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par Jean-François Jagielski

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1<sup>er</sup> – 2 février 79 : Pol Pot réunit un congrès des représentants du Kampuchéa rassemblant 413 cadres essentiellement militaires pour établir un programme d’attaque contre les Vietnamiens. Ce dernier va être coordonné avec le futur conflit sino-vietnamien (voir 17 février). Malgré quelques succès initiaux, l’armée kr, affaiblie par des pertes considérables et un manque de munitions, ne parvient pas à s’imposer. Dès le mois de mars, les Vietnamiens reprennent l’initiative et balaient une à une les bases kr du Sud-Ouest, de l’Ouest et du Nord-Ouest. Troupes kr et populations civiles entament alors un douloureux exode dans les forêts inhospitalières situées à la frontière thaïlandaise (chaîne des Cardamomes) inaptes à toute forme d’agriculture (Peschoux, 1992, pp. 79-80).


10 février 79 : Sihanouk demande à la Chine de ne plus soutenir les Khmers rouges. Il ne sera pas entendu.
17 février 79 : '''Déclenchement d’un conflit sino-vietnamien au Tonkin.''' Après avoir consulté les Américains lors du récent voyage officiel de Deng Xiaoping aux États-Unis, les Chinois lancent une offensive vers Langson et Lao Kaï avec, dans un premier temps, une force de 13 000 hommes. Mais ils se heurtent rapidement à une forte résistance des milices locales aguerries par plus de 30 ans de combats.
De plus, l’attaque chinoise est freinée par des problèmes d’approvisionnement et de transmission. Les pertes sont lourdes : 25 000 morts, 500 blindés et pièces d’artillerie détruites (et non 62 500 et 550 véhicules de guerre dès les premiers jours comme l’annoncera la propagande vietnamienne). Le retrait chinois sera accompagné d’une politique de terre brûlée : 320 villages tonkinois sont détruits et quatre villes ravagées. Les combats se poursuivront jusqu’au 16 mars dans les régions de Langson, Cao Bang, Lao Kaï et Cam Duong (Férier, 1993, pp. 147-149 ; discours de Giap sur les atrocités commises par les troupes chinoises cité ''in'' Marangé, 2012, pp. 369-370).
Du fait du traité d’alliance signé le 3 novembre 1978, Moscou lance un ultimatum et donne un mois aux Chinois pour quitter le Vietnam. La décision est prise à l’unanimité du Politburo du P.C.U.S. Des troupes russes sont immédiatement massées à la frontière sino-soviétique. Du fait de la défaite, le retrait chinois s’opère dans les délais impartis par l’ultimatum soviétique (Marangé, 2012, pp. 368-369).
18 février 79 : Le premier ministre vietnamien Pham Van Dong confirme le soutien de son pays à la République populaire du Kampuchéa provietnamienne.
Cyrus Vance (secrétaire d’État) rend visite à un Sihanouk hospitalisé à New York. Il lui affirme qu’il est l’hôte du gouvernement américain mais n’évoque pas la question de sa demande d’asile politique. Sihanouk est dépité. N’ayant pas de compte à l’étranger, c’est le gouvernement américain qui règle les 15 000 dollars de frais d’hospitalisation. Les Vietnamiens lui font savoir qu’il serait le bienvenu à Phnom Penh. Sihanouk refuse catégoriquement (Chanda, 1987, pp. 302-303).
Signature d’un traité d’amitié d’une durée de 25 ans entre le Vietnam et la R.P.K. provietnamienne (Deron, 2009, p. 216).
Les forces kr en déroute se regroupent sur la frontière thaïlandaise, gardant sous leur contrôle des dizaines de milliers de civils déplacés au cours des combats (Deron, 2009, p. 216).
Les U.S.A., la Thaïlande et les pays de l’A.S.E.A.N. apportent un soutien logistique et diplomatique aux KR, détenteurs, selon eux, de « la légitimité nationale ».
21 février 79 : La Chine et le KD dénoncent l’ancien traité khméro-vietnamien (voir 18 février) (Deron, 2009, p. 216).
Fin février 79 : '''Sihanouk répond à l’invitation de Deng Xiaoping (voir 31 janvier) et quitte les États-Unis pour un nouvel et long exil en Chine''', entrecoupé de séjours en Corée du Nord et de nombreux voyages à l’étranger. Il ne retrouvera son pays natal que le 14 novembre 1991, après la signature des accords de Paris des 21-23 octobre 1991.
Selon Chanda, avec ce retour, les relations entre Sihanouk et ses hôtes ne vont « cess[er] de se dégrader » car Deng ne tient pas sa promesse faite à Washington (voir 31 janvier) et le prince est sans cesse sollicité pour prendre la tête d’un front uni de résistance au Cambodge incluant les KR. Or Sihanouk ne cesse quant à lui de réclamer l’expulsion du KD des instances onusiennes, accuse les Chinois de vouloir « combattre le Vietnam jusqu’au dernier Khmer » et en appelle à une nouvelle conférence de Genève pour son pays (Chanda, 1987, pp. 314-315).
Suite au traité russo-vietnamien du 3 novembre 1978, les Soviétiques prennent possession de la base navale de Cam Ranh (située au sud de Nha Trang) qui deviendra à partir de 1984 leur plus importante base navale en dehors des pays du pacte de Varsovie. Elle permet d’étendre la puissance en mer de Chine, dans l’Océan Indien et le Pacifique. C’est à la fois un outil d’espionnage contre les Chinois (île de Hainan) mais aussi contre les installations américaines basées aux Philippines (Marangé, 2012, p. 373).

