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Début 49 : Au Cambodge, suite à la lettre de Sihanouk adressée à Vincent Auriol en date 27 novembre 1947 et qui n’a eu réponse que le 28 novembre 1948 se réunit une commission franco-khmère. Les autorités françaises cherchent visiblement à gagner du temps et éluder, une fois de plus, la question de l’indépendance chère à Sihanouk et au pays khmer pour privilégier le cadre contraignant de l’Union française (Cambacérès, 2013, p. 78). | |||
1<sup>er</sup> janvier 49 : '''L’armée vietnamienne (A.N.V.) voit officiellement le jour.''' Par ce moyen et pour pallier le manque d’effectifs, les Français commencent à procéder à ce que l’on va dénommer le « jaunissement » des troupes. L’A.N.V. totalise 25 000 hommes (15 000 réguliers et 10 000 supplétifs). Les Français vont détacher 1 000 officiers et sous-officiers pour l’encadrer. De leur côté, les Vietnamiens fournissent 2 000 officiers et sous-officiers pour leur majorité issus du C.E.F.E.O. Les effectifs vietnamiens étant voués à s’accroître, un organisme de liaison entre les 2 armées donc sera créé (voir 8 mars) (Cadeau, 2019, p. 364). | |||
Selon Bodin, « les moyens humains effectivement présents en Indochine passèrent de 74 778 hommes au 1<sup>er</sup> janvier à 98 420 au 1<sup>er</sup> décembre, sans compter les autochtones, les auxiliaires de l’Armée ni ceux du Corps militaire de liaison administrative pour l’Extrême-Orient (C.M.L.A.E.O.). Devant l’ampleur du problème, les responsables des T.F.E.O. réclamèrent un choix clair : ou que la métropole facilite les engagements ou qu’on envoie d’office les appelés. Les différents gouvernements se refusèrent à cette dernière solution, si bien qu’en Indochine on usa de tous les palliatifs possibles. » On allonge donc la durée de séjour des troupes qui passe de 24 mois statutaires à 33 mois, « au mépris des conséquences sur l’état d’esprit, sur la santé et sur les rengagements. » (Bodin, 2009, pp. 146-147) | |||
Création d’un commandement des formations aéroportées en Indochine aux ordres du colonel Chavatte (Cadeau, 2019, p. 235). | |||
9 - 10 janvier 49 : L’expérience du « gouvernement central provisoire du Vietnam » de Xuan n’aboutit pas. Les autorités françaises refusent de lui transmettre les pouvoirs administratifs et jouent, une fois de plus, la carte de l’attentisme. Les partis nationalistes qui auraient dû le soutenir s’entredéchirent. Xuan rencontre Bao Daï à Cannes, essayant de le convaincre de rentrer au Vietnam. Sans le moindre résultat… | |||
10 janvier 49 : L’Armée Rouge chinoise défait l’armée nationaliste autour de Hsuchow (nord-est de la Chine, Jiangsu). | |||
12 janvier 49 : Guy Mollet, secrétaire général de la S.F.I.O., s’adresse par courrier au président du Conseil Henri Queuille. Face au blocage de la situation militaire, il déclare que le comité directeur de son parti demande « au gouvernement de tenter tout pour mettre fin à la guerre par des négociations avec toutes les fractions politiques ou culturelles du peuple vietnamien et, en premier lieu, avec le gouvernement Ho Chi Minh. » (cité ''in'' Ruscio, 1985, p. 212 et Ruscio, 1992, p. 109) Les socialistes, fluctuants, divisés et bien embarrassés par le conflit indochinois, continuent à rejeter la solution Bao Daï défendue par le gouvernement mais jugée par eux comme « impérialiste ». | |||
13 janvier 49 : Une conférence interministérielle réunit à l’Élysée les ministres intéressés par la question indochinoise et le haut-commissaire Pignon. On évoque la bien préoccupante question de l’arrivée des communistes chinois aux frontières de l’Indochine. | |||
14 janvier 49 : Mobilisant la jeunesse, ''L’Humanité'' lance une pétition du Comité français de la Jeunesse démocratique (dirigé par l’U.R.J.F.) contre la guerre du Vietnam. La pétition est soutenue par un certain nombre d’intellectuels : Raymond Aubrac, Marcel Cachin, Aimé Césaire, Paul Éluard, Justin Godard, Tristan Tzara, entre autres (Ruscio, 1985, p. 238). | |||
