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par Jean-François Jagielski

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Février 75 : Au Cambodge, le P.C.K. organise un « Congrès national populaire du Front uni national du Kampuchéa » au cours duquel on annonce la punition de 7 « supers traîtres » de la République qui seront sommairement exécutés dès la libération à venir du pays (Deron, 2009, p. 45). C’est à cette occasion qu’est décidée la future évacuation de la population de Phnom Penh, une fois la ville reconquise (Biernan, 1998, p. 79). On pense alors purger le pays de la corruption, rétablir la justice et l’égalité et affirmer l’indépendance nationale.


Février - avril 75 : Au Cambodge, les bombardements de Phnom Penh à la roquette par les KR s’intensifient (Deron, 2009, p. 178).
3 février 75 : Le Duan, dans un discours prononcé pour l’anniversaire du parti, promet que les décisions à venir seront prises avec retenue, donnant pour l’instant priorité aux objectifs politiques plutôt qu’aux militaires. Il n’invoque pas le départ de Thieu. Le ton de ce discours trompe les Américains sur les véritables intentions n-v. Ce qui n’empêche pas ces derniers de poursuivre leur politique de désengagement et de commencer à élaborer des plans d’évacuation de leurs ressortissants dans chacune des régions militaires menacées (Snepp, 1979, pp. 128-129).
5 février 75 : Le commandant en chef n-v Van Tien Dung quitte secrètement Hanoi pour rejoindre par avion Dong Hoi, enclave n-v au Sud. De là, il gagne secrètement Quang Tri au nord de la 1<sup>ère</sup> région militaire puis se rend par différents moyens dans l’ouest du S-V et au sud du Laos pour y diriger les offensives.
Il se rend notamment au Q.G. « 559 » de la piste HCM. Il a rencontré au préalable un Le Duan confiant depuis le début qui lui a confié : « Si nous remportons de grandes victoires, nous serons peut-être capables de libérer le Sud cette année. » Les N-V organisent une opération d’intoxication permettant de dissimuler le départ du commandant en chef. L’opération réussit car les Américains ne découvriront ce départ qu’en avril (Snepp, 1979, p. 127 ; Tood, 1987, pp. 126-127).
Au Cambodge, les F.A.P.L.N.K. coupent l’accès de Phnom Penh par la voie fluviale du Mékong. La ville ne peut plus être atteinte que par voie aérienne.
13 février 75 : Un rapport de la C.I.A. établit que les N-V vont envahir la région de Tay Ninh que Saigon voudra à tout prix défendre mais sans le pouvoir du fait de la dispersion de ses troupes (Todd, 1987, p. 86).
23 février 75 : Le secrétaire d’État à la Défense James Schlesinger donne une interview à la chaîne ''ABC'' dans laquelle il évoque une vague possibilité d’intervention américaine au S-V. Mais ce qui préoccupe le plus les Américains se passe au Cambodge car ils considèrent que c’est là que l’aide financière demeure la plus urgente (Todd, 1987, p. 124).
24 février 75 : Sous l’impulsion de Le Duan, les N-V donnent l’ordre de libérer le Sud avant la saison des pluies qui démarre en mai. L’offensive doit démarrer avec un effet de surprise dans la région des Hauts-Plateaux vers Ban Me Thuot, une région particulièrement mal défendue (voir 20 janvier). Une attaque est prévue ensuite vers le Delta à partir du Bec de Canard (frontière cambodgienne). Une concentration s’y opère. Elle a pour but de faire diversion avant la première attaque centrée vers Ban Me Thuot (Portes, 2016, p. 184).
Gerald Ford répond aux courriers de Thieu envoyés les 24 et 25 janvier suite à la prise de Phuoc Long. Le président s’en tient à des généralités mais ne s’engage nullement, se contentant d’évoquer une aide matérielle suite à sa demande de crédits au Congrès en date du 28 janvier (Todd, 1987, pp. 124-125).
24 - 25 février 75 : Au Cambodge, congrès du F.U.N.K.-P.C.K. L’attitude à adopter après la victoire (évacuation des villes, suppression de la monnaie, relations avec le Vietnam) suscite des débats très vifs. De nouveaux billets de banque, imprimés en Chine, sont amenés en vue d’être mis en circulation dans les zones contrôlées par le F.U.N.K. Ils ne seront jamais utilisés car les KR aboliront rapidement l’usage de la monnaie.
Le F.U.N.K.-P.C.K. publie la liste de « sept traitres » condamnés à mort : Lon Nol, Sirik Matak, In Tam, Cheng Heng, Sosthène Fernandez, Lon Non et Long Boreth.
25 février 75 : Au Cambodge, les Américains établissent un pont aérien à partir de la Thaïlande pour approvisionner Phnom Penh en riz et ravitaillement divers. Un second pont aérien sera établi à partir de Saigon à la fin du mois. La ville, qui ne peut plus être approvisionnée par la Mékong depuis le 5, a en effet connu une forte augmentation de sa population du fait d’un afflux massif de réfugiés. La population de Phnom Penh est alors évaluée à environ deux millions d’habitants.
​Fin février 75 : Le Congrès américain envoie une délégation de 10 membres républicains et démocrates du Congrès pour évaluer la situation à Saigon et juger de l’opportunité de l’obtention d’une rallonge de 300 millions de dollars d’aide. L’initiative vient de Gerald Ford qui a confié la constitution du groupe à Philip Habib, sous-secrétaire d’État chargé de l’Asie du Sud-Est, accompagné d’Eric Von Marbold, sous-secrétaire à la Défense.
Sur place, l’attitude de l’ambassadeur Martin les irrite au plus haut point. Notamment lorsqu’il déclare souhaiter que les N-V déclenche une offensive « d’ici un mois ou deux », ce qui fera plier l’armée s-v dans un premier temps mais qui la confortera par la suite comme en 1972. Or en 1972, ce que semble ignorer l’ambassadeur, c’est que ce sont les bombardements massifs américains qui ont stoppé l’offensive communiste…
La rencontre des membres de la commission avec Thieu est encore plus catastrophique. Il refuse de répondre aux questions sur la torture dans ses prisons et affirme que les 18 journalistes arrêtés récemment étaient tous communistes (Snepp, 1979, pp. 134-135 ; Todd, 1987, pp. 129-137).
Les délégués du Congrès quitteront le S-V très déçus. Martin leur imposera sa présence sur le chemin du retour pour tenter de rattraper une visite qui a été plus que contre-productive. Ses efforts demeureront vains. Le triste spectacle de Saigon n’incitera nullement les parlementaires à faire du lobbying auprès de leurs collègues en faveur d’une quelconque rallonge budgétaire (voir 7 mars).

