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par Jean-François Jagielski

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Arrivée à la frontière des nationalistes chinois par groupe de 500 au poste de Chi Ma. Ils sont dirigés vers Loc Binh puis par la R.C. 4 sur la baie d’Along, au camp d’internement de Tien-Yen-Campha où se retrouveront 34 300 hommes. Le mouvement d’abord ordonné se transforme ensuite en cohue de soldats, de civils et de blessés. Lorsque certains nationalistes chinois atteignent la frontière, ils ne la franchissent pas. A Na Cham, un groupe de 2 500 hommes refuse de se faire désarmer, parvient à échapper à la vigilance française et ne sera repris par les Français que début janvier 1950. La France refusera alors de les faire transiter sur l’île de Formose (actuelle Taïwan). Ils seront retenus au large du Cambodge jusqu’au printemps 1953 (Gras, 1979, pp. 282-283). Un groupe de 600 nationalistes franchit la frontière à Dong Dang et 200 autres à Moncay.
Arrivée à la frontière des nationalistes chinois par groupe de 500 au poste de Chi Ma. Ils sont dirigés vers Loc Binh puis par la R.C. 4 sur la baie d’Along, au camp d’internement de Tien-Yen-Campha où se retrouveront 34 300 hommes. Le mouvement d’abord ordonné se transforme ensuite en cohue de soldats, de civils et de blessés. Lorsque certains nationalistes chinois atteignent la frontière, ils ne la franchissent pas. A Na Cham, un groupe de 2 500 hommes refuse de se faire désarmer, parvient à échapper à la vigilance française et ne sera repris par les Français que début janvier 1950. La France refusera alors de les faire transiter sur l’île de Formose (actuelle Taïwan). Ils seront retenus au large du Cambodge jusqu’au printemps 1953 (Gras, 1979, pp. 282-283). Un groupe de 600 nationalistes franchit la frontière à Dong Dang et 200 autres à Moncay.
14 décembre 49 : Les premiers éléments de l’armée communiste chinoise arrivent à la frontière vietnamienne dans la région de Monkay mais ne la franchissent pas (Ruscio, 1992, p. 145).


14 décembre 49 : Les premiers éléments de l’armée communiste chinoise arrivent à la frontière vietnamienne dans la région de Monkay mais ne la franchissent pas (Ruscio, 1992, p. 145).
14 décembre 49 : Les premiers éléments de l’armée communiste chinoise arrivent à la frontière vietnamienne dans la région de Monkay mais ne la franchissent pas (Ruscio, 1992, p. 145).
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Fin 49 : Selon Bodin, « […] les effectifs des F.T.E.O. dev[iennent] de moins en moins français. À la fin de l’année, les Métropolitains ne particip[ent] plus à leur composition que pour 31,1 % mais sur le terrain, les pourcentages étaient encore plus bas car beaucoup d’Européens servaient dans les bureaux et étaient dilués dans des formations autochtones. Les autres composantes se répartiss[ent] ainsi : légionnaires : 11,6 % ; Nord-Africains : 16,7 % ; Africains : 8,3 % ; Indochinois : 32,3 %. Les T.F.E.O. dev[iennent] une armée cosmopolite, ce qui compliqu[e] encore plus la gestion des personnels et leur soutien logistique. En somme, on p[eut] continuer la guerre sans trop troubler l’opinion française, puisque les ponctions humaines dans la nation ne touch[ent] que des hommes ayant choisi le métier des armes et qu’on f[ait] la guerre avec des sortes de mercenaires payés au rabais [...] Le manque d’effectifs condui[t] à [un] emploi [des troupes] sans répit ni repos au point qu’ils connaissaient eux aussi un épuisement en profondeur. » L’alcoolisme devient un fléau. Le nombre de « volontaires ou désignés » pour un deuxième séjour s’accroit de 21 % pour les officiers, 9 % pour les sous-officiers et 7,3 % pour les hommes de troupes. Des soldats aguerris mais « un peu plus vieux et parfois diminués par leur premier séjour du fait d’affections tropicales mal consolidées. » (Bodin, 2009, pp. 149-150)
 
