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Avril 50 : Les émetteurs de la radio vietminh continuent à diffuser des extraits du rapport Revers. | |||
Nguyen Binh, fort de 15 bataillons, lance une offensive classique (et non de guérilla) contre les Français dans les parties ouest et sud-ouest du Nam Bo, dans les secteurs de Soc Trang et Sadec. C’est un échec car le général Chanson lui inflige « le plus cinglant revers de sa vie » face à des postes français fortifiés qui tiennent. Les pertes vietminh sont importantes. '''Elles mettront fin à la carrière militaire de Nguyen Binh qui est limogé de son poste de chef militaire du Nam Bo''' et mourra dans une embuscade au Cambodge en septembre 1951 (Goscha, 2002, pp. 56-57). | |||
2 régiments de la 308<sup>e</sup> division vm prennent le chemin de Ha Giang pour se rendre en instruction en Chine à Mengzi (Yunnan). Un régiment de la 312<sup>e</sup> division vm se dirige vers Cao Bang pour gagner Huatong dans le Guangxi. On les initie à l’utilisation des explosifs. Deux régiments vm en position sur la ligne de front de Cao Bang sont réarmés par les Chinois (Giap 2, 2004, pp. 16). | |||
Dans un discours à l’occasion du 2<sup>e</sup> Congrès d’état-major, Giap développe à nouveau le concept de « bataille d’anéantissement » déjà évoqué en janvier par Truong Chinh lors du précédent congrès du P.C. (voir 21 janvier – 3 février et 18 avril). Giap évoque alors « des combats classiques », des « batailles rangées » et des « sièges » (Zervoudakis, 1994, p. 55). La stratégie du VM s’engage vers une mise en veilleuse de la guérilla au profit d’une guerre plus conventionnelle visant à l’anéantissement de l’ennemi. | |||
2 - 6 avril 50 : Lors du 12<sup>e</sup> congrès du P.C.F. de Gennevilliers, le député de la Seine André Marty déclare : « Le prolétariat français a intérêt à ce que le peuple vietnamien batte les impérialistes français, les colonialistes et bien sûr leur maîtres, les impérialistes américains. » (cité ''in'' Wainstock, Miller, 2019, pp. 92-93) De son côté, le secrétaire général Maurice Thorez dans son rapport final déclare : « Dès lors lutter pour la paix au Vietnam, soutenir activement le droit du peuple vietnamien à la libre disposition, jusque et y compris, le droit de se déparer de la France, le droit à la complète indépendance, c’est lutter contre le déclenchement de la troisième guerre mondiale. » (cité ''in'' Ruscio, 1985, p. 236) | |||
7 avril 50 : Le Conseil supérieur de la guerre est saisi des cas Revers et Mast. Le 5 mai, à l'Assemblée nationale, ce sont des ministres du précédent gouvernement qui sont accusés d'avoir touché des pots de vin. C’est le début de « '''l’affaire des généraux''' » qui a un certain retentissement, surtout dans la presse de la gauche modérée (''Combat'', ''Franc-Tireur'', ''Témoignage chrétien'') qui conteste la manière dont sont menées les affaires en Indochine. Le 21, Revers et Mast sont mis à la retraite d'office par le Conseil des ministres. Curieusement, le 23, le gouvernement Bidault tombera, officiellement sur la question du statut des fonctionnaires, même si chacun sait que c'est l'affaire des fuites et des généraux qui l'a mis à bas. | |||
Ayant entamé une tournée au Tonkin depuis le début de la semaine, le général Carpentier, commandant en chef du corps expéditionnaire français, adresse au président du Conseil Georges Bidault un compte rendu qui contredit totalement le pessimisme de la lettre qu’il avait adressée le 27 mars à Alessandri : « La situation à la frontière est très satisfaisante. Les communistes chinois n’ont pas renforcé leurs effectifs et n’y entretiennent que des avant-postes relativement légers. Il ne semble pas qu’une attaque de grand style soit à craindre dans l’immédiat. En ce qui concerne le Vietminh, la situation continue à évoluer favorablement : un convoi vient de passer de Langson à That Khe. » Seuls Cao Bang et Dong Khe demeurent « des points délicats » en cas de « collusion toujours plus affirmée sino-vietminh ». Il conclut : « Nous avons, en tout cas, dès maintenant pris l’ascendant sur le Vietminh au Tonkin. » (cité ''in'' Cadeau, 2022, pp. 123-124). | |||
