(Page vide créée) |
Aucun résumé des modifications |
||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
Mars 49 : Poursuite de l’opération ''Diane'' (voir 15 février) qui vise à reprendre dans le delta du Fleuve Rouge le secteur à l’ouest du point de confluence entre ce fleuve et la Rivière Noire (Hung Hoa et ses environs) (carte n° 10 ''in'' Teulières, 1979, p. 63). | |||
Mars - juin 49 : Au Cambodge, tensions croissantes allant jusqu'à des affrontements armés entre différentes factions issarak, divisées entre révolutionnaires partisans ou non d'une alliance avec le VM, entre nationalistes de droite et de gauche. Création d'un Comité d’initiative pour la création d’un Parti révolutionnaire du peuple cambodgien (communiste.) | |||
1<sup>er</sup> mars 49 : HCM organise une réunion des représentants du Parti au gouvernement. Elle a pour but de lutter contre la « solution Bao Daï ». Le « citoyen Vinh Thuy » (Bao Daï) est désormais considéré comme un traître (Giap 1, 2003, pp. 247-248). '''Le tribunal militaire de la 3<sup>e</sup> interzone militaire communiste met en scène son procès par contumace,''' un acteur étant chargé d'incarner l'ex-empereur. Lâché par le Vietminh dès 1948, il est accusé de haute trahison et condamné à mort. | |||
2 mars 49 : Le conseil des ministres français se penche (enfin…) sur la question constitutionnelle en vue de céder la Cochinchine au Vietnam. Il décide de soumettre au Parlement un projet de loi créant une Assemblée territoriale de Cochinchine, seule compétente pour demander au Parlement la modification de son statut. Les Vietnamiens acceptent, persuadés que le traité ne sera qu’une étape vers l’indépendance complète. Après avoir été longtemps remisé au placard, le texte sera soumis à une procédure d’urgence (voir 8 mars) (Gras, 1979, p. 254). Bao Daï serait-il enfin entendu ?... | |||
3 mars 49 : Un nouveau décret (voir 3 mars 1947) reformule les pouvoirs du haut-commissaire Pignon. Celui-ci reste responsable de la défense et de la sécurité de l’Indochine sous les ordres du président du Conseil et par le biais du ministre de la France d’Outre-Mer. Il est toutefois toujours chargé de transmettre les ordres au commandant en chef. Le haut-commissaire demeure président du Conseil de défense, donne son avis sur les plans envisagés et sur l’opportunité des opérations. C’est lui et lui seul qui est habilité à correspondre directement avec le gouvernement. Ce maintien de la mise sous tutelle du pouvoir militaire sous la coupe du pouvoir politique a entretenu et entretiendra à l’avenir comme par le passé bien des tensions (D’Argenlieu/Leclerc ; Pignon/Blaizot). Et ce, d’autant plus que ces 2 formes de pouvoir sont étroitement imbriqués l’un à l’autre dans une situation de conflit permanent. | |||
Sur la R.C. 4, une embuscade se solde par la destruction de 23 G.M.C. (camions), 7 autres sont endommagés. Ces opérations de harcèlements ponctuels se poursuivront dès lors régulièrement (voir 3 septembre) (Bodin, 2009, p. 140). | |||
6 mars 49 : Échange de lettres entre le gouvernement français et Bao Daï qui fixe les prémices d’un accord (Boyer de la Tour, 1962, p. 129). | |||
8 mars 49 : '''Accords de l’Élysée entre Auriol – Bao Daï signés à l’Elysée : la France accepte (enfin…) la restitution de la Cochinchine au Vietnam''', litige qui avait en grande partie été à l’origine de l’échec de la conférence de Fontainebleau de 1946. Désormais, « La France réaffirme solennellement sa décisions de n’opposer aucun obstacle ''de jure ou de facto'' à l’entrée de la Cochinchine dans le Vietnam ». '''C’est donc la reconnaissance (pour la troisième fois…) de l’indépendance du Vietnam mais non d’une liberté de sa diplomatie qui ne demeure qu’une pure façade''' : le pays a obtenu le droit de nommer des diplomates en [[wikipedia:China|Chine]], en [[wikipedia:Thailand|Thaïlande]] et au… [[wikipedia:Vatican_City|Vatican]], tandis que le reste de la politique étrangère vietnamienne demeure sous contrôle français. L’unité du pays est reconnue. Le statut de la Cochinchine (colonie française depuis 1887) a été âprement discuté au sein du Parlement français. Mais on arrive à un accord : '''la France met enfin en route une procédure de cession de la Cochinchine au Vietnam.''' Un projet de loi autorise l’existence d’une Assemblée territoriale de Cochinchine. Elle émettra le vœu que soit modifié son statut afin d’être rattachée à l’État associé du Vietnam, au grand dam des colons français. La ratification sera officiellement proclamée le 11 mai. Bao Daï est désormais « chef de l’État vietnamien ». | |||