​Fin 49 : Selon Bodin, « […] les effectifs des F.T.E.O. dev[iennent] de moins en moins français. À la fin de l’année, les Métropolitains ne particip[ent] plus à leur composition que pour 31,1 % mais sur le terrain, les pourcentages étaient encore plus bas car beaucoup d’Européens servaient dans les bureaux et étaient dilués dans des formations autochtones. Les autres composantes se répartiss[ent] ainsi : légionnaires : 11,6 % ; Nord-Africains : 16,7 % ; Africains : 8,3 % ; Indochinois : 32,3 %. Les T.F.E.O. dev[iennent] une armée cosmopolite, ce qui compliqu[e] encore plus la gestion des personnels et leur soutien logistique. En somme, on p[eut] continuer la guerre sans trop troubler l’opinion française, puisque les ponctions humaines dans la nation ne touch[ent] que des hommes ayant choisi le métier des armes et qu’on f[ait] la guerre avec des sortes de mercenaires payés au rabais [...] Le manque d’effectifs condui[t] à [un] emploi [des troupes] sans répit ni repos au point qu’ils connaissaient eux aussi un épuisement en profondeur. » L’alcoolisme devient un fléau. Le nombre de « volontaires ou désignés » pour un deuxième séjour s’accroit de 21 % pour les officiers, 9 % pour les sous-officiers et 7,3 % pour les hommes de troupes. Des soldats aguerris mais « un peu plus vieux et parfois diminués par leur premier séjour du fait d’affections tropicales mal consolidées. » (Bodin, 2009, pp. 149-150)


Le conseiller chinois Luo Guibo est nommé « représentant du comité central du P.C.C. auprès du comité central du P.C.I. » Il est chargé des questions de l’aide à la résistance du VM (Goscha, 2000, p. 15).
Le conseiller chinois Luo Guibo est nommé « représentant du comité central du P.C.C. auprès du comité central du P.C.I. » Il est chargé des questions de l’aide à la résistance du VM (Goscha, 2000, p. 15).


​Fin 49 - avril 50 : Nguyen Binh constitue au Sud 15 bataillons ''chu luc'' en prélevant les meilleurs éléments des unités provinciales du Sud. Mais il est confronté à une crise économique et financière, un blocus économique empêchant son administration de sortir du riz. Il décide donc de passer à une guerre de mouvement où, contrairement à d’habitude, ses troupes vont prendre l’initiative durant une période de cinq mois, de décembre à avril, et ce, à partir du 8 décembre. Il produit une série d’attaques sur le dispositif défensif français, notamment les tours de surveillance. Il s’acharne plus particulièrement sur l’axe Travinh-Tieu Can. Ces attaques se font à coup d’hommes car il dispose de peu d’armement et les pertes sont lourdes. Il décide d’investir Saigon avec ses « volontaires de la mort » du bataillon 950 chargés de la réalisation d’attentats. Ces méthodes ne lui permettent de rallier qu’une partie des classes populaires, terrorisant la bourgeoisie saïgonnaise qui se réfugie dans une forme d’attentisme. Face à cette situation anarchique, le gouvernement de Nguyen Phan Long (qui va succéder à celui de Bao Daï, voir 21 janvier 1950) fait montre d’impuissance (Gras, 1979, p. 293).
​Fin 49 - avril 50 : Nguyen Binh constitue au Sud 15 bataillons ''chu luc'' en prélevant les meilleurs éléments des unités provinciales du Sud. Mais il est confronté à une crise économique et financière, un blocus économique empêchant son administration de sortir du riz. Il décide donc de passer à une guerre de mouvement où, contrairement à d’habitude, ses troupes vont prendre l’initiative durant une période de cinq mois, de décembre à avril, et ce, à partir du 8 décembre. Il produit une série d’attaques sur le dispositif défensif français, notamment les tours de surveillance. Il s’acharne plus particulièrement sur l’axe Travinh-Tieu Can. Ces attaques se font à coup d’hommes car il dispose de peu d’armement et les pertes sont lourdes. Il décide d’investir Saigon avec ses « volontaires de la mort » du bataillon 950 chargés de la réalisation d’attentats. Ces méthodes ne lui permettent de rallier qu’une partie des classes populaires, terrorisant la bourgeoisie saïgonnaise qui se réfugie dans une forme d’attentisme. Face à cette situation anarchique, le gouvernement de Nguyen Phan Long (qui va succéder à celui de Bao Daï, voir 21 janvier 1950) fait montre d’impuissance (Gras, 1979, p. 293).

