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Début avril 49 : Le VM prépare la campagne du Song Thao au Nord-Ouest (provinces de Phu Tho, Yen Bay, Lao Caï) qui vise à attaquer les points faibles de l’armée française. Selon Giap, « la campagne prévoyait d’anéantir ces forces, d’élargir la base arrière du Nord-Ouest et d’alléger la pression sur le côté occidental du Viet Bac, afin de consolider notre base d’attaque contre le Haut-Laos. » (Giap 1, 2003, p. 249). | |||
4 avril 49 : Face à la situation à la frontière chinoise, lors d’un Conseil de défense de l’Indochine, le haut-commissaire Pignon, dans un revirement, revient sur les directives orientant l’effort militaire au Sud (voir 14 et 19 février). Il suit cette fois les conseils de Blaizot qui préconise le repli des troupes qui se trouvent isolées sur la R.C. 4 au sud de Langson. Toutefois le commandant en chef, soutenu par Alessandri, estime qu’on ne peut se contenter d’une solution purement défensive : des actions doivent être menées contre les bases du VM en Haute-Région, seule barrière contre la Chine communiste. Boyer De Latour (commandant des T.F.I.S.) maintient de son côté qu’il faut poursuivre les actions au Sud. Nouvelles divergences au sein du commandement militaire en Indochine, d’où l’envoi du général Revers sur demande du ministre de la F.O.M., Coste-Floret (voir 11 mai) (Gras, 1979, p. 265). | |||
Signature à Washington du traité de l’O.T.A.N. | |||
7 avril 49 : HCM signe un décret portant sur la création de forces locales et de milices populaires de guérilla vouées à remplacer progressivement les « compagnies autonomes – bataillons mobiles ». '''Ce dispositif permet de renforcer l’armée régulière et de former de plus grosses unités aguerries (futures divisions, dont la 308) en confiant les tâches de guérilla à des unités locales''' (Giap 1, 2003, p. 277). '''Il y a donc à ce moment précis un changement de tactique au sein de l’armée du VM dans la gestion de ses effectifs avec la constitution de grosses unités d’élite qui permettront d’entamer des phases de guerre conventionnelle, sans pour autant faire disparaître la guérilla.''' | |||
10 avril 49 : Suite au décret du gouvernement français du 23 mars, on procède aux '''élections de l’assemblée territoriale de Cochinchine''' qui doit se prononcer sur son statut. Malgré l’enjeu, elles ont lieu dans une relative indifférence du côté de la population vietnamienne dont l’abstention est massive. A Saigon, quatre cinquièmes des Français votent mais seulement 598 des 4 800 inscrits vietnamiens. Selon Coste-Floret, curieusement, 80 % des Vietnamiens ont voté plus en province que dans l’agglomération saïgonnaise. A l’issue des élections, la nouvelle assemblée comprend 64 conseillers dont 16 sont français (Gras, 1979, p. 261). | |||
Sur la R.C. 4, les 10 et 25 avril, deux convois font l’objet d’embuscades dans la région de Dong Khe. Les Français déplorent 23 tués, 6 disparus et 50 blessés. Le menace se précise encore un peu plus à la frontière chinoise (Cadeau, 2022, p. 98). | |||
14 avril 49 : Bao Daï avait accepté dans un premier temps un programme qui préconisait d’abord l’institution d’un État associé de Cochinchine suivi de son rattachement au Vietnam. Il revient sur son acceptation première et fait savoir par l’intermédiaire de Buu Loc qu’il considère les accords du 9 mars comme caducs si le rattachement n’est pas voté sans le passage intermédiaire par le statut d’État associé. Les Français cèdent en demandant des garanties qui seront acceptées par l’ex-empereur le 23 (Gras, 1979, p. 261). | |||
16 avril 49 : Blaizot, face à la menace « sino-vietminh » invite le général Koch (des T.F.I.N. sous les ordres d’Alessandri) à lancer un raid au Tonkin dans la vallée de la Rivière Claire, précisément dans les secteurs de Phu Tho puis Tuyen Quang. C’est l’opération ''Pomone''. Elle occasionne un débat au sein la direction de l’armée du VM. Giap, la jugeant faible, tranche et décide de l’abandonner pour poursuivre la campagne du Song Thao (Giap 1, 2003, p. 249). | |||
20 avril 49 : Les armées communistes chinoises franchissent le Yang Tsé. | |||
23 avril 49 : A l’Assemblée territoriale de Cochinchine, l’union des 3 ''Ky'' et la clause de garantie sont votées par 55 voix contre 6 et 2 abstentions. Il ne reste donc plus qu’à faire valider constitutionnellement cette décision par le gouvernement et le parlement français. | |||
