes repartent après trois mois, elles équivalent aux unités françaises tant au niveau de l’instruction que de l’armement. C’est là que se forment les unités d’élite comme la brigade 308. Ces troupes reçoivent également une instruction idéologique, l’encadrement des unités étant assuré par des commissaires politiques (Gras, 1979, pp. 314-317). | |||
A l’issue de cette formation, 3 100 cadres vietnamiens auraient reçu une formation en Chine (1 200 cadres d’infanterie, 400 cadres d’artillerie, 150 cadres de communication, 200 cadres de chiffrement, 300 cadres de l’armée de l’air et 200 cadres de la marine à créer) (Goscha, 2000, p. 18). | |||
Dans un stage de « perfectionnement des cadres », Giap précise sa future tactique opérationnelle : « Anéantir les élément d’intervention en même temps que nous enlevons les positions. » Il est question désormais de « groupements mobiles » occasionnels qui devront, fin 1950, devenir permanents. Ils sont formés d’unités de valeur qui seront utilisées sur la R.C. 4 dont Giap dira d’elles que « c’était un pas dans la guerre moderne » (Zervoudakis, 1994, p. 56). | |||
1<sup>er</sup> juin 50 : Contrairement à ce qui s’était passé jusque-là, Carpentier annule le plan d’Alessandri en interdisant toute offensive (voir mai 1950). Il se targue d’avoir l’aval d’un habituel appui d’Alessandri en la personne de Pignon (Bodard, 1997, p. 540). L’animosité sourde entre le commandant en chef du C.E.F.E.O. et son subordonné, mésentente qui ne fera que s’accroître avec le temps. | |||
Au Cambodge, mise en place du gouvernement Sisowath Monipong qui demeurera jusqu’au 31 décembre (Jennar, 1995, p. 144). | |||
13 juin 50 : Une note du général Hartemann (commandant de l’Air en Extrême-Orient) fait état « des renseignements de plus en plus fréquents qui parviennent au Commandement de l’Air en Extrême-Orient (C.A.E.O.) au sujet d’un début d’organisation d’une aviation vietminh avec aide communiste chinoise ou russe. » Les militaires français sont toutefois dans l’expectative ne sachant si ces rumeurs sont fondées. Ce doute sera durable (Pernot, 1994, p. 104). | |||
14 juin 50 : Carpentier part défendre son immobilisme et son attentisme à Paris où il est entendu ce jour par le ministre de la Défense nationale. Sans parler de repli, il envisage un allègement du dispositif français le long de la frontière en raison d’un risque d’invasion chinoise (Turpin, 2000, p. 30). | |||
Puis ce sera au tour d’Alessandri d’aller dans la capitale « vendre » son plan auprès de Letourneau (ministre de la France d’Outre-mer) et de Vincent Auriol (président de la République). Il fait impression, prolonge son séjour en se rendant à Cannes où il rencontre Bao Daï, mais on le renvoie finalement en Indochine, sous la coupe de Carpentier. Il sera de retour le 19 septembre (Bodard, 1997, pp. 544-548). | |||
Été 50 : Tout est en attente et il ne se passe rien, par décision de Carpentier. Ce dernier cadenasse la presse en créant un Service Militaire d’Information chargé de rédiger les communiqués officiels. | |||
Côté vietnamien, on concentre au Tonkin, à la frontière chinoise et même au-delà des troupes régulières venant du Sud (voir 20 septembre). Les rapports du 2<sup>e</sup> bureau signalent à la fin août que « les possibilités des forces vietminh allaient se modifier profondément du fait de l’amélioration considérable apportée à leur armement et à leur encadrement, parallèlement à l’accroissement du nombre de leurs unités » et, qu’au final, « les progrès des rebelles étaient de nature à transformer la physionomie de la lutte au Tonkin ». Malgré ces avertissements, le haut-commandement (Carpentier et Alessandri) ne réagit pas, toujours persuadé de la supériorité militaire du C.E.F.E.O. (cité ''in'' Gras, 1979, p. 330). | |||
18 juin 50 : Le colonel Constans (commandant la zone frontière du Nord-Est) préconise de construire un ouvrage de fortification « en dur » à Dong Khe. Les travaux devront débuter au mois d’août et durer 4 mois. Or le 11 août, nouveau revirement, il préconisera désormais l’évacuation de la place (Cadeau, 2022, pp. 146-147). | |||