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Début décembre 49 : Le 5e corps d’armée nationaliste chinois de Huang Chieh (voir novembre) se trouve acculé à la frontière tonkinoise à l’est de Langson. Ayant subi de lourdes pertes, il ne lui reste plus que 30 000 hommes. Il s’apprête à glisser le long de la frontière au Yunnan lorsqu’il apprend que le « seigneur de la guerre » de cette province, Lou Han, fait soumission à Mao. Huang Chieh reçoit un message lui conseillant de replier ses troupes au Vietnam pour y attendre une occasion de rejoindre l’île de Formose (Gras, 1979, p. 282).


Décembre 49 : Arrivée des nationalistes chinois poursuivis par les communistes à la frontière vietnamo-chinoise. Les Français laissent passer les restes de l’armée nationaliste en les désarmant et fait face, autant que faire se peut, aux communistes chinois qui ne pénètrent pas au Vietnam malgré un climat tendu à la frontière (Bodard, 1997, p. 409-442). Un nouveau credo voit le jour dans le monde non-communiste : l’armée française telle que la conçoit le général Revers défend désormais le monde libre « contre la marée rouge ». Dans le contexte de la guerre de Corée qui va démarrer le 25 juin 1950, la France est en train de redevenir une alliée des Américains dans le Sud-Est asiatique.

La défaite de l’armée nationaliste chinoise et le désarmement de ses 30 à 35 000 soldats permet aux communistes chinois d’approvisionner le VM en armement américain, bien plus récent et actualisé que celui du C.E.F.E.O. qui a servi en Europe durant la SGM et en Indochine depuis le début du conflit. Cet apport modifiera la structure de l’armée du VM qui se dote progressivement de grandes unités capables désormais de mêler guérilla et guerre de mouvement conventionnelle (Toinet, 1998, p. 89).

52 % des Français déclarent n’avoir aucun intérêt pour la question indochinoise (Bodin, 2009, p. 151).


1er décembre 49 : Le secrétaire d’État, Dean Acheson, demande à la France une déclaration solennelle fixant un calendrier menant à l’indépendance du Vietnam avec supervision d’une commission internationale. Tout en soutenant la France, les U.S.A. sont de plus en plus inquiets face à l’évolution de la situation militaire en Indochine confrontée à la présence des armées communistes chinoises à ses frontières (De Folin, 1993, pp. 200-201).

En Chine, Chunking tombe à son tour aux mains des communistes.


2 décembre 49 : La radio du VM déclare : « Depuis quatre ans notre peuple lutte seul contre l’ennemi. Cette lutte, commencée avec des bâtons, entre aujourd’hui dans une phase décisive. » (cité in Ruscio, 1985, pp. 234-235) L’apport de matériel américain récupéré chez les nationalistes en en déroute, cédé par les communistes chinois, autorise ce genre de déclaration.


7 décembre 49 : Les communistes achèvent la conquête de la Chine, y compris les provinces ayant une frontière commune avec l’Indochine. Le VM sait qu’il va pouvoir créer un « sanctuaire » dans ces provinces chinoises désormais sous domination communiste.

Le général Revers est relevé de son commandement.


8 décembre 49 : Tchang Kai Check et les troupes du Kuomintang amorcent leur exil sur l’île de Formose (Taiwan).


9 décembre 49 : Le général nationaliste chinois Huang Chieh (voir novembre) envoie une délégation à la frontière pour demander aux Français le passage vers le port de Haïphong en vue d’un transfert du reste de ses troupes sur Formose (Gras, 1979, p. 282). Les choses ne se passeront pas selon ses vœux (voir 13 décembre).


