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par Jean-François Jagielski

« Décembre 1977 » : différence entre les versions

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Décembre 77 : Après l’éviction et l’élimination de Hu Nim huit mois auparavant, Yun Yat, épouse de Son Sen, reprend son poste et devient à son tour ministre de l’Information. Radio Phnom Penh annonce officiellement cette nomination (Biernan, 1998, p. 423).


3 décembre 77 : Affrontement entre les forces cambodgiennes et vietnamiennes dans le Bec de Canard (Bui Xuan Quang, 2000, p. 715).
3 – 15 décembre 77 : Périple de deux semaines du vice-premier ministre chinois Chen Yong-Kuei à travers tout le Cambodge. Il est accompagné par Pol Pot. Selon Suong Sikoeun, « face aux transformations révolutionnaires en train de s’opérer »,  le dirigeant chinois « n’a eu que des mots d’éloge et d’encouragement pour ce qu’il avait vu. » (Sikoeun, 2013, p. 292 ; Aberdam, 2015, p. 144).
Mi-décembre 77 : Offensive punitive limitée du Vietnam contre le Kampuchéa démocratique. Une unité blindée pénètre d’une quinzaine de kilomètres en territoire cambodgien au niveau du Bec de Canard. En se retirant, les Vietnamiens tendent un piège à une unité de quelques centaines de KR. Aucun prisonnier n’est fait ni d’un côté ni de l’autre (Férier, 1993, p. 164). L’opération permet de rapatrier environ 30 000 Vietnamiens.
16 décembre 77 : Une première attaque vietnamienne est repoussée par les Khmers rouges, lesquels pénètreront dans le Sud du Vietnam début janvier 1978. Les Cambodgiens commettront de nombreux meurtres, exactions et atrocités sur les populations civiles lors de cette occupation.
17 décembre 77 : Visite au KD du prince Souphanouvong (chef de l’État du Laos) (Aberdam, 2015, p. 142 ; Sikoeun, 2013, p. 273).
21 – 22 décembre 77 : Nouveaux incidents armés à la frontière khméro-thaïlandaise (Deron, 2009, p. 201).
26 décembre 77 : Les forces armées vietnamiennes entrent en une dizaine de points au Cambodge accomplissant ainsi à une première puissante incursion. Elles progressent rapidement vers Phnom Penh, ne rencontrant qu’une faible résistance de la part des KR. Après avoir progressé d’une quarantaine de kilomètres, les Vietnamiens se retirent, emmenant avec eux des dizaines de milliers de civils khmers (60 000 ?). Leur intention est de les embrigader pour aller combattre ultérieurement et reconquérir leur pays à leurs côtés.
Les KR dirigent trois divisions « sûres » (voir octobre) dirigées par Son Sen (ministre de la Défense), Ke Pauk et Ta Mok (commandant militaire de la zone 3) qui ne sont au final pas engagées au vu du retrait vietnamien. Pol Pot n’hésite pas alors à parler d’une « grande victoire historique » qui n’a jamais existée que dans son esprit.
La Chine tente de jouer une nouvelle fois l’élément modérateur et prudent en appelant à une conférence à trois : Chine, Vietnam et Cambodge. Mais Hanoi refuse. La Chine se range alors encore plus ouvertement vers Phnom Penh, tout en reprécisant à son allié qu’elle n’enverra pas de troupes combattre à ses côtés (Richer, 2009, p. 70).
31 décembre 77 : '''Rupture des relations diplomatiques entre le Vietnam et le KD annoncée par Radio Phnom Penh.''' Les dirigeants kr publient un communiqué dans lequel ils accusent le Vietnam « d’envahir le Kampuchéa » et de vouloir « l’annexer pour l’inclure dans une Fédération indochinoise d’obédience vietnamienne ». Les Vietnamiens, soutenus par les Soviétiques, voient derrière ces accusations la main de la Chine qui, en effet, a fourni et fournit toujours de nombreuses armes au KD (Marangé, 2012, p. 363).
Pol Pot dénonce l’agression vietnamienne devant la communauté internationale pour lui demander « de prendre en considération l’agression forcée et barbare lancée par l’agresseur vietnamien contre le Kampuchéa démocratique et l’innocent peuple du Kampuchéa. » (Richer, 2009, p. 65) Les Vietnamiens parlent quant à eux d’autodéfense.
Fin décembre 77 : Visite au KD de délégués du ''Communist Party of Australia'' et de son dirigeant Edward Fowler (Ted) Hill. Selon Aberdam, « la présence de Ted Hill, réputé très proche de milieux dirigeants chinois,  est concomitante de la médiatisation de l’état de guerre contre le Vietnam du 31 décembre 1977. » (Aberdam, 2015, pp. 144-145)
Fin 77 : Pas moins de 6 300 prisonniers sont passés par les geôles de S 21 et ont été exécutés à Choeung Ek (soit 4 fois plus qu’en 1976). Depuis la création du centre interrogatoire, 8 122 prisonniers y ont été détenus et torturés (Deron, 2009, p. 201).
Deng Xiaoping distille des petites phrases et des confidences qui montrent que la Chine soutient les KR dans leur conflit frontalier avec le Vietnam. Il enverra durant toute l’année 1978 de hauts représentants chinois au Cambodge pour mieux affirmer ce soutien. '''Mais il prend à nouveau soin de faire comprendre aux KR que les troupes chinoises n’interviendront pas directement dans le conflit car il entend avant tout privilégier la normalisation des relations entre son pays avec les États-Unis.''' La Chine entend mener une guerre larvée contre le Vietnam, mais par le biais d’un simple soutien moral et matériel aux KR (Deron, 2009, pp. 402-403).