Dernière version du 8 août 2025 à 16:00

1er – 2 février 79 : Pol Pot réunit un congrès des représentants du Kampuchéa rassemblant 413 cadres essentiellement militaires pour établir un programme d’attaque contre les Vietnamiens. Ce dernier va être coordonné avec le futur conflit sino-vietnamien (voir 17 février). Malgré quelques succès initiaux, l’armée kr, affaiblie par des pertes considérables et un manque de munitions, ne parvient pas à s’imposer. Dès le mois de mars, les Vietnamiens reprennent l’initiative et balaient une à une les bases kr du Sud-Ouest, de l’Ouest et du Nord-Ouest. Troupes kr et populations civiles entament alors un douloureux exode dans les forêts inhospitalières situées à la frontière thaïlandaise (chaîne des Cardamomes) inaptes à toute forme d’agriculture (Peschoux, 1992, pp. 79-80).


10 février 79 : Sihanouk demande à la Chine de ne plus soutenir les Khmers rouges. Il ne sera pas entendu.


17 février 79 : Déclenchement d’un conflit sino-vietnamien au Tonkin. Après avoir consulté les Américains lors du récent voyage officiel de Deng Xiaoping aux États-Unis, les Chinois lancent une offensive vers Langson et Lao Kaï avec, dans un premier temps, une force de 13 000 hommes. Mais ils se heurtent rapidement à une forte résistance des milices locales aguerries par plus de 30 ans de combats.

De plus, l’attaque chinoise est freinée par des problèmes d’approvisionnement et de transmission. Les pertes sont lourdes : 25 000 morts, 500 blindés et pièces d’artillerie détruites (et non 62 500 et 550 véhicules de guerre dès les premiers jours comme l’annoncera la propagande vietnamienne). Le retrait chinois sera accompagné d’une politique de terre brûlée : 320 villages tonkinois sont détruits et quatre villes ravagées. Les combats se poursuivront jusqu’au 16 mars dans les régions de Langson, Cao Bang, Lao Kaï et Cam Duong (Férier, 1993, pp. 147-149 ; discours de Giap sur les atrocités commises par les troupes chinoises cité in Marangé, 2012, pp. 369-370).

Du fait du traité d’alliance signé le 3 novembre 1978, Moscou lance un ultimatum et donne un mois aux Chinois pour quitter le Vietnam. La décision est prise à l’unanimité du Politburo du P.C.U.S. Des troupes russes sont immédiatement massées à la frontière sino-soviétique. Du fait de la défaite, le retrait chinois s’opère dans les délais impartis par l’ultimatum soviétique (Marangé, 2012, pp. 368-369).


18 février 79 : Le premier ministre vietnamien Pham Van Dong confirme le soutien de son pays à la République populaire du Kampuchéa provietnamienne.

Cyrus Vance (secrétaire d’État) rend visite à un Sihanouk hospitalisé à New York. Il lui affirme qu’il est l’hôte du gouvernement américain mais n’évoque pas la question de sa demande d’asile politique. Sihanouk est dépité. N’ayant pas de compte à l’étranger, c’est le gouvernement américain qui règle les 15 000 dollars de frais d’hospitalisation. Les Vietnamiens lui font savoir qu’il serait le bienvenu à Phnom Penh. Sihanouk refuse catégoriquement (Chanda, 1987, pp. 302-303).

Signature d’un traité d’amitié d’une durée de 25 ans entre le Vietnam et la R.P.K. provietnamienne (Deron, 2009, p. 216).

Les forces kr en déroute se regroupent sur la frontière thaïlandaise, gardant sous leur contrôle des dizaines de milliers de civils déplacés au cours des combats (Deron, 2009, p. 216).

Les U.S.A., la Thaïlande et les pays de l’A.S.E.A.N. apportent un soutien logistique et diplomatique aux KR, détenteurs, selon eux, de « la légitimité nationale ».


21 février 79 : La Chine et le KD dénoncent l’ancien traité khméro-vietnamien (voir 18 février) (Deron, 2009, p. 216).


Fin février 79 : Sihanouk répond à l’invitation de Deng Xiaoping (voir 31 janvier) et quitte les États-Unis pour un nouvel et long exil en Chine, entrecoupé de séjours en Corée du Nord et de nombreux voyages à l’étranger. Il ne retrouvera son pays natal que le 14 novembre 1991, après la signature des accords de Paris des 21-23 octobre 1991.

Selon Chanda, avec ce retour, les relations entre Sihanouk et ses hôtes ne vont « cess[er] de se dégrader » car Deng ne tient pas sa promesse faite à Washington (voir 31 janvier) et le prince est sans cesse sollicité pour prendre la tête d’un front uni de résistance au Cambodge incluant les KR. Or Sihanouk ne cesse quant à lui de réclamer l’expulsion du KD des instances onusiennes, accuse les Chinois de vouloir « combattre le Vietnam jusqu’au dernier Khmer » et en appelle à une nouvelle conférence de Genève pour son pays (Chanda, 1987, pp. 314-315).

Suite au traité russo-vietnamien du 3 novembre 1978, les Soviétiques prennent possession de la base navale de Cam Ranh (située au sud de Nha Trang) qui deviendra à partir de 1984 leur plus importante base navale en dehors des pays du pacte de Varsovie. Elle permet d’étendre la puissance en mer de Chine, dans l’Océan Indien et le Pacifique. C’est à la fois un outil d’espionnage contre les Chinois (île de Hainan) mais aussi contre les installations américaines basées aux Philippines (Marangé, 2012, p. 373).

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