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par Jean-François Jagielski

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Janvier 92 : Le personnel de la MIPRENUC passe de 268 membres à un millier. Ce nombre demeure nettement insuffisant dans l’attente de l’arrivée de l’APRONUC (Coste, 2022, pp. 116-117).


Le général Loridon effectue une tournée pour rencontrer les militaires des 4 factions rivales. Il en rend compte à l’ambassadeur français Philippe Coste. Celle de l’État du Cambodge l’accueille de manière « excessivement chaleureuse », ce qui en dit long sur ses intentions… Au F.U.N.C.I.P.E.C. et au F.N.L.P.K., «  on s’est montré sobrement et cordialement militaire. » La faction kr du PKD a « systématiquement esquivé toute forme de collaboration. » Selon l’ambassadeur, « le général résumait bien la situation : la résistance non communiste se comportait loyalement, l’État du Cambodge essayait de l’embobiner et les Khmers Rouges se barricadaient. » (Coste, 2022, pp. 119-120)
1<sup>er</sup> janvier 92 : Le nouveau secrétaire général de l’O.N.U., Boutros Boutros-Ghali, prend ses fonctions en remplacement de Javier Pérez de Cuéllar. Il prend le problème cambodgien à bras le corps et agit rapidement.
Il fait une estimation prévisionnelle en hommes et en argent (1,680 milliard de dollars) pour l’opération au Cambodge qui est revue à la baisse et finalement validée par le Conseil de Sécurité. Le budget devra ensuite être revu à la hausse (2,6 milliard de dollars) du fait de l’importance du délabrement des infrastructures et de la mise en place du plan de relèvement et de reconstruction du pays. Les besoins humains sont estimés à 21 000 personnes, militaires à plus des trois quarts (16 000 Casques bleus). Selon Coste, un tel afflux de dollars entraînera des effets indésirables dans un pays dévasté où règne la misère : augmentation des prix,  recrudescence du banditisme, développement de la corruption et de la prostitution, relance de l’immigration thaïlandaise et surtout vietnamienne (Coste, 2022, pp. 110-112).
4 janvier 92 : Le gouvernement de Phnom Penh (EdC) promet de libérer les prisonniers politiques et de guerre.
Les Américains lèvent l’embargo commercial sur le Cambodge en vigueur depuis 1975 (Bui Xuan Quang, 2000, p. 772).
6 janvier 92 : Sihanouk publie l’état de sa fortune personnelle et indique qu’il reçoit annuellement 300 000 dollars de la Chine.
8 janvier 92 : Le Conseil de Sécurité de l’O.N.U. décide d’élargir le mandat de la MIPRENUC afin de prendre en compte l’ampleur du problème posé par les mines. Le H.C.R. constate en effet que les régions situées au nord et à l’ouest du Cambodge, le long de la frontière thaïlandaise, sont infestées de mines et donc incapables pour l’instant d’accueillir les populations de réfugiés qui veulent s’y réinstaller (Coste, 2022, p. 116).
9 janvier 92 : Yasushi Akashi est nommé Représentant spécial du nouveau Secrétaire général de l’O.N.U. pour le Cambodge. A ce titre, il va diriger l’APRONUC.
11 janvier 92 : Arrivée du responsable du rapatriement des réfugiés mandaté par l’O.N.U., Sergio Viera de Mello.
14 janvier 92 : Sihanouk évoque pour la première fois l’éventualité d’une démission de son poste de président du C.N.S. suite aux incessantes violations du cessez-le-feu par les KR.
15 janvier 92 : Après d’âpres négociations avec l’EdC, début de la libération sous contrôle du C.I.C.R. de prisonniers politiques. Le F.U.N.C.I.N.P.E.C. et le F.N.L.K.P. déclarent ne détenir aucun prisonnier dans les zones contrôlées par eux et invitent le C.I.C.R. à vérifier.
17 janvier 92 : En Thaïlande, les KR tentent en vain de rapatrier de force vers le Cambodge 17 600 réfugiés du camp d’O Tao.
21 janvier 92 : Violations du cessez-le-feu par les KR dans la province de Kompong Thom. De violents combats font 21 tués. La MIPRENUC intervient et protège 10 000 personnes qui ont fui la zone de combat.
Les KR entament une campagne en vue de donner plus de pouvoir au C.N.S. et à Sihanouk. Phnom Penh doit avoir le statut d’une zone neutre administrée par le C.N.S. afin de se débarrasser, selon eux, des troupes vietnamiennes et des atrocités qu’elles commettent.
21 – 27 janvier 92 : Arrivée de Yasushi Akashi (Représentant spécial du Secrétaire général de l’O.N.U.) au Cambodge. Il rencontre Sihanouk, prend contact avec les 4 factions et rencontre les représentants du Conseil de Sécurité de l’O.N.U. Il déplore rapidement le manque de liberté  de mouvement et d’accès de la MIPRENUC, notamment dans la région de Païlin, tenue par les KR, et où les officiers de liaison onusiens n’ont qu’une liberté de mouvement très limitée.
22 janvier 92 : Assassinat de Tea Bun Long, haut responsable des affaires religieuses de l’EdC réputé pour ses commentaires très critiques à l’égard de la corruption des hauts dirigeants en son sein. Sihanouk demande l’arrivée rapide de l’APRONUC.
25 janvier 92 : Contrairement aux allégations des KR, Sihanouk affirme qu’il n’y a aucune troupe vietnamienne au Cambodge. Le propos est exagéré voire mensonger. Le général Loridon (commandant les forces militaires de la MIPRENUC) signalera à plusieurs reprises la présence de conseillers vietnamiens au sein de l’armée de l’EdC (voir 3 février).
26 janvier 92 : Pen Sovann, ancien premier ministre de la R.P.K. limogé en décembre 1981, réapparaît à Takéo après plus de 10 ans  de mise en résidence surveillée à Hanoi.
28 janvier 92 : Tentative d’assassinat d’Ung Phan qui a critiqué les « millionnaires communistes » de l’EdC et avait annoncé son intention de créer un nouveau parti. Après avoir séjourné à l’hôpital, il est reçu par Charles Twining (diplomate américain) et est hébergé dans la résidence d’Hun Sen. '''Un climat de terreur, attribué à la tendance stalinienne du P.P.C., s’installe à Phnom Penh et dans tout le pays.''' Les membres de l’A.D.H.O.C. (voir 10 décembre 1991)  sont sans cesse interrogés par la police. '''Les militants du F.U.N.C.I.N.P.E.C. et du F.N.L.K.P. font l’objet de menaces.'''
31 janvier 92 : Modification de la structure gouvernementale de l’EdC et remaniement ministériel qui sont analysés comme des tentatives d’échapper au contrôle de l’APRONUC. Des personnalités  historiques de la R.P.K. (Bou Thang, Chea Soth) quittent la scène politique. Le prince Chakrapong, un des fils de Sihanouk, est nommé vice-premier-ministre.  Sa demi-sœur, la princesse Bopha Devi, est nommée vice-ministre de la Culture. Sar Keng (beau-frère de Chea Sim) accède également à la fonction de vice-premier-ministre. L’ensemble de ces remaniements est interprété comme une nouvelle étape de la lutte d’influence entre Chea Sim (président de l’assemblée nationale) et Hun Sen où ce dernier apparaît pour l’instant comme le grand perdant.
Fin janvier 92 : Des incidents éclatent au nord de Kompong Thom, nœud routier sur l’itinéraire Phnom Penh – Siem Reap. On déplore quelques dizaines de morts. Les hélicoptères de la MIPRENUC essuient à deux reprises des tirs émanant des zones tenues par les KR.