7 - 30 avril 50 : Opération ''Adrien''. Elle vise à soutenir dans le Sud-Annam une révolte de la population moï contre le VM. Elle permet de le refouler temporairement vers la zone côtière (Gras, 1979, pp. 290-291). | |||
14 avril 50 : A la veille du déclenchement de la guerre de Corée, un document N.S.C. 68 remis à Truman durcit la politique américaine à l’égard du communisme (Cadeau, 2019, p. 303). | |||
17 avril 50 : Les troupes communistes chinoises débarquent sur l’île d’Haïnan qui commande tout le golfe du Tonkin. L’occupation de cette grande île est perçue comme une nouvelle menace communiste contre l’Indochine (Férier, 1993, p. 20). | |||
Suite à la demande d’HCM, la Commission militaire centrale du P.C.C. ordonne la formation d’un groupe de conseillers militaires mais non des commandants d’unités qui manquent alors pourtant cruellement au VM. Ils doivent être capables de seconder les Q.G. de l’armée du VM pour 3 divisions. La création d’une école de formation des cadres est alors envisagée (Zhai, 2000, p. 6). | |||
Issu de l’ancien P.C.I. dissous en 1946, création du Front uni issarak (F.U.I.) qui réclame l’indépendance totale du Cambodge. Il est officiellement composé d’éléments communistes et non communistes. Mais son noyau dur est et demeure communiste (Richer, 2009, p. 27-28). | |||
18 avril 50 : Dans un article paru dans la publication vm, Quan Chinh Tap San, Dang Tri Dung font paraître un article intitulé « Les mouvements stratégiques ». Il revient sur la doctrine du moment : passer d’une phase de pure guérilla à une combinaison avec des engagements conventionnels (Zervoudakis, 1994, p. 55). | |||
19 avril 50 : Suite à de violents incidents et au climat d’anarchie qui règne à Saigon-Cholon (attentats orchestrés par Nguyen Binh, grèves, manifestations), le Daï Viet entre en conflit avec le gouvernement de Nguyen Phan Long. Trois ministres donnent leur démission. Suivis de peu par un président du Conseil très affaibli qui démissionnera à son tour le 27 (Gras, 1979, p. 294). | |||
Un mois après la création du Lao Dong se tient la cérémonie inaugurale d’un Comité central de libération du Peuple khmer qui devient un véritable satellite de la R.D.V.N. La propagande vm s’étend au Cambodge par le biais d’un « Bureau Central Sud » dirigé par un métis khméro-vietnamien dénommé Sieu Heng, probable ancien membre du P.C.I. qu’il aurait rejoint en 1946 (Fall, 1960, p. 127). | |||
20 - 28 avril 50 : Opération aéroportée ''David'' au sud de Hadong (sud-ouest d’Hanoi). | |||
27 avril 50 : '''Bao Daï congédie son président du Conseil, Nguyen Phan Long. Il est remplacé par Tran Van Huu, troisième président du Conseil'''. Celui-ci rétablit la peine de mort contre les terroristes et l’internement sans procès contre les auteurs de délits. Il nomme à la direction de la Sûreté un homme à poigne, Nguyen Van Tam, qui rétablit progressivement la sécurité par des opérations de police ciblées et efficaces (Gras, 1979, p. 294). Tran Van Huu demeurera président du Conseil jusqu’au 6 juin 1952. | |||
29 avril 50 : Réoccupation française du secteur entre Nam Dinh et Ninh Binh dans la zone des Évêchés qui est progressivement reconquise. | |||
Fin avril 50 : Pékin envoie auprès de Giap une mission militaire dirigée par le général Lo Kuei Po. Le matériel chinois va alors pouvoir commencer à franchir la frontière et le VM être formé à son utilisation. |
Dernière version du 4 juin 2025 à 07:23
Avril 50 : Les émetteurs de la radio vietminh continuent à diffuser des extraits du rapport Revers.