Dernière version du 7 août 2025 à 08:07

Décembre 77 : Après l’éviction et l’élimination de Hu Nim huit mois auparavant, Yun Yat, épouse de Son Sen, reprend son poste et devient à son tour ministre de l’Information. Radio Phnom Penh annonce officiellement cette nomination (Biernan, 1998, p. 423).


3 décembre 77 : Affrontement entre les forces cambodgiennes et vietnamiennes dans le Bec de Canard (Bui Xuan Quang, 2000, p. 715).


3 – 15 décembre 77 : Périple de deux semaines du vice-premier ministre chinois Chen Yong-Kuei à travers tout le Cambodge. Il est accompagné par Pol Pot. Selon Suong Sikoeun, « face aux transformations révolutionnaires en train de s’opérer »,  le dirigeant chinois « n’a eu que des mots d’éloge et d’encouragement pour ce qu’il avait vu. » (Sikoeun, 2013, p. 292 ; Aberdam, 2015, p. 144).


Mi-décembre 77 : Offensive punitive limitée du Vietnam contre le Kampuchéa démocratique. Une unité blindée pénètre d’une quinzaine de kilomètres en territoire cambodgien au niveau du Bec de Canard. En se retirant, les Vietnamiens tendent un piège à une unité de quelques centaines de KR. Aucun prisonnier n’est fait ni d’un côté ni de l’autre (Férier, 1993, p. 164). L’opération permet de rapatrier environ 30 000 Vietnamiens.


16 décembre 77 : Une première attaque vietnamienne est repoussée par les Khmers rouges, lesquels pénètreront dans le Sud du Vietnam début janvier 1978. Les Cambodgiens commettront de nombreux meurtres, exactions et atrocités sur les populations civiles lors de cette occupation.


17 décembre 77 : Visite au KD du prince Souphanouvong (chef de l’État du Laos) (Aberdam, 2015, p. 142 ; Sikoeun, 2013, p. 273).


21 – 22 décembre 77 : Nouveaux incidents armés à la frontière khméro-thaïlandaise (Deron, 2009, p. 201).


26 décembre 77 : Les forces armées vietnamiennes entrent en une dizaine de points au Cambodge accomplissant ainsi à une première puissante incursion. Elles progressent rapidement vers Phnom Penh, ne rencontrant qu’une faible résistance de la part des KR. Après avoir progressé d’une quarantaine de kilomètres, les Vietnamiens se retirent, emmenant avec eux des dizaines de milliers de civils khmers (60 000 ?). Leur intention est de les embrigader pour aller combattre ultérieurement et reconquérir leur pays à leurs côtés.

Les KR dirigent trois divisions « sûres » (voir octobre) dirigées par Son Sen (ministre de la Défense), Ke Pauk et Ta Mok (commandant militaire de la zone 3) qui ne sont au final pas engagées au vu du retrait vietnamien. Pol Pot n’hésite pas alors à parler d’une « grande victoire historique » qui n’a jamais existée que dans son esprit.

La Chine tente de jouer une nouvelle fois l’élément modérateur et prudent en appelant à une conférence à trois : Chine, Vietnam et Cambodge. Mais Hanoi refuse. La Chine se range alors encore plus ouvertement vers Phnom Penh, tout en reprécisant à son allié qu’elle n’enverra pas de troupes combattre à ses côtés (Richer, 2009, p. 70).


31 décembre 77 : Rupture des relations diplomatiques entre le Vietnam et le KD annoncée par Radio Phnom Penh. Les dirigeants kr publient un communiqué dans lequel ils accusent le Vietnam « d’envahir le Kampuchéa » et de vouloir « l’annexer pour l’inclure dans une Fédération indochinoise d’obédience vietnamienne ». Les Vietnamiens, soutenus par les Soviétiques, voient derrière ces accusations la main de la Chine qui, en effet, a fourni et fournit toujours de nombreuses armes au KD (Marangé, 2012, p. 363).

Pol Pot dénonce l’agression vietnamienne devant la communauté internationale pour lui demander « de prendre en considération l’agression forcée et barbare lancée par l’agresseur vietnamien contre le Kampuchéa démocratique et l’innocent peuple du Kampuchéa. » (Richer, 2009, p. 65) Les Vietnamiens parlent quant à eux d’autodéfense.


Fin décembre 77 : Visite au KD de délégués du Communist Party of Australia et de son dirigeant Edward Fowler (Ted) Hill. Selon Aberdam, « la présence de Ted Hill, réputé très proche de milieux dirigeants chinois,  est concomitante de la médiatisation de l’état de guerre contre le Vietnam du 31 décembre 1977. » (Aberdam, 2015, pp. 144-145)


Fin 77 : Pas moins de 6 300 prisonniers sont passés par les geôles de S 21 et ont été exécutés à Choeung Ek (soit 4 fois plus qu’en 1976). Depuis la création du centre interrogatoire, 8 122 prisonniers y ont été détenus et torturés (Deron, 2009, p. 201).

Deng Xiaoping distille des petites phrases et des confidences qui montrent que la Chine soutient les KR dans leur conflit frontalier avec le Vietnam. Il enverra durant toute l’année 1978 de hauts représentants chinois au Cambodge pour mieux affirmer ce soutien. Mais il prend à nouveau soin de faire comprendre aux KR que les troupes chinoises n’interviendront pas directement dans le conflit car il entend avant tout privilégier la normalisation des relations entre son pays avec les États-Unis. La Chine entend mener une guerre larvée contre le Vietnam, mais par le biais d’un simple soutien moral et matériel aux KR (Deron, 2009, pp. 402-403).

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