Ces accords confortent l’existence de l’Armée nationale vietnamienne (voir 1<sup>er</sup> janvier) avec la création de la Mission militaire française auprès du gouvernement vietnamien (M.M.F./G.V.N.) (Cadeau, 2019, p. 365). Une convention militaire franco-vietnamienne sera signée le 30 décembre. Les accords répondent également à une exigence américaine. Truman a exigé l’indépendance des 3 États pour accorder une aide militaire à la France dans une guerre toujours considérée comme essentiellement coloniale par les U.S.A. mais également désormais inscrite dans un contexte de Guerre froide (voir 6 octobre) (Bouilleaux, 2021, p. 158, note 5). Les Français, incapables de doter cette jeune armée en équipement et matériel, attendent beaucoup de cette aide. | |||
9 mars 49 : Le journal ''Libération'' évoque, en parlant du retour de Bao Daï au Vietnam, un « noceur international » qu’on « est allé repêcher dans les tripots de Hong-Kong et dans les boîtes de nuit de Cannes » (cité ''in'' Cadeau, 2019, p. 247). Si le reste de la presse française est plus modérée, l’homme ne suscite aucun enthousiasme en métropole. | |||
15 mars 49 : L’Assemblée nationale française adopte le texte créant une Assemblée territoriale de Cochinchine (voir 2 mars). Après des débats vifs et houleux (Turpin, 2005, pp. 355-356), une motion de censure déposée par le R.P.F. (gaulliste) est rejetée. Selon le général Boyer de la Tour (commandant les T.F.I.S.), localement, demeurent des points d’achoppement : « […] certains points relatifs à l’armée et à la diplomatie étaient très critiqués, enfin le maintien de l’Union douanière indochinoise semblait apporter une entrave à la souveraineté des États. » (Boyer de la Tour, 1962, p. 129). | |||
18 mars 49 : Au Laos, Le prince Boun Oum, resté fidèle aux Français durant l’occupation japonaise, remplace Souvannourath à la tête du gouvernement. | |||
Mi-mars 49 : Sur la R.C. 4, les postes de That Khe, Pont Bascou, Ben Me, du Song Ky Kong et de Deo Cat sont l’objet de violentes attaques du VM qui procède désormais à une utilisation intense de l’artillerie (Cadeau, 2022, p. 98). Ces attaques se poursuivront jusque fin-avril, la R.C. 4 devenant, selon les mots de Giap, « la route de la mort » (Giap 1, 2003, p. 246-247). | |||
19 mars 49 : Selon Bodin, « le général Alessandri propos[e] […] la dissolution de cinq bataillons parachutistes et des ponctions dans des unités légionnaires pour encadrer de nouvelles formations autochtones, ce qui [permet] de ne pas toucher aux bataillons statiques. Les F.T.E.O. souffr[ent] alors d’un sous-encadrement sévère. Pour 1949, on avait admis un encadrement en officiers de 4,5 % mais en réalité il n’était que de 3,06 % […] De tout cela, découl[ent] des fautes, des manquements à la discipline et souvent une baisse de la qualité opérationnelle des personnels. » (Bodin, 2009, p. 147) | |||
20 mars 49 : Face à la menace sino-vietnamienne sur la frontière, Blaizot décide de détourner l’arrivée des renforts venus de métropole vers Haïphong et le Tonkin prévue pour le 12 avril. Il s’agit selon les mots du commandant en chef Blaizot de « briser cette première manifestation de la collusion sino-vietminh. » (Gras, 1979, p. 264) | |||
23 mars 49 : Un décret du gouvernement français institue qu’une Assemblée nationale vietnamienne de 64 membres soit élue le 10 avril par un collège mixte de 5 100 conseillers provinciaux qui sont la plupart du temps des notables favorables aux Français. C’est elle qui doit se prononcer sur le rattachement de la Cochinchine au Vietnam pour être validée par l’Assemblée nationale française (Devillers, 2010, p. 252). | |||
