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par Jean-François Jagielski

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Octobre 49 : Après la victoire communiste d’octobre 1949, le général francophile américain de l’armée de l’Air Chenault (voir 9 mars 1945) réussit à convaincre son gouvernement, de créer à Taïwan une mission militaire américaine. Elle gèrera la compagnie aérienne ''Civil Air Transport'' (C.A.T.) qui devra être capable d’apporter une aide au Kuomintang lorsqu’il se réfugiera sur l’île de Formose (Taiwan) le 8 décembre. Une aide sera également apportée aux Français dans le cadre du ''Mutual Defense Assistance Program'' décidé par l’administration Truman ce même mois. Cette compagnie aérienne sera rachetée en août 1950 par la C.I.A. (Journoud, 2010, p. 131).


1<sup>er</sup> octobre 49 : '''Mao Tsé Toung proclame à Pékin la création de la République populaire de Chine.''' L’U.R.S.S. et les pays du bloc communiste la reconnaissent dès le lendemain, à l’exception notable du VM qui entend garder son indépendance diplomatique. HCM, toujours aussi méfiant à l’égard de la Chine, se contentera de l’envoi d’un simple télégramme de félicitation à Mao le 16, sans plus (Gras, 1979, p. 286).
Au Cambodge, le général nationaliste Dap Chhoun (ancien Issarak) rallie le gouvernement. De ce fait, il est libre de contrôler, comme gouverneur mais aussi en véritable seigneur de guerre, une large partie du nord du pays.
2 octobre 49 : Attaque par le VM d’un convoi entre Langson et Cao Bang au nord de Nacham, dans le défilé de Lung Vaï, provoquant 28 tués et 42 disparus côté français. Le VM s’empare à cette occasion d’armes automatiques et individuelles (Salan 2, 1971, p. 164).
3 octobre 49 : Un décret gouvernemental met fin à la concurrence entre le commandant en chef et le commandant des forces terrestres dont Blaizot avait dû faire les frais. Désormais c’est le commandant en chef, le général Charpentier, qui bénéficie de toutes les prérogatives (Cadeau, 2019, p. 256).
6 octobre 49 : Sihanouk se rend à Paris pour négocier l’accord d’indépendance du Cambodge mais arrive au moment  de la chute du gouvernement Queuille et d’une crise gouvernementale qui durera jusqu’à la fin du mois. Finalement, il repart laissant à son représentant Yem Sembaur le soin de le représenter (voir 8 novembre).
Le ''Mutual Defense Assistance Act'' est adopté par les U.S.A. Il détermine l’aide matérielle ou financière des pays européens face à la menace soviétique. En Indochine, l’aide américaine se manifestera sous forme de livraison de matériel militaire. Elle deviendra plus économique à partir de 1952 avec l’arrivée d’Eisenhower (Bouilleaux, 2021, pp. 159-160).
12 – 13 octobre 49 : Une première directive de la fédération C.G.T. des Ports et Docks est produite. Elle est envoyée aux Unions locales et départementales. Elle invite les « adhérents à mener toute action susceptible de porter fin à cette guerre afin d’établir une paix juste et durable. » (Ruscio, 1985, p. 242)
15 octobre 49 : Poursuite de la débâcle des armées nationalistes en Chine vers le sud du pays. Elles sont talonnées par les communistes. La ville de Canton se rend.
Carpentier adresse un rapport au gouvernement. Comme Pignon (haut-commissaire), il préconise le maintien de l’occupation de Cao Bang, ce qu’avaient pourtant déconseillé les généraux Blaizot et Revers (Salan 2, 1971, p. 164).
Signe de la dégradation des relations entre les catholiques et le VM, ce dernier attaque l’évêché de Phat Diem. Une intervention des parachutistes et des forces françaises permet à l’évêque d’éviter la capture. Cet acte marque une rupture dans la position conciliante des catholiques à l’égard du VM. Désormais, la majorité d’entre eux soutiendront bon an mal an les forces franco-nationalistes (Fall, 1960, p. 166).
16 octobre 49 : HCM envoie un simple télégramme de félicitations à Mao à l’occasion de la formation du gouvernement chinois. Par ce geste, le VM ne reconnaît pas officiellement le nouveau régime chinois après sa proclamation du 1<sup>er</sup> octobre (voir également 25 novembre). La vieille méfiance du Vietnam à l’égard du grand voisin chinois, fût-il devenu communiste, n’a pas pour autant disparu.
Opération ''Anthracite'' qui aboutit à l’occupation de Phat Diem, de Bui Chu et Nam Dinh dans la zone des Évêchés (carte n° 10 ''in'' Teulières, 1979, p. 63). Ce secteur avait été abandonné par les Français dès le printemps 1947, faute d’effectifs suffisants. Les Français espèrent y rallier les populations catholiques. Pour ménager le nationalisme des évêques, ils n’engagent que des troupes indochinoises. M<sup>gr</sup> Le Huu Tu capitule après un semblant de résistance et se rallie à Bao Daï. 2 500 armes sont distribuées aux milices catholiques mais leur ralliement demeure fragile et incertain. Les évêques jouent en fait un jeu subtil entre le VM et le gouvernement vietnamien en ne reconnaissant l’autorité ni de l’un ni de l’autre (Gras, 1979, pp. 280-281). Selon Bodin, « la contrepartie, même si cela assura le soutien des chrétiens, fut l’extension du territoire à protéger. Les T.F.I.N. n’en n’avaient pas la possibilité si bien que tous les secteurs pouvaient être touchés par la guérilla et soumis à l’emprise politico-militaire du Vietminh. » (Bodin, 2009, p. 143) Les F.T.E.O. doivent en fait se contenter, ici comme ailleurs, d’adapter leurs techniques d’intervention à leurs maigres possibilités matérielles et humaines.
24 octobre 49 : Le mouvement ''Lao issara'' en exil à Bangkok prononce sa dissolution. Ses membres se rallient au roi Sisavang Vong et s’engagent à faciliter le ralliement des résistants issara. Cette démarche leur permet de rentrer au Laos sous la conduite de Souvanna Phouma et de Katay D. Sasorith. C’est une défection pour le VM qui ne peut plus compter que sur ses propres forces dans le pays.
29 octobre 49 : '''Georges Bidault''' (M.R.P.) devient président du Conseil jusqu’au 7 février 1950.
Gouvernement Bidault 2 : Armées : René Pleven (M.R.P.) ; Affaires étrangères : Robert Schuman (M.R.P.) ; France d’Outre-mer : Jean Letourneau (M.R.P.). Une relative durabilité gouvernementale s’installe enfin. Pignon demeure au poste de haut-commissaire.
Fin octobre 49 : '''Le général Boyer de la Tour quitte son commandement au Sud. Il est remplacé par son adjoint, le général Chanson qui occupera comme son ancien supérieur le poste de commissaire de la République.'''