Le commandement général du VM donne l’ordre au P.C. de la première interzone d’aider l’armée communiste chinoise en créant une zone libre dans les districts frontaliers et d’intensifier la guérilla au Nord-Est. (Giap 1, 2003, pp. 257-258). Le VM dispose désormais officiellement d’un sanctuaire chinois, proche de la R.C. 4. | |||
En Chine, abandon total de Nankin par les Nationalistes. Les Communistes prennent Nankin (capitale des nationalistes) et se dirigent vers le sud. Tchang Kaï Check s’envole définitivement pour l’île de Formose (aujourd’hui Taïwan). | |||
24 avril 49 : Enfin satisfait des avancées concédées par les Français, '''Bao Daï quitte Nice pour le Vietnam''' à bord de l’avion personnel d’Auriol. Après une escale à Singapour, il se rend directement à Dalat où il arrive le 28, sans passer par Saigon où la France lui a refusé résidence au palais Norodom, un lieu symbolique qui sera occupé uniquement par le haut-commissaire jusqu’en 1954. Le choix de résider à Dalat étant aussi pour Bao Daï une manière d’affirmer son indépendance mais également d’éluder indirectement le rôle qu’on attend de lui. Son retour est particulièrement « froid » : pas un coup d’œil pour le drapeau impérial, pas un mot à la haie de notables venus l’accueillir. Les autorités françaises attendent de lui la mise en place d’un régime anti-communiste dans lequel, sous des apparences vietnamiennes, tous les postes-clés demeureraient directement ou par personnes interposées entre les mains françaises. Bao Daï, personnage « énigmatique et ondoyant » selon Gras, mesure tout de suite le faible soutien populaire dont il bénéficie. Il est accusé d’être une « créature » française et se sait donc tenu à un prudent attentisme. Ce qui n’est d’ailleurs pas tout à fait pour lui déplaire. | |||
28 avril 49 : Bao Daï s’installe à Dalat. | |||
29 avril 49 : Début de l’opération ''Pomone'' au Tonkin. Elle se situe dans la boucle entre la Rivière Claire et le Fleuve Rouge. On effectue le largage d’un groupement parachutiste à Phu Lo (au nord d’Hanoi) et l’envoi de deux bataillons d’infanterie venus de Hung Hoa et Vietri. Une fois de plus cette opération tombe dans le vide laissé par le VM (Gras, 1979, p. 264). Les pertes occasionnées au sein du 10<sup>e</sup> Tabor provoquent une baisse du moral en son sein (Bodin, 2009, p. 152). |
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Début avril 49 : Le VM prépare la campagne du Song Thao au Nord-Ouest (provinces de Phu Tho, Yen Bay, Lao Caï) qui vise à attaquer les points faibles de l’armée française. Selon Giap, « la campagne prévoyait d’anéantir ces forces, d’élargir la base arrière du Nord-Ouest et d’alléger la pression sur le côté occidental du Viet Bac, afin de consolider notre base d’attaque contre le Haut-Laos. » (Giap 1, 2003, p. 249).
4 avril 49 : Face à la situation à la frontière chinoise, lors d’un Conseil de défense de l’Indochine, le haut-commissaire Pignon, dans un revirement, revient sur les directives orientant l’effort militaire au Sud (voir 14 et 19 février). Il suit cette fois les conseils de Blaizot qui préconise le repli des troupes qui se trouvent isolées sur la R.C. 4 au sud de Langson. Toutefois le commandant en chef, soutenu par Alessandri, estime qu’on ne peut se contenter d’une solution purement défensive : des actions doivent être menées contre les bases du VM en Haute-Région, seule barrière contre la Chine communiste. Boyer De Latour (commandant des T.F.I.S.) maintient de son côté qu’il faut poursuivre les actions au Sud. Nouvelles divergences au sein du commandement militaire en Indochine, d’où l’envoi du général Revers sur demande du ministre de la F.O.M., Coste-Floret (voir 11 mai) (Gras, 1979, p. 265).
Signature à Washington du traité de l’O.T.A.N.
7 avril 49 : HCM signe un décret portant sur la création de forces locales et de milices populaires de guérilla vouées à remplacer progressivement les « compagnies autonomes – bataillons mobiles ». Ce dispositif permet de renforcer l’armée régulière et de former de plus grosses unités aguerries (futures divisions, dont la 308) en confiant les tâches de guérilla à des unités locales (Giap 1, 2003, p. 277). Il y a donc à ce moment précis un changement de tactique au sein de l’armée du VM dans la gestion de ses effectifs avec la constitution de grosses unités d’élite qui permettront d’entamer des phases de guerre conventionnelle, sans pour autant faire disparaître la guérilla.