19 Juin 50 : Le Front uni issark (F.U.I.) déclare contrôler un tiers du pays. Au nom du F.U.I. et du Comité Central provisoire de Libération du Peuple (C.C.L.P.), Son Ngoc Minh proclame l'indépendance du Cambodge. | |||
Création du Cercle marxiste regroupant les étudiants khmers de Paris. En font partie : leng Sary, Khieu Thirith, Hou Yuon, Keng Vannsak, Thiounn Mumm, Saloth Sar, Mey Mann, Mey Phat, Rat Samuoeun. Les préoccupations sont, à ce moment précis, davantage nationalistes et anti-royalistes que socialistes. Après le départ de Saloth Sar, Keo Meas, puis Khieu Samphan rejoindront le Cercle. | |||
20 juin 50 : Bao Daï, sous prétexte de se rapprocher de la conférence de Pau (voir 29 juin) s’éclipse à nouveau du Vietnam pour la France et n’y reviendra que le 20 octobre. Il sera donc en partie absent du pays au moment où le C.E.F.E.O. va subir une de ses plus cuisantes défaites sur la R.C. 4. Cette évanescence du personnage exaspère les Français comme les Américains. | |||
22 juin 50 : Lors d’un Comité de Défense national (à la veille du déclenchement de la guerre de Corée), le ministre socialiste de la Défense Jules Moch met en avant une nouvelle stratégie qui privilégie cette fois la pacification de la Cochinchine, du Cambodge et du Laos et non plus celle du Tonkin… Décision qui sera confirmée le 18 août (Turpin, 2000, p. 31). | |||
Lors d’un conseil de défense de l’Indochine, peu après la reprise de Dong Khe, le général Carpentier affirme qu’il faut « tenir Dong Khe, Cao Bang et Langson pour éviter la contrebande » d’armes avec la Chine. Or le commandant en chef sait pertinemment que cette présence française n’interdit nullement la circulation des armes et des hommes dans le secteur (Cadeau, 2022, p. 144). | |||
24 juin 50 : Très affaibli par « l’affaire des généraux », le cabinet Bidault 2 démissionne (Devillers, 2010, p. 288). | |||
25 juin 50 : '''Début de la guerre de Corée'''. Les troupes de Corée du Nord envahissent la Corée du Sud. Du fait de cette guerre, la France redevient une alliée des U.S.A. et de l’Occident qui lutte contre l’expansionnisme communiste en Asie. Les États-Unis obtiennent un mandat de l’O.N.U. pour repousser l’attaque des Nord-Coréens. Le général McArthur devient commandant en chef des forces de Nations Unies (jusqu’au 11 avril 1951 date à laquelle il sera remplacé par le général Ridgway). | |||
Déclaration de De Gaulle qui joue sur la corde anti-communiste : « Je dis […] que la présence en Indochine de la France et de l’Armée française sont les raisons pour lesquelles l’Indochine a des chances d’indépendance et de liberté. » (cité ''in'' Bodin, 1996, p. 250) | |||
27 juin 50 : '''Début de l’engagement américain en Asie et de la réalisation du ''containment'' (« endiguement »)''' (Cadeau, Cochet, Porte, 2021, pp. 255-256). La guerre d’Indochine se vietnamise et s’américanise progressivement. Truman annonce dans un discours que les U.S.A. soutiendront la Corée du Sud, Formose et l’Indochine où ils envoient pour la première fois des observateurs militaires, de l’argent et du matériel militaire (7 Dakota et arrivée à Saigon du ''Steelrover'' avec du matériel américain à partir du 30 juin) (Bodard, 1997, pp. 486-493 ; Fall, 1967, p. 134). Pour les Américains, l’expansion communiste prend désormais le dessus sur leurs traditionnels principes anticolonialistes et isolationnistes, sans toutefois que ces derniers disparaissent totalement de leurs préoccupations. | |||