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Octobre 49 : Après la victoire communiste d’octobre 1949, le général francophile américain de l’armée de l’Air Chenault (voir 9 mars 1945) réussit à convaincre son gouvernement, de créer à Taïwan une mission militaire américaine. Elle gèrera la compagnie aérienne Civil Air Transport (C.A.T.) qui devra être capable d’apporter une aide au Kuomintang lorsqu’il se réfugiera sur l’île de Formose (Taiwan) le 8 décembre. Une aide sera également apportée aux Français dans le cadre du Mutual Defense Assistance Program décidé par l’administration Truman ce même mois. Cette compagnie aérienne sera rachetée en août 1950 par la C.I.A. (Journoud, 2010, p. 131).


1er octobre 49 : Mao Tsé Toung proclame à Pékin la création de la République populaire de Chine. L’U.R.S.S. et les pays du bloc communiste la reconnaissent dès le lendemain, à l’exception notable du VM qui entend garder son indépendance diplomatique. HCM, toujours aussi méfiant à l’égard de la Chine, se contentera de l’envoi d’un simple télégramme de félicitation à Mao le 16, sans plus (Gras, 1979, p. 286).

Au Cambodge, le général nationaliste Dap Chhoun (ancien Issarak) rallie le gouvernement. De ce fait, il est libre de contrôler, comme gouverneur mais aussi en véritable seigneur de guerre, une large partie du nord du pays.


2 octobre 49 : Attaque par le VM d’un convoi entre Langson et Cao Bang au nord de Nacham, dans le défilé de Lung Vaï, provoquant 28 tués et 42 disparus côté français. Le VM s’empare à cette occasion d’armes automatiques et individuelles (Salan 2, 1971, p. 164).


3 octobre 49 : Un décret gouvernemental met fin à la concurrence entre le commandant en chef et le commandant des forces terrestres dont Blaizot avait dû faire les frais. Désormais c’est le commandant en chef, le général Charpentier, qui bénéficie de toutes les prérogatives (Cadeau, 2019, p. 256).