9 – 10 décembre 49 : Une réunion du comité central du P.C.F. prône pour la première fois la lutte contre la fabrication, le transport et le chargement de matériel de guerre à destination de l’Indochine. Étienne Fajon, membre du comité central et du bureau politique, déclare : « Dans toutes les entreprises qui s’adonnent à la fabrication ou au transport du matériel de guerre, les communistes trahiraient leur devoir s’ils n’organisaient pas ouvertement la lutte politique des masses contre cette fabrication, pour la reconversion pacifique de l’entreprise. » De son côté, André Marty dresse un véritable plan d’action, réutilisant les textes de Jules Guesde qui avait combattu contre la guerre au Tonkin. Désormais le mot d’ordre des communistes français sera « rapatriement du corps expéditionnaire ». Le secrétaire général Maurice Thorez approuve ce plan dans sa conclusion (Ruscio, 1985, pp. 245-247).


10 décembre 49 : En réponse au message menaçant de Zhou Enlaï du 29 novembre, bien que se proclamant « État neutre », la France et le Vietnam se réservent par un artifice juridique le droit d’accueillir au Tonkin des « amis » qui seront toutefois désarmés à partir du 13 décembre (Cadeau, 2022, p. 118).

Pignon annonce publiquement que l’armée française a reçu l’ordre de s’opposer à toutes troupes étrangères qui tenteraient de pénétrer au Tonkin. Celles qui y entreraient seraient soit refoulées, soit désarmées et internées conformément au droit international (Gras, 1979, p. 282). Le haut-commissaire est tout à fait en phase avec le ministre des Affaires étrangères, Robert Schuman, et s’oppose en cela aux positions de l’ex-ambassadeur de la Chine nationaliste, Jacques Meyrier, qui pense que le fait de reconnaître la R.P.C. ne peut  qu’entraver la collusion entre Mao et HCM. Pour Pignon, cette position est un non-sens puisque que le combat des soldats français et des Vietnamiens ralliés à la cause française est avant tout un rempart contre le communisme (Cadeau, 2019, p. 268). Des tracts et affiches rédigés en mandarin sont répandus le long de la frontière, expliquant aux futurs réfugiés :        « Si, malgré [les] recommandations, tu continues à circuler avec tes armes sur le territoire du Vietnam, tu seras considéré comme un pirate et poursuivi comme tel. » (cité in Cadeau, 2019, p. 270)

En Chine, chute de la ville de Chengdu, dernier bastion de la Chine nationaliste. Tchang Kaï Check quitte ce jour même le territoire chinois pour s’embarquer pour Formose (Taïwan) (Cadeau, 2019, p. 267).


11 décembre 49 : Les nationalistes chinois, malgré une mise en garde française (voir 10 décembre), insistent pour être reçus au Vietnam. La négociation est tendue, les exigences des Chinois pouvant aller jusqu’à la menace. Un émissaire du général nationaliste Pei Shung Hsi (1er groupe d’armée) se présente au poste frontalier de Chi Ma (nord-est de Loc Binh) et présente une lettre annonçant la venue d’environ 40 000 hommes et femmes, principalement originaires de la province centrale du Human. Il est question d’un prétendu accord entre les ministères des Affaires étrangères français et chinois, prétendument validé par Bao Daï. Le général nationaliste sollicite un droit de passage pour se rendre à Formose (Taïwan) via Haïphong.  Les Français, en position de faiblesse, sont quasiment mis devant un fait accompli. Ils temporisent ne disposant que de quelques compagnies à la frontière pour contenir les 30 000 nationalistes et faire face à 50 000 communistes (Gras, 1979, p. 282 ; Cadeau, 2019, p. 270).


12 décembre 49 : L’affaire des généraux rebondit par le biais de la presse américaine (Time) dont le gouvernement français essaie d’empêcher la publication. Une technique rôdée qui avait permis de museler la presse française au lendemain de l’affaire (voir 27 septembre) (Gras, 1979, p. 279). Aux États-Unis, c’est un échec.