25 mars 49 : Dans une lettre adressée directement à Pignon (et non au commandant en chef…), le général Boyer de la Tour (commandant les T.F.I.S.) se plaint pour une nième fois que l’on dégarnisse de troupes le Sud au bénéfice du Nord. Il expose une idée qui lui est chère : « Il est impossible avec les effectifs que nous avons d’entreprendre à la fois la pacification des trois territoires. » Pour lui, il faut défendre en priorité la Cochinchine pour 2 raisons principales : elle est moins contaminée et ses ressources économiques sont nettement supérieures. Il ne pense pas que le Nord soit défendable alors que les communistes chinois vont assurément remporter une victoire sur les nationalistes (Boyer de la Tour, 1962, pp. 159-160). | |||
27 mars 49 : Une incursion du VM sur la région de Moncay (sud-est du Tonkin) est vite repoussée puisque la ville est reprise le 28. Elle inquiète pourtant sévèrement le commandement français (Bodin, 2009, p. 140). | |||
28 mars 49 : Selon Bodin, « toute l’année, la R.C. 4 fut le théâtre d’une multitude d’actions. De petits points d’appui succombèrent aux assauts de l’A.P.V.N. comme Song Ky Kong le 28 mars. La plupart des grands ponts furent détruits entre Langson et Cao Bang. Les convois étaient fréquemment assaillis. » (Bodin, 2009, p. 140). Selon les mots de Giap, la R.C. 4 est bien devenue pour les Français la « route de la mort ». | |||
29 mars 49 : Après un revirement, déclaration de De Gaulle en faveur de la « solution Bao Daï », seul moyen pour les gaullistes de conserver une emprise sur la Cochinchine : « La France considère que c’est dans la personne de Bao Daï que se trouve effectivement le principe de souveraineté du Vietnam. Il faut que Bao Daï puisse régner et que, sous son égide, se constitue un gouvernement capable de gouverner effectivement le Vietnam. » (cité ''in'' Bodin, 1996, p. 254) De Gaulle ajoute : « La récente victoire des communistes chinois qui a compliqué le problème [indochinois] et qui va le compliquer de jour en jour d’avantage. » (cité ''in'' Turpin, 2000, p. 26, note 1) Une nécessité constante de la pensée gaullienne s’impose alors, « redresser la situation militaire » avant de vouloir faire de la politique. Selon Turpin, « on en restait donc à un vague exposé d’intentions politiques, bien dans la ligne du R.P.F. » (Turpin, 2005, p. 358) | |||
Fin mars 49 : Les nouvelles offensives du VM sur la R.C. 4 ont un retentissement dans la presse française. On parle de plusieurs bataillons encerclés à Langson et même de la prise de Moncay par les communistes chinois (voir 31 mars). | |||
Malgré l’approche des communistes chinois, HCM se garde bien de les célébrer. Il conserve à leur égard l’attitude prudente et même défiante qu’il a toujours cultivée à l’égard du grand voisin chinois. Il dément l’existence d’un accord secret avec Mao qu’il qualifie de « pure propagande impérialiste française ». Selon un discours rôdé, il assure que son gouvernement est une coalition nationale d’hommes de plusieurs partis et même de sans partis. Il conservera cette position nationaliste en août déclarant que s’il y avait des similitudes entre la démocratie chinoise et vietnamienne, « la nouvelle démocratie de la Chine est chinoise, la nôtre est vietnamienne. » Mais le discours de ses lieutenants est et sera tout à fait différent (voir 9 juillet) (Gras, 1979, p. 272). | |||
30 mars 49 : Le conseil des ministres français, ému par la prise de Moncay, décide de l’envoi de 13 bataillons supplémentaires et de deux groupes d’avions de chasse. Les effectifs du corps expéditionnaires vont alors atteindre 130 000 hommes, ce qui correspond à la vaine demande de Blaizot avait faite dès son arrivée (Gras, 1979, p. 264). | |||
Un raid du 5<sup>e</sup> B.C.C.P. qui avait comme objectif la capture des responsables vietminh de la zone de Hué tombe dans le vide (Bodin, 2009, p. 142). | |||
31 mars 49 : Réaction à l’Assemblée nationale française. On reproche au gouvernement son silence sur les événements militaires en cours du fait de la menace communiste à la frontière chinoise. Coste-Floret (F.O.M.) et Ramadier (Défense) nient et assurent que tout a été fait dans les formes (voir 30 mars). |
Dernière version du 1 juin 2025 à 09:32
Mars 49 : Poursuite de l’opération Diane (voir 15 février) qui vise à reprendre dans le delta du Fleuve Rouge le secteur à l’ouest du point de confluence entre ce fleuve et la Rivière Noire (Hung Hoa et ses environs) (carte n° 10 in Teulières, 1979, p. 63).