Rencontre entre Mao Zedong et le groupe des conseillers chinois au Vietnam. Mao leur déclare que « jusqu’à ce que notre révolution ait remporté la victoire, nous avons pour obligation d’aider les autres. C’est ce qu’on appelle l’internationalisme. » Liu Shaoqi (secrétaire général du comité central du P.C.C.) insiste quant à lui sur le fait qu’« en tant qu’internationaliste, nous devons considérer le fait d’aider le Vietnam comme une importante tâche internationale et nous ne devons nous épargner aucun effort pour aider les Vietnamiens à atteindre leur victoire. » Mao définit le rôle des conseillers et leur recommande la modestie : « La première chose que vous devez faire à votre arrivée au Vietnam est susciter une unité avec les camarades vietnamiens. Surtout, n’oubliez pas : s’il n’y a pas d’unité, nous n’avons rien à faire là-bas. La nation vietnamienne est une nation de valeur. Ces dernières années, le mouvement révolutionnaire s’est étendu rapidement et les Vietnamiens ont réalisé des progrès considérables. Nous ne devons pas les traiter de haut – face aux masses vietnamiennes, nous ne devons pas montrer l’arrogance des vainqueurs. Ils connaissent notre victoire et il n’est pas besoin pour nous d’en faire état. » Ces conseils seront réitérés au mois d’août (Zhai, 2000, pp. 7-8). | |||
28 juin 50 : '''Lancement de la réforme agraire en Chine.''' Elle vise à écraser les « propriétaires fonciers » et les « paysans riches ». La population rurale est répartie en « statuts de classe » permettant de juger les catégories hostiles. Mise en place de « tribunaux populaires » aux procédures violentes et expéditives (Domenach, 1992, pp. 69-73). Le Vietnam s’en inspirera largement le 2 mars 1953 en lançant la sienne qui aboutira exactement aux mêmes dérives. | |||
29 juin 50 : Ouverture de la '''Conférence de Pau''' qui durera jusqu’au 27 novembre, présidée par Albert Sarraut (le « Père de l’Indochine », ancien gouverneur général puis ministre des Colonies). Elle a lieu en pleine crise ministérielle et ce sont les Français qui y mènent les débats car bien qu’ayant prétexté y assister et ainsi justifier son retour France, Bao Daï en est absent (Auriol 4, 2003, p. 489). Suite à la reconnaissance française de l’indépendance, cette conférence doit avoir un rôle purement technique et définir les modalités de coopération économique et douanière des 3 ''Ky'' avec la France. Mais au lieu de trouver des solutions amiables entre les trois États indochinois (Vietnam, Laos, Cambodge), elle ne fait qu’accentuer les rancunes et surtout le nationalisme des uns et des autres : le Laos et le Cambodge accusent la France de s’entendre avec le Vietnam pour les dominer ; Le Vietnam soupçonne (non sans raison…) les Français de vouloir diviser pour régner en soutenant le Laos et le Cambodge. Les Vietnamiens demandent une indépendance effective dans tous les domaines et dénoncent le rôle « excessivement centralisateur de la France dans l’Union française ». La conférence aboutit à une floraison de conseils quadripartites qui seront aussi complexes qu’inefficaces (Gras, 1979, pp. 313-314). | |||
'''Les U.S.A. installent une représentation diplomatique en Indochine.''' Donald R. Health est nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire des U.S.A. à Saigon. Il présentera ses lettres d’accréditation le 22 octobre. Bien que résidant à Saigon, il est également accrédité pour le Laos et le Cambodge. | |||
30 juin 50 : '''Première livraison américaine de matériel militaire'''. 7 C-47 Dakota sont remis aux autorités françaises à l’aérodrome de Tan Son Nhut de Saigon (Gras, 1979, p. 290). A cette époque, le matériel militaire chinois destiné au VM franchit la frontière du Tonkin depuis déjà 3 mois. |
Dernière version du 4 juin 2025 à 07:58
Juin 50 : Des troupes du Vietminh commencent à être acheminées en Chine pour y parfaire leur instruction. Un effectif de 20 000 hommes est concerné entre mai et septembre. Le VM en profite pour réorganiser son armée : les régiments passent d’un effectif de 2 000 à 3 500 hommes. A tous les échelons, on adjoint des armes lourdes, des transmissions, des services. Lorsque ces troupes repartent après trois mois, elles équivalent aux unités françaises tant au niveau de l’instruction que de l’armement. C’est là que se forment les unités d’élite comme la brigade 308. Ces troupes reçoivent également une instruction idéologique, l’encadrement des unités étant assuré par des commissaires politiques (Gras, 1979, pp. 314-317).