Après d’âpres discussions, deux généraux nationalistes chinois viennent signer à Chima avec les Français un accord qui sauve la face mais qui est en fait une reddition. A l’issue d’une journée non dénuée de menaces, ils signent une convention de désarmement et l’acheminement de troupes vers des « centres d’accueil » qui, en fait, n’existent que sur le papier. Cette convention doit entrer en application le 13  (Cadeau, 2019, p. 271).

Une note de renseignements du 2e bureau fait état de la menace que font peser les nationalistes chinois sur l’axe Langson-Cao Bang : on s’attend à devoir faire face à entre      25 000 et 100 000 hommes (Cadeau, 2019, p. 269).

Le New York Times estime qu’avec l’arrivée à la frontière du Tonkin des troupes de Mao, le Vietnam devient désormais une frontière contre le communisme (Ruscio, 1985, p. 234).


13 décembre 49 : Le général Carpentier déclare (alors que la concentration des troupes communistes chinoises à la frontière du Tonkin est en train d’être réalisée) : « La situation est bonne. Ce serait une erreur d’abandonner Cao Bang. » Il est désormais tout à fait en phase avec le haut-commissaire Pignon et le général Alessandri (commandant des forces du Tonkin) (De Folin, 1993, p. 199).

Arrivée à la frontière des nationalistes chinois par groupe de 500 au poste de Chi Ma. Ils sont dirigés vers Loc Binh puis par la R.C. 4 sur la baie d’Along, au camp d’internement de Tien-Yen-Campha où se retrouveront 34 300 hommes. Le mouvement d’abord ordonné se transforme ensuite en cohue de soldats, de civils et de blessés. Lorsque certains nationalistes chinois atteignent la frontière, ils ne la franchissent pas. A Na Cham, un groupe de 2 500 hommes refuse de se faire désarmer, parvient à échapper à la vigilance française et ne sera repris par les Français que début janvier 1950. La France refusera alors de les faire transiter sur l’île de Formose (actuelle Taïwan). Ils seront retenus au large du Cambodge jusqu’au printemps 1953 (Gras, 1979, pp. 282-283). Un groupe de 600 nationalistes franchit la frontière à Dong Dang et 200 autres à Moncay. 14 décembre 49 : Les premiers éléments de l’armée communiste chinoise arrivent à la frontière vietnamienne dans la région de Monkay mais ne la franchissent pas (Ruscio, 1992, p. 145).

14 décembre 49 : Les premiers éléments de l’armée communiste chinoise arrivent à la frontière vietnamienne dans la région de Monkay mais ne la franchissent pas (Ruscio, 1992, p. 145).

15 décembre 49 : Pignon (haut-commissaire) adresse un télégramme à Alessandri (commandant des forces du Tonkin). Il préconise plusieurs solutions pour se débarrasser des nationalistes chinois : les évacuer sur l’île de Hainan ; les confiner dans des enclaves nationalistes ; les utiliser dans l’agriculture ou les charbonnages du Tonkin sans leur donner le statut d’immigrants. Mais la question va être tranchée par Schuman (ministre des Affaires étrangères, voir 24 décembre) (Cadeau, 2019, p. 273).


16 décembre 49 – 17 février 50 : Mao Zedong se rend en U.R.S.S. Pendant son absence, c’est Liu Shaoqi (secrétaire général du comité centre du P.C.C. et vice-président du gouvernement central du peuple) qui le remplace. Durant cette période, tout en rendant compte à Mao, c’est lui qui gère les relations entre Pékin et le VM (Zhai, 2000, p. 4).


