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par Jean-François Jagielski

« Septembre 1977 » : différence entre les versions

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Septembre 77 : L’enfer qu’est devenu le Cambodge continue à être révélé par le biais des révélations de réfugiés de Thaïlande, du Vietnam et de certains diplomates rentrés au pays. La radio anticommuniste ''La Voix de l’Amérique'' évoque même les purges et les scissions au sein de l’appareil d’État kr.


Du fait des tensions persistantes entre le Cambodge et le Vietnam au sujet des habituelles querelles de frontières et d’une montée en puissance des attaques cambodgiennes, Giap se rend sur place.
24 – 30 septembre 77 : Deuxième attaque de grande envergure par les KR d’objectifs vietnamiens sur la frontière. 1 000 civils vietnamiens sont tués et blessés entre septembre à novembre. De deux à quatre divisions kr sous le commandement de Son Sen attaquent la province de Tay Ninh au Vietnam (Deron, 2009, p. 194). L’armée vietnamienne réplique en pénétrant au Cambodge sur une profondeur de 16 km tout le long de la frontière commune. Les combats sont particulièrement violents.
25 septembre 77 : Officiellement, Sihanouk « soutient » le régime de Pol Pot. Ce qui lui permet d’obtenir un régime de détention surveillée un peu plus plus libéral (Bui Xuan Quang, 2000, p. 714).
27 septembre 77 : Juste avant son départ pour la Chine, dans un discours long de 5 heures prononcé au stade olympique de Phnom Penh, '''Pol Pot''', officieux secrétaire général du P.C.K. et premier ministre du KD qui avait disparu depuis quelques mois, '''prononce pour la première fois le mot « Angkar »''' (Organisation), un terme très courant qui désigne le P.C.K. Ce mot, bien que sur toutes les lèvres au Cambodge depuis 1975, est demeuré absolument secret depuis la mise en place de la dictature et n’a jamais été prononcé officiellement jusqu’alors.
Lorsque Pol Pot séjournera à Pékin, son discours sera diffusé en différé sur les ondes de ''La'' ''Voix du Kampuchéa démocratique'' le 29 (Férier, 1993, p. 137). C’est aussi au cours de ce discours que Pol Pot révèle l’existence du P.C.K. dont le congrès de fondation s’est tenu, selon les propos mêmes du dictateur, le 30 septembre 1960 à Phnom Penh. Tout le personnel du ministère des Affaires étrangère du KD travaille alors à la production en trois langues (cambodgien, anglais et français) d’un texte intitulé « Proclamation solennelle de l’existence officielle du Parti communiste du Kampuchéa » (Sikoeun, 2013, p. 218).
28 septembre 77 : Annonce publique de l’arrivée de Pol Pot à Pékin à l’invitation du comité central du P.C.C. C’est la première fois qu’une venue du secrétaire du P.C.K. et premier ministre du KD est annoncée officiellement (Deron, 2009, pp. 14-15).
29 septembre – 4 octobre 77 : Pol Pot se rend en Chine pour la fête nationale. C’est une première visite officielle où, une fois n’est pas coutume, il apparaît au grand jour. Les photographies prises à cette occasion permettent enfin aux analystes étrangers de constater que Pol Pot est bien Saloth Sar. Il est accompagné de Ieng Sary (Affaires étrangères), Vorn Vet (Agriculture) et Thiom Thoeun (Santé).
Il est accueilli à bras ouverts : les slogans de bienvenue ont même été traduits en khmer pour l’occasion. Sur la place Tien An Men, il a été placé entre Hua Guofeng (président du comité central du P.C.C.) et Deng Xiaoping (vice-premier ministre du Conseil des affaires de l'État) qui demeure cependant assez froid à son égard.
Pol Pot est d’entrée vindicatif à l’égard de son puissant voisin le Vietnam. Il aurait déclaré à Hua Guofeng : « Nous sommes préoccupés par la menace constante du Vietnam, non par le combat. Le Vietnam ne veut pas seulement annexer le Cambodge et le Laos. Il veut toute l’Asie du Sud-Est […] Résoudre le problème par des moyens militaires conduira à une diminution de nos forces. Par conséquent, l’orientation stratégique devra être de développer la révolution en Asie du Sud-Est. Autrement, cela prendra des siècles pour résoudre le problème entre le Vietnam et le Cambodge. » (cité ''in'' Marangé, 2012, p. 363). Pol Pot et ses compagnons se rendent par la suite en Corée du Nord.
Alors que Pol Pot est en Chine, des armes arrivent à Phnom Penh. La Chine met en place au Cambodge un important dispositif de conseillers et d’experts, civils et militaires. Des ingénieurs chinois des transmissions militaires viendront installer des lignes directes entre Phnom Penh et Pékin (Deron, 2009, p. 392).
30 septembre 77 : Lors d’une réunion du bureau politique du P.C.V., Le Duan donne l’ordre à Giap (ministre de la Défense) d’engager des préparatifs de riposte militaire pour contrer les incessantes incursions kr (Deron, 2009, p. 194).