14 – 18 janvier 49 : VI<sup>e</sup> conférence nationale du ''Lien Viet'' en présence d’HCM. Le rapport politique évalue la situation nationale et internationale « en soulignant les nouvelles opportunités et les difficultés. » Le 15, Giap présente le rapport militaire. Ce dernier estime qu’après « la victoire du Viet Bac, la guerre est entrée dans sa deuxième étape. » Il est question de passer « à la contre-offensive générale » en mêlant guérilla et guerre de mouvement. HCM convoque un conseil de gouvernement pour la fin du mois (Giap 1, 2003, pp. 240-241). A l’issue de cette conférence Giap réunit les cadres militaires et politiques de l’armée : on prévoit d’attaquer les zones les moins défendues par les Français, conjointement dans le Nord-Est (Cao Bang-Langson, R.C. 4) et le Nord-Ouest. L’intervention des troupes régulières est également prévue au nord et au centre du Laos (Giap 1, 2003, pp. 243-245). | |||
16 janvier 49 : Pignon (haut-commissaire) se rend à Cannes pour rencontrer Bao Daï. Il se déclare dans un premier temps optimiste. Mais l’ex-empereur n’a pas changé d’avis, notamment sur le changement de statut de la Cochinchine pour lequel il exige le vote d’une loi française actant l’abandon de sa qualité de colonie (voir 14 juin). | |||
18 janvier 49 : Selon Ruscio, les partisans de la solution Bao Daï estiment qu’« elle est une garantie contre l’exploitation par le communisme du nationalisme en pleine effervescence en Asie ». Le journal ''Les Échos'' estime ainsi : « Le problème qui se pose pour la France [en Indochine] est le même qu’ont à résoudre l’Angleterre en Malaisie, la Hollande en Indonésie, les États-Unis dans l’Asie orientale et le Pacifique occidental, face à l’expansion idéologique soviétique : désolidariser les nationalismes du communisme. On commence à douter de plus en plus – surtout au moment où triomphe en Chine le communisme – qu’il soit possible d’y parvenir en brimant les nationalismes et sans qu’une attitude commune soit mise au point entre les capitales occidentales. » (cité ''in'' Ruscio, 1985, p. 235) | |||
21 janvier 49 : Reprise des discussions entre le haut-commissaire Pignon et le prince Buu Loc, directeur de cabinet de Bao Daï. Aucun avancement sur la question de la Cochinchine tant que la France n’actera pas une loi qui lui donnerait son indépendance. | |||
'''Démission de Tchang Kaï Check'''. Son successeur et grand rival, le président de la République chinoise nationaliste, Li Tsung-Jen (ou Li Zongren), ne parvient pas à négocier avec Mao (Cadeau, 2019, p. 600, note 23) | |||
23 janvier 49 : Les troupes communistes occupent Pékin après un siège de 40 jours. | |||
25 janvier 49 : HCM réunit un conseil de gouvernement qui acte les décisions prises lors de la VI<sup>e</sup> conférence du ''Lien Viet'' (voir 14-18 janvier) : « tenir bon sur notre ligne défensive dans l’étape d’équilibre des forces, et préparer activement la contre-offensive générale. » (Giap 1, 2003, p. 242) | |||
29 janvier 49 : Bao Daï annonce à l’occasion du Têt son retour prochain au Vietnam mais sans en préciser la date… | |||
30 janvier – 4 février 49 : Opération ''Parasol'' qui cherche à disloquer les unités vietminh au nord-est de Hanoï. |
Dernière version du 1 juin 2025 à 08:32
Début 49 : Au Cambodge, suite à la lettre de Sihanouk adressée à Vincent Auriol en date 27 novembre 1947 et qui n’a eu réponse que le 28 novembre 1948 se réunit une commission franco-khmère. Les autorités françaises cherchent visiblement à gagner du temps et éluder, une fois de plus, la question de l’indépendance chère à Sihanouk et au pays khmer pour privilégier le cadre contraignant de l’Union française (Cambacérès, 2013, p. 78).