20 décembre 49 : Le poste français de Dong Khe voit arriver par la R.P. 37, une colonne de 7 000 nationalistes chinois venus de Talung (village de la frontière sino-tonkinoise situé au nord-est de Dong Khe) avec femmes et enfants qui sont dirigés vers Langson via That Khe.  Face à la menace du VM qui règne sur la R.C. 4, ils sont autorisés à se replier avec leurs armes. Le groupe comprend des nationalistes vietnamiens dirigé par Vu Hong Khan (V.N.Q.D.D.) qui avaient émigré en Chine et prétend conserver ses armes pour se mettre au service de Bao Daï. Devant le refus des Français, 2 000 de ces hommes prennent le maquis. Ils seront pris à partie par l’aviation française et harcelés par les unités du VM. Ils feront soumission le 6 janvier 50 à An Chau, petite localité située à l’ouest de Dinh Lap (Cadeau, 2022, p. 118 ; Cadeau, 2019, pp. 272-273).


22 décembre 49 : Opération Diabolo dans la province de Hung Yen au sud-est de Haïdong sur la R.C. 5 (carte n° 10 in Teulières, 1979, p. 63). C’est une région peuplée et vitale pour les Français. A son issue, les Français contrôlent le Fleuve Rouge de Hanoi jusqu’à la mer de Chine. L’opération s’achèvera en janvier 1950 (Cadeau, 2022, p. 125).


24 décembre 49 : Le parti communiste chinois décide de reconnaître la R.D.V.N. (Marangé, 2012, p. 181). C’est une avancée car les relations diplomatiques avec les communistes chinois demeuraient jusque-là assez tendues.

Robert Schuman (ministre des Affaires étrangères) clarifie la situation des soldats nationalistes chinois, tout en cherchant à ne pas froisser le nouveau pouvoir communiste. Ils ne seront pas transférés « sur un territoire nationaliste quelconque » (Formose) ni renvoyés en Chine communiste. Ils demeureront dans différents camps : 6 000 ont été accueillis à Cam Ranh (Tonkin), les autres iront dans 2 camps de l’île de Phu Quoc, dans le Sud près du Cambodge. Ces réfugiés sont classés en 2 catégories : 8 000 civils (libres de quitter le Vietnam) et 22 000 internés militaires qui ne peuvent rejoindre Formose. Le sort de ces hommes et femmes deviendra un sujet de discorde entre la France et Tchang Kaï Check. Des agents nationalistes n’hésiteront pas à mener une propagande agressive dans l’île de Phu Quoc en décembre 1951. A partir de septembre 1952 commenceront le rapatriement des femmes et des enfants qui se poursuivront jusqu’au 22 juin 1953, date du dernier convoi d’internés vers Formose (Cadeau, 2019, pp. 274-275).


25 décembre 49 : Selon Bodin, « le Laos ne possèd[e] pas d’armée nationale mais des accords particuliers lui permettaient de posséder 1 200 gendarmes de faible qualité. » (Bodin, 2009, p. 138)


26 décembre 49 : Le magazine américain Time publie un article intitulé « France-scandal » qui dénonce le fait que le pays soit devenu une véritable « passoire » en matière de secrets militaires du fait de l’affaire des généraux (Ruscio, 1992, p. 125).


27 décembre 49 : Les Pays-Bas reconnaissent l’indépendance de l’Indonésie après 4 ans de guerre (Deron, 2009, p. 143).


28 décembre 49 : Le président chinois Li Shao Qi demande à HCM d’envoyer une délégation à Pékin pour discuter des modalités d’aide concrète. HCM déguisé en paysan s’y rend lui-même et part à pied du 30 décembre au 16 janvier 1950 (Marangé, 2012, p. 182).


30 décembre 49 : Suite aux accords du 8 mars, élaboration d’une convention Bao Daï-Pignon qui a pour objet de transférer (enfin…) l’essentiel des compétences internes de la France au Vietnam. C’est un texte de 258 pages d’un volume grand format qui a tendance à se noyer dans les détails (par exemple, l’administration des offices de tourisme dans un pays déchiré par la guerre…). Certaines compétences sont transférées à l’administration vietnamienne dans l’esprit des accords du 8 mars : justice (partiellement), domaines militaire, économique, financier, travaux publics (qui permettront, selon Bodard, à l’ex-empereur de s’enrichir grassement), culture, santé, information.