6 octobre 49 : Sihanouk se rend à Paris pour négocier l’accord d’indépendance du Cambodge mais arrive au moment  de la chute du gouvernement Queuille et d’une crise gouvernementale qui durera jusqu’à la fin du mois. Finalement, il repart laissant à son représentant Yem Sembaur le soin de le représenter (voir 8 novembre).

Le Mutual Defense Assistance Act est adopté par les U.S.A. Il détermine l’aide matérielle ou financière des pays européens face à la menace soviétique. En Indochine, l’aide américaine se manifestera sous forme de livraison de matériel militaire. Elle deviendra plus économique à partir de 1952 avec l’arrivée d’Eisenhower (Bouilleaux, 2021, pp. 159-160).


12 – 13 octobre 49 : Une première directive de la fédération C.G.T. des Ports et Docks est produite. Elle est envoyée aux Unions locales et départementales. Elle invite les « adhérents à mener toute action susceptible de porter fin à cette guerre afin d’établir une paix juste et durable. » (Ruscio, 1985, p. 242)


15 octobre 49 : Poursuite de la débâcle des armées nationalistes en Chine vers le sud du pays. Elles sont talonnées par les communistes. La ville de Canton se rend.

Carpentier adresse un rapport au gouvernement. Comme Pignon (haut-commissaire), il préconise le maintien de l’occupation de Cao Bang, ce qu’avaient pourtant déconseillé les généraux Blaizot et Revers (Salan 2, 1971, p. 164).

Signe de la dégradation des relations entre les catholiques et le VM, ce dernier attaque l’évêché de Phat Diem. Une intervention des parachutistes et des forces françaises permet à l’évêque d’éviter la capture. Cet acte marque une rupture dans la position conciliante des catholiques à l’égard du VM. Désormais, la majorité d’entre eux soutiendront bon an mal an les forces franco-nationalistes (Fall, 1960, p. 166).


16 octobre 49 : HCM envoie un simple télégramme de félicitations à Mao à l’occasion de la formation du gouvernement chinois. Par ce geste, le VM ne reconnaît pas officiellement le nouveau régime chinois après sa proclamation du 1er octobre (voir également 25 novembre). La vieille méfiance du Vietnam à l’égard du grand voisin chinois, fût-il devenu communiste, n’a pas pour autant disparu.

Opération Anthracite qui aboutit à l’occupation de Phat Diem, de Bui Chu et Nam Dinh dans la zone des Évêchés (carte n° 10 in Teulières, 1979, p. 63). Ce secteur avait été abandonné par les Français dès le printemps 1947, faute d’effectifs suffisants. Les Français espèrent y rallier les populations catholiques. Pour ménager le nationalisme des évêques, ils n’engagent que des troupes indochinoises. Mgr Le Huu Tu capitule après un semblant de résistance et se rallie à Bao Daï. 2 500 armes sont distribuées aux milices catholiques mais leur ralliement demeure fragile et incertain. Les évêques jouent en fait un jeu subtil entre le VM et le gouvernement vietnamien en ne reconnaissant l’autorité ni de l’un ni de l’autre (Gras, 1979, pp. 280-281). Selon Bodin, « la contrepartie, même si cela assura le soutien des chrétiens, fut l’extension du territoire à protéger. Les T.F.I.N. n’en n’avaient pas la possibilité si bien que tous les secteurs pouvaient être touchés par la guérilla et soumis à l’emprise politico-militaire du Vietminh. » (Bodin, 2009, p. 143) Les F.T.E.O. doivent en fait se contenter, ici comme ailleurs, d’adapter leurs techniques d’intervention à leurs maigres possibilités matérielles et humaines.


24 octobre 49 : Le mouvement Lao issara en exil à Bangkok prononce sa dissolution. Ses membres se rallient au roi Sisavang Vong et s’engagent à faciliter le ralliement des résistants issara. Cette démarche leur permet de rentrer au Laos sous la conduite de Souvanna Phouma et de Katay D. Sasorith. C’est une défection pour le VM qui ne peut plus compter que sur ses propres forces dans le pays.


29 octobre 49 : Georges Bidault (M.R.P.) devient président du Conseil jusqu’au 7 février 1950.

Gouvernement Bidault 2 : Armées : René Pleven (M.R.P.) ; Affaires étrangères : Robert Schuman (M.R.P.) ; France d’Outre-mer : Jean Letourneau (M.R.P.). Une relative durabilité gouvernementale s’installe enfin. Pignon demeure au poste de haut-commissaire.


Fin octobre 49 : Le général Boyer de la Tour quitte son commandement au Sud. Il est remplacé par son adjoint, le général Chanson qui occupera comme son ancien supérieur le poste de commissaire de la République.

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