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Janvier 92 : Le personnel de la MIPRENUC passe de 268 membres à un millier. Ce nombre demeure nettement insuffisant dans l’attente de l’arrivée de l’APRONUC (Coste, 2022, pp. 116-117).

Le général Loridon effectue une tournée pour rencontrer les militaires des 4 factions rivales. Il en rend compte à l’ambassadeur français Philippe Coste. Celle de l’État du Cambodge l’accueille de manière « excessivement chaleureuse », ce qui en dit long sur ses intentions… Au F.U.N.C.I.P.E.C. et au F.N.L.P.K., «  on s’est montré sobrement et cordialement militaire. » La faction kr du PKD a « systématiquement esquivé toute forme de collaboration. » Selon l’ambassadeur, « le général résumait bien la situation : la résistance non communiste se comportait loyalement, l’État du Cambodge essayait de l’embobiner et les Khmers Rouges se barricadaient. » (Coste, 2022, pp. 119-120)


1er janvier 92 : Le nouveau secrétaire général de l’O.N.U., Boutros Boutros-Ghali, prend ses fonctions en remplacement de Javier Pérez de Cuéllar. Il prend le problème cambodgien à bras le corps et agit rapidement.

Il fait une estimation prévisionnelle en hommes et en argent (1,680 milliard de dollars) pour l’opération au Cambodge qui est revue à la baisse et finalement validée par le Conseil de Sécurité. Le budget devra ensuite être revu à la hausse (2,6 milliard de dollars) du fait de l’importance du délabrement des infrastructures et de la mise en place du plan de relèvement et de reconstruction du pays. Les besoins humains sont estimés à 21 000 personnes, militaires à plus des trois quarts (16 000 Casques bleus). Selon Coste, un tel afflux de dollars entraînera des effets indésirables dans un pays dévasté où règne la misère : augmentation des prix,  recrudescence du banditisme, développement de la corruption et de la prostitution, relance de l’immigration thaïlandaise et surtout vietnamienne (Coste, 2022, pp. 110-112).


4 janvier 92 : Le gouvernement de Phnom Penh (EdC) promet de libérer les prisonniers politiques et de guerre.

Les Américains lèvent l’embargo commercial sur le Cambodge en vigueur depuis 1975 (Bui Xuan Quang, 2000, p. 772).


6 janvier 92 : Sihanouk publie l’état de sa fortune personnelle et indique qu’il reçoit annuellement 300 000 dollars de la Chine.