Mars - juin 49 : Au Cambodge, tensions croissantes allant jusqu'à des affrontements armés entre différentes factions issarak, divisées entre révolutionnaires partisans ou non d'une alliance avec le VM, entre nationalistes de droite et de gauche. Création d'un Comité d’initiative pour la création d’un Parti révolutionnaire du peuple cambodgien (communiste.)
1er mars 49 : HCM organise une réunion des représentants du Parti au gouvernement. Elle a pour but de lutter contre la « solution Bao Daï ». Le « citoyen Vinh Thuy » (Bao Daï) est désormais considéré comme un traître (Giap 1, 2003, pp. 247-248). Le tribunal militaire de la 3e interzone militaire communiste met en scène son procès par contumace, un acteur étant chargé d'incarner l'ex-empereur. Lâché par le Vietminh dès 1948, il est accusé de haute trahison et condamné à mort.
2 mars 49 : Le conseil des ministres français se penche (enfin…) sur la question constitutionnelle en vue de céder la Cochinchine au Vietnam. Il décide de soumettre au Parlement un projet de loi créant une Assemblée territoriale de Cochinchine, seule compétente pour demander au Parlement la modification de son statut. Les Vietnamiens acceptent, persuadés que le traité ne sera qu’une étape vers l’indépendance complète. Après avoir été longtemps remisé au placard, le texte sera soumis à une procédure d’urgence (voir 8 mars) (Gras, 1979, p. 254). Bao Daï serait-il enfin entendu ?...
3 mars 49 : Un nouveau décret (voir 3 mars 1947) reformule les pouvoirs du haut-commissaire Pignon. Celui-ci reste responsable de la défense et de la sécurité de l’Indochine sous les ordres du président du Conseil et par le biais du ministre de la France d’Outre-Mer. Il est toutefois toujours chargé de transmettre les ordres au commandant en chef. Le haut-commissaire demeure président du Conseil de défense, donne son avis sur les plans envisagés et sur l’opportunité des opérations. C’est lui et lui seul qui est habilité à correspondre directement avec le gouvernement. Ce maintien de la mise sous tutelle du pouvoir militaire sous la coupe du pouvoir politique a entretenu et entretiendra à l’avenir comme par le passé bien des tensions (D’Argenlieu/Leclerc ; Pignon/Blaizot). Et ce, d’autant plus que ces 2 formes de pouvoir sont étroitement imbriqués l’un à l’autre dans une situation de conflit permanent.
Sur la R.C. 4, une embuscade se solde par la destruction de 23 G.M.C. (camions), 7 autres sont endommagés. Ces opérations de harcèlements ponctuels se poursuivront dès lors régulièrement (voir 3 septembre) (Bodin, 2009, p. 140).
6 mars 49 : Échange de lettres entre le gouvernement français et Bao Daï qui fixe les prémices d’un accord (Boyer de la Tour, 1962, p. 129).
8 mars 49 : Accords de l’Élysée entre Auriol – Bao Daï signés à l’Elysée : la France accepte (enfin…) la restitution de la Cochinchine au Vietnam, litige qui avait en grande partie été à l’origine de l’échec de la conférence de Fontainebleau de 1946. Désormais, « La France réaffirme solennellement sa décisions de n’opposer aucun obstacle de jure ou de facto à l’entrée de la Cochinchine dans le Vietnam ». C’est donc la reconnaissance (pour la troisième fois…) de l’indépendance du Vietnam mais non d’une liberté de sa diplomatie qui ne demeure qu’une pure façade : le pays a obtenu le droit de nommer des diplomates en Chine, en Thaïlande et au… Vatican, tandis que le reste de la politique étrangère vietnamienne demeure sous contrôle français. L’unité du pays est reconnue. Le statut de la Cochinchine (colonie française depuis 1887) a été âprement discuté au sein du Parlement français. Mais on arrive à un accord : la France met enfin en route une procédure de cession de la Cochinchine au Vietnam. Un projet de loi autorise l’existence d’une Assemblée territoriale de Cochinchine. Elle émettra le vœu que soit modifié son statut afin d’être rattachée à l’État associé du Vietnam, au grand dam des colons français. La ratification sera officiellement proclamée le 11 mai. Bao Daï est désormais « chef de l’État vietnamien ».