Une convention militaire  franco-vietnamienne précise, en parlant de l’A.N.V.N. : « Elle maintient l’ordre et la sécurité de l’Empire et participe à la défense des frontières de l’Union française contre les ennemis extérieurs. » (cité in Toinet, 1998, p. 139) Mais jusqu’en mars 1953, toutes les fonctions essentielles seront assurées par une mission militaire française. Selon Bodin, « en fait, des conventions provisoires limitaient les prérogatives de l’A.N.V.N. puisqu’elle n’était pas en état de prendre en charge les opérations. Elle restait donc un auxiliaire des F.T.E.O. À la fin de l’année, elle comptait effectivement 24 766 réguliers et 25 658 supplétifs, gardes et miliciens de valeur très inégale. » (Bodin, 2009, p. 138)

Truman donne son approbation à une étude du Conseil national de sécurité (National Security Council, N.S.C.) pour l’Asie désignée sous le n° NSC 48/2. Les documents du Pentagone considèrent que c’est avec ce rapport que « la politique des États-Unis fut orientée pour bloquer toute avance ultérieure du Communisme en Asie » (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 36).


​Fin 49 : Selon Bodin, « […] les effectifs des F.T.E.O. dev[iennent] de moins en moins français. À la fin de l’année, les Métropolitains ne particip[ent] plus à leur composition que pour 31,1 % mais sur le terrain, les pourcentages étaient encore plus bas car beaucoup d’Européens servaient dans les bureaux et étaient dilués dans des formations autochtones. Les autres composantes se répartiss[ent] ainsi : légionnaires : 11,6 % ; Nord-Africains : 16,7 % ; Africains : 8,3 % ; Indochinois : 32,3 %. Les T.F.E.O. dev[iennent] une armée cosmopolite, ce qui compliqu[e] encore plus la gestion des personnels et leur soutien logistique. En somme, on p[eut] continuer la guerre sans trop troubler l’opinion française, puisque les ponctions humaines dans la nation ne touch[ent] que des hommes ayant choisi le métier des armes et qu’on f[ait] la guerre avec des sortes de mercenaires payés au rabais [...] Le manque d’effectifs condui[t] à [un] emploi [des troupes] sans répit ni repos au point qu’ils connaissaient eux aussi un épuisement en profondeur. » L’alcoolisme devient un fléau. Le nombre de « volontaires ou désignés » pour un deuxième séjour s’accroit de 21 % pour les officiers, 9 % pour les sous-officiers et 7,3 % pour les hommes de troupes. Des soldats aguerris mais « un peu plus vieux et parfois diminués par leur premier séjour du fait d’affections tropicales mal consolidées. » (Bodin, 2009, pp. 149-150)

Le conseiller chinois Luo Guibo est nommé « représentant du comité central du P.C.C. auprès du comité central du P.C.I. » Il est chargé des questions de l’aide à la résistance du VM (Goscha, 2000, p. 15).

​Fin 49 - avril 50 : Nguyen Binh constitue au Sud 15 bataillons chu luc en prélevant les meilleurs éléments des unités provinciales du Sud. Mais il est confronté à une crise économique et financière, un blocus économique empêchant son administration de sortir du riz. Il décide donc de passer à une guerre de mouvement où, contrairement à d’habitude, ses troupes vont prendre l’initiative durant une période de cinq mois, de décembre à avril, et ce, à partir du 8 décembre. Il produit une série d’attaques sur le dispositif défensif français, notamment les tours de surveillance. Il s’acharne plus particulièrement sur l’axe Travinh-Tieu Can. Ces attaques se font à coup d’hommes car il dispose de peu d’armement et les pertes sont lourdes. Il décide d’investir Saigon avec ses « volontaires de la mort » du bataillon 950 chargés de la réalisation d’attentats. Ces méthodes ne lui permettent de rallier qu’une partie des classes populaires, terrorisant la bourgeoisie saïgonnaise qui se réfugie dans une forme d’attentisme. Face à cette situation anarchique, le gouvernement de Nguyen Phan Long (qui va succéder à celui de Bao Daï, voir 21 janvier 1950) fait montre d’impuissance (Gras, 1979, p. 293).

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