10 avril 49 : Suite au décret du gouvernement français du 23 mars, on procède aux élections de l’assemblée territoriale de Cochinchine qui doit se prononcer sur son statut. Malgré l’enjeu, elles ont lieu dans une relative indifférence du côté de la population vietnamienne dont l’abstention est massive. A Saigon, quatre cinquièmes des Français votent mais seulement 598 des 4 800 inscrits vietnamiens. Selon Coste-Floret, curieusement, 80 % des Vietnamiens ont voté plus en province que dans l’agglomération saïgonnaise. A l’issue des élections, la nouvelle assemblée comprend 64 conseillers dont 16 sont français (Gras, 1979, p. 261).
Sur la R.C. 4, les 10 et 25 avril, deux convois font l’objet d’embuscades dans la région de Dong Khe. Les Français déplorent 23 tués, 6 disparus et 50 blessés. Le menace se précise encore un peu plus à la frontière chinoise (Cadeau, 2022, p. 98).
14 avril 49 : Bao Daï avait accepté dans un premier temps un programme qui préconisait d’abord l’institution d’un État associé de Cochinchine suivi de son rattachement au Vietnam. Il revient sur son acceptation première et fait savoir par l’intermédiaire de Buu Loc qu’il considère les accords du 9 mars comme caducs si le rattachement n’est pas voté sans le passage intermédiaire par le statut d’État associé. Les Français cèdent en demandant des garanties qui seront acceptées par l’ex-empereur le 23 (Gras, 1979, p. 261).
16 avril 49 : Blaizot, face à la menace « sino-vietminh » invite le général Koch (des T.F.I.N. sous les ordres d’Alessandri) à lancer un raid au Tonkin dans la vallée de la Rivière Claire, précisément dans les secteurs de Phu Tho puis Tuyen Quang. C’est l’opération Pomone. Elle occasionne un débat au sein la direction de l’armée du VM. Giap, la jugeant faible, tranche et décide de l’abandonner pour poursuivre la campagne du Song Thao (Giap 1, 2003, p. 249).
20 avril 49 : Les armées communistes chinoises franchissent le Yang Tsé.
23 avril 49 : A l’Assemblée territoriale de Cochinchine, l’union des 3 Ky et la clause de garantie sont votées par 55 voix contre 6 et 2 abstentions. Il ne reste donc plus qu’à faire valider constitutionnellement cette décision par le gouvernement et le parlement français.
Le commandement général du VM donne l’ordre au P.C. de la première interzone d’aider l’armée communiste chinoise en créant une zone libre dans les districts frontaliers et d’intensifier la guérilla au Nord-Est. (Giap 1, 2003, pp. 257-258). Le VM dispose désormais officiellement d’un sanctuaire chinois, proche de la R.C. 4.
En Chine, abandon total de Nankin par les Nationalistes. Les Communistes prennent Nankin (capitale des nationalistes) et se dirigent vers le sud. Tchang Kaï Check s’envole définitivement pour l’île de Formose (aujourd’hui Taïwan).
24 avril 49 : Enfin satisfait des avancées concédées par les Français, Bao Daï quitte Nice pour le Vietnam à bord de l’avion personnel d’Auriol. Après une escale à Singapour, il se rend directement à Dalat où il arrive le 28, sans passer par Saigon où la France lui a refusé résidence au palais Norodom, un lieu symbolique qui sera occupé uniquement par le haut-commissaire jusqu’en 1954. Le choix de résider à Dalat étant aussi pour Bao Daï une manière d’affirmer son indépendance mais également d’éluder indirectement le rôle qu’on attend de lui. Son retour est particulièrement « froid » : pas un coup d’œil pour le drapeau impérial, pas un mot à la haie de notables venus l’accueillir. Les autorités françaises attendent de lui la mise en place d’un régime anti-communiste dans lequel, sous des apparences vietnamiennes, tous les postes-clés demeureraient directement ou par personnes interposées entre les mains françaises. Bao Daï, personnage « énigmatique et ondoyant » selon Gras, mesure tout de suite le faible soutien populaire dont il bénéficie. Il est accusé d’être une « créature » française et se sait donc tenu à un prudent attentisme. Ce qui n’est d’ailleurs pas tout à fait pour lui déplaire.
28 avril 49 : Bao Daï s’installe à Dalat.
29 avril 49 : Début de l’opération Pomone au Tonkin. Elle se situe dans la boucle entre la Rivière Claire et le Fleuve Rouge. On effectue le largage d’un groupement parachutiste à Phu Lo (au nord d’Hanoi) et l’envoi de deux bataillons d’infanterie venus de Hung Hoa et Vietri. Une fois de plus cette opération tombe dans le vide laissé par le VM (Gras, 1979, p. 264). Les pertes occasionnées au sein du 10e Tabor provoquent une baisse du moral en son sein (Bodin, 2009, p. 152).