Nguyen Binh, fort de 15 bataillons, lance une offensive classique (et non de guérilla) contre les Français dans les parties ouest et sud-ouest du Nam Bo, dans les secteurs de Soc Trang et Sadec. C’est un échec car le général Chanson lui inflige « le plus cinglant revers de sa vie » face à des postes français fortifiés qui tiennent. Les pertes vietminh sont importantes. Elles mettront fin à la carrière militaire de Nguyen Binh qui est limogé de son poste de chef militaire du Nam Bo et mourra dans une embuscade au Cambodge en septembre 1951 (Goscha, 2002, pp. 56-57).
2 régiments de la 308e division vm prennent le chemin de Ha Giang pour se rendre en instruction en Chine à Mengzi (Yunnan). Un régiment de la 312e division vm se dirige vers Cao Bang pour gagner Huatong dans le Guangxi. On les initie à l’utilisation des explosifs. Deux régiments vm en position sur la ligne de front de Cao Bang sont réarmés par les Chinois (Giap 2, 2004, pp. 16).
Dans un discours à l’occasion du 2e Congrès d’état-major, Giap développe à nouveau le concept de « bataille d’anéantissement » déjà évoqué en janvier par Truong Chinh lors du précédent congrès du P.C. (voir 21 janvier – 3 février et 18 avril). Giap évoque alors « des combats classiques », des « batailles rangées » et des « sièges » (Zervoudakis, 1994, p. 55). La stratégie du VM s’engage vers une mise en veilleuse de la guérilla au profit d’une guerre plus conventionnelle visant à l’anéantissement de l’ennemi.
2 - 6 avril 50 : Lors du 12e congrès du P.C.F. de Gennevilliers, le député de la Seine André Marty déclare : « Le prolétariat français a intérêt à ce que le peuple vietnamien batte les impérialistes français, les colonialistes et bien sûr leur maîtres, les impérialistes américains. » (cité in Wainstock, Miller, 2019, pp. 92-93) De son côté, le secrétaire général Maurice Thorez dans son rapport final déclare : « Dès lors lutter pour la paix au Vietnam, soutenir activement le droit du peuple vietnamien à la libre disposition, jusque et y compris, le droit de se déparer de la France, le droit à la complète indépendance, c’est lutter contre le déclenchement de la troisième guerre mondiale. » (cité in Ruscio, 1985, p. 236)
7 avril 50 : Le Conseil supérieur de la guerre est saisi des cas Revers et Mast. Le 5 mai, à l'Assemblée nationale, ce sont des ministres du précédent gouvernement qui sont accusés d'avoir touché des pots de vin. C’est le début de « l’affaire des généraux » qui a un certain retentissement, surtout dans la presse de la gauche modérée (Combat, Franc-Tireur, Témoignage chrétien) qui conteste la manière dont sont menées les affaires en Indochine. Le 21, Revers et Mast sont mis à la retraite d'office par le Conseil des ministres. Curieusement, le 23, le gouvernement Bidault tombera, officiellement sur la question du statut des fonctionnaires, même si chacun sait que c'est l'affaire des fuites et des généraux qui l'a mis à bas.
Ayant entamé une tournée au Tonkin depuis le début de la semaine, le général Carpentier, commandant en chef du corps expéditionnaire français, adresse au président du Conseil Georges Bidault un compte rendu qui contredit totalement le pessimisme de la lettre qu’il avait adressée le 27 mars à Alessandri : « La situation à la frontière est très satisfaisante. Les communistes chinois n’ont pas renforcé leurs effectifs et n’y entretiennent que des avant-postes relativement légers. Il ne semble pas qu’une attaque de grand style soit à craindre dans l’immédiat. En ce qui concerne le Vietminh, la situation continue à évoluer favorablement : un convoi vient de passer de Langson à That Khe. » Seuls Cao Bang et Dong Khe demeurent « des points délicats » en cas de « collusion toujours plus affirmée sino-vietminh ». Il conclut : « Nous avons, en tout cas, dès maintenant pris l’ascendant sur le Vietminh au Tonkin. » (cité in Cadeau, 2022, pp. 123-124).