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Février 75 : Au Cambodge, le P.C.K. organise un « Congrès national populaire du Front uni national du Kampuchéa » au cours duquel on annonce la punition de 7 « supers traîtres » de la République qui seront sommairement exécutés dès la libération à venir du pays (Deron, 2009, p. 45). C’est à cette occasion qu’est décidée la future évacuation de la population de Phnom Penh, une fois la ville reconquise (Biernan, 1998, p. 79). On pense alors purger le pays de la corruption, rétablir la justice et l’égalité et affirmer l’indépendance nationale.


Février - avril 75 : Au Cambodge, les bombardements de Phnom Penh à la roquette par les KR s’intensifient (Deron, 2009, p. 178).


3 février 75 : Le Duan, dans un discours prononcé pour l’anniversaire du parti, promet que les décisions à venir seront prises avec retenue, donnant pour l’instant priorité aux objectifs politiques plutôt qu’aux militaires. Il n’invoque pas le départ de Thieu. Le ton de ce discours trompe les Américains sur les véritables intentions n-v. Ce qui n’empêche pas ces derniers de poursuivre leur politique de désengagement et de commencer à élaborer des plans d’évacuation de leurs ressortissants dans chacune des régions militaires menacées (Snepp, 1979, pp. 128-129).


5 février 75 : Le commandant en chef n-v Van Tien Dung quitte secrètement Hanoi pour rejoindre par avion Dong Hoi, enclave n-v au Sud. De là, il gagne secrètement Quang Tri au nord de la 1ère région militaire puis se rend par différents moyens dans l’ouest du S-V et au sud du Laos pour y diriger les offensives.

Il se rend notamment au Q.G. « 559 » de la piste HCM. Il a rencontré au préalable un Le Duan confiant depuis le début qui lui a confié : « Si nous remportons de grandes victoires, nous serons peut-être capables de libérer le Sud cette année. » Les N-V organisent une opération d’intoxication permettant de dissimuler le départ du commandant en chef. L’opération réussit car les Américains ne découvriront ce départ qu’en avril (Snepp, 1979, p. 127 ; Tood, 1987, pp. 126-127).