Ces accords confortent l’existence de l’Armée nationale vietnamienne (voir 1er janvier) avec la création de la Mission militaire française auprès du gouvernement vietnamien (M.M.F./G.V.N.) (Cadeau, 2019, p. 365). Une convention militaire franco-vietnamienne sera signée le 30 décembre. Les accords répondent également à une exigence américaine. Truman a exigé l’indépendance des 3 États pour accorder une aide militaire à la France dans une guerre toujours considérée comme essentiellement coloniale par les U.S.A. mais également désormais inscrite dans un contexte de Guerre froide (voir 6 octobre) (Bouilleaux, 2021, p. 158, note 5). Les Français, incapables de doter cette jeune armée en équipement et matériel, attendent beaucoup de cette aide.
9 mars 49 : Le journal Libération évoque, en parlant du retour de Bao Daï au Vietnam, un « noceur international » qu’on « est allé repêcher dans les tripots de Hong-Kong et dans les boîtes de nuit de Cannes » (cité in Cadeau, 2019, p. 247). Si le reste de la presse française est plus modérée, l’homme ne suscite aucun enthousiasme en métropole.
15 mars 49 : L’Assemblée nationale française adopte le texte créant une Assemblée territoriale de Cochinchine (voir 2 mars). Après des débats vifs et houleux (Turpin, 2005, pp. 355-356), une motion de censure déposée par le R.P.F. (gaulliste) est rejetée. Selon le général Boyer de la Tour (commandant les T.F.I.S.), localement, demeurent des points d’achoppement : « […] certains points relatifs à l’armée et à la diplomatie étaient très critiqués, enfin le maintien de l’Union douanière indochinoise semblait apporter une entrave à la souveraineté des États. » (Boyer de la Tour, 1962, p. 129).
18 mars 49 : Au Laos, Le prince Boun Oum, resté fidèle aux Français durant l’occupation japonaise, remplace Souvannourath à la tête du gouvernement.
Mi-mars 49 : Sur la R.C. 4, les postes de That Khe, Pont Bascou, Ben Me, du Song Ky Kong et de Deo Cat sont l’objet de violentes attaques du VM qui procède désormais à une utilisation intense de l’artillerie (Cadeau, 2022, p. 98). Ces attaques se poursuivront jusque fin-avril, la R.C. 4 devenant, selon les mots de Giap, « la route de la mort » (Giap 1, 2003, p. 246-247).
19 mars 49 : Selon Bodin, « le général Alessandri propos[e] […] la dissolution de cinq bataillons parachutistes et des ponctions dans des unités légionnaires pour encadrer de nouvelles formations autochtones, ce qui [permet] de ne pas toucher aux bataillons statiques. Les F.T.E.O. souffr[ent] alors d’un sous-encadrement sévère. Pour 1949, on avait admis un encadrement en officiers de 4,5 % mais en réalité il n’était que de 3,06 % […] De tout cela, découl[ent] des fautes, des manquements à la discipline et souvent une baisse de la qualité opérationnelle des personnels. » (Bodin, 2009, p. 147)
20 mars 49 : Face à la menace sino-vietnamienne sur la frontière, Blaizot décide de détourner l’arrivée des renforts venus de métropole vers Haïphong et le Tonkin prévue pour le 12 avril. Il s’agit selon les mots du commandant en chef Blaizot de « briser cette première manifestation de la collusion sino-vietminh. » (Gras, 1979, p. 264)
23 mars 49 : Un décret du gouvernement français institue qu’une Assemblée nationale vietnamienne de 64 membres soit élue le 10 avril par un collège mixte de 5 100 conseillers provinciaux qui sont la plupart du temps des notables favorables aux Français. C’est elle qui doit se prononcer sur le rattachement de la Cochinchine au Vietnam pour être validée par l’Assemblée nationale française (Devillers, 2010, p. 252).