7 - 30 avril 50 : Opération Adrien. Elle vise à soutenir dans le Sud-Annam une révolte de la population moï contre le VM. Elle permet de le refouler temporairement vers la zone côtière (Gras, 1979, pp. 290-291).
14 avril 50 : A la veille du déclenchement de la guerre de Corée, un document N.S.C. 68 remis à Truman durcit la politique américaine à l’égard du communisme (Cadeau, 2019, p. 303).
17 avril 50 : Les troupes communistes chinoises débarquent sur l’île d’Haïnan qui commande tout le golfe du Tonkin. L’occupation de cette grande île est perçue comme une nouvelle menace communiste contre l’Indochine (Férier, 1993, p. 20).
Suite à la demande d’HCM, la Commission militaire centrale du P.C.C. ordonne la formation d’un groupe de conseillers militaires mais non des commandants d’unités qui manquent alors pourtant cruellement au VM. Ils doivent être capables de seconder les Q.G. de l’armée du VM pour 3 divisions. La création d’une école de formation des cadres est alors envisagée (Zhai, 2000, p. 6).
Issu de l’ancien P.C.I. dissous en 1946, création du Front uni issarak (F.U.I.) qui réclame l’indépendance totale du Cambodge. Il est officiellement composé d’éléments communistes et non communistes. Mais son noyau dur est et demeure communiste (Richer, 2009, p. 27-28).
18 avril 50 : Dans un article paru dans la publication vm, Quan Chinh Tap San, Dang Tri Dung font paraître un article intitulé « Les mouvements stratégiques ». Il revient sur la doctrine du moment : passer d’une phase de pure guérilla à une combinaison avec des engagements conventionnels (Zervoudakis, 1994, p. 55).
19 avril 50 : Suite à de violents incidents et au climat d’anarchie qui règne à Saigon-Cholon (attentats orchestrés par Nguyen Binh, grèves, manifestations), le Daï Viet entre en conflit avec le gouvernement de Nguyen Phan Long. Trois ministres donnent leur démission. Suivis de peu par un président du Conseil très affaibli qui démissionnera à son tour le 27 (Gras, 1979, p. 294).
Un mois après la création du Lao Dong se tient la cérémonie inaugurale d’un Comité central de libération du Peuple khmer qui devient un véritable satellite de la R.D.V.N. La propagande vm s’étend au Cambodge par le biais d’un « Bureau Central Sud » dirigé par un métis khméro-vietnamien dénommé Sieu Heng, probable ancien membre du P.C.I. qu’il aurait rejoint en 1946 (Fall, 1960, p. 127).
20 - 28 avril 50 : Opération aéroportée David au sud de Hadong (sud-ouest d’Hanoi).
27 avril 50 : Bao Daï congédie son président du Conseil, Nguyen Phan Long. Il est remplacé par Tran Van Huu, troisième président du Conseil. Celui-ci rétablit la peine de mort contre les terroristes et l’internement sans procès contre les auteurs de délits. Il nomme à la direction de la Sûreté un homme à poigne, Nguyen Van Tam, qui rétablit progressivement la sécurité par des opérations de police ciblées et efficaces (Gras, 1979, p. 294). Tran Van Huu demeurera président du Conseil jusqu’au 6 juin 1952.
29 avril 50 : Réoccupation française du secteur entre Nam Dinh et Ninh Binh dans la zone des Évêchés qui est progressivement reconquise.
Fin avril 50 : Pékin envoie auprès de Giap une mission militaire dirigée par le général Lo Kuei Po. Le matériel chinois va alors pouvoir commencer à franchir la frontière et le VM être formé à son utilisation.