Au Cambodge, les F.A.P.L.N.K. coupent l’accès de Phnom Penh par la voie fluviale du Mékong. La ville ne peut plus être atteinte que par voie aérienne.


13 février 75 : Un rapport de la C.I.A. établit que les N-V vont envahir la région de Tay Ninh que Saigon voudra à tout prix défendre mais sans le pouvoir du fait de la dispersion de ses troupes (Todd, 1987, p. 86).


23 février 75 : Le secrétaire d’État à la Défense James Schlesinger donne une interview à la chaîne ABC dans laquelle il évoque une vague possibilité d’intervention américaine au S-V. Mais ce qui préoccupe le plus les Américains se passe au Cambodge car ils considèrent que c’est là que l’aide financière demeure la plus urgente (Todd, 1987, p. 124).


24 février 75 : Sous l’impulsion de Le Duan, les N-V donnent l’ordre de libérer le Sud avant la saison des pluies qui démarre en mai. L’offensive doit démarrer avec un effet de surprise dans la région des Hauts-Plateaux vers Ban Me Thuot, une région particulièrement mal défendue (voir 20 janvier). Une attaque est prévue ensuite vers le Delta à partir du Bec de Canard (frontière cambodgienne). Une concentration s’y opère. Elle a pour but de faire diversion avant la première attaque centrée vers Ban Me Thuot (Portes, 2016, p. 184).

Gerald Ford répond aux courriers de Thieu envoyés les 24 et 25 janvier suite à la prise de Phuoc Long. Le président s’en tient à des généralités mais ne s’engage nullement, se contentant d’évoquer une aide matérielle suite à sa demande de crédits au Congrès en date du 28 janvier (Todd, 1987, pp. 124-125).


24 - 25 février 75 : Au Cambodge, congrès du F.U.N.K.-P.C.K. L’attitude à adopter après la victoire (évacuation des villes, suppression de la monnaie, relations avec le Vietnam) suscite des débats très vifs. De nouveaux billets de banque, imprimés en Chine, sont amenés en vue d’être mis en circulation dans les zones contrôlées par le F.U.N.K. Ils ne seront jamais utilisés car les KR aboliront rapidement l’usage de la monnaie.

Le F.U.N.K.-P.C.K. publie la liste de « sept traitres » condamnés à mort : Lon Nol, Sirik Matak, In Tam, Cheng Heng, Sosthène Fernandez, Lon Non et Long Boreth.


25 février 75 : Au Cambodge, les Américains établissent un pont aérien à partir de la Thaïlande pour approvisionner Phnom Penh en riz et ravitaillement divers. Un second pont aérien sera établi à partir de Saigon à la fin du mois. La ville, qui ne peut plus être approvisionnée par la Mékong depuis le 5, a en effet connu une forte augmentation de sa population du fait d’un afflux massif de réfugiés. La population de Phnom Penh est alors évaluée à environ deux millions d’habitants.


​Fin février 75 : Le Congrès américain envoie une délégation de 10 membres républicains et démocrates du Congrès pour évaluer la situation à Saigon et juger de l’opportunité de l’obtention d’une rallonge de 300 millions de dollars d’aide. L’initiative vient de Gerald Ford qui a confié la constitution du groupe à Philip Habib, sous-secrétaire d’État chargé de l’Asie du Sud-Est, accompagné d’Eric Von Marbold, sous-secrétaire à la Défense.

Sur place, l’attitude de l’ambassadeur Martin les irrite au plus haut point. Notamment lorsqu’il déclare souhaiter que les N-V déclenche une offensive « d’ici un mois ou deux », ce qui fera plier l’armée s-v dans un premier temps mais qui la confortera par la suite comme en 1972. Or en 1972, ce que semble ignorer l’ambassadeur, c’est que ce sont les bombardements massifs américains qui ont stoppé l’offensive communiste…

La rencontre des membres de la commission avec Thieu est encore plus catastrophique. Il refuse de répondre aux questions sur la torture dans ses prisons et affirme que les 18 journalistes arrêtés récemment étaient tous communistes (Snepp, 1979, pp. 134-135 ; Todd, 1987, pp. 129-137).

Les délégués du Congrès quitteront le S-V très déçus. Martin leur imposera sa présence sur le chemin du retour pour tenter de rattraper une visite qui a été plus que contre-productive. Ses efforts demeureront vains. Le triste spectacle de Saigon n’incitera nullement les parlementaires à faire du lobbying auprès de leurs collègues en faveur d’une quelconque rallonge budgétaire (voir 7 mars).

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