25 mars 49 : Dans une lettre adressée directement à Pignon (et non au commandant en chef…), le général Boyer de la Tour (commandant les T.F.I.S.) se plaint pour une nième fois que l’on dégarnisse de troupes le Sud au bénéfice du Nord. Il expose une idée qui lui est chère : « Il est impossible avec les effectifs que nous avons d’entreprendre à la fois la pacification des trois territoires. » Pour lui, il faut défendre en priorité la Cochinchine pour 2 raisons principales : elle est moins contaminée et ses ressources économiques sont nettement supérieures. Il ne pense pas que le Nord soit défendable alors que les communistes chinois vont assurément remporter une victoire sur les nationalistes (Boyer de la Tour, 1962, pp. 159-160).
27 mars 49 : Une incursion du VM sur la région de Moncay (sud-est du Tonkin) est vite repoussée puisque la ville est reprise le 28. Elle inquiète pourtant sévèrement le commandement français (Bodin, 2009, p. 140).
28 mars 49 : Selon Bodin, « toute l’année, la R.C. 4 fut le théâtre d’une multitude d’actions. De petits points d’appui succombèrent aux assauts de l’A.P.V.N. comme Song Ky Kong le 28 mars. La plupart des grands ponts furent détruits entre Langson et Cao Bang. Les convois étaient fréquemment assaillis. » (Bodin, 2009, p. 140). Selon les mots de Giap, la R.C. 4 est bien devenue pour les Français la « route de la mort ».
29 mars 49 : Après un revirement, déclaration de De Gaulle en faveur de la « solution Bao Daï », seul moyen pour les gaullistes de conserver une emprise sur la Cochinchine : « La France considère que c’est dans la personne de Bao Daï que se trouve effectivement le principe de souveraineté du Vietnam. Il faut que Bao Daï puisse régner et que, sous son égide, se constitue un gouvernement capable de gouverner effectivement le Vietnam. » (cité in Bodin, 1996, p. 254) De Gaulle ajoute : « La récente victoire des communistes chinois qui a compliqué le problème [indochinois] et qui va le compliquer de jour en jour d’avantage. » (cité in Turpin, 2000, p. 26, note 1) Une nécessité constante de la pensée gaullienne s’impose alors, « redresser la situation militaire » avant de vouloir faire de la politique. Selon Turpin, « on en restait donc à un vague exposé d’intentions politiques, bien dans la ligne du R.P.F. » (Turpin, 2005, p. 358)
Fin mars 49 : Les nouvelles offensives du VM sur la R.C. 4 ont un retentissement dans la presse française. On parle de plusieurs bataillons encerclés à Langson et même de la prise de Moncay par les communistes chinois (voir 31 mars).
Malgré l’approche des communistes chinois, HCM se garde bien de les célébrer. Il conserve à leur égard l’attitude prudente et même défiante qu’il a toujours cultivée à l’égard du grand voisin chinois. Il dément l’existence d’un accord secret avec Mao qu’il qualifie de « pure propagande impérialiste française ». Selon un discours rôdé, il assure que son gouvernement est une coalition nationale d’hommes de plusieurs partis et même de sans partis. Il conservera cette position nationaliste en août déclarant que s’il y avait des similitudes entre la démocratie chinoise et vietnamienne, « la nouvelle démocratie de la Chine est chinoise, la nôtre est vietnamienne. » Mais le discours de ses lieutenants est et sera tout à fait différent (voir 9 juillet) (Gras, 1979, p. 272).
30 mars 49 : Le conseil des ministres français, ému par la prise de Moncay, décide de l’envoi de 13 bataillons supplémentaires et de deux groupes d’avions de chasse. Les effectifs du corps expéditionnaires vont alors atteindre 130 000 hommes, ce qui correspond à la vaine demande de Blaizot avait faite dès son arrivée (Gras, 1979, p. 264).
Un raid du 5e B.C.C.P. qui avait comme objectif la capture des responsables vietminh de la zone de Hué tombe dans le vide (Bodin, 2009, p. 142).
31 mars 49 : Réaction à l’Assemblée nationale française. On reproche au gouvernement son silence sur les événements militaires en cours du fait de la menace communiste à la frontière chinoise. Coste-Floret (F.O.M.) et Ramadier (Défense) nient et assurent que tout a été fait dans les formes (voir 30 mars).