1er janvier 49 : L’armée vietnamienne (A.N.V.) voit officiellement le jour. Par ce moyen et pour pallier le manque d’effectifs, les Français commencent à procéder à ce que l’on va dénommer le « jaunissement » des troupes. L’A.N.V. totalise 25 000 hommes (15 000 réguliers et 10 000 supplétifs). Les Français vont détacher 1 000 officiers et sous-officiers pour l’encadrer. De leur côté, les Vietnamiens fournissent 2 000 officiers et sous-officiers pour leur majorité issus du C.E.F.E.O. Les effectifs vietnamiens étant voués à s’accroître, un organisme de liaison entre les 2 armées donc sera créé (voir 8 mars) (Cadeau, 2019, p. 364).
Selon Bodin, « les moyens humains effectivement présents en Indochine passèrent de 74 778 hommes au 1er janvier à 98 420 au 1er décembre, sans compter les autochtones, les auxiliaires de l’Armée ni ceux du Corps militaire de liaison administrative pour l’Extrême-Orient (C.M.L.A.E.O.). Devant l’ampleur du problème, les responsables des T.F.E.O. réclamèrent un choix clair : ou que la métropole facilite les engagements ou qu’on envoie d’office les appelés. Les différents gouvernements se refusèrent à cette dernière solution, si bien qu’en Indochine on usa de tous les palliatifs possibles. » On allonge donc la durée de séjour des troupes qui passe de 24 mois statutaires à 33 mois, « au mépris des conséquences sur l’état d’esprit, sur la santé et sur les rengagements. » (Bodin, 2009, pp. 146-147)
Création d’un commandement des formations aéroportées en Indochine aux ordres du colonel Chavatte (Cadeau, 2019, p. 235).
9 - 10 janvier 49 : L’expérience du « gouvernement central provisoire du Vietnam » de Xuan n’aboutit pas. Les autorités françaises refusent de lui transmettre les pouvoirs administratifs et jouent, une fois de plus, la carte de l’attentisme. Les partis nationalistes qui auraient dû le soutenir s’entredéchirent. Xuan rencontre Bao Daï à Cannes, essayant de le convaincre de rentrer au Vietnam. Sans le moindre résultat…
10 janvier 49 : L’Armée Rouge chinoise défait l’armée nationaliste autour de Hsuchow (nord-est de la Chine, Jiangsu).
12 janvier 49 : Guy Mollet, secrétaire général de la S.F.I.O., s’adresse par courrier au président du Conseil Henri Queuille. Face au blocage de la situation militaire, il déclare que le comité directeur de son parti demande « au gouvernement de tenter tout pour mettre fin à la guerre par des négociations avec toutes les fractions politiques ou culturelles du peuple vietnamien et, en premier lieu, avec le gouvernement Ho Chi Minh. » (cité in Ruscio, 1985, p. 212 et Ruscio, 1992, p. 109) Les socialistes, fluctuants, divisés et bien embarrassés par le conflit indochinois, continuent à rejeter la solution Bao Daï défendue par le gouvernement mais jugée par eux comme « impérialiste ».
13 janvier 49 : Une conférence interministérielle réunit à l’Élysée les ministres intéressés par la question indochinoise et le haut-commissaire Pignon. On évoque la bien préoccupante question de l’arrivée des communistes chinois aux frontières de l’Indochine.