Dernière version du 6 août 2025 à 15:20

Septembre 77 : L’enfer qu’est devenu le Cambodge continue à être révélé par le biais des révélations de réfugiés de Thaïlande, du Vietnam et de certains diplomates rentrés au pays. La radio anticommuniste La Voix de l’Amérique évoque même les purges et les scissions au sein de l’appareil d’État kr.

Du fait des tensions persistantes entre le Cambodge et le Vietnam au sujet des habituelles querelles de frontières et d’une montée en puissance des attaques cambodgiennes, Giap se rend sur place.


24 – 30 septembre 77 : Deuxième attaque de grande envergure par les KR d’objectifs vietnamiens sur la frontière. 1 000 civils vietnamiens sont tués et blessés entre septembre à novembre. De deux à quatre divisions kr sous le commandement de Son Sen attaquent la province de Tay Ninh au Vietnam (Deron, 2009, p. 194). L’armée vietnamienne réplique en pénétrant au Cambodge sur une profondeur de 16 km tout le long de la frontière commune. Les combats sont particulièrement violents.


25 septembre 77 : Officiellement, Sihanouk « soutient » le régime de Pol Pot. Ce qui lui permet d’obtenir un régime de détention surveillée un peu plus plus libéral (Bui Xuan Quang, 2000, p. 714).


27 septembre 77 : Juste avant son départ pour la Chine, dans un discours long de 5 heures prononcé au stade olympique de Phnom Penh, Pol Pot, officieux secrétaire général du P.C.K. et premier ministre du KD qui avait disparu depuis quelques mois, prononce pour la première fois le mot « Angkar » (Organisation), un terme très courant qui désigne le P.C.K. Ce mot, bien que sur toutes les lèvres au Cambodge depuis 1975, est demeuré absolument secret depuis la mise en place de la dictature et n’a jamais été prononcé officiellement jusqu’alors.

Lorsque Pol Pot séjournera à Pékin, son discours sera diffusé en différé sur les ondes de La Voix du Kampuchéa démocratique le 29 (Férier, 1993, p. 137). C’est aussi au cours de ce discours que Pol Pot révèle l’existence du P.C.K. dont le congrès de fondation s’est tenu, selon les propos mêmes du dictateur, le 30 septembre 1960 à Phnom Penh. Tout le personnel du ministère des Affaires étrangère du KD travaille alors à la production en trois langues (cambodgien, anglais et français) d’un texte intitulé « Proclamation solennelle de l’existence officielle du Parti communiste du Kampuchéa » (Sikoeun, 2013, p. 218).


28 septembre 77 : Annonce publique de l’arrivée de Pol Pot à Pékin à l’invitation du comité central du P.C.C. C’est la première fois qu’une venue du secrétaire du P.C.K. et premier ministre du KD est annoncée officiellement (Deron, 2009, pp. 14-15).


29 septembre – 4 octobre 77 : Pol Pot se rend en Chine pour la fête nationale. C’est une première visite officielle où, une fois n’est pas coutume, il apparaît au grand jour. Les photographies prises à cette occasion permettent enfin aux analystes étrangers de constater que Pol Pot est bien Saloth Sar. Il est accompagné de Ieng Sary (Affaires étrangères), Vorn Vet (Agriculture) et Thiom Thoeun (Santé).

Il est accueilli à bras ouverts : les slogans de bienvenue ont même été traduits en khmer pour l’occasion. Sur la place Tien An Men, il a été placé entre Hua Guofeng (président du comité central du P.C.C.) et Deng Xiaoping (vice-premier ministre du Conseil des affaires de l'État) qui demeure cependant assez froid à son égard.

Pol Pot est d’entrée vindicatif à l’égard de son puissant voisin le Vietnam. Il aurait déclaré à Hua Guofeng : « Nous sommes préoccupés par la menace constante du Vietnam, non par le combat. Le Vietnam ne veut pas seulement annexer le Cambodge et le Laos. Il veut toute l’Asie du Sud-Est […] Résoudre le problème par des moyens militaires conduira à une diminution de nos forces. Par conséquent, l’orientation stratégique devra être de développer la révolution en Asie du Sud-Est. Autrement, cela prendra des siècles pour résoudre le problème entre le Vietnam et le Cambodge. » (cité in Marangé, 2012, p. 363). Pol Pot et ses compagnons se rendent par la suite en Corée du Nord.

Alors que Pol Pot est en Chine, des armes arrivent à Phnom Penh. La Chine met en place au Cambodge un important dispositif de conseillers et d’experts, civils et militaires. Des ingénieurs chinois des transmissions militaires viendront installer des lignes directes entre Phnom Penh et Pékin (Deron, 2009, p. 392).


30 septembre 77 : Lors d’une réunion du bureau politique du P.C.V., Le Duan donne l’ordre à Giap (ministre de la Défense) d’engager des préparatifs de riposte militaire pour contrer les incessantes incursions kr (Deron, 2009, p. 194).

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