A l’issue de cette formation, 3 100 cadres vietnamiens auraient reçu une formation en Chine (1 200 cadres d’infanterie, 400 cadres d’artillerie, 150 cadres de communication, 200 cadres de chiffrement, 300 cadres de l’armée de l’air et 200 cadres de la marine à créer) (Goscha, 2000, p. 18).
Dans un stage de « perfectionnement des cadres », Giap précise sa future tactique opérationnelle : « Anéantir les élément d’intervention en même temps que nous enlevons les positions. » Il est question désormais de « groupements mobiles » occasionnels qui devront, fin 1950, devenir permanents. Ils sont formés d’unités de valeur qui seront utilisées sur la R.C. 4 dont Giap dira d’elles que « c’était un pas dans la guerre moderne » (Zervoudakis, 1994, p. 56).
1er juin 50 : Contrairement à ce qui s’était passé jusque-là, Carpentier annule le plan d’Alessandri en interdisant toute offensive (voir mai 1950). Il se targue d’avoir l’aval d’un habituel appui d’Alessandri en la personne de Pignon (Bodard, 1997, p. 540). L’animosité sourde entre le commandant en chef du C.E.F.E.O. et son subordonné, mésentente qui ne fera que s’accroître avec le temps.
Au Cambodge, mise en place du gouvernement Sisowath Monipong qui demeurera jusqu’au 31 décembre (Jennar, 1995, p. 144).
13 juin 50 : Une note du général Hartemann (commandant de l’Air en Extrême-Orient) fait état « des renseignements de plus en plus fréquents qui parviennent au Commandement de l’Air en Extrême-Orient (C.A.E.O.) au sujet d’un début d’organisation d’une aviation vietminh avec aide communiste chinoise ou russe. » Les militaires français sont toutefois dans l’expectative ne sachant si ces rumeurs sont fondées. Ce doute sera durable (Pernot, 1994, p. 104).
14 juin 50 : Carpentier part défendre son immobilisme et son attentisme à Paris où il est entendu ce jour par le ministre de la Défense nationale. Sans parler de repli, il envisage un allègement du dispositif français le long de la frontière en raison d’un risque d’invasion chinoise (Turpin, 2000, p. 30).
Puis ce sera au tour d’Alessandri d’aller dans la capitale « vendre » son plan auprès de Letourneau (ministre de la France d’Outre-mer) et de Vincent Auriol (président de la République). Il fait impression, prolonge son séjour en se rendant à Cannes où il rencontre Bao Daï, mais on le renvoie finalement en Indochine, sous la coupe de Carpentier. Il sera de retour le 19 septembre (Bodard, 1997, pp. 544-548).
Été 50 : Tout est en attente et il ne se passe rien, par décision de Carpentier. Ce dernier cadenasse la presse en créant un Service Militaire d’Information chargé de rédiger les communiqués officiels.
Côté vietnamien, on concentre au Tonkin, à la frontière chinoise et même au-delà des troupes régulières venant du Sud (voir 20 septembre). Les rapports du 2e bureau signalent à la fin août que « les possibilités des forces vietminh allaient se modifier profondément du fait de l’amélioration considérable apportée à leur armement et à leur encadrement, parallèlement à l’accroissement du nombre de leurs unités » et, qu’au final, « les progrès des rebelles étaient de nature à transformer la physionomie de la lutte au Tonkin ». Malgré ces avertissements, le haut-commandement (Carpentier et Alessandri) ne réagit pas, toujours persuadé de la supériorité militaire du C.E.F.E.O. (cité in Gras, 1979, p. 330).