14 janvier 49 : Mobilisant la jeunesse, L’Humanité lance une pétition du Comité français de la Jeunesse démocratique (dirigé par l’U.R.J.F.) contre la guerre du Vietnam. La pétition est soutenue par un certain nombre d’intellectuels : Raymond Aubrac, Marcel Cachin, Aimé Césaire, Paul Éluard, Justin Godard, Tristan Tzara, entre autres (Ruscio, 1985, p. 238).
14 – 18 janvier 49 : VIe conférence nationale du Lien Viet en présence d’HCM. Le rapport politique évalue la situation nationale et internationale « en soulignant les nouvelles opportunités et les difficultés. » Le 15, Giap présente le rapport militaire. Ce dernier estime qu’après « la victoire du Viet Bac, la guerre est entrée dans sa deuxième étape. » Il est question de passer « à la contre-offensive générale » en mêlant guérilla et guerre de mouvement. HCM convoque un conseil de gouvernement pour la fin du mois (Giap 1, 2003, pp. 240-241). A l’issue de cette conférence Giap réunit les cadres militaires et politiques de l’armée : on prévoit d’attaquer les zones les moins défendues par les Français, conjointement dans le Nord-Est (Cao Bang-Langson, R.C. 4) et le Nord-Ouest. L’intervention des troupes régulières est également prévue au nord et au centre du Laos (Giap 1, 2003, pp. 243-245).
16 janvier 49 : Pignon (haut-commissaire) se rend à Cannes pour rencontrer Bao Daï. Il se déclare dans un premier temps optimiste. Mais l’ex-empereur n’a pas changé d’avis, notamment sur le changement de statut de la Cochinchine pour lequel il exige le vote d’une loi française actant l’abandon de sa qualité de colonie (voir 14 juin).
18 janvier 49 : Selon Ruscio, les partisans de la solution Bao Daï estiment qu’« elle est une garantie contre l’exploitation par le communisme du nationalisme en pleine effervescence en Asie ». Le journal Les Échos estime ainsi : « Le problème qui se pose pour la France [en Indochine] est le même qu’ont à résoudre l’Angleterre en Malaisie, la Hollande en Indonésie, les États-Unis dans l’Asie orientale et le Pacifique occidental, face à l’expansion idéologique soviétique : désolidariser les nationalismes du communisme. On commence à douter de plus en plus – surtout au moment où triomphe en Chine le communisme – qu’il soit possible d’y parvenir en brimant les nationalismes et sans qu’une attitude commune soit mise au point entre les capitales occidentales. » (cité in Ruscio, 1985, p. 235)
21 janvier 49 : Reprise des discussions entre le haut-commissaire Pignon et le prince Buu Loc, directeur de cabinet de Bao Daï. Aucun avancement sur la question de la Cochinchine tant que la France n’actera pas une loi qui lui donnerait son indépendance.
Démission de Tchang Kaï Check. Son successeur et grand rival, le président de la République chinoise nationaliste, Li Tsung-Jen (ou Li Zongren), ne parvient pas à négocier avec Mao (Cadeau, 2019, p. 600, note 23)
23 janvier 49 : Les troupes communistes occupent Pékin après un siège de 40 jours.
25 janvier 49 : HCM réunit un conseil de gouvernement qui acte les décisions prises lors de la VIe conférence du Lien Viet (voir 14-18 janvier) : « tenir bon sur notre ligne défensive dans l’étape d’équilibre des forces, et préparer activement la contre-offensive générale. » (Giap 1, 2003, p. 242)
29 janvier 49 : Bao Daï annonce à l’occasion du Têt son retour prochain au Vietnam mais sans en préciser la date…
30 janvier – 4 février 49 : Opération Parasol qui cherche à disloquer les unités vietminh au nord-est de Hanoï.