8 janvier 92 : Le Conseil de Sécurité de l’O.N.U. décide d’élargir le mandat de la MIPRENUC afin de prendre en compte l’ampleur du problème posé par les mines. Le H.C.R. constate en effet que les régions situées au nord et à l’ouest du Cambodge, le long de la frontière thaïlandaise, sont infestées de mines et donc incapables pour l’instant d’accueillir les populations de réfugiés qui veulent s’y réinstaller (Coste, 2022, p. 116).


9 janvier 92 : Yasushi Akashi est nommé Représentant spécial du nouveau Secrétaire général de l’O.N.U. pour le Cambodge. A ce titre, il va diriger l’APRONUC.


11 janvier 92 : Arrivée du responsable du rapatriement des réfugiés mandaté par l’O.N.U., Sergio Viera de Mello.


14 janvier 92 : Sihanouk évoque pour la première fois l’éventualité d’une démission de son poste de président du C.N.S. suite aux incessantes violations du cessez-le-feu par les KR.


15 janvier 92 : Après d’âpres négociations avec l’EdC, début de la libération sous contrôle du C.I.C.R. de prisonniers politiques. Le F.U.N.C.I.N.P.E.C. et le F.N.L.K.P. déclarent ne détenir aucun prisonnier dans les zones contrôlées par eux et invitent le C.I.C.R. à vérifier.


17 janvier 92 : En Thaïlande, les KR tentent en vain de rapatrier de force vers le Cambodge 17 600 réfugiés du camp d’O Tao.


21 janvier 92 : Violations du cessez-le-feu par les KR dans la province de Kompong Thom. De violents combats font 21 tués. La MIPRENUC intervient et protège 10 000 personnes qui ont fui la zone de combat.

Les KR entament une campagne en vue de donner plus de pouvoir au C.N.S. et à Sihanouk. Phnom Penh doit avoir le statut d’une zone neutre administrée par le C.N.S. afin de se débarrasser, selon eux, des troupes vietnamiennes et des atrocités qu’elles commettent.


21 – 27 janvier 92 : Arrivée de Yasushi Akashi (Représentant spécial du Secrétaire général de l’O.N.U.) au Cambodge. Il rencontre Sihanouk, prend contact avec les 4 factions et rencontre les représentants du Conseil de Sécurité de l’O.N.U. Il déplore rapidement le manque de liberté  de mouvement et d’accès de la MIPRENUC, notamment dans la région de Païlin, tenue par les KR, et où les officiers de liaison onusiens n’ont qu’une liberté de mouvement très limitée.


22 janvier 92 : Assassinat de Tea Bun Long, haut responsable des affaires religieuses de l’EdC réputé pour ses commentaires très critiques à l’égard de la corruption des hauts dirigeants en son sein. Sihanouk demande l’arrivée rapide de l’APRONUC.


25 janvier 92 : Contrairement aux allégations des KR, Sihanouk affirme qu’il n’y a aucune troupe vietnamienne au Cambodge. Le propos est exagéré voire mensonger. Le général Loridon (commandant les forces militaires de la MIPRENUC) signalera à plusieurs reprises la présence de conseillers vietnamiens au sein de l’armée de l’EdC (voir 3 février).


26 janvier 92 : Pen Sovann, ancien premier ministre de la R.P.K. limogé en décembre 1981, réapparaît à Takéo après plus de 10 ans  de mise en résidence surveillée à Hanoi.


28 janvier 92 : Tentative d’assassinat d’Ung Phan qui a critiqué les « millionnaires communistes » de l’EdC et avait annoncé son intention de créer un nouveau parti. Après avoir séjourné à l’hôpital, il est reçu par Charles Twining (diplomate américain) et est hébergé dans la résidence d’Hun Sen. Un climat de terreur, attribué à la tendance stalinienne du P.P.C., s’installe à Phnom Penh et dans tout le pays. Les membres de l’A.D.H.O.C. (voir 10 décembre 1991)  sont sans cesse interrogés par la police. Les militants du F.U.N.C.I.N.P.E.C. et du F.N.L.K.P. font l’objet de menaces.


31 janvier 92 : Modification de la structure gouvernementale de l’EdC et remaniement ministériel qui sont analysés comme des tentatives d’échapper au contrôle de l’APRONUC. Des personnalités  historiques de la R.P.K. (Bou Thang, Chea Soth) quittent la scène politique. Le prince Chakrapong, un des fils de Sihanouk, est nommé vice-premier-ministre.  Sa demi-sœur, la princesse Bopha Devi, est nommée vice-ministre de la Culture. Sar Keng (beau-frère de Chea Sim) accède également à la fonction de vice-premier-ministre. L’ensemble de ces remaniements est interprété comme une nouvelle étape de la lutte d’influence entre Chea Sim (président de l’assemblée nationale) et Hun Sen où ce dernier apparaît pour l’instant comme le grand perdant.


Fin janvier 92 : Des incidents éclatent au nord de Kompong Thom, nœud routier sur l’itinéraire Phnom Penh – Siem Reap. On déplore quelques dizaines de morts. Les hélicoptères de la MIPRENUC essuient à deux reprises des tirs émanant des zones tenues par les KR.

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