18 juin 50 : Le colonel Constans (commandant la zone frontière du Nord-Est) préconise de construire un ouvrage de fortification « en dur » à Dong Khe. Les travaux devront débuter au mois d’août et durer 4 mois. Or le 11 août, nouveau revirement, il préconisera désormais l’évacuation de la place (Cadeau, 2022, pp. 146-147).
19 Juin 50 : Le Front uni issark (F.U.I.) déclare contrôler un tiers du pays. Au nom du F.U.I. et du Comité Central provisoire de Libération du Peuple (C.C.L.P.), Son Ngoc Minh proclame l'indépendance du Cambodge.
Création du Cercle marxiste regroupant les étudiants khmers de Paris. En font partie : leng Sary, Khieu Thirith, Hou Yuon, Keng Vannsak, Thiounn Mumm, Saloth Sar, Mey Mann, Mey Phat, Rat Samuoeun. Les préoccupations sont, à ce moment précis, davantage nationalistes et anti-royalistes que socialistes. Après le départ de Saloth Sar, Keo Meas, puis Khieu Samphan rejoindront le Cercle.
20 juin 50 : Bao Daï, sous prétexte de se rapprocher de la conférence de Pau (voir 29 juin) s’éclipse à nouveau du Vietnam pour la France et n’y reviendra que le 20 octobre. Il sera donc en partie absent du pays au moment où le C.E.F.E.O. va subir une de ses plus cuisantes défaites sur la R.C. 4. Cette évanescence du personnage exaspère les Français comme les Américains.
22 juin 50 : Lors d’un Comité de Défense national (à la veille du déclenchement de la guerre de Corée), le ministre socialiste de la Défense Jules Moch met en avant une nouvelle stratégie qui privilégie cette fois la pacification de la Cochinchine, du Cambodge et du Laos et non plus celle du Tonkin… Décision qui sera confirmée le 18 août (Turpin, 2000, p. 31).
Lors d’un conseil de défense de l’Indochine, peu après la reprise de Dong Khe, le général Carpentier affirme qu’il faut « tenir Dong Khe, Cao Bang et Langson pour éviter la contrebande » d’armes avec la Chine. Or le commandant en chef sait pertinemment que cette présence française n’interdit nullement la circulation des armes et des hommes dans le secteur (Cadeau, 2022, p. 144).
24 juin 50 : Très affaibli par « l’affaire des généraux », le cabinet Bidault 2 démissionne (Devillers, 2010, p. 288).
25 juin 50 : Début de la guerre de Corée. Les troupes de Corée du Nord envahissent la Corée du Sud. Du fait de cette guerre, la France redevient une alliée des U.S.A. et de l’Occident qui lutte contre l’expansionnisme communiste en Asie. Les États-Unis obtiennent un mandat de l’O.N.U. pour repousser l’attaque des Nord-Coréens. Le général McArthur devient commandant en chef des forces de Nations Unies (jusqu’au 11 avril 1951 date à laquelle il sera remplacé par le général Ridgway).
Déclaration de De Gaulle qui joue sur la corde anti-communiste : « Je dis […] que la présence en Indochine de la France et de l’Armée française sont les raisons pour lesquelles l’Indochine a des chances d’indépendance et de liberté. » (cité in Bodin, 1996, p. 250)
27 juin 50 : Début de l’engagement américain en Asie et de la réalisation du containment (« endiguement ») (Cadeau, Cochet, Porte, 2021, pp. 255-256). La guerre d’Indochine se vietnamise et s’américanise progressivement. Truman annonce dans un discours que les U.S.A. soutiendront la Corée du Sud, Formose et l’Indochine où ils envoient pour la première fois des observateurs militaires, de l’argent et du matériel militaire (7 Dakota et arrivée à Saigon du Steelrover avec du matériel américain à partir du 30 juin) (Bodard, 1997, pp. 486-493 ; Fall, 1967, p. 134). Pour les Américains, l’expansion communiste prend désormais le dessus sur leurs traditionnels principes anticolonialistes et isolationnistes, sans toutefois que ces derniers disparaissent totalement de leurs préoccupations.
Rencontre entre Mao Zedong et le groupe des conseillers chinois au Vietnam. Mao leur déclare que « jusqu’à ce que notre révolution ait remporté la victoire, nous avons pour obligation d’aider les autres. C’est ce qu’on appelle l’internationalisme. » Liu Shaoqi (secrétaire général du comité central du P.C.C.) insiste quant à lui sur le fait qu’« en tant qu’internationaliste, nous devons considérer le fait d’aider le Vietnam comme une importante tâche internationale et nous ne devons nous épargner aucun effort pour aider les Vietnamiens à atteindre leur victoire. » Mao définit le rôle des conseillers et leur recommande la modestie : « La première chose que vous devez faire à votre arrivée au Vietnam est susciter une unité avec les camarades vietnamiens. Surtout, n’oubliez pas : s’il n’y a pas d’unité, nous n’avons rien à faire là-bas. La nation vietnamienne est une nation de valeur. Ces dernières années, le mouvement révolutionnaire s’est étendu rapidement et les Vietnamiens ont réalisé des progrès considérables. Nous ne devons pas les traiter de haut – face aux masses vietnamiennes, nous ne devons pas montrer l’arrogance des vainqueurs. Ils connaissent notre victoire et il n’est pas besoin pour nous d’en faire état. » Ces conseils seront réitérés au mois d’août (Zhai, 2000, pp. 7-8).
28 juin 50 : Lancement de la réforme agraire en Chine. Elle vise à écraser les « propriétaires fonciers » et les « paysans riches ». La population rurale est répartie en « statuts de classe » permettant de juger les catégories hostiles. Mise en place de « tribunaux populaires » aux procédures violentes et expéditives (Domenach, 1992, pp. 69-73). Le Vietnam s’en inspirera largement le 2 mars 1953 en lançant la sienne qui aboutira exactement aux mêmes dérives.
29 juin 50 : Ouverture de la Conférence de Pau qui durera jusqu’au 27 novembre, présidée par Albert Sarraut (le « Père de l’Indochine », ancien gouverneur général puis ministre des Colonies). Elle a lieu en pleine crise ministérielle et ce sont les Français qui y mènent les débats car bien qu’ayant prétexté y assister et ainsi justifier son retour France, Bao Daï en est absent (Auriol 4, 2003, p. 489). Suite à la reconnaissance française de l’indépendance, cette conférence doit avoir un rôle purement technique et définir les modalités de coopération économique et douanière des 3 Ky avec la France. Mais au lieu de trouver des solutions amiables entre les trois États indochinois (Vietnam, Laos, Cambodge), elle ne fait qu’accentuer les rancunes et surtout le nationalisme des uns et des autres : le Laos et le Cambodge accusent la France de s’entendre avec le Vietnam pour les dominer ; Le Vietnam soupçonne (non sans raison…) les Français de vouloir diviser pour régner en soutenant le Laos et le Cambodge. Les Vietnamiens demandent une indépendance effective dans tous les domaines et dénoncent le rôle « excessivement centralisateur de la France dans l’Union française ». La conférence aboutit à une floraison de conseils quadripartites qui seront aussi complexes qu’inefficaces (Gras, 1979, pp. 313-314).
Les U.S.A. installent une représentation diplomatique en Indochine. Donald R. Health est nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire des U.S.A. à Saigon. Il présentera ses lettres d’accréditation le 22 octobre. Bien que résidant à Saigon, il est également accrédité pour le Laos et le Cambodge.
30 juin 50 : Première livraison américaine de matériel militaire. 7 C-47 Dakota sont remis aux autorités françaises à l’aérodrome de Tan Son Nhut de Saigon (Gras, 1979, p. 290). A cette époque, le matériel militaire chinois destiné au VM franchit la frontière du Tonkin depuis déjà 3 mois.